A la suite d’une compétition, le sportif procède à une analyse et à une identification des causes susceptibles d’expliquer l’événement (succès ou échec.)
Ce concept d’attributions causales qui correspond donc aux explications ou plus exactement aux justifications qu’un athlète donne à un résultat est une notion très importante puisqu’elle va avoir une influence déterminante sur les comportements des individus.
Les dimensions des attributions causales
On peut caractériser les attributions causales sur 3 dimensions :
- La dimension stable-instable :
Attribuer une performance à une cause stable, par exemple à ses aptitudes, son talent, signifie, plus ou moins implicitement, que cette performance serait là même si on reprenait part à la compétition ; la cause ne changeant pas, il n’y a pas de raison que la performance change.
A l’inverse, attribuer une performance à une cause instable, par exemple l’heure de la compétition, revient à énoncer plus ou moins consciemment que si on refaisait la compétition, la performance ne serait pas la même.
- La dimension interne-externe
Les causes internes dépendent du pratiquant ou du moins le décrivent, tandis que les causes externes relèvent du monde extérieur.
Lorsqu’un sportif explique sa performance par une cause interne, cela signifie implicitement qu’il s’en attribue la responsabilité, qu’il se sent la cause de l’événement.
A l’opposé, lorsqu’il attribue la performance à une cause externe, il a tendance à se sentir dépendant d’événements qui lui sont étrangers.
- La dimension contrôlable-incontrôlable
Certaines causes peuvent dépendre du sportif, d’autres échappent à son contrôle.
L’effort dépend uniquement du pratiquant tandis que le hasard est par définition impossible à influencer.
Attributions causales et estime de soi
Il existe une tendance très répandue chez les individus, et à ce titre chez les sportifs, à attribuer les performances négatives à des causes externes, instables et incontrôlables.
Symétriquement, ils ont tendance à attribuer une bonne performance à des causes internes, stables et contrôlables. Un athlète peut aussi expliquer de mauvaises performances par des causes internes mais instables comme la fatigue, la méforme,…voire stables comme le manque d’entraînement sans pour autant porter atteinte à son sentiment de compétence.
Ces attributions ne correspondent pas toujours à une analyse objective de la situation mais plutôt à une préservation de l’estime de soi. En effet, chacun de nous a besoin d’éprouver une certaine estime pour lui-même, de ressentir des sentiments positifs à l’égard de sa propre personne : il faut se percevoir comme compétent.
Si des échecs sont attribués à un manque de compétence, le sportif finit par se sentir peu compétent et à avoir une estime de soi qui diminue.
Les attributions externes ont pour but de le déresponsabiliser des échecs et donc de préserver cette estime de soi ; les attributions internes provoquant une sorte d’accentuation de ce sentiment en cas de succès.
Comme le dit Thill (Compétence et effort, structuration, effets et valorisation de l’image de compétence. Paris : PUF. 1999), « il est toujours préférable d’attribuer une mauvaise performance à des obstacles instables ou externes, plutôt qu’à de faibles capacités ».
En effet, les athlètes se sentent fiers lorsqu’ils attribuent leur succès à leur compétence propre (cause interne et stable), l’explication d’un succès par une grande habileté génère de la fierté et une estime positive.
Par contre, ils se montrent déçus lorsqu’ils attribuent leur échec à leur manque de compétence, éprouvant un fort sentiment d’échec.
Donc ?
Ainsi, afin d’augmenter l’impact positif du succès, il convient à la suite de la compétition, d’attribuer une bonne performance à des raisons internes, c’est à dire à un bon entraînement, donc aux efforts déployés au cours de la préparation, et à son mental.
D’un autre côté, il convient d’attribuer une mauvaise performance à des raisons externes, soit aux conditions climatiques, soit à la difficulté de l’épreuve. Cette pratique vous permettra ainsi de préserver votre estime en cas d’échec et de relativiser son impact négatif.
Par Jérôme Sordello