On est tous des passionnés, plus ou moins investis, débutants ou plus expérimentés.
Quand on s’investit beaucoup dans notre passion, que ce soit pour performer ou pour s’offrir le droit de participer à des épreuves qui sortent de l’ordinaire, il faut qu’un contexte se mette en place.
Il faut beaucoup s’entraîner, parfois difficilement, il faut donc organiser son emploi du temps pour, sa vie privée, parfois faire attention à sa nourriture, à son sommeil, etc.
Tout cela nous emmène à faire une somme d’efforts qui peut user, physiquement et mentalement.
Pour ceux qui courent depuis plusieurs années, ils peuvent faire le constat que le peloton s’est considérablement renouvelé. Bien sûr il y a de nouveaux « runners », mais si vous prenez sur une période de 5 ans, vous ne trouvez plus les mêmes personnes.
Où sont passés les autres ? Que font désormais ceux qui étaient là il y a 3 ans à peine…?
Etant donné que les courses difficiles (distance, dénivelé) ont beaucoup augmenté, et que le nombre d’événements est tout simplement plus important, il y a bien des coureurs qui ont arrêté par usure physique.
On peut trouver des exemples partout.
En tête, j’ai un coureur qui de 45 à 55 a couru tellement de courses, de marathons, de cross, de trails, d’ultras (et ce dans n’importe quel ordre) que sa hanche s’est usée à vitesse grand V, et qu’il ne peut plus courir désormais. Même avec sa prothèse…
C’est peut être ce qui attend une partie des coureurs d’aujourd’hui. Oui, c’est triste de le voir comme ça, car le rêve a fait partie des aventures de ceux-là. Mais ne pas pouvoir profiter de sa passion le plus longtemps possible alors qu’il nous reste de belles années, ce n’est pas dommage ?
Autre usure : celle de notre motivation, de notre cerveau.
A tout donner pour notre sport, et à se rentrer dedans pour tenir une forme, un certain niveau, on pratique à s’en dégoûter. Peut être qu’on s’est laissé consommer par une passion, qui s’est changée en addiction maladive.
Autrement dit, en bigorexie. Si on ne respecte plus notre corps, lieu de « l’Être » comme l’expriment les philosophes, on se laisse dépasser par quelque chose qui nous domine. Plus tard, cet excès nécessite de prendre beaucoup de recul, voir d’arrêter complètement.
Ou alors, peut être que l’intérêt qui a attiré la personne a disparu. Peut être qu’elle n’était pas vraiment passionnée, et qu’elle a fait le tour de la question…
Alors, comment durer ?
La première chose, c’est en s’écoutant, et en prenant soin de soi et de son corps. On demande beaucoup de choses à nos muscles, à nos tendons, à notre coeur.
Il faut les entretenir, en s’entraînant avec précaution, avec méthode, en se renforçant pour solidifier le tout. Il faut aussi se reposer. L’entraînement, c’est aussi le repos, mais si certains ont du mal à le croire. C’est simple : c’est physiologique, c’est tout.
D’ailleurs, notre tête doit aussi se reposer pour ne pas solliciter sans arrêt nos ressources. Quelqu’un qui dure, c’est quelqu’un qui est « frais », qui court par plaisir, pas uniquement et bêtement par « nécessité ».
Pour durer, il faut aussi avoir d’autres centres d’intérêt. Couper quand il le faut, pour faire la place à autre chose. Ou aux autres, tout simplement. Quand on est centré que sur soit, on puise, on s’épuise.
Si vous voulez toujours être là à courir dans 10 ans ou 30 ans, il faut aimer ce qu’on fait, s’entraîner sans trop décrocher, mais en s’écoutant et en s’offrant des pauses. Garder la fraîcheur pour s’éclater. Avoir envie d’y aller, le faire, s’employer, puis prendre le temps de digérer pour recommencer.
Un vieux coureur, justement, disait : « Il faut avoir une passion dans la vie, mais il faut aussi savoir la dominer »
Par Mathieu BERTOS
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