Le Forest Trail … depuis le temps qu’i-Run est partenaire (c’était la 5ème année), j’en entends parler de cet évènement !
Et toujours la même problématique en ce début de saison déjà bien chargé : est ce que je vais pouvoir la caser dans le planning celle ci ?
Ira, ira pas ?
Forcément que j’en ai très envie ! Mais à vouloir toujours suivre ses envies, on arrive parfois à la catastrophe … le corps est sacrément adaptable (beaucoup plus qu’on ne l’imagine !), mais faut pas non plus trop jouer avec lui hein ! Bon, j’avoue que ces dernières semaines, j’ai un peu abusé. Mais … on a toujours des bonnes raisons de finalement l’accrocher ce dossard !
Le samedi 13 janvier, je suis au Mans le même week-end que le cross Ouest France. Impossible de ne pas faire partie de la fête ! Allez, les 20km, histoire de faire du rythme avant la prochaine au Cambodge … bon, du coup, on remet ça le samedi 20 janvier pour le marathon de l’Ultra Trail d’Angkor, sous la canicule.
Jusqu’ici tout va bien, mais le retour d’Asie est plus compliqué … une bonne gastro ramenée de là-bas me met bien à plat. Je décide quand même d’accompagner Manu sur le Trail de la Galinette à Cadolive le 28 janvier (le dimanche, ça allait beaucoup mieux!), et de prendre le départ du 26km : on avisera au moment venu en fonction de la forme. Le cligno si ça ne va vraiment pas, une belle sortie rythmée si le corps le veut bien. L’idée, c’est vraiment de se laisser guider par les sensations et l’envie. Ça passe !
Bon, dans 6 jours, c’est le Forest Trail : est-ce bien raisonnable de se lancer sur la plus longue distance, le 43km ? Non, mais je crois que la raison est restée en 2017 … ! ;))
Pleuvra, pleuvra pas ?
Me voilà donc en direction de Toulouse le vendredi 2 février. Élodie me récupère au métro pour la soirée que nous avons prévue à la Cité de l’Espace dans le cadre du boulot : testing pour la marque Altra, couplé à une session avec le i-Run Training Club. Pour les participants au départ du Forest Trail demain, entraînement minimaliste : 20′ tranquille, 4 lignes droites et basta ! Fin de soirée au Bistronomique pour la 2ème mi-temps au bar ! 😉
Pas de bol, les températures ont bien chuté, et météo France annonce toujours de la pluie pour demain soir. Lorsque Maria me récupère au métro samedi vers 17h, la ville rose est certes, bien grise, mais pas encore mouillée. Mais voilà que les premières gouttes s’invitent sur le trajet pour se rendre au départ de la course, à Levignac ! Mais non ! Le ton est donné, la pluie semble bien avoir envie de s’installer …
Retrait des dossards, on papote, on papote, il est presque 18h, va peut être falloir se bouger ! Allez hop, on se motive malgré la pluie qui tombe de plus en plus fort, on s’habille (euh enfin, on se déshabille plutôt !), on ajuste les lacets, les frontales, on enfile les coupe-vents … et on va quand même courir 10′ pour chauffer un peu la machine bien rouillée par le froid.
J’avoue que je ne me sens pas trop l’âme guerrière à ce moment là ! Et la simple idée d’avoir 43km à effectuer dans la nuit, le froid, sous la pluie et dans la boue, … me donne quelques frissons ! Je retrouve Manu 15′ avant le départ, qui m’a fait la surprise de venir alors qu’il était encore incertain le matin même. Chouette !
Rigolera, rigolera pas ?
18h25, tous les participants du 43km se rassemblent à l’abri, sous la hall, à quelques mètres de l’arche. Pas le peine de rester sous la pluie et de prendre le départ avec le froid sur soi. Les dernières consignes sont données, on débranche le cerveau pour passer en mode « même pas mal » (dans ces cas là, faut mieux pas se poser de questions, sinon tu ne prends pas le départ !).
