Il est des courses où je me rends en version solo, et d’autres que je partage avec le groupe de course à pied dont j’ai la charge sur l’Université Paul Sabatier de Toulouse.
Ce WE des Templiers version Hivernale était de ceux là ! Nous étions une bonne vingtaine d’étudiants et d’amis toulousains à prendre le départ de l’une des épreuves de l’Hivernale. ça demande un peu d’organisation mais j’aime ça, partager et faire découvrir ce monde tellement intéressant du trail !
En ce petit matin gelé et bien sombre, nous étions 4 à nous tasser dans la voiture de nos valeureux accompagnants, Brunilde et Alexis, qui avaient bien voulu se lever aux aurores pour nous accompagner jusqu’au départ… La température baisse au fur et à mesure de notre montée sur le plateau…
-7°C sur le parking de la Couvertoirade (sans compter sur le vent qui va bien souffler en début de parcours)… Je déteste ça mais j’ai déjà été confrontée à ces conditions un peu rudes en ski de fond et au départ de diverses Saintélyon, donc en version méthode Coué, je me répète depuis une semaine que je sais le faire et que j’ai pris les bonnes options au niveau vestimentaire !
Le speaker tarde un peu à nous laisser partir, c’est clair que faire la holà ou attendre la bonne musique à ce moment, c’est pas vraiment des plus indispensables… mais le peloton se plie aux ordres et s’élance enfin dans les belles rues pavées et verglacées de la cité templière ! Pas de risque au départ, ce n’est pas le moment des glissades artistiques !
Je me retrouve derrière Sandra Martin pendant quelques kilomètres, mais elle va rapidement disparaître dans la nuit ! On ne se recroisera qu’autour du podium ! La première portion du circuit est bien conforme au profil : 300 m de déniv positif pour 23 km, c’est bien plat ! Il faut donc courir quasiment tout le temps !
Finalement les entraînements au bord du Canal du Midi, ça a du bon aussi ! Avec mes deux vestes, mon collant long et mes gros gants en polaire, je ne souffre pas du froid… Je me force à boire un peu et à ouvrir avec les dents une gourde de compote… Ne pas se faire avoir sur ce point là, c’est primordial.
Le premier ravito est le bienvenu même si c’est en version express, pire que d’hab je crois ! Un bout de banane, une gorgée de thé chaud, une espèce de sourire crispée pour Brunilde en mode photographe sportive, la frontale pour Alexis et ça repart. On attaque la vraie première bosse en sortie de ravito, on aurait presque chaud ! Je quitte ma 2e veste en espérant ne pas regretter ce geste !
Je partage la montée avec Maud Respaud en papotant un peu, c’est une adversaire rapide sur des formats plus courts et qui s’essaie aujourd’hui sur du long… Comment la course va-t’elle tourner ? Je ne sais pas trop !!! Mais dans tous les cas, je décide de ne pas produire un gros effort maintenant, je vais rester dans ses traces… L’écart entre nous va plus ou moins fluctuer suivant nos arrêts au stand, nos points forts ou nos faiblesses mais dans tous les cas, sa crinière blonde va bien me servir de repère et de point de mire !
La deuxième portion entre le 23e et le 51e est un peu plus technique avec de belles bosses et des descentes rendues bien glissantes par le gel mais ça me va bien et les kilomètres défilent sans trop de lourdeur ! Et puis la neige et le givre embellissent les paysages, mêmes les longues portions de piste passent sans que je renâcle trop !
Juste avant le dernier ravito, je recolle Maud, on échange quelques mots, j’engloutis un bout de banane et je repars avant elle et je me dis que c’est là qu’il faut que je joue ma carte de traileuse au long court !! Alors sur la montée suivante, je me sens bien et je maintiens un bon rythme sans me retourner ! Les différents parcours se sont rejoints et je double quantité de monde !
C’est à la fois stressant de toujours devoir se faire une place, de s’excuser pour doubler mais en même temps c’est assez motivant et boostant ! Jamais on ne dépasse autant de monde en temps normal !! Je retrouve Hugo qui subit le travail de sape du froid depuis pas mal de temps et qui va finir tant bien que mal, dommage pour lui, il n’est vraiment pas à sa place dans ce classement…
Les sentiers sont verglacés et bien que recouverte de terre et de feuilles, la glace reste un adversaire à aborder avec prudence ! Dans les descentes, pas mal de concurrents assurent vraiment leurs pas et prennent leur temps !! alors un coup à droite, un coup à gauche, je trace ma route un peu plus rapide, évidemment même si je ne joue pas les « fangios », je n’évite pas quelques bonnes gamelles de temps en temps !!
Je ne vois plus Maud dans mon rétroviseur mais je n’ai aucune idée de l’avance que j’ai pu creuser… alors dans le dernier village traversé, je suis un peu stressée ! En plus, Brunilde et Alexis m’annoncent qu’il reste au moins encore 5 km alors que mon compteur est déjà passé au 59e… Bof, bof, bof… j’entame la dernière remontée sur Roquefort, un peu speed, un peu pressée dans finir mais sans coup de mou physique… et puis je reçois un petit texto rassurant de Brunilde qui m’annonce que j’ai de la marge sur Maud et que par contre la 3e n’est vraiment pas loin du tout !
Effectivement, en levant la tête, dans un lacet, je reconnais le sac à dos et la silhouette d’Irène Guembe-Ibanez. Tiens, tiens, c’est pas mal comme situation… sans m’énerver je remonte à sa hauteur et la double. Je me dis que c’est tout bon, qu’elle n’a pas montré de supers qualités de descendeuse auparavant et que le terrain joue peut-être en ma faveur… et bien quelle erreur de jugement !
Certainement piquée au vif, elle me redouble aussi sec et entame un super sprint final ! Je fais l’effort mais impossible de m’accrocher et de slalomer sans danger pour moi et les autres concurrents ! Elle va finir avec 2’ d’avance.
Je finis donc 4e en 7h31, j’avais prévu un temps de 7h30 mais sans compter les quelques kilomètres de rab par rapport à l’annonce officielle… C’était une belle bataille sur toute la course, j’ai trouvé vraiment que les kilomètres défilaient à bon rythme et j’étais ravie de ce dernier dossard 2017 partagé avec mes étudiants et mes amis.
Place maintenant à une petite période de « régénération » pour aborder 2018 avec plein d’objectifs en tête !
Par Maria Semerjian / Photos : Brunilde Girardet
Les résultats de l’Hivernale des Templiers : 62km
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