On en parlait dans un précédant article, Xavier Thevenard se prépare à boucler le GR20, en Corse, avec, en ligne de mire, le record détenu par François d’Haene depuis 2016.
S’il place l’aventure humaine et le partage d’une belle expérience au cœur de son projet, il garde forcément en tête cette envie d’aller taquiner ce record de la traversée détenu depuis 2016 par François D’Haene, en 32h.
Un objectif à sa portée au regard de son talent et de sa détermination.
Xavier nous en dit plus à travers cette interview ci dessous :
Comment avez-vous eu l’idée de vous attaquer au GR20 ?
Cette idée date de l’an dernier. Avec mon ami Benoit Girondel (deux fois vainqueur de la Diagonale des Fous, à La Réunion) et des coureurs locaux, on a reconnu l’intégralité du parcours en 4 jours.
Avec Benoit, on s’est dit que tenter un jour la traversée en off pourrait être un beau challenge.
Cette année, avec le Covid et l’annulation de toutes les courses, c’était le moment de se lancer car c’est quelque chose qui sort du cadre ordinaire.
Et en plus GR20 rime avec 2020 !
Que représente pour vous cette tentative ?
Le GR20 est mondialement connu, c’est une trace mythique. C’est un beau challenge, une belle aventure sportive et humaine.
C’est un peu particulier car je n’ai jamais fait une course à pied de plus de 24 heures non-stop. Là, il va falloir passer la barre des 30 heures. C’est encore une étape supplémentaire.
Ça m’excite un peu de pouvoir pousser mes limites, de voir comment mon corps va réagir après 24 heures. Il faudra garder de la lucidité et de la fluidité.
Avec la notion de gestion, ce sont les deux choses essentielles de cette aventure. C’est un itinéraire très technique avec beaucoup de cailloux.
Il faudra être vigilant pour ne pas se faire mal, passer les obstacles les uns après les autres.
Il y a tellement de moyens de se blesser ou de tomber, il faudra faire attention.
Avez-vous effectué une préparation spéciale ?
Pas forcément. J’ai préparé la tentative du GR comme je prépare les ultras.
J’ai quand même essayé d’aller sur des terrains avec pas mal de cailloux pour m’exercer dans les descentes à être plus à l’aise, relâché, gainé et fluide.
Car la Corse c’est ça, du terrain technique avec beaucoup de cailloux. Mais rien n’est comparable avec la Corse.
Quels seront les points clés de cette traversée ?
On va caler le départ entre le 6 et le 10 juillet en fonction de la météo.
Je devrais partir à 4h du matin car il faut que j’arrive au 80e kilomètre avant la fin de journée ou le début de la nuit. La deuxième partie du GR est moins technique.
C’est donc plus avantageux de la faire la nuit car il y a moins à regarder où on met les pieds. Les 80 premiers kilomètres sont en revanche très exigeants avec plein de cailloux.
Il faut entre 16 et 18 heures pour les parcourir, ça donne une idée de la difficulté. Il y a notamment le cirque de la Solitude qui est très raide.
Ce n’est pas très long mais faut faire gaffe où on met les pieds car il y a plein de possibilités de tomber et de se faire mal. J’ai la chance d’avoir mes parents qui vivent en Corse depuis longtemps.
J’allais les voir régulièrement et je profitais de la montagne. Je ne connais pas parfaitement le parcours mais j’avais déjà fait des petites sections par-ci par-là, avant de faire l’intégral l’an dernier.
La reconnaissance est de toute façon indispensable pour un tel périple. On a étudié le plan de route.
Aux endroits où le staff dispose d’un accès voiture, il y aura des relais avec mes compagnons de route. Ils seront frais et pourront instaurer un tempo plus rythmé, plus marqué qui m’aidera à aller de l’avant.
Grosso modo, ça se fera toutes les 7 ou 8 heures de course et j’aurai toujours trois personnes pour courir avec moi.
Pour réussir une traversée comme celle-ci il faut être bien entouré avec un staff toute une logistique et des compagnons de course.
Que va vous apporter le fait d’être accompagné ?
Il y a plusieurs avantages.
D’abord, contrairement à une course où on doit être en autonomie, je n’aurai rien à porter, ni l’eau ni la nourriture.
Avoir des accompagnateurs qui vous encouragent en courant à côté de vous est également interdit en course. Là, ils pourront m’apporter ce soutien moral.
Au niveau de l’orientation c’est également important. Sur un terrain comme celui de la Corse avec tous les cailloux, c’est compliqué de se repérer tout seul.
Avec mes « pacers », je n’aurai qu’à les suivre. J’aurai beaucoup de coureurs locaux. C’est indispensable car ils connaissent parfaitement le terrain.
Même si on y allait tous les ans, on ne connaitrait jamais le terrain corse aussi bien qu’eux.
Il y aura donc des coureurs comme Lambert Santelli, Guillaume Perretti qui a eu le record (32 h, en 2014), Fred Callier, Jean-François Hautin etc. Ils ont accepté de m’accompagner, c’est super sympa de leur part.
Grâce à eux, on va vivre une incroyable aventure humaine. Cette convivialité est aussi très importante.
C’est d’ailleurs surtout ça que je retiens du projet. Le partage est plus important que la performance et le défi sportif.
La liste des précédents détenteurs du record avec des coureurs comme Kilian Jornet (32h54, en 2009) et François D’Haene (31h06, en 2016) avec qui vous partagez le record de trois victoires sur l’UTMB situe la valeur de la performance…
Ce sont évidemment des belles références. Je suis avant tout amoureux de nature, de sport et d’outdoor, mais je suis aussi un compétiteur.
Ce projet allie plein de choses à la fois : l’amour de la montagne, la passion de l’activité, le partage, la convivialité et puis cet aspect de la compétition-performance avec l’envie de se rapprocher des temps réalisés par ces coureurs de haut niveau comme Kilian et François.
Je ne prétends pas forcément les battre mais je vais faire du mieux possible pour être dans leurs temps.
Photo : Instagram Xavier Thevenard