Après une préparation de près de 9 mois, le grand jour est arrivé, avec l’envie de bien faire, je prends la direction de Barcelone pour mon premier IRONMAN !
Difficile de se contenir lorsque l’objectif de l’année arrive.
On est pris entre l’excitation de la course, la peur du mauvais jour, des doutes sur ma condition physique, une remise en question de la préparation, …
Bref c’est dans un esprit tiraillé de toute part que j’arrive à Calella.
L’approche du départ
Ma copine avait contacté tous mes proches pour qu’ils m’écrivent une lettre ou réalisent une vidéo, tous ces messages d’encouragements m’ont fait un bien fou et je souhaite à tout le monde de vivre des ascenseurs émotionnels de la sorte.
La découverte de toutes ces attentions dans la voiture a fait défiler le trajet à une vitesse folle !
Nous arrivons à Calella, lieu du départ de l’épreuve dès le vendredi soir.
Je vais directement au retrait des dossards pour gagner du temps afin que le samedi soit destiné aux repérages et à la préparation des affaires.
La course se déroule dimanche. Une fois le dossard en main, la pression monte d’un cran et je sais que le samedi sera une journée millimétrée, alors je profite du restaurant du soir pour préparer le planning serré du lendemain.
Veille de course
Le samedi, veille de course, je commence la journée par un maxi petit déjeuner à l’hôtel, tout en restant dans mes habitudes.
Il faut respecter un principe évident : pas de folie à la veille de son premier Ironman !
Après le petit-déjeuner, j’enfile la néoprène pour me familiariser avec l’eau, sa température, son goût salé et ses habitants puisque j’ai fait la rencontre d’une gentille petite méduse qui ne m’a pas attaqué.
J’avoue avoir flippé, j’ai tout fait pour ne pas la déranger ! Après cette mini session de 300 m, je me change en tenue de vélo pour reconnaître les 10 premiers et les 10 derniers kilomètres.
J’ai ressenti dès les premiers tours de pédales de très bonnes sensations, le bitume est parfait, les réglages du vélo sont top, il n’y a plus qu’à !
Une fois ces deux mini-trainings exécutés, direction le briefing de course de 12h a 12h45. Le speaker chauffe la salle, tout le monde est sur-motivé, sur-excité !
C’est remonté comme une pendule que je pars au restaurant, manger du poisson, du riz, de la tortilla et une bonne coupe de fraises nature en dessert.
L’après-midi sera consacrée à la préparation du matériel, au dépôt du vélo dans le parc et au repos.
Le soir je reste sur du riz, du poisson et du poulet, surtout pas de folie et direction le lit, il est 21h30.
JOUR J
J’arrive à trouver assez rapidement le sommeil jusqu’à me réveiller 10 minutes avant le réveil, il est 5h30 du matin.
Ces 10 minutes m’ont permis de réfléchir principalement au départ de la natation, dans ma tête c’est décidé, je change de SAS de départ.
Je file à la douche pour me réveiller puis au petit-déjeuner. J’avais ramené mon gâteau Meltonic accompagné d’un peu de riz et de tortilla.
Pas de fruit, surtout pas de café, je commence à connaître mon organisme et je ne veux pas le maltraiter avant le départ de cette longue journée.
7h, c’est l’heure de se rendre au niveau de la zone de départ.
On part de l’hôtel avec Cécile et on retrouve les copains, venus spécialement de Paris pour me voir, ça fait un bien fou de se sentir soutenu.
Je vais voir si le vélo va bien, puis je sors du parc, j’enfile la néoprène et vais sentir la température de l’eau pour me mettre dans l’ambiance.
Je dis à mes proches à ce soir car j’envisage une course en 12h, donc retour vers 20h, 20h30 à priori.
Le coup de sifflet retenti, il faut rejoindre les SAS de départ. Je choisi le 1h15.
N’étant pas un grand nageur, je pense pouvoir tenir les 3,8km dans ce chrono.
Les pros hommes partent, les femmes pros enchaînent, puis le rolling-start démarre pour nous autres.
