Initialement, c’était l’ultra que j’avais coché cette année aux Templiers. Un peu trop ambitieux et pas forcément réaliste pas rapport aux enchaînements que je venais de faire : MIUT fin avril, TDS fin août, GR20 fin septembre. Je décide donc de m’aligner sur une distance plus raisonnable.
Pourquoi pas tester un parcours que je ne connais pas comme la Boffi Fifty ? L’idée de revenir sur une épreuve plus conviviale, avec moins de monde, me séduit. Mais le plateau attendu cette année encore sur la Grande Course est vraiment alléchant aussi … j’hésite ! Arffff !
Bon, c’est finalement la Grande Course qui l’emporte. Trop envie de revivre cette belle ambiance du dimanche qui te file les frissons et la banane sur tout le parcours : le départ, le lever du soleil, l’euphorie des ravitos, … bref, tout ce qui fait qu’on y revient et qu’on prend malgré tout du plaisir dans la souffrance.
Au départ, un plateau féminin digne d’un championnat de France ! Anne-Lise Rousset, Amandine Ferrato, Claire Mougel, Sarah Vieuille, Adeline Roche, Lucie Jamsin, Sandra Martin, Maryline Nakache, Christel Lazard … et quelques athlètes étrangères, a priori grosses pointures. Ça va aller vite devant !!! ;))
Je vais tâcher de faire du mieux possible, pas d’objectif particulier pour moi aujourd’hui, si ce n’est que gérer pour terminer la course sur mes deux jambes et sans trop me rentrer dedans. Il en reste une grosse en fin d’année, la saison a été longue et bien remplie, il faut garder un peu de force pour la Saintélyon, et ne pas se blesser avant.
Une nuit fraîche mais sereine
Départ à la nuit à 5h45. Comme d’habitude, le plus douloureux, c’est de sortir du lit en pleine nuit pour avaler le petit déjeuner. Une fois les baskets enfilées et les premières foulées effectuées pour se réchauffer, on est déjà dans la course ! Pas de pluie au programme, tenue légère de rigueur. Mais franchement, au départ, le vent frais m’a convaincue à garder la veste pour la première partie de course.
Tout le monde se serre dans le sas de départ derrière la ligne. Gilles nous dresse les poils avec son discours émouvant. Le silence d’avant coup de feu nous apaise et nous angoisse à la fois. C’est parti pour 78km et 3800mD+ ! Départ ultra rapide, comme toujours. J’ai l’impression de partir pour un 10km !! ;)) Un coup d’oeil à ma montre : 3’50 !! Wouuuuu va falloir ralentir, sinon je vais exploser !
1er kilo en 4’06, 2ème en 4’19, 3ème en 4’20, et la première bosse calme nos ardeurs, avec un 4ème kilo en 5’04 et 5ème en 5’06. Et nous voilà entrés dans le vif du sujet avec une grimpette jusqu’au 9ème kilomètre. Le parcours est légèrement modifié par rapport aux éditions précédentes, c’est plutôt sympa cette petite variante !
Christelle Lazard est dans mon viseur, j’essaye de l’accrocher. Sandra Martin n’est pas si loin, je la double un peu après la première bosse. J’ai vu pleins de filles partir devant, je suis bien loin dans le classement, mais je me régale sur cette portion roulante en nocturne ! Les sensations sont bonnes, je me sens bien, mais j’ai bien fait de garder ma veste, le vent est bien frais sur le plateau.
Au km17, 1h35, on entame la descente vers Peyreleau, premier ravitaillement. Le jour se lève gentiment mais la frontale est encore bien utile ! Le sol est glissant, j’essaye de garder la concentration, mais un virage mal négocié, je me prends bêtement les pieds dans un caillou et bam ! Je m’étale méchamment au sol ! Les deux mains prennent cher, le genou et la hanche aussi.
Ça calme sur le moment, mais la douleur s’estompe et je peux reprendre un petit rythme prudent jusqu’en bas. Les mains en sang, ça pique un peu quand même … ! Comme prévu, Guilhem m’attend pour gérer mon assistance. Merci !! Il assure : ça va vite, mais on oublie rien. Nickel.
KM23,5, 2h16, 17ème féminine, 242ème au scratch.
CAP vers Saint André de Vezines, sans se presser !
