Un arrière-goût d’inachevé planait sur cette course depuis l’an dernier.
En effet, la neige et le froid s’étaient invités.
Et une chute, quelques kilomètres avant Soucieu-En-Jarrest, m’avait obligé à jeter l’éponge au dernier ravitaillement de Beaunant (11Km de l’arrivée).
Cette année, je n’ai rien laissé au hasard :
** Plusieurs trails de préparation, avec notamment le trail du Ventoux au mois de mai.
** Un plan d’entrainement adapté en fonction de cette échéance, et surtout respecté
** Une préparation sans pépins
Cette nuit, je suis là pour prendre ma revanche, sur les monts du lyonnais, sur cette chute, sur moi-même.
Cette année, je suis aussi accompagné par mon ami Brice. Nous partons ensemble, nous arrivons ensemble.
Notre amitié pour vaincre ce défi, comme nous l’avons fait au mois de mai.
Depuis, le vendredi il pleut. Un petit crachin suffisant pour détremper les sentiers, et rendre l’épreuve glissante une nouvelle fois. Mais ce n’est pas grave, car il ne fait pas froid.
L’ambiance dans le hall des sports est un peu terne, certainement lié au fait que le départ est déporté devant le stade Geoffroy Guichard. Les premiers sont partis rejoindre la ligne de départ depuis 23h00.
Avec Brice, nous rejoignons le gros de la troupe ¼ d’heure avant les 12 coups de minuit.
Enfin, on retrouve l’ambiance. Tout le monde est impatient de s’élancer dans la nuit. On se trouve à environ 400m des premiers, mais nous entendons que le départ. Il nous faudra tout de même 7 minutes pour passer cette ligne.
Et c’est partie. L’ambiance est à la rigolade, tout le monde est là pour prendre du plaisir. Les cadors eux sont déjà loin.
Le parcours est roulant jusqu’à Sorbiers (km8), ce qui nous permet de nous échauffer correctement, et surtout de trouver le bon wagon, correspondant à notre rythme.
A la sortie de Sorbiers, nous sommes plongés dans l’obscurité totale, et tout le monde allume sa frontale. Et là cela devient magique. Le grand vers luisant est en route. Avec Brice, nous nous retournons pour contempler ce serpent de lumière, avec les lumières de Saint-Etienne Métropole derrière.
Mais, la réalité nous tire vite de nos rêves. Les côtes sont maintenant raides. La boue est bien présente, rendant les appuis fuyants ; et nous constatons les premières chutes.
Puis enfin, nous atteignons le 1er ravitaillement, à Saint-Christo-En-Jarez (Km16). A notre surprise, nous avons ¼ d’avance sur notre temps de passage objectifs. Sous la tente, c’est une vraie fourmilière, ou il est difficile de faire un chemin. Le temps de faire le plein de liquide et nous repartons. J’avais dit à Brice, qu’il ne fallait pas qu’on perde trop de temps sur ce ravito, car à la sortie du village, nous repartons par une sévère côte, suivie d’une longue montée jusqu’au Km18.
Très rapidement, nous atteignons le ravitaillement du Moreau (Km22), avec le point culminant de la course (865m). Puis, nous attaquons la descente sur Saint-Catherine. Les chemins sont toujours aussi boueux, pierreux, … Chaque appuis est limite, et usant. Je me rends compte que ma frontale n’éclaire pas super bien, en comparaison avec celles d’autres coureurs. A un moment, je suis même surpris en pensant être suivis par un quad. Nous en fait c’est un concurrent équipe d’une vraie centrale électrique au sommet de son crane (il va falloir que je pense à investir dans une bonne frontale, sur I-run ). Du coup, dans chaque descente technique, je perds du terrain sur Brice. Mais, on se retrouve au ravitaillement de Sainte-Catherine (Km 30).
Cette fois on peut se ravitailler aisément en solide et liquide, la foule est désormais plus fluide. Toutefois, nous ne tardons pas trop, afin de ne pas se refroidir.
