Samedi matin, la sensation Kipchoge avec les moins de 2h sur ces 42 km 195 à Vienne.
Dimanche matin, l’inattendue Kosgeï qui bat le record du monde féminin en conditions normales à Chicago.
Derrière la première performance, on ne pensait pas prendre un deuxième coup sur la tête.
Surprise, admiration, étonnement, doute…?
Le cap des 2h, c’est fait
Exploit sportif, course montée pour la publicité, atout technologique dans les baskets. On peut placer le curseur où l’on veut, selon notre angle de vue.
Oui, le patron d’Ineos est milliardaire et a aidé à monter ce projet, qui fait la part belle au marketing.
Nike investit dans les meilleurs athlètes du monde pour montrer ses évolutions techniques apportées aux chaussures, que presque aucun coureur lambda ne porte car il ne peut se les payer.
Cherchez un sens sportif au milieu de tout ça.
Kipchoge a couru en 1h59’40 les 42 km 195 monté pour lui à Vienne. 40 lièvres, grassement payés et de top niveau mondial, qui se relaient et couvrent Kipchoge pour optimiser la performance.
Une performance artificielle…? Et pourtant, il a bien fallu les courir ces kilomètres au rythme de 2’50.
1’08 au 400 m, 34 au 200 m… 28’20 au passage du 10 km : top 6 des meilleures performances françaises sur la distance.
Un seul être humain pouvait réaliser cet exploit. Eliud Kipchoge, champion du monde du 5000 m à 18 ans en 2003, double médaillé sur la distance en 2004 et 2008, est devenu par la suite le meilleur marathonien de l’histoire, champion olympique, record du monde à 2h01’39, 11 victoires sur 12 marathons internationaux.
Sa facilité, ses rictus pendant l’effort, sa gestuelle qui ne se dégrade pas. Forcément le doute s’invite dans quelques esprits.
D’autant qu’il n’y a pas une grande clarté sur son suivi médical, et que le Kenya sombre dans la tourmente des affaires de dopage.
On sait pourtant qu’il a subit plusieurs contrôles pendant sa préparation… Chacun se fera son avis.
Les lames carbone intégrées aux semelles des Nike sont peut être d’une aide précieuse pour gagner des secondes.
Peut être que là aussi, à l’instar des combinaisons en natation, on reviendra sur cet apport technologique pour les interdire…
Kosgeï dépasse Radcliffe
Elle était à Chicago dimanche matin pour assister à ça : Paula Radcliffe a vu son record du monde de 2h15’25 (Londres, 2003) être battu par la kenyane Brigid Kosgeï.
Il était pourtant haut perché, mais il a été effacé : 2h14’04, nouvelle référence.
Bien que Kosgeï n’est pas sortie de nulle part (record à 2h18’35 en 2018 ici à Chicago), progresser de plus de 4 minutes à ce niveau est tout simplement stupéfiant.
Voici les temps de passage : à gauche ceux de Paula Radcliffe, à droite ceux de Kosgeï)
15:48 – 15:28
16:13 – 16:00
16:14 – 15:58
16:14 – 16:01
16:07 – 16:08
16:01 – 15:45
15:57 – 15:57
15:56 – 15:58
6:56 – 6:53
2h15:25 // 2h14’04
Elle aussi était accompagnée de deux lièvres, mais les conditions était bien réelles.
Elle a réussi à courir plus vite que Mo Farah du 30è au 40è (15’58 contre 16’04). Ce dernier a réalisé son plus mauvais chrono sur la distance : 2h09’58, 8è place.
Quant à Kosgeï, avec un tel chrono, elle pourrait rivaliser avec les meilleurs français.
Difficile de s’extasier sur ces deux performances. Celle de Kosgeï semble encore plus énorme. Bref, la suspicion a encore de beaux jours devant elle.
Dans tous les cas, pour le moment rien ne peut faire annuler ces performances.
« On a marché sur la lune » disait Kipchoge, qui est loin d’être une étoile filante.
Souhaitons qu’il reste au firmament ! Même si Kosgeï lui a presque volé la vedette…
Par Mathieu BERTOS / Photos : orga Marathon marathon Chicago / Nike
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