Quand on décide de prendre un dossard pour une course à l’étranger, on sait qu’on se lance dans une aventure qui va largement dépasser la sphère purement sportive. Et c’est bien souvent ce qui nous motive à aller crapahuter en dehors de nos frontières !
La découverte d’une nouvelle culture, d’un mode de vie différent, des territoires inconnus mais tellement attirants … ! Et une fois qu’on y a goûté, on a forcément envie d’y retourner ! Lorsque Laurent Ardito m’a proposée de cocher l’Ultra Trail d’Angkor à mon planning de course 2018, forcément, j’ai trouvé l’idée séduisante … !
Après la Thaïlande en novembre 2016 avec Queen of the Jungle, le Népal pour le tournage E-Motion Trail avec Dawa Sherpa, poursuivre l’exploration de l’Asie avec le Cambodge me faisait très envie. C’est donc avec plaisir et enthousiasme que j’entre en contact avec Julien et Jean-Claude, les organisateurs de l’Ultra-Trail d’Angkor, pour échanger sur ma future participation.
La formule du partage avec le jeu concours Asics
L’Ultra-Trail d’Angkor prépare sa 3ème édition ces 20 et 21 janvier 2018. Même si l’évènement a déjà réussi à bien se faire connaître en France et dans d’autres pays du monde, l’équipe organisatrice doit, chaque année, maintenir ses efforts pour continuer à communiquer. L’idée du jeu concours fait partie des actions retenues pour aller dans ce sens.
Le concept permet donc d’inviter un(e) heureux(se) gagnant(e) à venir partager l’aventure Ultra Trail d’Angkor avec moi. Bien sûr, la première grande gagnante et grosse chanceuse, c’est moi ! Mais carrément que je suis privilégiée d’avoir été choisie pour être l’un des deux membres qui formera le duo gagnant. J’ai hâte de connaître mon binôme de cette prochaine aventure … !
Après plusieurs semaines où les candidats ont eu la possibilité de déposer leurs candidatures, il a fallu passer à la sélection, puis au tirage au sort … pour finalement désigner un seul gagnant.
Drôle de coïncidence, il se trouve que je venais de partager quelques kilomètres avec lui lors de la dernière Saintélyon. Il s’appelle Gregory (voir son portrait ici), il est lyonnais, et va donc devoir s’occuper en urgence de se faire faire un passeport ! Félicitations Greg ! ;))
Les préparatifs avant le départ
En plus de se voir offrir le voyage et le dossard, Greg reçoit un chouette package Asics qui l’accompagnera au Cambodge. Tenue, chaussures, sac, Camelbak; de quoi représenter fièrement la marque qui lui aura permis d’être là !
On prend contact histoire de faire un peu plus connaissance, et on s’organise même un petit run communautaire lyonnais, pour partager quelques foulées avec d’autres passionnés. Parfait, nous sommes d’accord pour se lancer sur la même distance : le 42km.
L’évènement propose plusieurs formats de course : 128km, 64km, 42km, 32km et 16. Il nous semble plus raisonnable, en début de saison, de privilégier du moins de 50km. Ça laissera déjà pas mal de temps pour profiter du paysage ! Et puis Jean-Claude nous a organisés quelques belles excursions en parallèle de la course. De quoi profiter pleinement pour visiter.
Manque de bol, je réussis à me faire voler mon portefeuille moins d’un mois avant le départ … avec tous mes papiers d’identité à l’intérieur, dont le passeport, bien-sûr ! Je lance donc les démarches administratives pour le refaire. Mais en ces périodes de fêtes, il semblerait que l’attente soit plus longue.
Ok, j’attendrai alors. Oui, j’attends, j’attends, j’attends … mais le jour du départ, toujours pas de passeport. Croyez-moi ou non, j’ai eu le coup de fil de la Mairie, tout juste une heure avant de fermer le porte de la maison, valise à la main : OUF !!!
Le 20km du Cross Ouest France comme mise en jambes !
