Tout le monde avait jeté ses attestations. Tout le monde pensait avoir tiré un trait sur cette drôle période de mars – avril. Que c’était quelque chose qui ne serait arrivé qu’une fois. Et bien non !
Nous revoilà plongés dans plusieurs semaines de confinement à la maison. Avec ce satané périmètre d’un kilomètre…
La première expérience pour le coureur ne fut pas des plus heureuses. Au début pourtant, beaucoup d’envie subsistait.
Presque vivait-on cela comme une découverte, un challenge pour repousser psychologiquement ses limites.
Du coup, nous avions eu droit à des défis farfelus avec bon nombre de coureurs qui s’évertuaient à creuser des sillons dans leur jardin, en faisant tour sur tour, ou bien carrément en tournicotant entre leur salon et leur balcon. De quoi devenir chèvre !
Le 2è mois c’était avéré rude pour les cerveaux épris de liberté… L’été qui suivit était le bienvenu.
Mais nous revoilà quelques mois après assignés à résidence. Toujours avec ce kilomètre « criminel ».
Une ineptie, puisqu’à vouloir retenir les gens près de chez eux, on les concentre avec les autres personnes qui ont la même idée que vous. Le contraire du but recherché.
Le citadin tourne et retourne sur le même trottoir, tandis que le villageois se doit de faire demi-tour devant le chemin que personne n’emprunterait, sinon lui. Quel crime y’a t’il à faire son sport seul et à l’extérieur ?
Le coureur, en s’évadant, règle ses problèmes, supporte mieux le quotidien (surtout quand il est lourd) et se bâtit une forme d’enfer qui a pour effet secondaire, de renforcer son immunité. Ne marche-t-on pas sur la tête ?
Si les sportifs, qui allument de toute part tous les voyants d’alerte, ne sont pas entendus d’ici peu, on va courir… vers la catastrophe.
En attendant, il faut bien s’aérer. 1h, pas 1h15… Retour sur le périmètre où nous courons le risque qu’il devienne anxiogène. Ça va faire beaucoup pour une activité qui doit normalement faire plus de bien que de mal !
On va devoir développer des trésors d’imagination pour ne pas s’y ennuyer. Seul privilège : le masque peut être enlevé. Nous pouvons sourire aux gens qui eux, soit nous regardent avec envie ou admiration, soit nous fustigent… du regard, qui seul dépasse du masque.
Mais c’est avec un sourire qu’un regard s’illumine. Et c’est en liberté, dehors et loin du monde que nous pouvons sourire à cette joie simple.
Alors nous voilà reparti pour quatre semaines, qui risquent d’être rallongées, comme la dernière fois.
On nous annonce des révisions régulières, pour nous laisser espérer, puis tout retombe quand on nous dit que ce n’est pas le moment. Soyez forts, parce que ce sera peut être moins facile cette fois-ci.
On peut relativiser, mais on peut aussi s’offusquer de cette privatisation de liberté. Les limites ont des limites. Mais on ira courir, car cela aura toujours du sens. Et on court plus de risques de ne rien faire.
Par Mathieu BERTOS
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