Au vu de ce que devient la course à pied aujourd’hui, le fameux « running » ou « trail-running », il semblerait bien que l’endurance soit à la mode et soit même devenue une notion de référence.
Le finisher devient le héros
Forcément, les puristes de l’athlétisme, du 10 km et du cross (même si techniquement ils pratiquent aussi l’endurance) voient leurs notions de performance passer au 2nd plan. Maintenant, on porte de l’admiration pour les gens qui courent longtemps, voir très longtemps.
On passe rapidement du 10 km au marathon, du 15 km trail à l’Ultra de 80 km… Même le triathlon y passe : il faut avoir fait un Ironman ! Des « barjos » en tentent même des doubles ou triples, ou du moins des triathlons ou Ironmans « allongés ».
L’heure est donc au défi de tenir le plus longtemps. La notion de « finisher » prime sur la première version de celle de performance, qui était grosso modo le résultat obtenu, une mesure de temps exceptionnelle liée à la notion de vitesse. Désormais, est admirable celui qui arrive au bout.
L’endurance est-il plus accessible ?
Ce détournement de la performance pure est arrivé avec le développement du sport et du running vers la masse. De plus en plus de pratiquants, tournés avant tout vers le plaisir et le sport santé. L’endurance, même pour les organismes les plus fragiles, est accessible.
On travaille pour l’acquérir mais on travaille en douceur. Il faut dire aussi qu’elle crée l’addiction : le bien-être se ressent vite, le corps s’affine, le stress est évacué, et petit à petit on reste dans un cercle qui pour certains confine à l’addiction, voir à la bigorexie (dépendance excessive à l’activité physique).
La performance, la vitesse, le haut niveau d’intensité (qui, par définition, ne peut durer des heures, sauf sportifs très entraînés), il faut le dire, fait mal… Rares sont ceux qui prennent plaisir à s’infliger des séances lactiques. Peu apprécient de finir au bord de l’asphyxie, les muscles chargés et prêts à éclater, à céder sous la violence de l’effort.
Surtout de répéter et de demander au corps quotidiennement d’être prêt et réceptif à cette sollicitation. Les moments où la sensation de voler et d’être puissant sont rares. Le plaisir est moins immédiat et vient plutôt sous forme de récompense post-effort, si le résultat escompté tombe.
Vive donc l’endurance où on se fait avant tout du bien ! Même si les peines et la souffrance sont là quand on se pousse à bout, c’est plus étalé dans le temps. Le défi d’un terrain difficile en trail, et d’en ressortir vainqueur, c’est ça qui est tentant.
Pourtant, la performance prend de plus en plus de place aussi dans l’endurance. On compare ses chronos, ses vitesses moyennes, on mesure et on regarde ce que fait son voisin… L’humain est ainsi fait : il lui faut se confronter tôt ou tard à ses limites. Et même dans les efforts longs, on essaye d’aller toujours plus vite !
Par Mathieu BERTOS
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