Tout va bien pour le moment. Je n’ai pas pris mon temps, mais je ne me suis pas mise dans le rouge sur cette première partie parfois un peu piégeuse. Je suis loin dans les classements mais 1-le niveau est relevé, je ne m’attendais pas à autre chose, 2-la route est longue, j’ai encore le temps de gagner des places, 3-les écarts sont réduits à ce moment là de la course !
On renquille vers la prochaine difficulté : la fameuse bosse qui mène à Saint André. Remontée sur l’ermitage St Michel, passage à la chapelle de St Jean des Balmes, puis du côté du domaine de la Roujarie avant de retrouver le village tant attendu de St André de Vézines ! Entre temps, Sandra Martin et Caroline Le Bihan m’ont repassée, mais je tente de m’accrocher. Je n’ai pas envie de me faire mal, mais je peux appuyer un peu oh !! ;))
On arrive ensemble à Saint André avec Caro. Elle a l’air en forme, ça fait plaisir à voir ! Je suis encouragée par quelques connaissances, et ma soeur et Laurent sont là aussi ! Cool !! On m’annonce l’abandon de Manu. Décidément, ce n’est pas son année le pauvre. Il m’attend aux ravitos avec Guilhem.
Je décide enfin de laisser ma veste. Pas forcément convaincue, mais le soleil commence à percer et à nous réchauffer. Jusqu’ici tout va bien, je prends du plaisir, j’essaye de gérer mon effort, je profite de l’instant présent ! Seul petit bémol : avec cette chute, genou et mains me font quand même bien mal … à suivre !
KM : 3h44. 16ème féminine, 200ème au scratch
On déroule jusqu’à Pierrefiche, en levant les yeux sur ces paysages incroyables
Je ne traine pas à Saint André, il y a de la route à faire encore, et pas la plus facile ! J’ai toujours adoré cette partie du parcours qui plonge vers le sud, et nous fait traverser des lieux emblématiques comme le village de Montméjean, et sa remontée sur les falaises du Rajol ! Le spectacle est juste incroyable ici, avec une mer de nuages qui s’offre à nous : mais wouaaaaah !!
Attention aux chutes, il faut lever les pieds, y’a toujours quelques cailloux qui trainent ici … ! Je rejoins Christelle Basserau, on échange quelques mots sur le GR20, mais j’essaye de garder mon souffle. Désolée Christelle ! Mais quel bonheur ce parcours ! On surplombe la vallée, c’est magique.
Je papote avec un sarthois, plus facile de discuter ici, ça grimpe moins ! J’en oublie presque que l’an dernier, à cet endroit précis, je faisais un vol plané monumental qui m’a valu une fin de course toute en souffrance à serrer les dents … ! Cette fois, ça passe sans bobo ! Ouf ! Nous voilà à la Roque Ste Marguerite. Quelques encouragements qui font du bien (merci !) et nous entamons la tant redoutée sur le Larzac.
Ça grimpe raide au début, puis la pente s’adoucit. J’arrive à garder un petit rythme de course sans trop me rentrer dedans. Parfait ! Elle est costaud quand même celle là ! Courte mais intense. J’arrive à Pierrefiche en forme et avec la sourire, contente de retrouver mes proches ici.
Les parents de Manu sont en place pour l’assistance, ma soeur et Laurent pour me soutenir !! Mais je ne vois pas Manu. Déception. Bon, j’essaye de faire vite encore, mais je sais aussi que ce point de ravitaillement est important, puisqu’on a 18km à effectuer en autonomie. Du coup, j’embarque une flasque pleine en plus.
KM 50 : 5h24. 14ème féminine, 151ème au scratch.
Une remontada qui motive !
C’est avec une pêche d’enfer que je repars de Pierrefiche, plus motivée que jamais ! Les voyants sont au vert et je me régale, du coup, je décide d’essayer d’appuyer un peu plus pour faire une fin de course plus tonique. C’est agréable d’avoir ces sensations au bout de 4/5h d’effort.
Je viens de doubler Sandra Martin, et Christelle Lazard est juste devant. On s’encourage mutuellement ! Je les double, mais je me doute qu’elles risquent de s’accrocher les gazelles ! Sandra me prévient qu’en doublant une autre féminine juste devant, je rentre dans le top 10. Et bien, on va essayer ! Merci poulette ! ;))
Le Larzac ! Encore une partie du parcours que j’affectionne particulièrement. Des faux plats, des monotraces en surplomb, quelques passages très aériens, d’autres un peu plus enfoncés dans la végétation … bref, impossible de s’ennuyer !! C’est le bon moment pour remettre du rythme. En effet, je retrouve une féminine que je double, puis une autre. Je ne les connais pas, mais j’essaye de les motiver.
