Contrairement aux fractures classiques, la fracture de fatigue n’est pas due à un contact direct ou à un accident, mais à une sur-sollicitation d’un os ou d’une de ses parties.
En course à pied, la répétition des impacts à chaque foulée fragilise temporairement la matrice osseuse provoquant des microfissures qui se consolident entre deux entraînements.
Cependant, lorsque les contraintes sont plus importantes que la capacité de récupération, ces fissures microscopiques peuvent à terme évoluer vers la fracture dite de fatigue.
En course à pied, la fracture de fatigue représente 7,6% (hommes) à 13,6% (femmes) des lésions*, touchant principalement le tibia et le calcanéum (os du talon) puis les métatarsiens, le bassin et enfin le fémur.
Les causes
Les fractures de fatigue en course à pied sont principalement dues à une augmentation trop importante de la charge d’entraînement, un changement de surface de course trop brutal (bitume, piste) ou le port de chaussures inadaptées ou usées.
Les femmes sont plus touchées que les hommes** pour plusieurs raisons :
- une perte de poids importante ou la présence de troubles alimentaires.
- une force de réaction au sol et une ampleur de l’impact tibial élevées.
- une largeur des pièces osseuses inférieure.
- les possibles aménorrhées (absence de règles) ou oligoménorrhées (règles peu abondantes < 5 cycles/an).
- une baisse de la densité osseuse.
Le diagnostic
Les symptômes de la fracture de fatigue sont plutôt classiques : douleur en charge et à la palpation et possibles rougeurs et œdèmes localisés.
La fracture peut être confirmée assez rapidement par scintigraphie et IRM, ou plus tard par radiographie.
Les traitements
En fonction de l’importance de la fracture de fatigue, le traitement peut aller du simple repos sportif (4 à 8 semaines) à une immobilisation et une décharge complète de 6 semaines, associée au glaçage de la zone douloureuse et à la prise d’antalgiques ou anti-inflammatoires prescrits médicalement.
La reprise rapide d’une pratique sportive par le biais de sports portés est envisageable mais celle de la course à pied doit être la plus progressive possible.
La confection, par un podologue, d’orthèses plantaires permettra de décharger la zone douloureuse et/ou de corriger des troubles éventuels du pied.
Prévenir la fracture de fatigue
Le fait d’alterner plusieurs paires de chaussures comme de renouveler régulièrement ces dernières (relire l’article : quand changer de modèle de chaussures de running) permet de varier les charges appliquées au complexe musculo-squelettique, tant en localisation qu’en intensité, limitant ainsi les risques de sur-sollicitation sur une zone donnée.
Concernant l’entraînement proprement dit, celui-ci doit être le plus progressif possible, en intensité comme en volume, et prévoir quelques exercices de renforcement musculaire.
Enfin, une réduction de l’amplitude de course au profit d’une plus grande fréquence semble dans l’absolu une bonne solution pour prévenir le risque de blessures et notamment de fractures de fatigue.
Par Jérôme Sordello
*Taunton et al. A retrospective case-control analysis of 2002 running injuries. Br J Sports Med. 2002
**http://www.medecinesportpau.fr/wp-content/uploads/2012/06/fracture-fatigue-femme.pdf