Rémy Jégard, ambassadeur i-Run, se prépare pour sa 4ème Barkley ! Une épreuve qu’il commence à bien connaître, mais qu’il redoute malgré tout, presqu’autant qu’à sa découverte, il y a 4 ans.
Étant donné le niveau de difficulté de cette course, aucun participant ne peut s’y rendre complètement serein. Seuls 40 coureurs sélectionnés avec soin par l’organisateur, se lancent chaque année sur ce parcours exigeant, tracé dans le State Park de Frozen Head du Tennessee, aux USA.
Très peu parviennent à franchir la ligne d’arrivée … en moyenne 1% des partants seulement, c’est pour dire. On suivra donc une nouvelle fois Rémy Jegard, qui se prépare actuellement à affronter ce parcours d’ultra-trail, de 200km et 20 000mD+ !
Il se confie à u-Run, à quelques semaines du départ (qui sera donné la samedi 24 mars à … surprise ! Une certaine heure, entre minuit et midi ! :))))
pourquoi avoir choisi de retourner sur cette épreuve, que tu as déjà tenté plusieurs fois ?
Tout simplement parce qu’elle a quelque chose, à mes yeux, de terriblement attirant. Tu as beau t’y préparer du mieux que tu y peux, tu sais toujours que tout est possible, que tout peut arriver et cela revêt un aspect presque magique.
Même si c’est vrai, je l’avoue, il faut être un peu maso du coup. Tu y reviens à chaque fois juste pour essayer de faire mieux, juste ça !
Peux-tu justement revenir sur tes précédentes participations et nous raconter comment elles se sont déroulées ?
Et bien pour faire simplet et court, j’y suis allé trois fois.
La première, j’ai fait un tour dans les temps impartis. Donc en gros 40km et 4000m de D+ en trouvant tous les livres. Mais je ne connaissais vraiment pas le parcours et j’avais suivi deux personnes tout le temps, à fond derrière elle, et je ne pouvais repartir seul sans me tromper, j’avais subi tout du long.
La deuxième fois fut ma plus belle année. J’ai fait un tour. Je suis reparti dans le deuxième en pleine nuit. Je trouve encore quelques bouquins et je vois que je ne suis plus dans les temps. Je reviens au camp. Du coup cette fois-là, je m’étais dit : «reviens y , si tu peux, encore une fois pour faire un peu mieux encore et ensuite tu passes à autre chose ! »
Mais la dernière fois donc où j’y suis allé, l’an dernier donc, ça s’est passé de la pire des façons. J’essaye de suivre la tête de course et tout le monde se goure d’entrée sur le premier livre. Ensuite je me retrouve esseulé et me perds très vite. J’ai mis un peu trop de temps du coup pour finir la boucle. C’était ma pire édition.
Et j’ai alors compris que je ne pouvais rester sur cette impression là. Cela aurait été trop cruel quelque part…
Quelles sont les critères de sélection pour avoir la chance de participer à cette course si convoitée ?
Et bien c’est simple : il y en a pas. C’est Laz qui choisit qui vient ou pas. Il faut lui envoyer une petite lettre de motivation et lui il choisit. Souvent il se renseigne sur internet pour savoir qui est réellement la personne et ensuite il trie.
Il peut aussi bien prendre quelqu’un avec un très très bon niveau, que quelqu’un qui lui a plu pour tout autre chose. Par exemple un aventurier ou bien un humanitaire. Bref tout est possible pour tout le monde. Même si il n’y a que 40 élus chaque année dans le monde dont 30 en gros aux USA. C’est peu !
Est ce que tes précédentes expériences sur cette course te permettent de la voir autrement et peut être de moins l’appréhender ?
C’est clair qu’à force, je ne suis plus aussi stressé qu’autrefois. J’espère juste maintenant que cela va bien se dérouler et ne pas rééditer ma dernière expérience là-bas.
Mais toute la tension de la première année n’existe plus. Je connais bien l’endroit, bien Laz aussi, les gens qui sont sur place… du coup c’est toute cette charge en moins. Mais je ne peux pas dire non plus que cela ira mieux car j’ai de l’expérience.