C’était le trail des Côteaux Bellevue qui devait faire office de premier dossard 2018. Manque de bol, faux départ, je tombe malade le jour même, impossible d’envisager faire la course. Je décide donc de profiter d’un week-end au Mans en famille pour m’aligner sur le 20km du Ouest France, la semaine suivante, juste avant mon départ au Cambodge.
Évènement très populaire en Sarthe, le Cross Ouest France rassemble tous les âges et tous les niveaux de coureurs. Des AS au amateurs, en passant par les scolaires et les familles, c’est un rendez-vous incontournable pour les sportifs des Pays de la Loire ! J’adore participer à cette belle fête du sport, d’autant que c’est aussi l’occasion de passer un peu de temps avec les miens.
Une semaine avant ce prochain 42km vallonné au Cambodge, je me dis que refaire du rythme sur un 20km roulant ne me fera pas de mal. Je le termine en 1h26, en prenant beaucoup de plaisir, avec une petite place sur le podium féminin : chouette !
Mardi 16 janvier 2018 : encore un faux départ !
Mardi, c’est le jour où nous nous retrouvons avec Gregory à Roissy pour s’envoler vers le Cambodge ! La valise est bouclée, je prends le train du Mans pour me rendre directement à l’aéroport. Le train est à l’heure, c’est déjà ça. J’arrive à l’aéroport à 9h, pour un décollage à 12h30, au moins, je suis laaaaaaaaarge !!
Greg m’y retrouve peu de temps après, on s’occupe de l’enregistrement des bagages, passage de la sécurité, un déjeuner avalé en 2/2 ! Embarquement plus ou moins à l’heure, les passagers s’installent. Puis une attente, anormalement longue. Annonce micro : il semblerait qu’il y ait un problème technique à résoudre avant d’envisager pouvoir décoller. La tension devient palpable.
Nouvelle attente. Puis nouvelle annonce micro : il semblerait que l’avion se soit fait foudroyer sur le vol précédent. Il serait trop risqué de tenter de voler dans ces conditions. Donc ? Ça se passe comment maintenant ? On descend de l’avion et on retourne au guichet AIR FRANCE pour être tous réaffectés sur d’autres vols … pas la peine d’espérer partir aujourd’hui, le prochain disponible ne sera que demain !
Air France prend en charge l’hôtel de ce soir (Le Magic Circus dans le Parc Disney, svp !), les repas et les navettes, mais nos valises, elles, restent bien enfermées quelque part, il va falloir s’en passer jusqu’à jeudi matin ! Allez, on relativise avec Greg : il faut mieux partir un jour plus tard que partir avec un avion à peine en état de fonctionner ! Du coup, cette fin de journée nous laisse le temps de papoter pour faire connaissance. Dommage, on n’a pas nos baskets. On serait bien allé galoper un petit coup !
Mercredi 17 janvier : nouveau départ de Roissy
Réveil très matinal pour prendre la navette vers l’aéroport. À peine 5h de sommeil, le voyage commence bien ! Cette fois, l’enchaînement se passe bien, malgré le retard de l’embarquement, on s’envole !!! Petite incertitude pour les bagages, que nous espérons retrouver à notre destination finale à Siem Reap.
On verra … en attendant, il faut essayer de se reposer dans l’avion parce qu’après ces 15h de voyage (dont une escale à Bangkok), il va falloir enchaîner une journée au Cambodge. +6h sur place, donc en arrivant à 9h du matin, c’est la pleine nuit pour nous (3h). Pour ma part, c’était une belle nuit blanche : impossible de dormir. J’ai pourtant bien tenté de fermer les yeux ou de m’assommer au vin rouge, mais ça n’a pas fonctionné !
La fatigue se fait assez vite oublier en débarquant à Siem Reap au Cambodge, notre destination ! Choc thermique : 33 degrés, grand soleil, chaleur humide étouffante. Après avoir rempli toutes les paperasses administratives, récupéré nos bagages (ouf, tout est bien là !), un chauffeur de l’organisation nous récupère pour nous déposer à l’hôtel.
