Boucler le GR20 en 5 jours, ça ne s’improvise pas ! Et pour une traversée en toute sécurité, il est absolument recommandé d’être accompagné d’un accompagnateur en montagne diplômé. L’équipe « i-Run GR20 expérience » a eu la chance de bénéficier de l’encadrement d’un spécialise, Brice Sarti, de chez A PIUMA.
Brice a été essentiel dans la réussite de ce projet sportif ! Tant par ses conseils pratiques que pour son soutien psychologique, et sa présence, du début à la fin de l’aventure.
Il connaît très bien les sentiers corses et son expérience lui permet de prendre les bonnes décisions, au bon moment, et en toute sécurité.
Nous avons fait le bilan avec lui, au retour de cette belle aventure collective !
Tu es accompagnateur en montagne. Depuis quand et qu’est ce qui t’a amené à faire ce métier ?
Je suis accompagnateur en montagne depuis 8 ans, la passion de la montagne m’a été transmise par mes parents et c’est au lycée que mon prof de sport René Audrain m’a lancé sur cet objectif professionnel. Il m’a montré qu’on pouvait vivre de la montagne et j’ai passé le Diplôme d’Etat en parallèle d’études dans l’environnement.
Pourquoi l’exercer en Corse et qu’est ce qui te plait particulièrement dans ce job ?
Mes racines familiales sont en Corse et ce métier nécessite de pouvoir partager sa culture, son patrimoine son histoire. Être ancré dans le tissu montagnard local pour faire vivre une immersion totale aux personnes qui m’accompagnent me semble indispensable pour la réussite d’un séjour.
Ce qui me plaît particulièrement est l’environnement dans lequel on évolue. Il y a aussi les rencontres et expériences à chaque fois différentes mais aussi la confiance que m’accordent les gens. C’est un métier qui me rend fier et qui m’ouvre toujours des perspectives différentes.
Tu as créé ta propre société, A PIUMA. Peux-tu nous en parler ?
« A Piuma » signifie « la plume » en Corse, en rapport au pas léger du guide dans le terrain accidenté.
C’est une entreprise à mon échelle qui vise à proposer un service sur-mesure pour cibler les attentes des personnes désireuses de venir évoluer en montagne en marchant ou en courant.
Rendre les gens heureux d’être en montagne en assurant leur sécurité et en organisant les journées avec le souci du détail est mon travail.
Tu as été le guide de l’aventure i-runGR20expérience. Comment as-tu été sélectionné ?
Mon ami Nicolas d’ »Isula Montagna« , qui est mon homologue sur le Nord de l’île, co-organisateur de l’aventure m’a proposé d’encadrer le périple. Nous sommes une poignée à encadrer le GR20 formule Trail.
Je pense que c’est mon parcours personnel dans cette discipline et mon expérience sur ce type de séjour qui m’a désigné. Il y a également la confiance que nous nous portons qui m’a permis d’avoir cette chance.
Pour terminer le GR20 en 5 jours, il faut être un minimum expérimenté. As-tu du coup été force de proposition dans la sélection des gagnants ?
Je n’ai pas eu l’opportunité de sélectionner les gagnants, par expérience il est très difficile de faire appréhender avec précision la difficulté du GR20 aux participants.
En tout cas, je pense que la sélection s’est fait sur des profils collant avec les objectifs de l’aventure. Des personnes dynamiques avec une expérience Trail sur des courses d’endurance.
En moyenne, combien de personnes par an accompagnes-tu sur le GR20 ? Et pour le terminer en 5 jours ?
Difficile de donner un chiffre depuis 8 ans c’est environ 450 personnes que j’ai accompagné sur l’aventure GR20 sur différents formats.
La format trail 5 jours reste réservé à une poignée de chanceux capable de venir tripler les étapes du sentier le plus réputé d’Europe.
C’est un séjour qui laisse des traces pour le guide, il est donc délicat d’en faire beaucoup sur une saison, même si le pas est plus léger et sûr dans les cailloux, la fatigue s’accumule et le manque de sommeil se fait ressentir.
As-tu, à un moment de l’aventure avec ce groupe irun/goretex, douté de la réussite du projet ?