La nuit tombe, les fumigènes sont lancées, le départ est donné à 18h30 pétante … sous la pluie ! On s’élance sans trop se poser de questions dans les premiers virages pour sortir de la ville. Quelques courageux nous applaudissent, merci à eux ! Une fois le village laissé, on s’embarque dans une montée sombre sur bitume. 4’13 pour le premier kilo. Je me sens très bien, ça me rassure que les sensations soient aussi bonnes. C’était un peu l’inconnu au départ … !
Ça grimpe progressif, pendant 2km environ, jusqu’à la bifurcation qui nous fait quitter la route pour nous guider vers les premiers sentiers … et plouf, les premières grosses flaques boueuses ! Je suis partie avec une autre féminine, qui m’a laissée prendre les devants en sortant du bitume. J’imagine qu’elle n’est pas loin derrière, mais je ne m’en préoccupe pas trop et reste focus sur mes appuis, déjà très instables sur cette première partie.
On s’enfonce dans la forêt, avec ses sentiers en singles et ses pifs-pafs dans tous les sens ! C’est ludique, on ne s’ennuie pas, les relances sont nombreuses, je me régale vraiment ! Il faut jouer avec le terrain pour essayer de trouver les appuis les plus stables et qui éviteront de perdre trop de temps à s’enfoncer sur ce sol boueux et moelleux ! 10ème kilo, 49′. Je suis contente de pouvoir tenir un bon rythme sans me mettre dans le rouge.
Pour le moment, je dois dire que j’amuse bien ! Je suis mouillée de la tête aux pieds, mais je n’ai pas froid ! J’essaye de rester avec d’autres coureurs (la forêt en mode nocturne, toute seule, ça ma botte moyen !), mais rapidement, je me retrouve seule. Je viens de me faire passer par un gars qui était dans ma foulée depuis le départ, il me lance : « bon, je passe, j’essaye de prendre les relais ! » Mais il va trop vite, je le vois s’échapper sans réussir à l’accrocher.
Continuera, continuera pas ?
Finalement, je ne vois pas le temps passer sur cette première boucle ! Je bois régulièrement, je mange une barre après environ 1h30 de course. Je passe le 20è kilomètre en 1h43. Toujours pas de féminine devant, les bénévoles m’annoncent toujours en tête. Tout va très bien au niveau énergétique, état de forme, mais avec ce terrain très boueux et très instable, je multiplie les torsions de chevilles qui commencent à me faire souffrir et me rappellent des mauvais souvenirs.
Je ne m’inquiétais pas au début, mais j’ai de plus en plus mal à la cheville gauche, au niveau du tendon fibulaire (j’ai déjà connu une fissure de ce tendon en 2015 suite à un trail en Patagonie, Ultra Fiord, qui m’a mise sur la touche 3 mois). Du coup, je commence à psychoter, me demandant si je ne ferais pas mieux de m’arrêter au prochain ravitaillement pour éviter la blessure. Je focalise là dessus et reste concentrée pour éviter des torsions de chevilles trop douloureuses.
Les choses deviennent encore un peu moins marrantes au moment de passer cette buse … je stoppe net en arrivant devant, en pensant m’être trompée de chemin et j’aperçois des bénévoles m’encourager : « si si, c’est là, il faut sauter dedans ! » Ah oui ? Original !
Bon, quitte à être mouillés et boueux, autant ne pas faire les choses à moitié ! Allez ! Pataugeons ! Rémi Jegard est là pour immortaliser ce chouette moment : cheeeeeese !! Ça glace un peu, mais on va connaître bien pire sur la seconde partie du parcours (sauf qu’on ne le savait pas encore).
C’est un profil bien montant et bien glissant que nous trouvons ensuite pour atteindre le 25ème kilomètre, avant de filer vers la descente qui nous ramène vers le village de Levignac, point de ravitaillement du parcours. J’ai déjà pris 3/4 gamelles pas bien méchantes, mais qui me rappellent qu’il est nécessaire d’être plus que vigilant aussi pour ne pas se faire mal.