Puis, nous attaquons la longue remontée sur la Bullière, avant d’entrer dans le fameux passage du Bois d’Arfeuille (Km 33). Malgré, une énorme marre de boue, le passage du bois se passe plutôt bien. Alors que l’année dernière, tout le monde se tenait la main ou s’accrochaient aux branches. Puis enfin, nous atteignons le ravitaillement de Saint-Genoux (Km 36). Nous sommes serez comme des sardines, et il est difficile d’atteindre les tables, ou nous commençons à trouver les premiers ravitaillements salés (saucisson, fromage, …), et aussi nous croisons une groupe important de coureurs recouvert de leur couverture de survie, les yeux dans le vide. Ceux-là, malheureusement, ne rejoindrons pas la ligne d’arrivée.
La descente sur Soucieu-En-Jarrest se fait rapidement, car elle alterne chemin roulant et bitume. Nous profitons de notre vitesse de coureurs sur route pour remonter un nombre important de concurrent. A l’approche du village de Soucieu-En-Jarrest, l’euphorie me gagne. En effet, l’année dernière, je venais de chuter et j’avais réussi à atteindre péniblement ce point. Alors que cette année, je suis là sans douleurs, ni fatigue physique et morale.
Le ravitaillement de Soucieu-En-Jarrest (Km 45) est dans un gymnase. Nous en profitons pour faire une petite pause, avant de s’élancer pour les derniers 24 km, avec notamment le difficile passage du Garon, à la frontale (car le jour n’est pas encore levé). Nous faisons un peu le point par rapport à notre temps de passage objectifs : nous avons maintenant 13mn de retard. Bon, ce n’est pas grave, on a le temps de remonter ce handicap.
Mais après ce ravito, la machine est un peu difficile à remettre en route. Environ 2 kilomètres seront nécessaires pour retrouver un bon rythme, et atteindre assez rapidement la descente sur le Garon. C’est une descente difficile avec des dalles glissantes. Puis c’est enfin la remontée sur Chaponost.
La traversée des lotissements est plutôt ennuyeuse, mais le jour commence à se lever et on recommence à retrouver des appuis plus surs.
Nous approchons du château de Chaponost, avec le passage des marches. Puis, nous atteignons le dernier ravitaillement de Beaunant. Nous manquons certainement de lucidité car on n’a pas vue les marches du château ( ?!).
Au ravitaillement, on nous apprend que cette année, ce passage a été enlevé car trop dangereux.
Le ravitaillement de Beaunant. La fin de mon purgatoire l’année dernière. Cette année, je l’aborde différemment : la tête lucide, les jambes de feu et le sourire aux lèvres.
Nous ne perdons pas trop de temps au ravito, car dans 500m, nous attends un passage difficile : la côte des aqueducs de Beaunant (1.5 km avec un passage à plus de 20%).
La pente est vraiment raide, et met le souffle à rude épreuve. Puis, nous voyons le panneau des 10 derniers kilomètres. Un soulagement.
Puis, à la sortie de Sainte-Foy-Lès-Lyon, nous dominons la ville de Lyon. On aperçoit Gerland et la Mulatière, le crayon de la Part Dieu, la grande roue de la place Bellecour. Moi, stéphanois pure souche, supporter des verts, je suis heureux de voir Lyon.
Mais, les pentes rudes et les escaliers vont vite nous ramener à la réalité de l’épreuve. Plutôt bien physiquement jusqu’à présent, mes cuisses me brûlent. Brice me regarde en grimaçant, pour lui aussi, la descente lui a fait mal.
On traverse le nouveau quartier de la Confluence, à l’architecture plus ou moins douteuse. Les quais de Saône et du Rhône sont tristes et interminables. Puis, c’est enfin le dernier pont, et l’entrée dans le parc de Gerland.
Enfin, nous attaquons le dernier kilomètre. Un vrai bonheur, une joie immense. A 500m de l’arrivée, l’ambiance est surchauffée. Le public nous applaudit comme si nous étions les premiers. Puis nous entrons dans le palais des sports bouillonant. Nous passons sous l’arche ensemble avec Brice, bras dessus-bras dessous. Notre joie est indescriptible.
Nous voila FINISHER de la SaintéLyon, en 9h56. (Notre objectif était de 10H)
Merci à tous les concurrents, aux bénevoles (sans qui cette course ne serait pas possible), aux spectateurs pour cette nuit fantastique.
Maintenant, il va falloir récupérer de cet effort (quelques jours à marcher façon Robocop) et un mois de décembre allégé (sauf pour les repas), avant d’attaquer de nouveaux défis en 2012.
Laisser un commentaire