Ce n’est pas dans mes habitudes de revenir sur une course 2 fois d’affilée mais j’ai eu envie de déroger à la règle pour mieux profiter et du parcours et des beautés de cette très belle île.
Donc, nous revoilà à Madère !
Les jours sur l’île avant le départ
L’arrivée a été un peu mouvementée : on a mis deux jours pour arriver à se poser sur l’île à cause des vents violents qui bloquaient l’aéroport, notre location de voiture a été annulée, notre taxi a crevé… bref, ça commençait pas très zen…
heureusement il nous restait deux jours avant la course, pour profiter des superbes paysages des Pico Ruivo et Arreiro, et pour bien repérer les points autorisés où mon cher et tendre assistant personnel m’attendrait patiemment samedi !
Le départ est donné vendredi minuit : il faut donc à la fois s’occuper la tête et les jambes durant cette longue journée et ne pas trop y laisser d’énergie évidemment ! Alors, on fait un peu de tourisme, on barbote dans notre piscine et on rejoint Porto Moniz, la petite ville balnéaire du départ… il fait trop froid pour se baigner dans les superbes piscines naturelles, c’est bien dommage !
Dernière assiettée des traditionnelles pâtes, enfilage du déguisement du traileur, ajustage de la frontale, et direction la ligne de départ… c’est au choix, soit tu t’échauffes et tu es derrière, soit tu zappes cette étape et tu es devant… c’est l’option que je choisis ! Il y aura bien le temps de faire tourner les jambes !
Début de la course dans la nuit
La nuit semble claire, il fait assez doux, parfait pour le départ.
L’avantage de « redoubler », c’est que je me souviens assez bien des pièges du parcours ! Comme cette première bosse, quasiment insignifiante sur le profil mais qui est diabolique en vrai ! Un pourcentage de fou en montée comme en descente et qui plus est sur le bitume ! Parfait en guise d’échauffement !
La 2e bosse, c’est la même chose mais en quasiment 3 fois plus long, là je sors les bâtons ! J’ai hésité un long moment, mais finalement je les ai pris ! Tant pis pour l’entrainement spécial Diagonale des Fous, je préfère assurer aujourd’hui ! Le peloton est encore dense et je retrouve Sylvaine Cussot, qui traverse une mauvaise passe, on s’encourage, j’espère qu’elle va retrouver son énergie habituelle….
De mon côté, je me sens très bien mais au niveau du chrono, je suis déjà en retard sur mes temps de passage de l’an dernier (12’ au 1er pointage). Bon, je ne m’affole pas, je me dis que de toute façon, j’étais partie trop vite et que j’avais bien séché à la fin. Cette année, je vais peut-être rattraper ce décalage sur les derniers checks points…
On attaque la 3e grosse difficulté du parcours, toujours dans la nuit noire et maintenant plombée par le brouillard. A Estanquinhos, je suis bien mais j’ai encore perdu un peu de temps (21’)… par contre ça se gâte vraiment au niveau météo ! La frontale a du mal à transpercer le brouillard, je commence la descente tout aux sensations et à la proprioception !
Et puis plus grave, l’humidité se transforme en vraie pluie, qui rend tout d’abord le parcours hyper glissant et puis qui refroidit progressivement mais inexorablement ma petite carcasse ! Je résiste en tee-shirt jusqu’à Encuméada pour ne pas tremper en plus mon léger coupe vent… j’arrive assez gelée à la base de vie. Heureusement, Christophe m’attend avec un tee-shirt sec et une veste plus épaisse… j’avale un peu de soupe et ça repart…
Les mauvaises conditions deviennent pesantes …
Suit une partie moins difficile et je me souviens bien des marches le long d’une conduite d’eau et c’est là que Sylvaine, qui s’est refait une santé me redouble… ça fait du bien d’échanger quelques mots, je la laisse partir sur une belle portion roulante parfaite pour sa vitesse !
