Les coureurs qui n’ont jamais tenté de 10 km pensent que c’est une épreuve de vitesse.
Le coach vous dira que la vitesse, physiologiquement, c’est une histoire de quelques secondes seulement. Ensuite, il y a d’autres termes pour ça.
Mais tout est relatif, tout est une histoire d’échelle.
Si vous courez tranquillement, ou que vous faites des trails de plus de 20 km, du marathon… eh bien 10 km sera relativement rapide. Voir, très rapide ! Et quand on s’y colle, il se passe plein de choses…
Sur un départ de 10 km, on cherche à se placer, comme un cross, il faut vite avoir sa place… Même s’il y a 10 km derrière pour se placer. Première erreur : ne pas partir à fond, en faisant monter les pulsations inutilement, d’autant que de toute façon, le premier kilomètre est plus rapide que la moyenne prévue.
Une fois que l’on se sort de ce premier kilomètre, on prend tout doucement le rythme de foulée qu’il convient.
On trouve des portions plus linéaires. On contrôle le temps de passage. On rentre dans son effort. Ensuite, des groupes se forment, et la stratégie doit se mettre en place : est-ce qu’il faut suivre ce groupe, juste devant, qui se forme ? Est-ce que je dois rester sur mon effort, comme ça je ne rompt pas l’équilibre qui se met en place…?
Vous avez donc adopté votre stratégie, le souffle est bon, les muscles sont chauds… A ce moment-là, on est capable de tout ! Attention à ne pas faire de bêtises… Autour de vous, vous avez des coureurs avec des allures heurtées, ou des foulées en place… Il y a de tout !
Les coureurs qui ont des foulées un peu saccadées ne sont pas forcément les plus en difficulté : certains bagarrent jusqu’à la mort ! Et vous les retrouvez devant à la fin…
Passé la mi-course, on perd un peu le rythme… C’est normal, les signaux de douleurs apparaissent.
Les jambes durcissent, on fatigue au niveau de la cage thoracique qui se gonfle et force l’expiration… Il faut tenir bon ! Vers la fin, on sent que ça s’anime. Autour de nous, des coureurs lâchent, d’autres accélèrent.
Est-ce qu’on a la force mentale pour passer un cran dans l’effort ? On se dit que c’est la fin, alors on y va. Mais tous les mètres sont difficiles, ils sont trop longs !
La fin est faite de tout ce que l’on a à donner pour obtenir son résultat.
C’est le moment de vérité : que veut-on vraiment, aujourd’hui ? Qu’est-on venu chercher ? Il faut retrouver une foulée qu’on n’a plus, parce que les jambes ne veulent plus ou ne peuvent plus…
Mais le cerveau commande, et vous lâchez tout ! Jusqu’à la ligne. Mais quel effort… On regarde la montre, qui reste un peu le moment de vérité : la valeur de la performance, en rapport avec l’effort consenti, et ressenti. On débriefe, le diaphragme ne se relâche que plusieurs minutes après.
Le lendemain, on n’a pas l’impression d’être trop cassé. Mais on a lâché beaucoup de jus… Et il faut vraiment ralentir, et surtout, bien absorber tout ce qu’on a relâché dans l’effort. Soufflez, respirez…
Par Mathieu BERTOS
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