Voilà une belle opération qui aura eu du sens pour le communauté des coureurs pendant le confinement !
Entre le 1er et le 3 mai 2020, SB Consult, a organisé l’opération « Les coureurs ont du cœur » : une course virtuelle de 3km, ouverte aux marcheurs et aux coureurs de la France entière, visant à se mobiliser pour la lutte contre le Covid 19.
À l’objectif principal étant ainsi de recueillir un maximum de dons au profit de la Fondation de France. Cela en respectant les règles de confinement : une heure maximum, dans le périmètre du kilomètre maximum autour de son domicile.
Son organisateur, Samuel Bonaudo, revient sur l’évènement (qui a été une belle réussite) à travers cette interview.
Comment t’es venue cette idée d’évènement « les coureurs ont du cœur » ?
Durant le confinement, j’ai ressenti un certain malaise sur ce qui se passait autour de la communauté des coureurs. … nous étions un peu stigmatisés.
J’ai constaté deux points :
- L’importance de la pratique du running dans notre société. Nous sommes la seule discipline sportive à avoir eu l’autorisation de pratique. Vélo, équitation, natation, pêche, chasse … tout a été stoppé.
- Ceux qui pratiquaient pendant le confinement ont subi un certain dénigrement, des dénonciations, et ont été montrés du doigts essentiellement sur les réseaux sociaux.
Cela m’a conforté d’un coté sur le poids sociétal de notre sport, mais cela m’a affecté de lire toutes ces critiques.
Certaines personnes ce sont mises à courir pendant le confinement car ils avaient besoin de s’aérer, de se dépenser et que peut être habituellement il ne prenaient pas le temps de le faire ou le faisaient en pratiquant d’autres disciplines.
Personnellement je trouve cela super; mais les pauvres, qu’est-ce qu’ils se sont pris…!
En tant qu’organisateur d’événements sportifs, mon activité est donc à l’arrêt. Bien sur, j’en ai profité pour prendre un peu plus de temps pour la famille, de tailler, tondre et élaguer le jardin…
Mais j’avais un manque, j’avais l’impression de ne pas être utile…
Je connais notre communauté j’en fais partie depuis 35 ans, je sais que les coureurs sont responsables et peuvent être solidaires.
Pour être franc j’avais cette idée de concept de course virtuelle depuis la période des attentats, nous avions aussi pendant cette période pas mal d’annulations d’épreuves mais je n’étais pas allé au bout du projet à l’époque.
J’ai écris le projet, commencé à sonder autour de moi sur des posts innocents pour vérifier la façon dont était organisée la pratique durant le confinement.
J’ai réuni une équipe avec laquelle j’ai l’habitude de collaborer sur de « vraies organisations »; après lui avoir exposée le projet, cette équipe a de suite adhéré, et nous avons établi un plan d’organisation en moins d’une semaine.
Comment as-tu vécu une telle façon d’organiser comparativement à d’habitude ?
Une expérience étrange, tu as le même stress que sur une organisation classique. Je me suis posée pas mal de questions et encore plus parce que je n’avais aucune expérience sur ce fonctionnement.
Tu pilotes des actions, un peu comme si tu avais une télécommande et que tu lançais tes actions, les unes après les autres.
Notre équipe s’est étoffée au fil des jours car cela devenait de plus en plus délicat au vu des engagements.
21 000 coureurs, c’est fou le nombre d’erreurs, de modifications, de problèmes d’engagements, d’enregistrements à résoudre par email ou téléphone.
A la fin nous étions 12 mobilisés.
Mais ce fut un énorme plaisir, déjà entre notre équipe, nous avons eu l’impression de revivre, cette excitation, tous ces échanges entre nous et avec les participants c’était top.
L’organisation est un travail d’équipe mais aussi de relations avec ses bénévoles, là c’est quelque chose de différent car pas d’échange avec toutes ces personnes, nous étions que 12 alors qu’habituellement cela regroupe des centaines de personnes.
La dernière semaine nous n’avons pas beaucoup dormi, mais même si contrairement aux « courses habituelles » nous n’avions pas de contact tactile avec les participants, nous avions tous ces partages, commentaires et encouragements qui nous ont boostés jusqu’à la fin.
Au final, c’est exactement la même chose, le sentiment du devoir accompli, d’avoir tout donné, au final tu es fier de ton équipe, fier d’avoir tenté et d’être allé au bout de ton idée.
Et en plus quand cela fonctionne… c’est le top !