J’arrive à la ligne de départ chargé d’émotion, petite tape dans la main des gars à côté, GO !
L’entrée dans l’eau est bonne, pas de vagues qui cassent devant moi, je plonge rapidement et sens de bons appuis.
Malgré quelques zigzag imprévus, j’arrive à la première bouée des 300 mètres et là j’ai une longueur de 1600m qui m’attends, autrement dit, plus de 30 minutes à nager tout droit.
Un calvaire pour moi qui a du mal à tenir le cap sans rallonger. Ma montre Garmin 945 sonne tous les 500m, me permettant de savoir ou j’en suis. (à ce propos, le nouveau modèle Garmin Forerunner 965 fait bientôt sa sortie, apparemment l’autonomie est exceptionnelle).
La ligne droite est longue, très longue, mais j’arrive plus ou moins à doubler quelques concurrents sans prendre trop de coups.
Les dizaines de minutes passent et je bascule sur le retour, et ses 1500m tout droit.
Je ne compte plus les bouées intermédiaires, puis j’aperçois l’arche, « Yes c’est bientôt la fin ! ».
Je sors de l’eau en 1h15, pari tenu, sans aucunes douleurs aux épaules ! Cet Ironman commence très bien.
J’essaie de ne pas perdre trop de temps à la transition, la Speedo Xenon s’enlève vraiment bien, je mange un peu en même temps.
Une fois le casque sur la tête, je vais en marchant jusqu’au vélo, tout en mangeant mon gâteau tonic Meltonic que j’avais laissé dans le sac de transition la veille.
C’est facile à digérer avec un apport calorique important, c’est ce qu’il me faut.
Place au plaisir du vélo
J’enfourche le vélo en étant encouragé par Cécile et mes amis, la natation est passée, maintenant place au plaisir sur le vélo.
Dès les 20 premiers kilomètres je sens que j’ai des bonnes jambes, je roule à 36 de moyenne sans m’épuiser, ça va envoyer !
J’arrive à la bosse du ravitaillement, seule difficulté du parcours, km 36, et l’avale sans soucis, à 30km/h.
Le bitume est parfait tout le long, les ronds points ne sont pas dangereux, alors j’appuie. Les kilomètres défilent et je boucle déjà le premier tour en doublant de nombreux concurrents.
La montre sonne les 90 kilomètres en 2h28, surpris moi-même de la performance, je me dis de calmer le jeu car la course est encore longue.
Finalement je parviens à garder ce rythme jusqu’à la fin des 180km… En m’alimentant toutes les heures et en buvant régulièrement (3 bidons et une bouteille d’eau prise au ravito), je ne sens aucune défaillance, ni trop de douleurs musculaires.
L’excitation est maximale !
Une fois revenu dans le centre-ville de Calella, je franchis les quelques derniers dos-d’âne avant de rejoindre le parc à vélo.
Cécile n’a même pas le temps de m’encourager que je suis déjà passé, à fond !
C’est avec un grand sourire au visage que je pose le vélo, heureux des 4h58 au guidon de mon Canyon Speedmax, 36,2 km/h de moyenne, une très belle performance pour mon humble niveau.
Direction les chaussures de running !
Je pose le vélo, trottine jusqu’à la tente pour retrouver mon sac avec mes chaussures de running.
C’est avec les Nike Zoom Fly Flyknit que je m’attaque au marathon. Je place dans la poche arrière gauche de ma trifonction 2 barres STC Iron Force et 6 gels Gu dans la poche droite.
Je connais ces produits pour les pratiquer à l’entrainement, je pars confiant.
Mes deux objectifs sur ce marathon sont de gérer et d’être régulier.
Étant donné mon état de fraicheur, je me dis pouvoir le claquer en moins de 4h, à condition de ne pas exploser comme du popcorn.
C’est pourquoi je me cale sur les vibrations de la Garmin 945 qui à chaque kilomètre m’indique mon allure.
Je ne dois jamais être en dessous de 5 min au kilomètre, et jamais au dessus de 6 minutes au kilomètre. Une fourchette large, pas trop contraignante et qui me réconforte.