Pour info, si vous partez au Cambodge, sachez qu’il faut acheter un visa sur place (30/40 dollars) et être muni d’une photo d’identité officielle. Il faut aussi posséder un passeport dont la date de validité soit supérieure de 6 mois par rapport à votre date de retour : sinon, vous ne rentrez pas dans le pays !).
Jeudi 18 janvier : première journée d’acclimatation au Cambodge
On arrive à l’hôtel Paradise, notre QG pour ces 4 prochains jours, en fin de matinée. Je partage ma chambre avec une autre française, Monique, qui est pour le moment partie en excursion. On fera connaissance plus tard ! Avec tout ça, ça fait 48h qu’on n’a pas chaussé les baskets. Du coup, on se motive pour se tenter une petite sortie d’acclimatation avec Greg.
Pas la meilleure idée d’aller courir à cette heure ci … l’avantage, c’est que ça permet de faire un repérage des lieux, l’inconvénient, c’est qu’entre le voyage, la fatigue, la chaleur … les sensations n’étaient vraiment pas au rendez-vous !! Ça aura au moins eu le mérite de nous réveiller et de nous ouvrir l’appétit pour le repas du midi !
Fin de journée farniente à la piscine et dîner dans un petit restau typique du coin. L’idée, c’était de se coucher tôt pour tenter de récupérer. D’autant qu’on doit mettre le réveil à 6h pour partir en excursion vendredi matin et qu’avec le décalage horaire, ça sera le pleine nuit pour nous en France … extinction des feux à 22h, mais une nuit hachée et pas réparatrice du tout me concernant. Demain c’est la course, il va falloir mettre le réveil à 3h : au secours !!!
Vendredi 19 janvier : excursion aux Temples !
Ce réveil matinal en valait largement la peine ! Une fois le petit dej avalé, nous voilà intégrés au groupe de français pour une matinée marathon des Temples ! Tous plus sublimes les uns que les autres, ces monuments, grosse symbolique du pays, ont fait briller nos yeux d’européens peu habitués à s’approcher de ce genre de beauté historique …!
Après un déjeuner bien copieux dans un restaurant typique, l’après-midi est consacré au retrait des dossards, un peu de farniente au bord de la piscine et un run d’avant course un peu rythmé pour faire tourner les jambes qui ont été un peu martyrisées par le voyage ! Extinction des feux vers 21h30/22h, avec un réveil programmé à 3h … aie aie aie, ça va piquer demain !
Samedi 20 janvier : time to run !!
Le plus dur : sortir du lit !
Bon, forcément j’ai eu du mal à m’endormir (c’est pas en 1 jours et demi qu’on se recale !) et forcément, le réveil a été horrible … mais bon, je me lève sans trop réfléchir, je me jette dans la douche, en essayant de ne pas réveiller ma colocataire qui a prévu de se lever dans 3h (la veinarde !!).
Tenue de guerrière enfilée (trop simple avec ces températures, on se pose moins de questions : short, débardeur, visière, porte-bidon), je descends retrouver les autres copains courageux déjà au petit déjeuner ! Bon, à cette heure ci, autant dire que l’estomac n’est pas prêt à recevoir grand chose, mais bizarrement, j’ai faim, et du coup, je ne me prive pas ! 2 œufs sur le plat, du pain grillé, un bol de fromage blanc avec des céréales et 2/3 cafés (il faut bien ça pour tenter de rester éveillés !).
Direction les zones de départ !
4h pétante, la navette nous embarque pour nous emmener sur le départ du 64km (à la Terrasse des Éléphants). Il fait déjà incroyablement chaud, ça promet pour la fin de matinée … bien sûr, il fait nuit noire et les participants du 64 feront leurs premières foulées à la frontale.
Une fois leur départ donné à 5h (nos encouragements donnés à Cécile, Dimitri et bien d’autres !), retour dans la navette pour quelques minutes de route avant d’atteindre notre zone de départ (que nous atteignons à 5h50 pour un départ à 6 !). Avec Greg, on commence à s’inquiéter un peu, le jour ne s’est toujours pas levé et pourtant, la frontale n’était pas obligatoire.
