Nous vous parlions du niveau des courses, sauts et différents concours lors de ces mondiaux en salle à Birmingham.
La compétition fut extrêmement disputée et les plus grands athlètes étaient présents.
Mais la compétition a été entachée par de nombreuses éliminations sur les courses : 27 exactement !
Voici le relevé du site FloTrack ci dessous :
Le règlement est ainsi fait : la sanction, c’est l’élimination.
Quelques faux départs, comme le britannique Chijindu Ujah, mais beaucoup (la plupart des fautes) pour avoir mordu la ligne ou cassé la courbe. Parmi ces fautes, celles de Paul Chelimo et Shadrack Kipchirchir (USA) sur le 3000m, de Donovan Brazier (800m, USA), Léa Sprunger (400m, SUI), Stephenie Ann McPherson (400m, JAM) etc…
Mais celle qui a fait le plus jaser fut celle de l’espagnol Oscar Husillos, vainqueur du 400m en 44″93, une performance qui le classe 7è performance de tous les temps. Parti en tête, il tiendra jusqu’au bout une cadence élevée, l’emporte et signe cet énorme chrono. Il a le temps de fêter sa victoire, d’exulter, avant qu’on ne lui apprenne en direct à la télévision sa disqualification. De quoi s’effondrer…
La raison ? Il a mordu la ligne intérieure de quelques millimètres à la sortie de son virage. Le règlement est ainsi fait : la sanction, c’est l’élimination.
La réaction de Maryse Ewanjé-Épée, spécialiste athlétisme sur RMC, ex recordwoman de France de saut en hauteur
« Pourtant, le juge vidéo, assistant du juge de compétition a été impitoyable jusqu’au ridicule, lorsque TOUS les coureurs de la 3ème série du 400 m ont été disqualifiés (l’un pour faux-départ cependant). […] De nombreux athlètes ont en effet rapporté que les virages de la piste étaient très inclinés avec des sorties très longues, multipliant les possibilités de déséquilibre ou d’imprécision dans la pose d’appui.
S’il semble évident que les anglais n’ont pas triché en abusant des disqualifications, on peut s’interroger sur le recours systématique à l’arbitrage vidéo pour la décision finale, sans qu’aucun jugement humain (la non intentionnalité, le défaut d’avantage d’un appui posé 1 cm trop à l’intérieur d’une ligne…) ne vienne pondérer la violence de la décision.
Décision qui n’a pourtant pas toujours été aussi rude par le passé récent, lorsqu’un (majestueux) MOH FARAH s’invitait accidentellement à l’intérieur de la lice aux championnats du Monde… de Londres, sans être disqualifié, contrairement à PAUL CHELIMO ce week-end. »
il y a la règle, et l’esprit de la règle
Il est en effet curieux, étant donné ces éléments, que l’on ne tienne pas compte de cette inclinaison, du fait que la faute ait été provoquée par bousculade, qu’elle ne constitue en aucun cas un avantage (99% du temps c’est l’inverse) ou une gène sur un adversaire.
Dans le cas de l’espagnol, il n’a pas profité de ce fait ni gêné ses concurrents, il a dominé ses adversaires tout simplement, ce dont convient Pavel Maslak, à qui on attribue le titre après sa 3è place effective… « A vrai dire, je ne sais pas trop quoi penser de cette médaille d’or, car je n’ai pas gagné et ceux qui m’ont devancé étaient meilleurs que moi. Ils ont été disqualifiés pour quelque chose qui, je pense, ne les a avantagés. Moi, j’étais déjà content de décrocher une médaille. »
Les règles doivent manifestement être modifiées, ne serait-ce que pour convenir d’un fair-play et d’humanité dans les décisions. La violence des délibérations seraient moins fortes pour les athlètes qui se sont investis et qui n’ont montré aucune mauvaise intention. D’autant qu’on ne gagne pas de temps sur une simple pose d’appui.
« Le jugement humain est celui qui prévaut sur TOUTES les compétitions d’athlétisme en dehors des championnats du monde« , rappelait Maryse Ewanjé-Épée. « Les règles bougent sans cesse donc oui on peut les revoir. D’ailleurs il y a quelques années, on jugeait en effet si le changement de ligne était intentionnel, si les appuis étaient « limites » ou franchement abusifs etc. Cela s’appelle être juge-arbitre et il y en a sur toutes les compétitions. »
La compétition était belle, mais ces éliminations ont entaché certains résultats et les performances de pas mal d’athlètes.
Comme on le dit en sport, il y a la règle, et l’esprit de la règle. Le fair-play quelques fois devient une notion de plus en plus vague, que l’on aime rappeler ou oublier…
Mathieu BERTOS
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