Si vous étiez déjà coureur à pied à l’époque de l’école, un garçon ou une fille qui avait de bonnes qualités, c’était quelqu’un de doué, point. Si un tel est plus fort, c’est qu’il a de la chance.
Ce schéma s’est reproduit jusqu’à l’âge adulte, puisqu’on a longtemps pensé que le coureur qui avait des résultats, qui montait sur les podiums ou gagnait quelques courses, c’était parce qu’il était fait pour ça et que la nature l’avait gâté.
Les croyances ont la vie dure
Quelqu’un qui court bien, il n’a pas à beaucoup s’entraîner, puisque son talent (sans doute tombé du ciel) lui suffit pour être un niveau au-dessus de la plupart des autres coureurs.
Cela sonne comme une vérité, un fait établi.
Pourtant quand on s’intéresse de près aux entraînements d’un coureur de compétition d’un certain niveau, qui n’a ne serait-ce que des résultats locaux, on se rend bien sûr compte qu’il ne suffit pas de se présenter sur une ligne de départ, et que le tour est joué.
Quand on s’entraîne 4 à 6 fois dans la semaine, l’investissement est conséquent en termes de temps. Courir 5 à 10h par semaine, c’est loin d’être banal.
Et l’investissement physique, en termes d’énergie et de sollicitation mentale, l’est encore moins.
Quand le coureur, disons régulier (« l’habitué ») se rentre dedans lors de sa séance au club ou de sa sortie du dimanche, celui qui obtient des résultats s’impose au moins deux séances de fractionnés dans la semaine sans compter les sorties avec du tempo, la sortie vallonnée, les footings entre les grosses sorties, va en salle s’entretenir physiquement ou installe un rituel chez lui, etc…
Bref, nul besoin de comparer ou de dire qu’à l’inverse tout est dû au travail, car il y a sans doute des qualités ou des facilités innées. Mais sans investissement et sans travail, on ne fait rien.
La réalité, c’est basket aux pieds, à l’entraînement
S’il fallait convaincre encore les sceptiques, l’avènement des réseaux sociaux et des plateformes d’entraînements permettent d’être transparent sur son quotidien sportif, pour qui veut le dévoiler.
Ainsi, on se rend bien compte de la quantité aussi bien que la qualité des entraînements. Le nombre de sorties, le nombre de kilomètres cumulés, le temps passé sur des vitesses élevées…
La réalité, c’est que les garçons ou les filles qui en veulent, ils s’investissent, peut être plus que le plus grand nombre d’entre nous.
Le secret : c’est qu’il n’y en a pas, il faut travailler ! Et c’est bien ainsi. Le mérite vient du travail.
Si vous avez déjà eu l’occasion de suivre de près un(e) athlète d’un certain niveau, un coureur ou traileur membre d’un des teams les plus connus, vous avez pu vous rendre compte.
Après plusieurs heures à vélo l’avant veille, et du dénivelé la veille, le matin de la séance, il n’y a pas de détails. Il se met vite dans le bain, et quand il fait partir la montre, l’intensité est au rendez-vous.
Les kilomètres s’enchaînent, le cardio monte très haut, et il remet ça la fraction d’après, et encore celle d’après, jusqu’à finir les mains sur les genoux en fin de séance.
Quand votre cerveau place le curseur de « sécurité » et de ralentissement aux premières douleurs intenses, vous avez l’impression qu’à côté, il va chercher la douleur et essaie d’en triompher.
Avec ses qualités et son habitude d’entraînement, l’état de douleur ou de fatigue ne dure pas longtemps. Il faut remettre ça très vite.
80 km par semaine, ce n’est pas rien. 100 ou 120 km, imaginez un peu… et plus de 150 km… Sans compter la part de ces kilomètres courues à des allures de haute intensité.
Et la vie d’à côté, les réveils tôt, les soins, et tout un tas de choses qui font que le talent ne suffit pas. Pas du tout.
Par Mathieu BERTOS / Photo : Sylvain Court
Laisser un commentaire