Je n’ai aucune idée de mon classement depuis le départ, mais pour le coup, depuis les dernières infos de Sandra Martin, ça me motive pour me tenter le top 10 (qui n’était pas gagné avec ces pointures annoncées au départ). Ahhh surprise, je retrouve mon copain Benoît avant d’arriver à Massebiau. On a fait un bout de TDS ensemble et on se retrouve souvent en milieu de parcours.
Il est content, il commençait à se sentir seul et il me remercie de lui avoir donné un coup de pied aux fesses du coup ! On avance ensemble, en prenant des relais à tour de rôle. J’évite (enfin non, plutôt, il me fait éviter !) un beau vol plané en retombant dans ses pattes. Merci Benoît !! Il était temps d’arriver à Massebiau, il avait soif notre Benoît. Et moi aussi, mais j’avais pris soin d’économiser jusque là.
Ma soeur et Laurent nous attendent au niveau du pont, ils sont a bloc, ça donne la patate et ça fait un bien fou de voir des proches ici. MERCI !! Manu est positionné un peu plus loin,au niveau des rampes d’eau. Je le rassure, tout va bien ! Pas d’assistance ici, je prends donc le temps de remplir et d’ajouter ma poudre Isostar dans mon bidon, tout en papotant avec Manu.
KM 68 : 7h28. 8ème féminine, 104ème scratch.
Dernières difficultés à gérer avant l’arrivée !
À Massebiau, on sait qu’il ne reste plus que 10km, mais qu’ils ne vont pas se faire les doigts dans le nez ! Loin de là. La montée vers le Cade est toujours aussi exigeante … mais elle passe mieux que les années précédentes quand même. J’alterne marche/course et j’appuie bien sur les cuisses, en rythme ! Tout en continuant à m’alimenter et m’hydrater correctement.
Presque 500mD+ en 4km. Ça use les souliers !! 😉 Il commence à faire chaud. J’arrive au Cade 38′ après Massebiau. À partir de là, on peut sérieusement commencer à décompter les kilomètres et à penser à l’arrivée. En toute prudence bien sur, mais ça commence à sentir bon ! Guilhem est en place pour mon ravito : génial, il assure encore une fois.
Il m’apprend l’abandon ici de deux féminines. Quoi ? Mais c’est pas possible ! Abandonner ici ? C’est qu’elles devaient vraiment être au plus mal les pauvres. En effet, Anne Lise Rousset et Adeline Roche ont été contraintes de jeter l’éponge ici. Ça me fait passer de la 8ème à la 6ème place ! Presque trop facile ! lol
Plus sérieusement, ça me permet de me mettre un peu moins la pression sur la fin du parcours, et à gérer pour éviter les chutes. Mais comme je me sens vraiment bien, je garde tant bien mal ce rythme que j’avais réussi à trouver après Pierrefiche. On n’est pas à l’abri d’une remontée de 3/4 filles que j’ai doublé il n’y a pas si longtemps que ça. D’autant que la technicité de la dernière descente n’est pas du tout à mon avantage !
Le puncho me fait toujours autant tirer la langue … !! aie aie aie ! Ça pique les cuisses ! Vraiment exigeante cette dernière difficulté avant de plonger enfin vers la dernière descente qui mène à Millau ! Cette année, très glissante et dangereuse d’ailleurs … je la gère en me tenant aux arbres, et en me laissant glisser ici ou là.
Un dernière chute sur les fesses avant la traversée de route et voilà Millau en ligne de mire !! Bonheur ! On déroule et on savoure ces dernières minutes, portés par les encouragements des quelques spectateurs sur le bord du parcours ! Toujours aussi grisante cette jolie fin de course avec cette belle arche en guise de ligne d’arrivée … !
J’en termine donc finalement à la 6ème place féminine, 89ème au scratch. Avec à la clé, mon meilleur chrono sur cette course, sur un parcours légèrement rallongé : 9h15. Très satisfaite de cette course, avec énormément de plaisir pris du début à la fin.
J’espère ne pas avoir laissé trop de jus pour affronter la fraîcheur de la dernière de la saison, la Saintélyon ! :))
Résultats TRAIL DES TEMPLIERS 2018 : festival des templiers 2018
Ci dessous, le film officiel de cette édition 2018 des Templiers !
Par Sylvaine CUSSOT