Un dernier pipi-buisson en descendant du bus (pas très sereine, on m’a assez répété de ne pas trop s’éloigner des sentiers principaux … par crainte de tomber sur des bébètes pas très sympas !), et puis c’est l’heure de s’aligner pour le compte à rebours ! 10, 9, 8 …. 2, 1, GO !!! Allez, le ciel s’éclaircit, on va pouvoir profiter d’un magnifique lever de soleil .. nous sommes une bonne centaine de coureurs à nous élancer sur les sentiers encore sombres d’Angkor.
Une première partie de course bien (un peu trop ?) rythmée !
Greg et un autre coureur (le futur gagnant, un polonais) prennent les devants. Ça va vite, mais j’essaye de suivre leur rythme pour profiter de courir en groupe. Je décroche rapidement. Le sol est irrégulier et il éviter les quelques trous ici ou là que nous percevons difficilement à cause de la pénombre.
Premier kilo en 4’11, second en 4’19, 4’24, 4,25, 4’29. Je les garde en ligne de mire, à ce rythme, je me sens bien, sans voir l’impression de trop piocher. Mais pour le moment, il n’est même pas 6h30, le soleil ne tape pas encore, la chaleur est supportable, même si, avec l’humidité, je dégouline déjà !
Il fait à peine jour, mais les chiens gardiens de leurs maison, sont déjà en pleine forme ! Rien de très rassurant pour nous, on nous a bien prévenu d’être prudent avec ça, d’autant plus que nous avons fait le choix de ne faire aucun vaccin. Un croc dans le mollet, et la rage nous pend au nez ! Et là, à chaque maison croisée, un chien nous court derrière ! On se défend comme on peut, en faisant les gros yeux et des « pchhhhhhhhtttt » pour tenter de les éloigner …
LA belle grimpette du parcours
6ème kilo, 4’38, 7ème, 4’44. Les gars sont maintenant loin devant, je me retrouve seule. On a assisté à un lever du soleil majestueux, quel bonheur ! J’ai profité du moment présent et n’ai pas perdu une miette de ce spectacle incroyable en photographiant les images dans ma tête. Je réalise qu’on est des gros veinards de pouvoir vivre ça … !
Le sol est souple sans être mou, un genre de terres rouges comme on voit beaucoup dans les pays d’Afrique. On a zigzagué entre les palmiers, les champs et les villages à peine réveillés. Les premiers spectateurs sortent de chez eux, pieds nus, avec les enfants dans les bras, pour nous applaudir. Trop sympas ! Puis le parcours nous fait quitter ce sentier large pour nous diriger vers un single qui s’enfonce en forêt : ça grimpe enfin !
ça fait du bien de changer de rythme et de fouler, et surtout de grimper un peu ! On accroche quelques ronces ici ou là, je fais attention de ne pas me prendre les pieds dans une racine au sol, c’est un peu la chantier ici ! Il faut parfois baisser la tête pour se faufiler entre la végétation, mais aucun problème en terme de balisage, on aperçoit des rubalises partout !
Avant de pénétrer dans cette forêt, je me suis faite doubler par deux gars, à l’allure fraiche et légère, impossible de les suivre. Je pense donc être 5ème. L’ascension se poursuit ensuite par une série d’escaliers (on nous avait annoncés 700 marches : les voilà !). En levant le tête, j’aperçois les gars devant. Je double l’un d’eux dans les marches et je me rapproche de Greg, juste quelques marches au dessus.
Premier ravitaillement : on s’hydrate bien !!
Je déteste les escaliers, mais j’essaye de les grimper régulièrement, sans m’énerver, les mains sur les cuisses. La chaleur commence à être de plus en plus pesante, et la petite brise ressentie au sommet de cette petite bosse soulage un peu. Bien contente d’en avoir terminé avec ces marches, je relance au sommet avant de m’engager dans le prochaine belle descente !