Je n’ai jamais douté de la réussite du projet dans sa globalité. Cependant j’ai été soucieux pour certains participants qui montraient des signes de fatigue ou qui étaient sujets à des pathologies handicapantes. Je dois dire que j’ai été surpris par leur abnégation.
Le terrain est vraiment exigeant et il y a eu des moments vraiment difficiles dans les jambes et la tête pour nos gagnants et athlètes. Un GR20 5 jours quand on n’est pas à l’aise sur le rocher c’est très dur. Ils ont tenu le cap bravo.
Quelle partie du parcours redoutes-tu le plus, parce que tu sais qu’elle est difficile pour les participants ?
Le premier jour est vraiment le test pour moi, Une fois arrivé au premier refuge et bouclé la première étape qui fait office de rampe de lancement les difficultés commencent. C’est la que je commence à me faire du souci ou non.
Les questions qui fusent dans ma tête :
-comment vont ils absorber le terrain ?
-vont ils réussir à maintenir le rythme en montée malgré le chaos de roche ?
-vont ils être crispés et subir la descente ?
Même super-entrainé on peut se retrouver à se faire doubler par un randonneur si l’appréhension du terrain est trop grande.
La clé est là, être capable de jouer et de se servir du terrain en refusant de le subir.
Le gros rendez vous de l’aventure reste le 3ème jour qui est pour moi l’étape la plus difficile avec le col de Muratello qui fait toujours souffrir les participants à la montée et à la descente.
On arrive au pied après 8h d’étape, on respire on débranche tout et c’est partie pour 700m de montée et 1000m de descente.
En tant que guide, un essentiel à avoir toujours sur toi ?
Pour moi plus que le matériel c’est le raisonnement. Il faut vraiment prendre conscience qu’on évolue une journée entière en montagne dans un environnement Alpin à 2000m. Il n’y a pas de médecin ou de ravitaillement en haut des cols comme pour une course.
La météo et les températures sont très changeantes et il faut anticiper les pépins pour ne pas se retrouver démunis. Le réseau téléphonique ne passe pas toujours et une situation peut vite devenir dramatique.
Une fois cette idée en tête on fait le sac en conséquence en raisonnant sécurité avant performance. Le comportement pendant la journée et la prise de risque s’en trouvent également modifiés.
Mes indispensables en fond de sac même au mois de juillet avec belle météo annoncée :
-une membrane étanche,
-une couche chaude,
-tee-shirt de change,
-une frontale,
-une pharmacie,
-gants / bonnet,
-couverture de survie,
-couteau.
Mes indispensables pour la réussite du parcours :
-une paire de baton +++++++++++++++
-une paire de chaussure Trail non minimaliste et pas en milieu de vie; il faut de la protection.
Comment s’est passée cette semaine avec ce groupe et quels sont les meilleurs moments que tu retiendras ?
Cette semaine restera une super aventure pour moi. J’ai pris beaucoup de plaisir à partager le périple avec les gagnants les athlètes et le staff. Une super ambiance qui a contribué à la réussite du séjour.
Un des meilleurs moments est la découverte du lac de Nino au petit matin, la réaction de tous est souvent à l’émerveillement.
La soirée au refuge d’Usciolu était également un super moment. Le moment qui m’a le plus marqué est le sentiment de zenitude que j’ai ressenti ce soir là. Tout le monde était à ses occupations et je me suis posé avec un morceau de pain et de fromage détendu après une douche glacé dans un cadre de fou avec la bonne fatigue de la journée.
J’attendais mes compagnons de route à table avec le sentiment d’une bonne journée passé et j’étais heureux. Pas plus pas moins.
Je retiendrai aussi tous les moment de rigolade avec les bonnes blagues de Yoan et Mathieu.
J’ai également beaucoup apprécié partager ce GR avec Guillaume Peretti notre recordman Corse. 32h !!!
Plus d’informations pour vos escapades outdoor en Corse :
Retrouvez ci dessous, les impressions de Brice en vidéo, au retour de ce périple Corse avec l’équipe i-Run/ Gore-Tex, qui a bouclé ce GR20 en 5 jours :
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