Je passe 16ème au scratch au ravitaillement. Mes hésitations, il y a quelques minutes, déclenchées par ces douleurs à la cheville se sont envolées. Je suis incapable de mettre le cligno tant que je suis en mesure d’avancer de toute façon. Je me connais maintenant ! La seule raison qui peut provoquer un abandon chez moi, c’est l’incapacité physique à poursuivre. Tête de cochon ! :))
J’ai connu 4 abandons dans ma vie de coureuse : 3 qui se sont terminés à l’hopital (2 entorses, une luxation du pouce), et 1 à cause de mégas ampoules sous le talon qui m’ont empêchée de poursuivre … bref, je n’en parle même pas à Manu qui m’attend au ravitaillement, dans la hall de Lévignac.
Je lui partage juste une impression générale : »han, c’est un chantier ! » Il semble avoir déjà eu des échos des coureurs passés avant. Il m’encourage, je repars, pressée de le retrouver à l’arrivée. 2h25 de course. On enchaîne donc avec la boucle des 18km. J’ai déjà 27 au compteur de ma Suunto … donc ça nous emmène à 45 et pas 43 kilomètres ! La bonne surprise !
Glissera, glissera pas ?
C’est reparti, je suis motivée à bloc ! Je m’imagine que le plus dur est fait. Sauf qu’en fait, le plus dur reste à faire !! Parce qu’on va emprunter le parcours déjà emprunté par les 600 participants du 18km partis une heure après nous … une véritable patinoire géante.
Sortie du village, on embraye sur une potion sur bitume, qui grimpe ! J’aperçois des voitures de pompiers au loin, ça clignote de partout, puis des coureurs qui arrivent dans mon sens. J’y comprends rien ! Je me suis trompée de parcours ou quoi ? Je pose la question à un bénévole qui me rassure : « oui, oui, le 43km, c’est bien dans ce sens ! » Ah, je pige ! En fait, ce sont les coureurs du 18km qui terminent leur boucle, alors que nous la commençons !
Pour le moment, la route est large, ça passe facile dans les deux sens. Mais une fois engagés sur les singles, je crains les embouteillages. Bon, c’est limite, on se donne quelques petits coups de coude, mais ça passe ! Et puis finalement, c’est sympa de s’encourager et de retrouver du monde ici. Ça redonne un peu de motivation. Mais quel bourbier !! C’est la galère, on glisse à chaque foulée, il faut se tenir aux branches pour éviter de se retrouver les fesses par terre ! C’est usant …
Ce remue-ménage ne dure pas très longtemps puisqu’au 30ème kilomètre (je suis à 2h48 de course), c’est la bifurcation : le 43 à droite, alors que ceux du 18 arrivent du sentier de gauche. Merci à Karine et son mari pour leurs précieux encouragements !! Ça fait du bien ! Me voilà de nouveau seule au milieu de cette forêt bien noire … toujours en galère avec mes appuis. Impossible de courir à certains endroits. Il faut s’y reprendre parfois à 3 fois pour réussir à passer quelques petits talus pentus. Incroyable !
Ça me fait penser au duel des deux femmes dans la boue à Fort Boyard ! Un pas, une glissade ! Je tombe, je me relève, je repars, je retombe, rerepars … ça, jusqu’à la sortie de ce bois que nous ne quitterons que moins de 2 kilomètres avant l’arrivée. Forcément, les allures sont beaucoup plus lentes ici ! Mais c’est pour tout le monde pareil. Crampons ou pas, c’est glissades assurées !
J’avoue être un peu blasée au bout d’un moment, et être bien contente de raccrocher quelques gars de mon parcours (je redouble le coureur qui m’avait doublée au début pour prendre le relai. Il me lance : « et bé ! T’as mis du temps avant de le reprendre ce relais ! Ahah !). Je me sens moins seule.
