En préparation pour le MIUT (Madère Ultra Trail), Maria Semerjian, ambassadrice i-Run, a profité d’un retour en terres ariégeoises pour découvrir le Trail des Citadelles. Elle termine 3ème du 70km et revient ici sur sa course.
« Cette année les Citadelles tombent 4 semaines avant le départ de l’Ultra de Madère. C’est donc pile-poil dans le timing de ma préparation pour faire une dernière grosse sortie et retrouver avec grand plaisir mes terres ariégeoises.
L’hiver a été vraiment riche en eau et en neige, donc c’était sûr qu’il n’y aurait pas de miracle sur les pentes de Montségur : ce serait gras, très très gras !! La superbe météo qui nous a accompagnés en ce dimanche pascal n’a largement pas suffi à sécher un tant soit peu les chemins…
6 h, petit matin frais sous la pleine lune, le départ est donné sans décorum sur la place de Lavelanet, un peu de musique « bourrin » pour réveiller le peloton et c’est parti.
J’ai bien repéré Sandra Martin et Sylvia Trigueros prendre tout de suite les avant-postes. Sauf défaillance de leur part, il est écrit que je ne les reverrai pas ! à moi de défendre la 3e place !
Le ton est donné dès la première bosse : va falloir s’accrocher aux branches et viser un peu les bas-côtés pour grimper sans trop glisser ! J’ai décidé cette saison de laisser mes bâtons au vestiaire en prévision de la Diagonale des fous, course sur laquelle ils sont strictement interdits. Alors j’essaie d’alléger au maximum les appuis, je mets un peu les mains pour m’aider et ça va passer !
Dans les descentes, la boue, c’est un peu comme la neige !! Avec l’épaisseur qu’il y a, tu laisses f aire, ça amortit les appuis, tu oublies les cailloux !Et puis ce n’est que le début, jusqu’à Bélesta le parcours est bien tortueux, joueur ce qu’il faut !
Ravito express à Bélesta, je croise brièvement Brunilde en mode cycliste-accompagnatrice-photographe, elle va faire quelques allers-retours pour suivre plusieurs coureurs aujourd’hui !
La montée à la croix de Millet au-dessus du village passe bien par contre derrière, c’est la galère, on est en devers sur un long moment, je l’avais oublié ce passage là ! Par contre on enchaîne sur la 3e bosse, beaucoup plus facile, sur une large piste dans la forêt et là, je trottine en alternant quelques pas marchés et une reprise de course bien régulière sans monter dans les tours.
Le ravito de Fougax se profile, une banane, des abricots bien moelleux et ça repart. Suit un long single en faux plat montant moyennement agréable et en plus je prends une gamelle toute seule, sans gloire ! Je me retrouve plat ventre, un peu séchée. Le gars derrière moi prend gentiment le temps de m’aider à me relever, je fais le point, finalement ça va, rien de grave, je repars doucement.
On est sur les contreforts de Montségur : ça ne grimpe pas très fort, mais là, je n’arrive pas à trotter, juste je me concentre pour poser appui après appui… Finalement, on rejoint la bifurcation sous le château et l’on retrouve le flot continu des coureurs du 40. Le terrain est déjà bien ravagé mais comme il y a un monde fou à doubler, tu y penses moins !
Même si tu n’es pas dans la même course, c’est motivant et entraînant de rattraper plein de coureurs ! On arrive au parking de Montségur, c’est toujours une bonne ambiance, les spectateurs sont nombreux pour nous faire une belle haie d’honneur ! je repère les miens, même si ce n’est qu’un très bref instant, je sais qu’ils sont là et me soutiennent !
D’habitude, je n’apprécie pas les chemins encombrés ! mais là, dans les marches du château, j’aime bien me faufiler, forcer un peu le passage en mode « sanglier » ! Alors en montée comme en descente, je fais quelques acrobaties pour doubler, c’est un peu « grisant »…
Evidemment après cet épisode exaltant, l’ambiance retombe un peu ! J’ai faim, j’ai un peu puisé dans les réserves. Comme j’ai déjà vécu cette situation il y a deux ans, prudence, je me force à piocher dans mes gourdes et mes barres, et j’entreprends patiemment la descente sur Montferrier : pas très technique mais évidemment très humide, là on court carrément dans le ruisseau !
Montferrier : pointage, bananes, abricots et ça repart. Avant Roquefixade, le chemin est sympa, gras bien sûr, mais technique ce qu’il faut, ça court bien régulièrement. Il commence presque à faire chaud ! je ne regrette absolument pas le choix de mon petit short ce matin ! je double des coureurs qui font cocotte minute sous leur grosse veste, je souffre pour eux ! il faut qu’ils se déshabillent sinon, ils vont exploser ! On est loin d’avoir fini !
C’est l’heure du pique-nique à priori, les accompagnateurs attendent leur coureur avec les paquets de chips au bord du chemin, c’est pas terrible pour la motivation ! J’en ai déjà un peu marre du sucré… il faut que je fasse attention… à Roquefixade, je retrouve le trio de choc Brunilde et les garçons, c’est sympa, ils me font une bonne escorte jusqu’au château, c’est top !
On discute, le sol est super sec, le paysage est magnifique, une belle parenthèse quoi ! La descente derrière le château est également tout à fait praticable, ça change !
Dernier ravito à roquefort les Cascades : juste un petit reproche à l’organisation pourtant sans faille, il manque un peu de salé « consommable » : des pâtes, des patates douces et pas du fromage et du saucisson ! Le concept de « sans assistance », je suis bien d’accord mais au bout de 7-8 heures de course, ma petite « lunch box salée » me manque énormément !
Et puis pour arranger le moral, on attaque la partie la plus désagréable à mon sens du parcours ! 4 km environ de plat !! bien rythmés par des marres de boue voire des petits ruisseaux ! c’est bon pour les pieds tout ça, mais pas pour la moyenne horaire ! Evidemment, j’ai branché mon i-pod à fond pour faire passer la pilule, je me force à avaler un peu de compote de fruits secs, je sais qu’après la petite bosse, c’est Raissac et le dernier point d’eau.
C’est fou ce qu’un verre d’eau fraîche et quelques mots d’encouragement peuvent changer le moral ! J’attaque pas si mal la dernière difficulté ! C’est raide mais sec, je double pas mal de monde et je me fais rattraper par Joseph et Gaël, 2 amis partis sur le 55 km. D’après nos calculs de temps de passage, il était bien prévu qu’ils me récupèrent avant la ligne d’arrivée ! et là aussi, c’est motivant !
On discute, on refait le match, et on se retrouve sur la crête bien caillouteuse. Ils décident de ne pas me lâcher et on finit les derniers kilomètres ensemble. Grande classe messieurs, un grand merci à eux !
9h36 au compteur, 3e féminine, je savais bien qu’il allait être impossible de faire mieux aujourd’hui ! Le bilan de la journée me va tout à fait, à 4 semaines de l’Ultra de Madère, les voyants sont au vert ! »
Crédits photo : Brunilde Girardet
Les résultats du Trail des Citadelles 2018 : 70km
Laisser un commentaire