Les tournages E-MOTION Trail sont enfin repartis pour cette saison 4 ! Et pour ce premier épisode, nous avons choisi la Guadeloupe comme terrain de jeu, avec Benoît Girondel comme invité, qui se rendait justement sur cette belle île à l’occasion de la Transkarukera.
La Transka, un évènement que Benoît connait bien puisque c’est sa 3ème participation cette année !
Mais une première sur l’épreuve la plus longue et exigeante du week-end, l’ultra-trail de 140km (10 000mD+). Il semble avoir hâte de la découvrir !
À priori, la distance ne l’effraie pas, il a fait bien pire à la Diagonale, il espère pouvoir boucler ce parcours (qu’il connait en partie, pour avoir couru le 90km l’an passé) en 26h environ.
Le départ est vendredi 22 juin à 19h. En arrivant en début de semaine sur l’île, ça nous laisse le temps de faire quelques belles images pour écrire ce premier épisode E-MOTION TRAIL de cette saison 4 !
Exploration de quelques jolis coins de l’île
Accueillis par toute l’équipe de la Transkarukera et de quelques participants déjà présents sur place depuis plusieurs jours, nous posons les valises à Créoliles, un superbe site avec de nombreux bungalows où logent la plupart des coureurs venant de métropole.
Situation parfaite : au dessus de Basse Terre, entre le mer et la montagne, au nord de « Petit Bourg ».
Entre le voyage et le décalage horaire, on ne peut pas dire qu’on démarre le tournage en grande forme le mardi matin … mais forcément, l’excitation et l’envie de découverte prennent le pas sur la fatigue !
Mardi, on explore les célèbres chutes du Carbet, puis, on part à la découverte de la pointe des châteaux, tout à l’Est de l’île. Magnifique !
Mercredi, on se motive à mettre le réveil à 3h30 du mat pour partir à l’assaut du volcan de la Soufrière et admirer le lever du soleil une fois au sommet … sauf que la météo n’est pas avec nous, et qu’une fois l’ascension faite, il est certes, très tôt, mais on ne voit rien !!
Les nuages bouchent la vue, il fait froid et il y a beaucoup trop de vent pour espérer faire voler le drone !
Raté …. mais il paraît qu’on s’y casse souvent les dents avant de réussir à l’avoir, cette fameuse Soufrière en Guadeloupe.
Quelques autres belles balades nous occupent jusqu’au départ de la course vendredi soir, avec une météo qui alterne entre grand soleil et grosses averses. Mais quoi qu’il arrive, il fait lourd, un temps très humide qui oblige à prendre 3 ou 4 douches par jour !
La course : découverte des sentiers guadeloupéens avec la Nocturne des Monts Caraïbes
Oui, j’étais bien tentée de prendre le départ du 65 ou 90km proposés par l’évènement … mais 1-je ne suis pas venue pour courir : priorité au tournage, et 2-avec les prochaines échéances à venir et étant donnée l’exigence du terrain ici, ça ne serait pas raisonnable du tout. Je traîne une douleur à l’aponévrose depuis quelques semaines, il faut que je fasse attention.
J’en discute avec l’organisateur, Gérard Augusty, qui me propose de prendre le départ d’un 16km vendredi soir. C’est une épreuve qui fait partie du challenge des trails de Guadeloupe, appelée, la Nocturne des Monts Caraibes.
Elle part en même temps que l’ultra et suit le même parcours. Pour faire simple, on sera donc amené à faire les 16 premiers kilomètres de la Transka.
Allez banco ! Ça sera l’occasion de voir à quoi ressemblent les sentiers si terribles de cette île ! On se prépare donc pour se rendre au départ avec Benoît Girondel, à Basse Terre.
Lui part pour plus de 25h. Moi ? Ben, 16km/1400mD+ annoncés : on me dit, « tu mettras environ 3h ». Mais quand même !! Ça me paraît beaucoup 3h … on verra bien !
Quoi qu’il en soit, je ne compte pas la faire en mode « compet », mais plus en mode découverte. Et puis avec la fatigue accumulée depuis notre arrivée (entre le manque de sommeil et les escapades à droite à gauche), je sais bien que la forme ne sera pas au RDV. Dans ce genre de situation, il n’y a pas souvent de miracles !! ;))
Belle ambiance antillaise sur cette aire de départ à Basse-Terre, au bord de la mer. De la musique, des coureurs avec le sourire, la zen’attitude !
C’est donc très détendus que nous prenons le départ de cette course à 19h vendredi soir. Frontale sur le front, Camelbak chargé d’eau, montre Suunto prête à être déclenchée … !
La nuit vient de tomber, on passe la NAO en mode ON et Gérard donne le go !
Départ dynamique, je profite de cette grande ligne droite de plat roulant pour tester les jambes et chauffer la machine. Bon ok, avec ce temps humide, on était déjà chaud avant de partir ! lol
Une coureuse locale bien connue ici prend les devants : Clémence Briche. Elle a l’air déterminée et semble savoir dans quoi elle s’engage. À l’inverse de moi … je marche sur des œufs dès l’entrée dans les premiers singles ! Ça glisse, les appuis ne sont pas stables, prudence.