En reprenant de l’altitude, on reperd quelques précieux degrés, je serre les dents, je commence un peu à m’inquiéter pour la suite, le froid, ce n’est vraiment pas mon fort ! Je décide de m’arrêter pour enfiler une 2e veste, histoire de limiter les dégâts… la pluie ne cesse toujours pas, je me demande comment je vais passer les Pico dans ces conditions…. j’appelle Christophe pour qu’il prévoit tout ce que j’ai de sec et de chaud pour le prochain point de rendez vous.
Evidemment ça change pas mal en montagne, et avec la redescente vers Curral das Freiras, la pluie cesse mais le soleil n’est pas assez fort pour tout sécher ! On se retrouve dans l’immense gymnase de Curral, je change en vitesse de short et j’espère que cela suffira pour affronter les derniers sommets… je continue ma cure de patates douces et de pain d’épices et après le contrôle des sacs, ça repart pour la longue ascension vers le Ruivo… Sylvaine est encore juste devant…
Il ne me semble pas tout à fait reconnaitre le parcours, j’ai l’impression qu’on visite un peu trop les jardins et les cerisiers du village avant de vraiment affronter la montée… Effectivement, il s’avèrera que cette « petite » boucle bucolique que je ne reconnaissais pas a bien été rajoutée !
L’ascension des deux pics
Comme l’an dernier, je me fais rattraper par les premiers du 85 km, ça fait un peu d’animation ! Et puis, sans trop de problème l’altimètre affiche 1500 m, tu te dis c’est bon, il reste 250 m de déniv, c’est bouclé et bien non, il reste surtout 5 km de « boite à oeufs », superbe portion mais cassante au possible.
L’an dernier, j’avais détesté cette partie qui m’avait vraiment surprise dans le mauvais sens ! Cette année, c’est toujours dur et interminable mais au moins je ne m’énerve pas ! Par contre, j’en suis à 55’ de retard ! La boucle supplémentaire a bien ravagé mon prévisionnel ! Ravito rapide à Ruivo et c’est parti pour la balade la plus populaire de l’ile, 5 km là encore de montagnes russes entre petits sentiers à flanc de montagne, escaliers d’une raideur folle et tunnels bien sombres pour rejoindre le Pico Arreiro !
Vu le vent et la météo très moyenne, on ne croise pas trop de touristes, au moins la voie est libre ! Et à part les photographes placés sur les meilleurs spots, peu de spectateurs se gèlent au bord du chemin !
On ne s’attarde pas au pic car le ravito est placé un peu plus bas : à 2 km d’après les précisions du bénévole, mais en fait à 6 ! J’arrive affamée, j’essaie de manger quelques pâtes et toujours des patates douces, mais ça commence à coincer un peu… Sylvaine a creusé l’écart, a 38’. Elle va se retrouver dans son terrain de jeu maintenant, j’espère résister du mieux possible de mon côté !
Allez, il reste une dernière bosse vers Poiso. J’y croise une dernière fois Christophe mais je fais l’erreur de ne pas me recharger en compotes et en barres, il va direct à l’arrivée… Mauvais calcul !
On s’accroche pour la fin de course
Il reste donc 25 km de « sortie longue » globalement descendants puisqu’il faut retrouver le niveau de la mer, mais en fait c’est une succession de nombreux kilomètres à plat le long des levadas (canaux d’irrigation) très typiques de l’île et de paliers en descente. Je suis sûre qu’à l’entraînement, c’est sympa, mais en fin de course, faut rester zen et patient.
A ce petit jeu, l’an dernier je m’étais fait rattraper par deux concurrentes bien plus fraîches que moi… Cette fois, je résiste un tout petit peu mieux mais je me fais tout de même croquer par une coureuse locale malgré le suivi live au top de mon frère qui m’envoie très régulièrement les écarts !
Machico met un temps fou à apparaître dans mon viseur ! L’heure tourne, je n’ai plus que du liquide pour refaire les niveaux de sucre… c’est quand qu’elle arrive cette ligne ! Je la rejoins finalement en 21h04, 9e position chez les filles (Sylvaine a fini 7e en 20h37). J’ai les cuisses en béton, je suis affamée, je suis sale comme un peigne mais qu’est ce que c’est bon de franchir une nouvelle fois une ligne d’arrivée !
Quelques jours de récup et vivement déjà la prochaine !
Par Maria Semerjian
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