Il y a des repères, des barrières que l’homme s’obstine à vouloir dépasser. On pensait, en 1954, que les 4 minutes au Mile (1609 m) étaient une de ces barrières infranchissables …
Ces hommes, qui contre toute attente passent ces barrières en premier, deviennent alors des légendes. Roger Bannister en est devenu une le 6 mai 1954.
Roger Bannister est né en 1929 en Angleterre à Harrow, et mort le 3 mars dernier à Oxford à 88 ans, de la maladie de Parkinson dont il était atteint depuis 2011, lui, le neurologue.
Le jeune athlète entreprend une carrière de haut niveau en parallèle de ses études en médecine, spécialisé en neurologie. En 1946 à 17 ans, il commence l’athlétisme sans avoir jamais mis de pointes. Avec trois entraînements par semaine d’une demi-heure, il parvient à une performance de 4’24″6 au Mile.
En 1948, il est pressenti pour intégrer l’équipe olympique à Londres, mais estime que c’est trop tôt pour lui à ce niveau. Il se prépare donc pour les JO d’Helsinki de 1952. Entre temps, en 1950, il termine 3è des championnats d’Europe avec une performance de 1’50″7 au 800 m. Déçu de ne pas arriver à gagner, il décide de s’entraîner plus sérieusement.
Il fait progresser ses chronos sur 800 m et 1500m, Mile également. Il décide d’arriver aux Jeux avec peu de compétitions pour se préserver. Mais il y a un tour de plus de qualification sur 1500 m, qui seront plus favorables aux coureurs avec plus de réserves. Il finira 4è des JO, sans médailles, mais avec un record britannique de 3’46″30.
Son nouveau but sera désormais de passer sous les 4 minutes au Mile. Il intensifia son entraînement et ses séances par intervalles. En 1953, il court 4’03″6, qui le convint que les 4’00 n’étaient pas hors de portée. Il le porta ensuite à 4’02. Mais ce n’était pas le seul à faire des tentatives sur cette barrière qui fascinait tant les amateurs d’athlétisme.
Le 6 mais 1954, sur la piste d’Oxford
Le matin de la course, il est à l’hôpital de Londres, au travail. Il enduit ses pointes de graphite pour qu’elles ne traînent pas trop de cendrée sous la chaussure. Il est nerveux à cause du ciel et des conditions de vent cet après midi. A 18h, le soleil se montre et les rafales faiblissent.
Il y a 7 coureurs. La course est lancée par des lièvres, dont Chattaway (futur champion olympique du steeple). C’est celui qui le guidera le plus longtemps, jusqu’à 220 m du but, où Bannister se retrouve seul, la mâchoire crispée, les yeux clos… il va jusqu’au bout de lui-même, et tombe en syncope. Il a réussit l’impossible : 3’59″4 !
L’exploit est tellement retentissant qu’il provoque une interruption de séance à la Chambre des Communes. Bannister s’accordera 2 h de sieste avant de rejoindre l’hôpital où il repart travailler.
Pourtant, le 21 juin 1954, l’australien John Landy améliore ce record en 3’58 ». Les deux hommes se retrouvent le 7 août à Vancouver pour les Jeux du Commonwealth. Bannister domine au finish Landy de 0’8s, en 3’58″8. Le 29 août, il devient champion d’Europe du 1500 m à Bern en Suisse, signe le record des championnats en 3’43″8.
En fin d’année, il arrête sa carrière pour se consacrer à la médecine. Une carrière dont il sera plus fier que cet exploit sur le Mile.
Devenu neurologue, il est anobli en 1975 puis devient le premier ministre des sports britannique. Thérésa May, première ministre britannique, lui rend hommage : « une grande icône sportive britannique dont les exploits sont une source d’inspiration ». Sébastian Coe également : « il n’y a pas un seul athlète de sa génération qui n’ait été inspiré par Roger et ses exploits sur et en dehors de la piste ».
Sa famille a annoncé qu’il s’était éteint en paix à Oxford, lieu où il avait battu son record.
Mathieu BERTOS / Photo : thefamouspeople.com
Laisser un commentaire