La course à pied : un grand plaisir, et un grand mystère.
On sait qu’en allant courir, on sera un peu plus serein sur le retour. Calmé, vidé par l’effort. Comme si la sueur transportait avec elle tous les soucis pour les sortir de notre tête.
Même si ce n’est que momentané, et que les soucis pourront revenir dès le lendemain, ce petit moment octroyé fait du bien. On ne sait pas, par contre, si on le fera dans un bon état de forme, avec de bonnes sensations. Car justement, quelques fois, ces sensations nous trompent.
Il ne vous est pas déjà arrivé d’aller un peu réticent sur une sortie, car vous vous savez fatigué et les jambes un peu lourdes ? Et puis vous découvrez au fil des kilomètres que ça va pas si mal, et que vous pouvez accélérer à volonté ? Vous ne l’aviez pas prévu ça ! Quand c’est comme ça, ne vous posez pas de questions : foncez ! Profitez. La forme ça va, ça vient…
Quelques fois ça vient alors que vous n’avez rien demandé. D’autres fois vous la cherchez, vous mettez les choses en place pour la trouver, avec des plans d’entraînement, une diététique, un emploi du temps… et vous y courez après. Elle vous échappe, elle ne se laisse pas dompter comme ça. Bien sûr, les chances sont augmentées quand vous mettez les choses dans l’ordre. Elle devrait même arriver à coup sûr, de cette façon.
Mais ce n’est pas aussi simple. Il faut que la tête aille bien. Il faut que le corps soit près, que votre humeur soit bonne. Si vous brusquez les choses, elle vient, par force, mais ne reste pas. Si vous y allez finement, en vous écoutant, elle peut s’installer. C’est vrai qu’à l’heure d’aujourd’hui on vous demande de vous défoncer, de souffrir. « No pain, no gain » !
Mais s’écouter ne veut pas dire « y aller cool ». Ça veut dire « sois patient quand ça ne va pas, joue-la fine, reposes-toi plus, fais des séances qui sont dans tes qualités… Ça va mieux ? Enchaîne avec une autre sortie, cumule, appuie, demandes-en plus à ton corps, sois fort, sache ce que tu veux et fais les choses pour l’obtenir ». On écoute ainsi son corps, aussi bien que sa tête. On surfe sur la vague, et quand elle est creuse, on patiente.
Arriver à dompter la forme, c’est ce pour quoi nous allons courir régulièrement. On est à la recherche de quelque chose. On veut retrouver des sensations, de la satisfaction, quelque chose qui nous transporte, qui nous fait sentir léger et puissant. C’est pour cela que l’on oublie tous les moments difficiles que l’on peut rencontrer.
Un coup on sera en forme, et bien plus souvent on ne le sera pas. Ça va, ça vient, entre mystère et lumière.
Mathieu BERTOS
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