La pronation, c’est un mouvement naturel du pied et de la cheville.
Lors de l’appui, le pied tourne vers l’intérieur, accompagné du mouvement de la cheville.
Cela peut être dû à un équilibre général de votre corps, lors de la phase d’appui jusqu’à la phase de poussée.
40% des coureurs sont pronateurs (50% universels, 10% supinateurs).
Mauvaise réputation
Pour la plupart des coureurs, voir même certains spécialistes, la pronation est associée à « défaut » ou « blessure ».
Ce qui n’est pas obligatoirement le cas. Pour commencer, sachez que parmi les coureurs mondiaux et africains, on trouve des « pronateurs ». Ce qui ne les empêche pas de performer ou bien d’être en excellente santé physique.
La foulée est déterminée par un ensemble de chose entre sa longueur, la fréquence des appuis, le temps de contact au sol, l’appui medio-pied, la tonicité musculaire et tendineuse, le type de chaussure…
Quelqu’un qui n’a jamais eu de blessures récentes liées à la pronation n’a aucun intérêt de corriger cela artificiellement ou de changer de chaussure !
SI tout va bien pour lui, pas de problème. Le corps, en mouvement, trouve un équilibre qui lui convient (pied, bassin, buste, bras).
Quand des problèmes subviennent
Les soucis de pronation excessive et anormale peuvent déclencher des douleurs à la voûte plantaire ou au genou (syndrome de l’essuie-glace ou TFL).
Quelques fois, l’excès d’entraînement ou la fatigue engendrée sur une course épuisante ne permet plus au corps de se positionner correctement.
Les défauts pris provoquent une pronation qui dans ce cas n’est pas habituelle et peut blesser.
Les femmes ont aussi une morphologie (en « X », hanche plus larges et genou vers l’intérieur) qui peut accentuer ces problèmes.
Tout comme le port de chaussures trop étroites ou à talons, qui ne permet pas un bon positionnement et une bonne mobilisation des orteils, primordiaux pour prendre un bon appui au sol.
Le podologue peut prescrire des semelles qui pourront être utiles pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois. Un bord interne légèrement surélevé pour soutenir la voûte permet de la soulager.
Il faut 3 semaines pour que le corps s’adapte au niveau physiologique. Après plusieurs semaines ou mois, on peut les retirer progressivement et s’habituer, par la même occasion, à « muscler » son pied en marchant pieds nus, en travaillant en équilibre pour améliorer sa proprioception et renforcer les muscles stabilisateurs (muscles profonds de la jambe, bassin, cuisse, tibias) et aussi tendons.
Bien sûr, un kiné est tout à fait apte à travailler avec vous vos faiblesses, bosser en prévention des blessures ou pour votre remise sur pied.
Ne pas faire n’importe quoi avec les chaussures
Comme on le disait plus haut, si vous n’avez aucun problème, il n’y a pas de raisons d’en changer.
Les chaussures indiquant avoir un contrôle de pronation ont souvent une bi-densité au niveau de la semelle intermédiaire à l’intérieur. Ça peut venir donner un léger coup de main, mais s’il y a nécessité de corriger, il n’y a rien de mieux qu’une semelle de podologue.
Si l’anti-pronation de la chaussure vous convient, ok. Elle peut potentiellement augmenter un peu la durée de vie de la chaussure (elle se déforme moins sur l’intérieur) mais sachez que cela s’accompagne d’un peu de surpoids du produit, ce qui n’est pas idéal non plus…
Une bonne chaussure, c’est une chaussure qui protège « suffisamment » votre pied du sol, mais qui le laisse bouger sans contraintes.
Si la chaussure est trop serrée, trop rigide ou bloque trop un mouvement naturel comme la pronation, on aura un pied qui ne bouge pas comment il veut, entraînant des contraintes qui se répercutent dans le pied et plus haut dans le corps.
Souvent, les chaussures trop molles se déforment et accentuent le mouvement de pronation.
Les chaussures trop hautes, si la tige ou la semelle ne se tiennent pas, c’est également le cas. Il faut aussi penser à renouveler une paire qui n’aurait plus ses propriétés d’origine et serait déformée, avant que cela provoque des blessures.
Pour résumer
On ne change pas quelque chose qui fonctionne et qui n’amène pas de blessure.
Si blessure il y a, il faut passer par des spécialistes pour trouver ce qui la cause.
La pronation peut être traitée momentanément par des semelles, mais le coureur doit aussi faire son retour en éduquant et renforçant son pied.
Laissez votre pied bouger le plus naturellement possible, et si votre pronation est naturelle, trouvez un modèle qui ne la contient pas contre nature.
Par Mathieu BERTOS