Notre sang regorge d’éléments riches en enseignement quant au fonctionnement de notre corps, de ses différents organes et systèmes.
À quoi sert la prise de sang pour le sportif ?
Le prélèvement et l’analyse de notre sang s’avèrent donc un bon moyen de faire un état des lieux de notre santé, de détecter la présence d’une ou plusieurs carences, voire de prévenir et de traiter rapidement toute forme de pathologies.
S’il est avéré qu’une pratique physique raisonnée améliore notre santé ; un entraînement intense, une alimentation désordonnée, la chaleur et la sudation, ou simplement l’impact du pied au sol qui détruit les globules rouges, peuvent mettre à mal notre organisme.
Dans ce contexte sportif voire compétitif, et comme l’explique le médecin du sport Jean-Frédéric Donati (magazine Jogging International), une analyse de sang chez le coureur va permettre de :
- détecter la présence d’une anémie expliquant un essoufflement anormal ou un état de fatigue (taux d’hémoglobine trop faible, baisse de l’hématocrite),
- détecter la présence d’une carence martiale (déficit en fer) pouvant expliquer une faiblesse musculaire ou des douleurs musculaires inhabituelles pour le type d’effort effectué,
- prévenir des troubles précédents par dosage de la ferritine, suffisante ou non,
- corriger une anomalie lipidique sans traitement médicamenteux,
- vérifier l’aggravation ou non d’une hyper-uricémie (augmentation de l’acide urique dans le sang), l’amélioration ou la correction d’un diabète chez les sujets concernés par ces troubles métaboliques,
- déceler des facteurs de risque cardiovasculaire et établir un document de base permettant ultérieurement, de suivre l’évolution du sportif.
Précisions sur l’hématologie
Aujourd’hui, nous vous parlons de l’hématologie ; à savoir l’étude du sang et notamment à sa capacité de transporter l’oxygène.
Hématies
On va s’intéresser tout d’abord aux hématies, autrement dit au nombre de globules rouges dont le rôle est de transporter l’oxygène fixé par l’hémoglobine vers les organes et les tissus.
Plus ils sont nombreux, plus le transport de l’oxygène est performant. Il faut compter une moyenne de 5 millions de globules rouges par mm3 avec des différences interindividuelles chez l’homme (4,5-6 millions) comme chez la femme (4-5,5 millions).
Des valeurs inférieures peuvent être le signal d’une anémie tandis que des valeurs plus élevées peuvent être la conséquence d’un entraînement régulier et/ou en altitude ;
ou bien d’un dysfonctionnement à la hausse de la production de ces derniers qu’il faudra surveiller notamment par rapport à l’usage possible de produits dopants ou tout simplement au risque de thromboses dû à une élévation de la viscosité sanguine.
Le volume globulaire moyen
Outre leur nombre, leur taille va aussi être mesurée. On appelle ça le volume globulaire moyen (VGM).
Si cette dernière est trop élevée, les globules rouges seront limités dans leur déplacement et il faudra vérifier qu’il n’y a pas de carences en vitamines du groupe B.
A l’inverse, une taille trop petite peut être une indication d’une carence en fer ou d’une inflammation.
L’hématocrite ?
Il y a également l’hématocrite, à savoir le rapport entre le volume des globules rouges et le volume sanguin total.
Il faut compter des valeurs comprises entre 40 et 54% chez les hommes et 36 à 46% chez les femmes. Plus ce taux est élevé, meilleure est l’oxygénation des tissus.
L’hémoglobine
Enfin, concernant toujours les globules rouges, l’hémoglobine est peut-être l’élément clé à mesurer puisque cette protéine est directement responsable du transport de l’oxygène depuis l’appareil respiratoire vers le reste de l’organisme et donc les muscles.
La TCMH ou teneur corpusculaire moyenne en hémoglobine indique le taux du remplissage du globule rouge en hémoglobine tandis que la concentration corpusculaire (ou globulaire) moyenne en hémoglobine (CCMH ou CGMH) correspond à la quantité d’hémoglobine contenue dans 100 millilitres de globules rouges.
Les globules blancs ou leucocytes défendent notre organisme contre les maladies. Il s’agit ni plus ni moins de notre système immunitaire qui est généralement renforcé par un entraînement régulier comme ont pu observer de nombreuses études.
Sans rentrer dans le détail des différentes variétés de globules blancs, une hypoleucocytose témoigne d’un faible système de défense immunitaire.
Au contraire, une hyperleucocytose peut être la conséquence d’un effort et/ou d’un stress très important ; ou bien la traduction de phénomènes inflammatoires et infectieux.
Les plaquettes
Les plaquettes participent quant à elles à la coagulation du sang. Leur nombre se situe entre 150000 et 450000/mm3.
Des valeurs en-dessous de la limite basse indiquent une infection ou un problème de coagulation tandis que des valeurs supérieures à la limite haute augmentent le risque d’obstruction d’un vaisseau sanguin (thrombose).
Prise de sang : quand et comment ?
Plus que l’analyse de sang en elle-même, c’est la récurrence de celle-ci qui est intéressante. Autrement dit, il s’agit d’analyser les variations des différentes données dans le temps.
Pour cela, il est conseillé de réaliser une analyse de sang chaque année à la même période.
Les sportifs de haut niveau, quant à eux, ont tout intérêt de renouveller l’opération plusieurs fois dans l’année, idéalement à la sortie de l’hiver, juste avant l’été et après l’été.
En cas d’anomalie détectée, il faudra aussi une fréquence plus rapprochée pour voir l’évolution des paramètres qui posaient problème.
La prise de sang doit se faire le matin à jeun, le dernier repas datant d’au moins 10 et idéalement 12 heures. Mangez sainement et évitez les boissons alcoolisées les jours précédents le prélèvement.
De même, allégez l’entraînement la semaine d’avant et laissez du temps entre la dernière compétition et la prise de sang.
Par Jérôme Sordello / Photo : Giphar