Quelques racines et pierres au sol, il faut quand même faire attention et ne pas trop lâcher les chevaux sans réfléchir … en bas, c’est le premier ravitaillement qui nous attend. Je prends soin de m’arroser, je bien boire et je remplir mon bidon pour être certaine de ne pas manquer avant le prochain. on a croisé les coureurs en sens inverse, et donc en pleine ascension, c’est chouette de revoir tout le monde !
On a passé le 10ème kilomètre, et le parcours alterne entre passages en single, traversées de villages où les pitchounes nous tendent les mains pour nous encourager, et où les femmes sont déjà en train de couper des légumes pour préparer le repas. C’est fou, on a l’impression que le village est animé comme en pleine journée alors qu’il n’est même pas 7h du matin !
On s’aperçoit que les cambodgiens nous accueillent avec enthousiasme, ça fait vraiment chaud au coeur. Je savoure ces instants, tout en essayant de garder du rythme dans ma foulée et tenir le 4’50 au kilo. Pour le moment, ça tient, je me sens bien, je profite de ces bonnes sensations entourées de toutes ces ondes positives !
Les retrouvailles avec Greg !
Lors des longues lignes droites (il y en a une quelques unes, pas forcément mes préférées ! ;))), j’aperçois Gregory au loin. Je vois qu’il a ralenti l’allure. Peut être un coup de moins bien ? Je le rattrape aux alentours du 20ème kilomètre, je prends de ses nouvelles, il me dit accuser le coup. Je l’encourage à surtout bien s’hydrater et à se forcer à manger aussi un peu (même si avec cette chaleur, l’envie n’est pas forcément là). Allez Greg, accroche toi !
On vient de passer au milieu d’une rizière, le sol n’était pas très stable, les allures ont inévitablement été ralenties, mais quel paysage !! J’adore ! Je relance pour me caler sur une moyenne de 12 à l’heure, mais le parcours en zigzag et faux plat ne permet de pas forcément de garder une régularité dans l’allure. Km21, 1h48. Bientôt 8h, le soleil devient de plus en plus gênant.
Je suis donc passée 3ème, Greg à mes trousses, et pour le moment, pas de nouvelles des écarts avec les autres féminines. Il faut dire que j’étais loin de penser à ça à ce moment là ! Cette course est tellement dépaysante et différente des autres, que tu la vis davantage en découverte qu’en mode compet, bien évidemment.
Et l’objectif aujourd’hui, c’est vraiment de profiter à fond de tout ce que la course va nous offrir sur son passage, plus que de penser à une performance. Même si, bien sûr, on n’a pas accroché un dossard pour faire une randonnée non plus.
Le moment où je commence à accuser le coup !
Aux alentours du 25/26ème kilomètre, j’aperçois quelques coureurs s’échauffer un peu partout, puis une masse de gens au loin. Ah mais oui, ça doit être le départ du 16km ici ! Je suis à moins de 2h10 de course, j’imagine que leur départ doit être donné à 8h30. Quelle ambiance au moment de les croiser !
Je reçois une vague d’acclamation, des applaudissements qui me donnent le sourire et la patate pour remettre un petit coup d’accélérateur le kilomètre suivant. Sauf que c’est à partir de ce moment que je commence à accuser le coup et à avoir l’impression de manquer de carburant …
la chaleur me tombe dessus comme un coup de massue, et je profite d’une traversée de rivière pour m’arroser de la tête aux pieds (ouais je sais, quand tu vois la couleur de l’eau, tu te demandes comment ça peut être possible, mais quand t’as besoin de refroidir la machine … tu prends ce que tu trouves !! ;))). Je double Christophe Le Saux, premier de l’Ultra-Trail, parti hier soir et en course depuis … Allez Chris !
Nous voilà repartis dans les singles au milieu des rizières et des forêts, je me sens vraiment pas au top, les allures sont vraiment devenues lentes. Je commence à avoir des maux de ventre et je me résous à programmer une pause buisson dès que possible. Hop, clignotant mis à 9km de l’arrivée, je ne pouvais plus attendre, c’était devenu urgent ! :))) Je repars un peu soulagée, mais toujours dans le dur. Je sens qu’il va falloir gérer pour terminer … !