Mais cette portion du parcours est quand même bien longue et démoralisante. Heureusement que je me sens bien physiquement, parce que j’imagine même pas arriver ici et se retrouver en hypo ou en panne d’essence … le cauchemar ! D’ailleurs, les quelques coureurs que je double ne me paraissent pas très frais, je les encourage comme je peux, mais je les plains.
Gagnera, gagnera pas ?
Une fois sortis du bois, nous voilà embarqués dans des énormes champs boueux qui longent la rouge. Boaaah ! la boue se colle sous les chaussures, c’est l’enfer ! J’ai les chevilles qui recommencent à partir dans tous les sens et les fibulaires en feu. Nous avons fait demi-tour pour rejoindre Levignac, mais par un autre chemin. Tout aussi galère !! :))
J’aurais repris 5/6 gars sur cette seconde partie, ce qui me fait rentrer dans le top 10. Ahhhhh, on le sait, les femmes sont bien fortes mentalement !! ;)) Retour à la bifurcation où nous aiguillent Karine et Lionel (merci encore à eux !), on arrive au km41, je suis à 4h de course. Je croise alors deux gars qui avancent en sens inverse de moi. Je ne comprends pas. Je les préviens : »hey les gars, vous faites quoi, c’est dans l’autre sens non ? »
Quelle idiote je suis !! En fait, ils sont derrière moi ! Je croyais que c’était des coureurs que j’avais rattrapés, mais ce sont des coureurs du 43km, un peu plus loin dans le classement . Et il leur reste juste la boucle de 12km que je viens de faire ! Ok, du coup, on va croiser d’autres coureurs un peu plus loin, ou encore doubler ceux du 18km qui n’ont pas encore terminé leur parcours. Encore une fois, c’est motivant de retrouver du monde ici .. !
Quel bonheur de sortir de cette forêt impraticable pour retrouver un peu de bitume ! km42,5. Les derniers efforts avant de rejoindre enfin le village. Je fonce le plus vite possible, pressée d’en terminer. Je rattrape Élo, on s’encourage mutuellement. Encore une bifurq, on sort de la route, retour dans un champ tout boueux, en dévers et tout glissant … beurk ! Impossible de courir, et comme il n’y a rien pour se tenir, je décide de me laisser glisser sur les fesses. Pfffffffff, non mais n’importe quoi ! :))
Enfin, j’aperçois les lumières du village, des bénévoles, et je reconnais le pont. 4h21, km44. Grrrrr, on n’était pas sensé faire 43 ? Les derniers efforts avant de s’approcher de la hall bien animée. Je reçois quelques chaleureux applaudissements et des sympathiques messages de félicitations, je passe sous l’arche i-Run du départ, virage à gauche et l’entrée dans la salle : j’entends le speaker annoncer mon arrivée et une fois à l’intérieur, je me fais happée par cette belle euphorie collective ! Quel accueil au top ! MERCI MERCI ! Ça fait plaisir d’être si bien accueillie après ces heures en nocturne dans la galère.
J’en termine en 4h25. À ma Suunto, 44km800 et 1044mD+. Un poil plus que ce qui était annoncé ! Première féminine et 10ème au scratch, contente d’avoir eu de si bonnes sensations malgré le terrain légèrement usant et agaçant .. ! Mais également très ludique et bien varié. Je retrouve Manu, les copains qui ont assuré sur les autres distances : bravo à tous !
Un énorme merci à toute l’équipe d’organisation qui aura assuré une 8ème édition, dans des conditions bien compliquées encore une fois. Ma première participation était un bon souvenir (relire : Forest Trail 2014), nul doute que je garderai que du positif de ma 2ème ! Et que je reviendrai me frotter à la boue de cette satanée forêt de Bouconne ! 😉
Sylvaine Cussot
Les résultats du Forest Trail 2018 : 25km 12km 18km 43km