Ça grimpe, ça grimpe, ça grimpe … ça glisse, ça glisse, ça glisse ! Je galère, je tombe plusieurs fois, les kilomètres ne défilent pas très vite parce qu’il m’est juste impossible de courir la plupart du temps. On se fraye un chemin à travers la végétation, je tente de trouver des appuis pour mes pieds, et surtout, j’essaye de garder la balisage en vue. Parce que les écarts se sont creusés avec les coureurs et que je me retrouve assez vite toute seule.
km6, déjà plus de 500mD+ effectués. Je retrouve les gars qui tournent des images. J’ai déjà bu 500ml, une flasque entière, et je me suis restreinte, pensant ne pas pouvoir remplir avant l’arrivée. Avec cette chaleur humide, on perd énormément d’eau par la transpiration, et l’hydratation est primordiale !! Un coureur du coin me disait qu’il fallait en moyenne, boire un litre par heure pour être bien. On peut remplir ici, j’en profite !
La suite du parcours est terrible …. des descentes raides et glissantes, des montées à la verticale, qui se grimpe à 4 pattes, en s’aidant des branches disponibles ici ou là … et lors de quelques rares portions de plat, la technicité du terrain n’offre que très peu de place à la course ! Bref, je prends mon mal en patience et j’évite de regarder la montre pour ne pas me décourager.
Je cherche mon chemin, la nuit d’aidant pas … et finalement, un coureur me revient dessus et je décide de ne plus le lâcher ! À deux, c’est quand même plus rassurant. La végétation gratte la peau, les moustiques sont nombreux, la visibilité est de … zéro !! C’est la mission quoi !
Cette seconde ascension n’en termine pas, j’ai plus mal aux bras qu’aux jambes tellement je m’accroche aux branches pour tenter d’avancer sans partir en arrière dans les montées … et puis je commence à me rendre compte que je vais manquer d’eau. J’ai soif !! Mais j’économise les quelques gorgées qu’il me reste.
Quel soulagement quand j’arrive au sommet de cette longue et difficile montée, et que j’aperçois au loin, les lumières d’un peu de civilisation ! La descente qui suit se fait moitié sur les fesses, moitié en crabes sur le côté … mais au moins, j’avance un poil plus vite qu’en début de course.
Ça déroule sur les derniers kilomètres plus roulants, jusqu’à l’arrivée, au stade du Bourg à Gourbeyre, dans un gymnase éclairé. Mamamia, quel chantier ! Je ne m’attendais quand même pas à ça ! Quand je pense que certains continuent pour une trentaine d’heures … quel courage ! Je prends des nouvelles de Benoît. Il est apparemment passé en tête et en forme.
Pour ma part, j’en termine en 3h tout pile, 3ème fille (mais le classement est anecdotique), et bien contente d’en terminer là ! Je me suis faite quelques frayeurs, j’avoue, et ma seule préoccupation pendant ces 3h de couse, était de ne pas me blesser ! Je regrette cependant d’avoir vécu cette aventure de nuit, je pense que les sensations doivent être bien différentes de jour !
La suite de l’aventure Transka
Avec tout ça, nous rentrons à Créoliles avec les garçons super tard. Le temps d’une bonne douche, d’un repas, il est minuit passé quand je me glisse sous la couette. Pas sommeil du tout ! Forcément, après une course comme ça …
Je prends des nouvelles de Benoît auprès de son assistant, Ludovic, qui semble plutôt confiant, mais qui l’attend toujours au prochain point de contrôle … puis quelques minutes après, il m’alerte d’une situation anormale. Pas de Benoît, alors que d’autres coureurs sont passés. Il avait de l’avance normalement, c’est bizarre. Je m’inquiète et préviens les gars.
1h, 2h, 3h du mat, toujours pas de nouvelles de Benoît. Sa balise GPS ne bouge plus sur le suivi live et il ne répond pas au tel ! Je contacte l’orga, on essaye de l’appeler, … panique à bord ! Puis finalement, après une énième tentative, Benoît décroche son tel ! Il est complètement perdu … il s’est fait mal en tombant, il commence à perdre patience le pauvre.
En le guidant par téléphone, Ludo réussit finalement à l’emmener sur le droit chemin. Mais démoralisé, affaibli moralement et physiquement, Benoît préfère être raisonnable et jeter l’éponge au km31. Une bonne nuit blanche pour nous, mais nous partons quand même sur le parcours pour faire quelques images de la course et des coureurs encore sur cette transka !
Mais quel chantier ce parcours ! Et avec cette chaleur … chapeau chapeau aux participants qui auront pu en venir à bout. 140km / 10 000 mD+ dans ces conditions, c’est une aventure plutôt similaire à un raid qu’à un trail.
Je suis admirative, je ne sais pas si je serais capable de prendre autant de risques pour vivre une passion de cette manière (relire article résumé >> TRANSKARUKERA). Le premier concurrent, Miko Clain, en termine en 28h48 et la première femme, Gwénaël Texier, en 46h40.
Clap de fin Guadeloupe et Transka
Nous avons profité des deux jours restants sur l’île pour terminer le tournage de l’émission en parcourant d’autres spots encore inconnus. La cascade aux écrevisses, les belles plages de Grande Anse notamment.
Puis bien entendu, nous sommes allés applaudir les champions à l’occasion des podiums de cette Transkarukera 2018 aux Abymes, lieu d’arrivée de toutes les courses.
Un dernier sorbet coco et il était l’heure de faire les valises pour aller prendre l’avion vers la Métropole ! Hâte de vous montrer les images à travers ce premier épisode E-MOTION TRAIL, qui nous aura permis de découvrir une île exotique, sauvage, et vraiment surprenante !
De bien belles rencontres humaines également. Merci à Gérard et toute l’équipe de la Transka, longue vie à cet évènement et prudence, force et honneur aux futurs participants ! ;))
par Sylvaine CUSSOT
Infos sur la course : transkarukera