Le confinement est officiellement parti pour durer jusqu’au 11 mai prochain, et les sportifs doivent continuer à s’armer de patience pour s’entraîner.
Les sorties sont autorisées, mais sous conditions : seul, 1h maxi, à 1km maxi de son domicile. Pour les ultra-traileurs, on reste donc bien sur de l’entretien, plus que de la préparation spécifique ….
Chacun s’organise comme bon lui semble, en respectant les consignes et en faisant preuve de bon sens, par rapport à sa situation personnelle et ses convictions.
Certains font le choix de rester chez eux, reportant les sorties extérieures à plus tard. D’autres ont choisi d’investir dans un tapis de course, pendant que certains courageux se tentent des tours de jardin ou de balcon.
Denis Clerc, journaliste sportif à France 3 Occitanie et ultra-traileur passionné, fait partie de cette 3ème catégorie de confiné !! Il accepte de se prêter au jeu de l’interview avec nous !
Découvrez ici notre échange de questions / réponses !
Peux-tu nous décrire le contexte de ton confinement ?
« Je suis confiné au 3ème étage d’une résidence à Castelnau-le-lez, commune limitrophe de Montpellier.
Je vis donc en zone urbaine avec ma compagne, Laeti et le terrible Chatdo, un matou de 4 ans.
Nous louons un appartement assez spacieux (70 m2) mais c’est surtout notre terrasse qui fait le charme de notre habitation. 29 mètres de long, en forme de L, exposé Est et Ouest, 58 mètres aller-retour pour la boucle, avec vue sur les vignes, la voie de chemin de fer d’un côté, et sur les immeubles qui nous entourent partout ailleurs.
Depuis le 1er jour du confinement, nous ne sortons quasiment jamais à part, une fois par semaine pour aller au drive et acheter des fruits et légumes. C’est tout !
J’ai la chance de pouvoir être en télétravail pour France 3. Je peux faire le montage en retard de chroniques de randonnées et les partager ensuite sur les réseaux sociaux.
J’ai tellement d’images que je peux tenir encore des mois. Je travaille du coup beaucoup et à n’importe quelle heure. C’est une chance énorme de pouvoir continuer, j’en ai bien conscience.
Ma chérie est aussi en télétravail et notre chat ne fait rien, comme d’habitude. »
Tu as fait le choix de ne faire aucune sortie à l’extérieur, pourquoi et comment t’organises-tu pour rester actif ?
« Dès le premier jour, le confinement total a été une évidence de mon côté.
D’abord, je ne me voyais pas m’amuser et courir à l’extérieur alors que les soignants prenaient des risques face à la pandémie et que des gens mourraient dans les hôpitaux.
Et puis, je voulais aussi préserver ma chérie enceinte de 7 mois et 1/2 au début de confinement . Après une discussion serrée avec elle, elle ne souhaitait plus que j’aille courir de hors, même une heure…
Il me restait alors mon balcon pour continuer à me bouger. Du coup, je fais une heure de sport par jour en écoutant de la musique.
J’essaie d’avoir toujours du rythme dans mes séances et ça va. Pour me changer, j’ai la chance (??) d’avoir un vélo elliptique. Je n’aime pas trop mais ça me change …
J’ai fait aussi 2 séances de dénivelé dans mes escaliers au petit matin pour ne pas gêner les autres locataires de la résidence…!
Je ne fais aucun exercice de renforcement musculaire et je ne suis aucun cours .. ça m’a toujours gonflé donc rien d’autre que courir sur mon balcon et du vélo elliptique !
Je cours sans trop penser, juste pour être bien dans mon corps. J’avoue que j’adore me dépenser et j’aime toujours autant la douche après la séance.
Faire du sport lave vraiment de tout et cela efface les tensions dues à cette drôle de situation. ça me calme, ça m’apaise et la journée peut continuer tranquillement.
Je cours toujours vers 11H15, j’ai toujours aimé courir à la mi-journée et je ne change pas mes habitudes. »
Courir sur un balcon : comment trouves-tu la motivation et le plaisir ?
« Courir sur le balcon a été d’abord un challenge car, dès le premier week-end, j’organisais un marathon solidaire sur mon balcon qui a rapporté 3000 € au personnel soignant.
42 bornes, 727 tours en 5H10. Tranquillement . Puis j’ai continué chaque jour, à courir sur le balcon, cela peut sembler ridicule.
En avril, j’ai fait une séance tous les jours. Alors, qu’habituellement, je m’accorde 2 jours de repos par semaine. Je sens que j’ai besoin de me dépenser pour ma tête.
Je n’ai pas de problème de mental … Je continue de courir, c’est tout. Je prends toujours du plaisir à faire mes tours de balcon en musique.
Je ne comptabilise plus les tours comme au début. Je cours, c’est tout, tout en faisant des signes à mes voisins qui me renvoient un sourire. Je suis le voisin-zinzin-qui-a-fait-un-marathon-sur-son-balcon !
Le plaisir, je l’ai toujours vers le milieu de la séance. je fais mon petit plein d’endorphine. C’est certain. Je tiens. Je ne lâche rien.
J’aime bien l’idée de tenir et de continuer … de ne pas flancher… comme ça, pour rien, pour emmerder le coronavirus et lui dire : t’as vu, je suis toujours vivant. Tu m’obliges à rester chez moi, mais je bouge toujours !
Et puis, je ne veux perdre mon capital santé. Je fais attention de pas trop manger, de ne pas boire d’alcool, de ne pas jeter sur le chocolat même si j’ai envie de tout ça …
Pareil que pour le sport, c’est un autre combat… Et je tiens… !! C’est tellement dur de revenir ensuite que je garde mon poids de forme comme ça. »
Penses-tu que cette période très particulière va changer ta façon de voir la course à pied et ta façon de t’entrainer ?
« Le coronavirus ne va rien changer chez moi dans ma pratique du sport. Il ne me rend pas plus fort. Je n’avais pas besoin de lui pour savoir que j’étais assez con pour courir sur un balcon.
J’ai déjà fait plein de trucs encore plus débiles avant lui . J’en parle comme une personne, c’est drôle. Comme je suis assez solitaire, je vais continuer comme avant d’aller seul mes crêtes du Pic Saint Loup.
Ce qui est assez drôle dans mon cas, c’est que tout le monde me disait : « tu verras, avec l’arrivée du bébé, plus de course, tu vas devoir réduire la voilure ! ».
Ben, grâce au coronavirus, je ne vais pas être tenté cet été de faire le tour de la planète pour aller courir un ultra au Canada ou à Madagascar . Tout est annulé !!
Sérieux, c’est dingue cette histoire … Plus de course au programme !!
Après, ce qui est certain, c’est que je vais privilégier les courses en France pour un petit moment … Je ne sais pas très bien comment notre sport va être transformé par ce virus et la distanciation sociale … »
Mon slogan est #zinzinmaispasfou ! Je crois l’avoir bien appliqué durant ce confinement.
« Du coup, mon objectif principal en mai après le 11 ne sera pas de faire ce qu’il me plait mais de m’occuper de l’arrivée de mon bébé et de ma chérie.
Et de retrouver mes 2 grands (Hippo 22 ans et Eleonore 20ans) confinés trop loin de moi ! »
Merci à Denis pour son témoignage !
N’hésitez pas à suivre ses aventures sur son site : ZINZIN REPORTER
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