Hé, vous voulez que je vous raconte mon 10ème IRONMAN ??
Promis ce ne sera pas long, pas autant que les 9h d’effort en tous cas.
J’ai des choses à vous raconter, notamment sur le fait qu’il faut parfois savoir ne pas s’écouter …
3ème fois sur ce Frenchman, les 2 premières (2015 et 2018) j’avais réussi à décrocher la seconde place. Cette année je sais pertinemment que l’Access Podium sera beaucoup plus compliqué.
Déjà je vieillis LOL ! Et puis surtout Robin MOUSSEL (vainqueur D1 duathlon) et Valentin ROUVIER (Champion de France Elite Longue Distance 2017) font partie de la start-list. Intrinsèquement largement au-dessus du lot il va falloir se battre, un peu derrière, avec mes copains Fred Durand, Piero Gaspariau ou Anto Faye pour les dernières places sur le podium.
Et puis je ne compte même pas ceux que l’on connaît un peu moins bien. Le Frenchman se fait un nom et attire du Français mais aussi de l’étranger aux jolis palmarès.
Toutefois, affublé du dossard #1, je vise clairement un top 5.
Comme prévu, et même largement mieux, Robin a réalisé un festival en battant le record de l’épreuve en 8h10. Quant à Valentin, aux avant-postes une grande partie de la course, a connu une défaillance sur le marathon pour finir 8ème.
Départ 7h sur la plage de Piqueyrot. La météo est magnifique et s’annonce même quasi caniculaire. Pas de vent, le lac brille façon « mer d’huile », ça va être un régal.
Hyper serein depuis quelques jours, je me sens en bonne forme, pas la GRANDE GRANDE forme mais franchement j’suis vraiment bien, quoi ! J’ai surtout peur de cette natation, encore + que d’habitude, car j’ai vraiment pas beaucoup nagé durant l’hiver.
Un peu + en avril/mai mais rarement plus de 3 fois la semaine, même ces dernières semaines.
Une bonne entame en natation
Finalement tout s’est super bien déroulé. Une nage à l’économie, j’ai pris des pieds quand l’occaz’ se présentait, repris du monde sur la seconde partie pour sortir en 57’32 soit ± mes standards habituels.
Mon pote Lucho me colle tout de même 2’ mais a, sans aucun doute et enfin, retranscris en eau libre ce qu’il est capable de faire en bassin. Je suis à un peu + de 3’30 de Piero et sors même devant Fred qui avait pris l’habitude de mettre quasi 1’.
Nan, sincèrement, l’entame de course est plus que top !
La boulette sur le vélo
A vélo les jambes répondent présentes de suite. Je reprends aisément quelques places. Sorti 22ème de la natation, au 1er pointage intermédiaire km20 je pointe à la 12ème position.
A ce moment là je viens de doubler mon pote Lucho, j’ai un certain « Julien » à 50m devant moi et nous entrons dans Vendays-Montalivet. Et ici même MA COURSE BASCULE !
Julien bifurque à droite et suis la direction que lui montre le bénévole (En étais-ce un d’ailleurs ? a-t-il réellement fait un signe ??), j’ai un instant de doute (Bah oui je connais le parcours, je l’ai encore reconnu il y a 1 mois) mais vu les travaux je me dis, et tout cela va très vite dans la tête, que nous sommes déviés du parcours habituel.
Je me retourne et vois que Lucho, une bonne centaine de mètres derrière, nous suit. Je dépasse le Julien et embraye, assez vite je me rends compte que c’est plantage de parcours.
Et là j’ai déconné car au lieu de faire demi-tour au bout de 2km, je pense que je vais pouvoir rattraper le parcours un peu + loin en perdant que 2 ou 3 km !
En fait je vais le récupérer 30km + loin en ayant fait 10 bornes de plus !
Et oui … quand, non sans mal, je récupère le parcours (j’ai dû m’arrêter 2 fois tout de même pour trouver mon chemin) je vois le panneau des 50km alors que j’en ai 60 à mon compteur.
En premier lieu je suis tout de même content de ne pas avoir coupé le parcours auquel cas j’étais direct disqualifié. En second je suis dégouté et dis, déjà, adieu au top 5 sur une telle connerie.
L’envie de défoncer les pédales me démange mais, sagesse et expérience aidants, je n’ai pas beaucoup de mal à me convaincre que c’est le meilleur moyen de gâcher encore plus cette course.
Au contraire même, je vais finalement rester un peu en-dedans, ne pas trop en faire. C’est tout plat mais ce parcours est exigeant. Garder 98% du temps la position aero est pénible physically & mentaly comme disait JCVD.
Donc je pousse un peu moins, me détends assez fréquemment les lombaires et baisse la tête pour aller le + vite possible poser ce p*$^ù ; de vélo !
Évidemment j’ai dû (re)dépasser beaucoup de monde, à partir du 90ème km je reprends même ceux que j’avais doubler sur les 20 premiers km. Top 10 au 130ème, 9ème au 145ème et même 8ème au 160ème quand Piero est obligé d’abandonner sur crevaison.
C’est à cette place que je poserais le vélo. En terme de place ce n’est pas loin mais au chrono j’accuse 13’ sur le groupe qui joue la 3ème place :(((
Un marathon au mental déjà atteint
Même si c’est un soulagement de poser le vélo dans le top 10, mon esprit est obnubilé par le fait d’avoir perdu 15’. J’ai beau essayé de penser à autre chose le fameux « Et si … » me bouffe.
Même le fait d’avoir « réussi » mon vélo ne m’aide pas (4h49 pour 189km – 39km/h de moyenne soit 1km/h de mieux qu’en 2015 et 2018), bien au contraire, car il vient exacerbé le fait que j’aurais davantage joué devant. Et il n’en faut pas plus pour s’auto-déstabiliser sur ce marathon.
Comme prévu nous sommes pas loin des 30°C (je pars sur le marathon légèrement déshydraté qui plus est), la chaleur m’atteint mais c’est surtout mon mental qui l’est !
Au début du second tour, quand je passe devant la famille, j’ai un gros craquage … mes jambes s’arrêtent nettes et j’éclate en sanglots tellement je ne me vois pas faire encore 30 bornes dans cet état et, surtout, car la déception est énorme de ne pas finir la course.
Ma femme trouve les mots pour au moins essayer de repartir, ça repart timidement mais assez vite les sensations sont là. Je suis de nouveau aérien, je n’ai + trop chaud. Cet état de relative grâce durera quasi 2 tours. Forcément le dernier, une fois passé les 30 bornes, devient musculairement hard mais je sais que je vais aller au bout …
Au jeu des craquages des uns et des autres, des excellents coureurs qui me dépasseront, je finirais à la 6ème place de ce Frenchman 2019 (marathon en 3h12, première fois que je ne passe pas sous les 3h ici).
C’est une énorme satisfaction bien entendu mais elle n’efface en rien la déception de n’avoir pu aller chercher mieux sur une bêtise.
Si besoin en était j’ai encore eu la preuve formelle que la tête, et encore plus sur ces épreuves d’endurance, est l’élément principal de la performance sous couvert, bien évidemment, d’être physiquement préparé pour … !
Ici il m’a fallu que quelques mots bien sentis de ma femme, un regard humide de mon fils déçu de voir son père défaillir pour que cette tête, qui avait dit STOP 2’ au préalable, se mente à elle-même et m’emmène 30 km à pied plus loin franchir la ligne d’arrivée.
Par Christophe NOCLAIN
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