Le parcours longe la plage, j’entends des « Venga Kévin » (grand merci à l’organisateur de mettre le prénom sur le dossard !), des « Go go go », des « allez champion », tous ces encouragements pousse à se dépasser, tout en jetant un petit coup d’œil régulier à l’allure pour ne pas s’emballer.
Ma cadence est bonne, entre 167 et 173 PPM, j’avance en bord de mer. Je me fais déposer par les avions qui ont posés le vélo bien avant moi, ça fait mal à la tête, alors je regarde la plage en me rappelant que j’ai nagé là ce matin.
J’entends un « allez mon chéri » d’une voix très familière, génial Cécile est là.
Boosté, j’approche du kilomètre 20 et j’engloutis le deuxième gel. Je claque le semi au tempo, en 1h52.
Je me sens encore bien, mais je commence à voir des concurrents qui marchent, qui s’étirent, qui ont des crampes… Je me dis qu’il faut absolument que je m’alimente encore et encore, il va me falloir du carburant pour ne pas en arriver là.
Le kilomètre 29 annonce le début du dernier tour. La prochaine fois que j’arrive à ce U-Turn, je prendrai à droite vers la ligne d’arrivée.
Pour le moment, j’entends le speaker prononcer la phrase mythique « YOU ARE AN IRONMAN ».
L’émotion monte d’un coup, il ne faut pas s’affoler, encore 13,5 kilomètres. ils peuvent être long si je gère mal.
Je passe à nouveau devant les amis, ils me trouvent bien et Jonathan me dit « T’es en train de faire une course de malade, tu vas être en moins de 11h ! »
Je n’avais même pas pris le temps de calculer mes chronos. Je le fais à la louche dans ma tête : 1h15 de natation, 5h de vélo, grosso modo 20min de transition, le semi en moins de 2h, mais oui il a raison !
À partir de ce moment là, je me dis qu’il ne faut rien lâcher, pour non pas essayer de finir la course (l’objectif initial), mais de faire un bon chrono.
Dans cette euphorie je passe le kilomètre 33 et là je sens comme un trou dans mon estomac. Une vraie sensation de faim !
Par chance le ravitaillement est 500m plus loin, sans m’arrêter je prends deux morceaux de banane que je gobe instantanément.
Accompagnés d’un gel, ils me permettent d’arriver à la moitié de la dernière boucle, il n’y a plus que le retour à faire, plus que 6 kilomètres.
Je reprends deux morceaux de banane sur ce ravitaillement, la sensation de faim a disparu, mais je sens le quadriceps droit qui se tend.
Comme un petit rappel qu’il y a quelques mois encore j’étais extrêmement sujet aux crampes.
Petit check de la cadence sur la montre, ok je ne m’emballe pas, je continue sur le rythme des derniers kilomètres en 5’55 au kilo.
C’est avec la tête obnubilée par la gestion de ce tout léger début de crampe que j’arrive dans les deux derniers kilomètres, je vois le slogan de la marque Hoka One One : « It’s time to fly ».
Alors j’en profite, je vole intérieurement, je savoure ces dernières centaines de mètres.
Dernier virage, j’entre sur le tapis rouge, les larmes montent.
Je ne cours plus, je trottine pour profiter du moment, je vois Cécile en pleurs au bord des barrières, je la prends dans mes bras, je check les copains, en pleurs aussi.
Une joie immense, l’accomplissement de 9 mois d’entrainement, qui se concrétisent là, dans ces dernières secondes sur ce tapis rouge.
Je tape dans la main du speaker et il lance un « YOU ARE AN IRONMAN », cette fois-ci, c’est bien à moi qu’il le dit !
Le chrono s’affiche : 10:22:56. Je n’en reviens pas.
Avec le recul je me dis que ma première expérience sur la distance Ironman ne pouvait pas mieux se passer.
Merci à tous pour vos encouragements (lettres, vidéos, messages, appels, …) car c’est aussi grâce à vous que j’y suis arrivé !
Alors maintenant quel sera le prochain défi ? Le boucler en moins de 10h ?
Par Kevin LAPORTE