La préparation mentale se complète à la préparation physique, et chez certains sportifs, elle est indispensable à la réussite.
En ces temps particuliers où le monde est chamboulé et le coureur en perte de repères … à cause des compétitions annulées notamment … il est parfois difficile de se motiver.
Laurent Favarel, préparateur mental, nous explique ici l’importance du « lâcher prise », afin de se détacher au maximum de ce contexte stressant, pour s’entourer d’ondes plus apaisantes.
En quoi la préparation mentale pourrait être utile à un « runner » maintenant que le confinement est terminé ?
Une préparation mentale permet à un sportif de poser un regard lucide sur son organisation.
En pratique, il bénéficie d’une plus grande réactivité face à des circonstances perturbantes à l’entrainement et en compétition.
Il arrive que nous soyons confrontés à des contraintes sur lesquelles nous n’avons que peu de prise.
Cette année, la saison sportive n’a pas sa saveur habituelle à cause des évènements liés au « covid », évènements qui ne sont pas encore complètement dépassés.
Si je suis d’un naturel optimiste, ça ne m’empêche pas de regarder la réalité telle qu’elle se présente.
Poser un regard lucide sur un contexte générant de l’inquiétude et des frustrations, consiste entre autres à se contempler dans une situation désavantageuse sans s’agiter.
Cette démarche, désagréable au premier abord, est généralement satisfaisante dans le temps.
Par exemple, cette conception encourage des « runners » et leurs entraineurs à limiter la durée et la fréquence des sorties d’entraînement, pour éviter des blessures qui pourraient être causées par des variations trop brutales de la charge de travail.
Faire preuve de bon sens revient à différer le plaisir obtenu dans des courses plus longues, en s’appuyant sur le principe de progressivité.
Dans ce contexte, le préparateur mental crée des conditions pour que le sportif donne du sens à ses efforts, notamment quand il va à contre-courant du plaisir qu’il a l’habitude de prendre à l’entrainement.
En résumé, une préparation mentale peut faciliter l’adaptation du « runner » aux évènements récents, tout en soutenant sa motivation.
Concrètement, comment procèdes-tu ?
J’intègre quasi-systématiquement la pratique de l’hypnose à la préparation mentale.
La finalité consiste à encourager un athlète à balayer attentivement un contexte, en allant de ce qui est essentiel pour lui jusqu’aux éléments les plus périphériques.
On pourrait aussi dire, en allant de ce qui est positif pour lui jusqu’aux éléments les plus déplaisants.
Au cours d’une séance d’hypnose, la conscience couvre la globalité d’un contexte, là ou d’ordinaire nous pourrions avoir tendance à délaisser ce qui fâche ou au contraire, à y rester focalisé.
L’intention est de ne pas rester bloqué sur un jugement positif ou négatif, mais de s’immerger dans un contexte dans une forme de neutralité apaisante.
Le fait d’être régulièrement baigné dans une action via sa mémoire ou son imagination, de s’y projeter d’une manière réaliste sans la juger, diminue la charge émotionnelle qui lui est attachée.
Nous avons un cadre général de références, l’arrêt forcé de la saison sportive pour des raisons de pandémie n’en faisait pas partie.
En ce moment, c’est un peu comme si nous devions, contraints et forcés, changer notre vision du monde. Ça ressemble beaucoup à un changement de paradigme, où sont remises en question des croyances et des valeurs partagées.
Réorganiser des habitudes de pensée, et à travers elles une pratique du running cohérente sans négliger les sphères sociales, familiales et professionnelles, ne se fait pas sans une certaine souplesse d’esprit.
La marque de fabrique de l’expérience hypnotique est la souplesse mentale, similaire à un lâcher-prise.
Tu peux nous parler de la pratique de l’auto-hypnose dans le sport ?
Oui, je peux te dire qu’elle provoque une authentique déconnexion sur ce qui fait l’urgence d’une préoccupation, pour remettre sa visite à plus tard dans un état d’esprit apaisé.
Par exemple, tous les insomniaques savent que la volonté leur joue des tours au moment du coucher.
Plus ils pensent qu’il leur faut dormir et plus ils retardent leur entrée dans les bras de Morphée.
Le sommeil modifié illustre parfaitement le problème de la focalisation de l’attention sur un point de tension particulier, détournant le corps et l’esprit de la détente nécessaire à l’endormissement.
Quand c’est le cas, les personnes ruminent des scénarios qui repoussent la pression du sommeil. L’auto-hypnose prépare un athlète à la passivité, face à des pensées qui laissent le corps dans une tension trop importante pour pouvoir s’endormir.
En répétant des entraînements d’auto-hypnose régulièrement, apparaissent avec le lâcher-prise des caractéristiques comparables aux phénomènes physiologiques du sommeil : il y a une diminution de la fréquence cardiaque, des réflexes tendineux, de l’excitabilité des muscles et une baisse de la température centrale.
Des conditions optimales pour qu’une fois dans le lit, la personne s’endorme le plus normalement du monde.
Faut-il systématiquement lâcher prise face aux contrariétés ?
Le lâcher prise dont je parle se limite à la pratique de l’hypnose.
Si par exemple nous parlons d’une situation de forte tension, l’auto-hypnose permet d’opérer une déconnexion volontaire avec un trop plein de stress, sans l’aide de personne.
Le lâcher prise consiste à s’écarter de l’analyse d’un contexte au cours de l’expérience d’hypnose ou d’auto-hypnose, tout en le balayant dans sa globalité, pour se donner les moyens de l’appréhender dans un état d’esprit différent.
En cas de stress important, un athlète entrainé en hypnose est en capacité de contenir des sensations négatives sans perdre le fil de ses priorités.
Il s’est entraîné pendant les séances à opérer une déconnexion volontaire vis-à-vis de ce qui est susceptible de le gêner dans l’action.
Le lâcher prise dont je parle permet de dépasser le négatif, et de revenir plus fort dans une réalité stressante.
Il peut aussi consister à déconnecter complètement de certaines pensées, quand il s’agit de retrouver la paix pour favoriser la bascule dans le sommeil malgré une hyperactivité de l’esprit.
Le cerveau n’est pas un muscle, son mouvement le plus naturel va dans le sens de l’inhibition.
Aussi, pour opérer une déconnexion, l’hypnose propose à une personne de changer la visée son attention parce qu’elle ne peut pas penser à deux choses en même temps.
D’une idée dérangeante qui tourne en boucle dans l’esprit, il suffit de passer à la sensation de douce chaleur à l’intérieur du corps, la différence de température avec la fraîcheur de l’air au contact de la peau du visage, s’arrêter quelques instants sur l’amplitude de la respiration sans essayer de la modifier etc…
La concentration sur le corps occupe l’esprit et la personne tend vers un lâcher-prise !!
Merci Laurent.
Alors à vous d’essayer ! Et n’hésitez pas à partager avec nous vos expériences en commentaire de cet article !
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