La gestion d’une fin de course compliquée
J’ai mangé mes deux barres Isostar, j’avais pris un gel de secours au cas où, pensant ne pas en avoir besoin … mais je décide de le prendre en espérant que ça me redonne un coup de fouet. Bof, ça passe moyen. J’essaye d’oublier que je ne suis pas bien en profitant du décor de rêve qui s’offre à nous : les Temples ! Wouaaah c’est incroyable de courir au milieu de ces monuments chargés d’histoire !
Le dernier ravitaillement est placé au km36, juste après le passage d’un lac. Quelle surprise d’y retrouver Ludovic Collet ! Je ne savais pas qu’il était ici. Il m’encourage, au top, comme d’habitude, merci à lui ! Allez, dernière ligne droite. J’ai pris une banane, que je grignote en repartant tranquillement. Les coureurs du 16km commencent à me doubler comme des fusées, je crois que les deux premiers sont partis pour se tirer la bourre à l’arrivée … !
Je retrouve un peu d’énergie pour terminer. km40, allez, 2km ! Je regarde ma montre, km41, je ne reconnais pas l’arrivée, je sens qu’on va avoir le droit à une petite rallonge, je commence donc à m’y préparer … Enfin, j’aperçois la sortie de la forêt, et machinalement, je jette un oeil derrière : oh !! Leslie ! Voilà la 2ème féminine qui remonte à moins d’un kilomètre de l’arrivée. Je l’encourage et lui fais un signe amical (on se connaissait pour avoir couru Queen of the Jungle en Thailande en novembre 2016).
Une fois au même niveau, on avance dans la même foulée et je lui demande comment elle veut la jouer pour l’arrivée, qui est maintenant dans moins d’un kilomètre (500 mètres exactement, mais on ne le savait pas encore, et avec tout cela, on a même réussi à perdre la rubalise et a se tromper de chemin). On est sur la même longueur d’onde : terminer ensemble ira très bien avec la philosophie de l’épreuve et la manière donc on souhaitait la courir !
Il n’y aurait pas vraiment eu de sens à jouer le sprint pour déterminer une gagnante dans cette configuration. Nous étions toutes les deux venues pour le partage et la découverte, et terminer main dans la main est du coup, une belle symbolique, qui marquera encore plus cette aventure cambodgienne !
Nous franchissons la ligne d’arrivée en 3h42, avec le sourire, et ravie de partager ce bon moment ! J’arrête le chrono à 42km pile à ma Suunto, qui affiche également un dénivelé positif de 522 mètres. Il est presque 10h et la chaleur est étouffante. La boisson fruitée à l’arrivée est salvatrice, tout comme le massage asiatique effectué par deux gentilles cambodgiennes très compétentes.
L’après-course : la récupération !
J’attends Greg avec un peu d’inquiétude après mon arrivée, en espérant qu’il ne lui soit rien arrivé. Il arrive finalement en plus de 5h, pas très frais avec le visage bien palot. Le pauvre, il a dû s’accrocher pour terminer tant bien que mal. Bravo à lui d’avoir pu franchir la ligne dans ces conditions ! On applaudit également les arrivants des autres épreuves, avant les cérémonies officielles effectuées vers midi.
Après les podiums, retour à l’hôtel avec les célèbres Tuk-Tuk ! Le reste de la journée ne sera pas très productive tant le soleil nous a tapés sur la tête toute la matinée. Repos, piscine, apéro, … on se fait plaisir ! On a bien l’intention de profiter des deux journées qui nous restent dans ce magnifique pays.
La soirée (un peu plus arrosée que les précédentes : on avait des choses à fêter non ? ;)) se prolonge avec l’équipe des français, et on découvre le célèbre quartier animée de pub street !!
Un bon restau, quelques pas de danse dans un bar très sympa de ce quartier un peu décalé (genre, on a l’impression d’une ambiance fête foraine : musique forte partout, les gens qui dansent et boivent dans les rues …), mais à 1h du mat, plus raisonnables que jamais : au dodo !