Il aurait fallu aller courir dans le Parc pour repérer des sections comme certains l’ont fait. Mais pour cela il faut avoir du temps et des moyens. Ce n’est pas évident.
Changes-tu tes manières de te préparer d’une année sur l’autre, et en fonction des enseignements que tu auras pu tirer ?
La préparation est toujours liée, pour moi en tout cas, à mon emploi du temps à côté. J’ai un boulot prenant et je suis obligé de faire avec. De fait, c’est vrai que ce n’est pas la période la plus chargée de l’année, les mois de janvier et février, et donc du coup je peux me libérer pas mal.
De toute façon, la base c’est qu’il faut faire des kilomètres et du dénivelé pour avoir un minimum de caisse déjà. Ensuite tu peux préparer un peu l’orientation, mais là-bas c’est surtout la fameuse carte qu’il faut savoir lire et puis l’interprétation des écrits de Laz.
Bref cette année j’ai choisi plutôt quelques grosses sorties « chocs » plutôt que d’y aller tout le temps, chaque jour, comme la première année. Mais tout reste possible sur place. Toujours.
Que redoutes-tu le plus le jour J ?
Et bien du coup, me paumer très vite. C’est ce qui m’est arrivé l’an dernier. Du coup, je vais tout faire pour que cela n’arrive pas une deuxième fois.
Qu’est ce qui, selon toi, est le plus difficile à gérer sur cette course ?
Le plus difficile, ce n’est pas une seule chose, c’est l’ensemble de plusieurs facteurs. Tu mélanges le physique (ceux qui terminent sont quand même des monstres de course au niveau international), l’orientation, le hors-sentier, la chance, le déniv aussi et tu as à peu près la notion de difficulté globale.
Avec quel modèle de chaussures as-tu prévu de courir cette année ?
Je repars avec les Agravic Terrex de chez adidas.
Elles sont légères, elles accrochent pas trop mal. Pour moi c’est idéal. J’aurai aussi une autre paire, les Response Trail en rechange dans la voiture, mais cela voudrait dire, si je les mets, que les choses se passent bien pour moi !
Le conseil que tu donnerais à quelqu’un qui se lance sur l’épreuve pour la première fois ?
Difficile de donner un conseil sur une telle épreuve. Peut-être essayer de suivre quelqu’un qui l’a déjà fait. Un vétéran comme on nous appelle. Mais il faut aussi tomber sur le bon cheval.
C’est ce qu’a fait l’an dernier Guillaume, un « virgin » et du coup il a réussi à passer son premier tour. Mais bon, à un moment donné, de toute façon, on est tellement peu au départ, que tu vas te retrouver vite seul. Du coup, apprendre aussi par cœur, une belle prière, ah ah !!
Quelle est ta stratégie de ravitaillement sur ce genre d’épreuve ?
Et bien sûr, un tour, tu pars pour au moins 10h, 11h si tout se passe au mieux. Tu as deux points d’eau sur l’ensemble du parcours. C’est tout. Du coup je pars avec le Camel rempli à ras bord avec pas loin de 2 litres et puis aussi des barres, des gels et un peu de salé.
Quand tu reviens à la barrière jaune, après ton premier tour, tu peux manger tout ce que tu veux. Tu retrouves ton ravito à ta voiture. Ensuite et bien tu refais le plein, si tu as la chance de repartir.
Quel sera ton objectif cette année ?
Et bien c’est toujours dur de l’annoncer car ça fait un peu peur, je ne le cache pas. Mais finir deux tours serait, pour moi, énorme.
Cela parait peu sur le papier mais je ne peux que citer l’expérience de Benoit Laval, autre coureur français qui a tenté déjà deux fois l’aventure. Il a un palmarès autrement plus impressionnant que le mien et c’est un très bon orienteur.
Il a aussi passé pas mal de temps en amont à se familiariser avec le Parc. Et pourtant son meilleur score est deux tours. C’est pour vous dire la difficulté !
Merci Rémy et bonne chance pour cette 4ème tentative ! ;)))
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