À quelles problématiques as-tu été confronté en amont et pendant ?
Ceux qui me connaissent savent que lorsque j’ai une idée en tête, en général… je vais au bout.
J’ai sondé des personnes qui me semblaient pertinentes, et j’avoue que c’était partagé. Ils m’ont énuméré leurs contre-arguments, je les ressaisissais aussi, mais je savais que je pouvais les contrer.
Une fois lancé, nous n’avons pas eu de gros soucis. À part technique, comme rajouter des serveurs sur les différents sites car nous avions des taux de fréquentations complètement fous.
Nous nous sommes tenus à notre plan et calendrier organisationnel et tout s’est passé comme nous le souhaitions.
T’attendais-tu à un tel engouement et quel bilan peux-tu dresser de cette première expérience ?
Au fond de moi je pensais que nous allions cartonner, mais qui pouvait en avoir une certitude ?
Ce qui m’a fait le plus plaisir au delà du nombre de participants, c’est que pendant pratiquement une semaine nous avons vu des dossards, des échanges, partages, toutes ces activations habituelles autour de notre passion.
Cela a permis de redonner un objectif, une opération commune alors que cela faisait des semaines que chacun restait dans son coin.
Nous l’avons incité par nos présentations, « challengez vos amis », « challengez vos clubs » (de très nombreux clubs FFA ont promotionné l’événement et ont même fait des challenges internes via l’opération), « challengez vos régions » (beaucoup d’échanges et fier de représenter sa région)…
Bilan 21 010 participants, tous les départements de France touchés, 35 pays.
100 000 visiteurs sur le site, 250 000 pages vues, 8000 supports de com téléchargés, 5000 amis facebook en une semaine, 3 400 000 personnes atteintes sur les réseaux sociaux.
Nous sommes très heureux de verser 90 000€ à la Fondation de France.
Nous avons remboursé nos frais de création de charte graphique, création de site internet, publicités sponsorisées sur les réseaux sociaux facebook et instagram, deux serveurs sur le site internet, 4 serveurs sur le site d’engagements, frais de transactions bancaires.
Cela représente un somme conséquente mais c’est impossible d’organiser une épreuve à 21 000 coureurs s’en investir sur la publicité et la fiabilité de nos supports.
Tu devais organiser le Marathon Var Provence Verte ce week-end. Il a été annulé et reporté. Comment vois-tu les choses pour ce report ?
Oui c’est toujours difficile de devoir annuler ou reporter un événement, c’est une épreuve jeune qui devait se tenir le 9 mai pour sa seconde édition.
C’est un « marathon nature » qui permet de traverser des nombreux domaines viticoles, champs de lavandes, coquelicots, oliveraies…
un petit bijou à faire seul, en équipe de 5, en run and bike ou encore le semi marathon nature.
Nous allons tout faire pour le maintenir le 26 septembre, mais je vais prendre contact avec toutes les parties prenantes pour écouter le sentiment de chacun.
Je croise les doigts pour que d’ici la rentrée la situation permettra de le maintenir.
Une 2ème édition de la course « les coureurs ont du coeur » ?
Cette question nous a été posée pendant l’événement à plusieurs reprises, nous avons constaté ce manque, nous avons vu que nous avons booster tous ces échanges.
Nous avons envoyé un questionnaire aux participants pour connaître leur avis et nous analyserons rapidement les retours.
Sur les 4000 premiers retours nous avons 98,9% de réponses favorables à une seconde édition.
Est ce que ce ne serait pas une nouvelle forme de pratique ?
Réduction des déplacements, disponibilité et facilité de participation, est ce important la performance aujourd’hui ?
Coût du dossard très peu chers, reversement à une bonne œuvre… le tout en partageant cela avec son entourage…
Ce sont des questions à se poser, ce que nous avons observé ce week-end, ce sont des participants de toutes les régions, de tout horizon qui se sont rassemblés sur cette opération.
Et vu qu’il n’y aura pas de courses classiques avant au mieux le mois d’août, je pense que nous pouvons proposer une seconde opération… c’est que nous étudions.
Sur la première édition nous n’avions pas la crédibilité et surtout le temps d’avoir des partenaires.
Pour cette seconde opération, nous souhaiterions financer nos frais par les partenaires, cela nous permettrait de verser la totalité de la somme pour la structure caritative partenaire.
C’est mon prochain challenge…!
De tout coeur avec toi pour cette seconde participation Samuel ! Merci de ton retour.
Informations sur la course : LES COUREURS ONT DU COEUR