Le corps est une belle machine, mais quand on la pousse un peu trop … elle déraye ! Je sens qu’on arrive à nos limites là quand même ….
Dimanche 21 janvier : visite de la fabrication de la soie
Encore une nuit, pas du tout réparatrice … l’après-course, la chaleur de la veille, le décalage horaire … peu d’heures à dormir, mais il faut se lever, on a rdv avec nos chauffeur de tuk-tuk pour visiter une fabrique artisanale de ver à soie ! Estelle, Matthieu, et toute la famille Lefebvre font route avec nous.
On matinée très riche d’enseignements, et culturellement très instructive. Impressionnant de constater comme la fabrication de la soie peut être minutieuse et fastidieuse là bas … chapeau bas ! On comprend mieux pourquoi on paye si cher ces vêtements si précieux ….
Journée bien remplie puisque nous enchaînons sur la visite des temples que nous avons ratée à cause du retard de notre avion, pour finir par un footing de récupération en nocturne avant l’apéro ! On abuse un peu : glace en fin de journée (on nous avait pourtant dit d’éviter, l’eau de là bas n’est pas tolérée par nos organismes d’occidentaux), salade à midi, salade le soir, re-glace le soir ….
Demain, c’est le jour du départ, mais on a encore une matinée bien remplie qui nous attend au village flottant de Tonlé Sap, au nord de Siem Reap.
Lundi 22 janvier : bonjour la tourista !
Je me réveille au plus mal après avoir passé une nuit cauchemardesque sans dormir. Nausées, maux de ventre terribles, fièvre, j’ai du mal à garder la position verticale … voilà, une bonne tourista comme redoutée par tous, j’y ai droit ! Je me vide, c’est affreux. Je me force quand même à avaler quelque chose au petit déjeuner et fais l’effort d’accompagner Greg pour cette dernière excursion au Lac de Tonlé Sap.
Difficile pour moi d’en profiter tant je me sens mal, mais j’essaye de ne pas gâcher la visite de Greg. Quel endroit hors du commun ! Un village entier sur l’eau, c’est fou ! On offre un sac de riz de 30kg aux enfants de l’école, ce qui nous permet de débarquer pour aller les rencontrer. 10h, ils s’apprêtent à se mettre à table à la cantine …
Toutes ces odeurs sont insupportables pour moi dans cet état, j’ai envie de vomir ! Mais quel spectacle incroyable ! Aucun regret d’être venus découvrir ce village aussi contrastant avec ce que l’on trouve chez nous. Ces enfants si beaux et heureux alors qu’ils vivent avec très peu de moyens, c’est un très bel exemple que l’on devrait mettre en avant dans nos écoles pour sensibiliser les plus jeunes.
Je m’allonge pendant plus de 2h en rentrant l’hôtel, incapable de manger ni de faire quoi que ce soit. Pourtant, il va bien falloir se bouger pour refaire les valises et se diriger vers l’aéroport : on a notre vol pour Paris à 19h50, avec une escale à Hanoï aux alentours de 23h30.
Je vous laisse imaginer les dégâts du vol retour avec l’estomac dans cet état … un véritable enfer qui s’est poursuivi jusqu’à la fin de journée, le temps du train pour faire Paris-Nîmes, puis du car Nimes-Uzès … ! :(((
Finalement bien contente d’arriver à la maison, retrouver toute la petite famille à qui j’ai hâte de raconter tout ça, je m’endors sans aucun problème avec tout plein de merveilleux souvenirs en tête ! Le ventre va mettre plusieurs jours pour s’en remettre, la fatigue générale se sera bien installée, mais j’ai eu la chance de vivre une sacrée belle aventure à l’autre bout du monde.
Un énorme merci à Jean-Claude, Julien, Greg (avec qui j’ai partagé ce beau périple), Asics, et toutes les belles personnes croisées sur place qui auront égayé ce séjour et amplifié les émotions vécues sur place ! Vive le sport, qui nous permet de vivre des choses aussi belles et intenses.
Sylvaine CUSSOT
Infos et résultats Ultra-Trail Angkor : ULTRA-TRAIL ANGKOR