Il y a des courses que tu coches, que tu termines, et où tu ne reviens pas forcément. Parce que voilà : « celle là, elle est faite ! » Mais d’autres, que tu ne peux pas t’empêcher de recocher chaque année, parce qu’elles te laissent des souvenirs impérissables …
… et que tu sens que t’as besoin d’y retourner, parce que t’as encore des choses à te prouver. La Saintélyon fait partie de ces dernières.
Ma 5ème participation en 5 ans
Ma première participation était en 2013. Depuis, je n’ai raté aucune édition. Et chacune d’elle m’a apportée son lot de moments forts, de rebondissements, de difficultés … bref, des émotions que tu ne peux qu’avoir envie de retrouver !
Cette année sera donc ma 5ème participation à la Saintélyon. Forcément à chaque fois, l’envie de faire mieux, de ne pas reproduire les erreurs passées, de tirer profit des expériences précédentes pour s’améliorer. Jusqu’à maintenant, j’ai toujours eu la chance d’accrocher un top 5 à l’arrivée : 3ème en 2013, 2ème en 2014, 5ème en 2015, 2ème en 2016. Mais chaque année, les sensations sont différentes et l’état de forme n’est jamais le même.
C’est un avantage certain de connaître l’épreuve, mais c’est aussi un piège, parce qu’on a tout à fait conscience des difficultés que nous allons rencontrer et des souffrances que nous allons endurer. Et ça peut faire peur !
D’autant plus quand les conditions s’annoncent extrêmes comme très souvent à cette époque de l’année. Pour cette 64ème, on nous promet une Saintélyon digne de ce nom … bien blanche, bien fraîche et bien verglacée : MIAM !!
Une préparation sans accroc
La Saintélyon, c’est LA dernière grosse de l’année, celle où on laisse ses dernières cartouches … c’est malgré tout bien préparée que j’avais envie de m’y présenter cette année. Mais la saison a été bien remplie avec une vingtaine de dossards ici ou là, et forcément après autant de kilomètres parcourus cette année, difficile de parier sur une forme des grands jours !
Parmi les derniers dossards pris en fin d’année : les Templiers, que j’ai terminé avec une cuisse bien amochée, et le Sainté Trail Urbain, 2 semaines avant la Saintélyon. Une découverte pour nous, qui nous a permis de bien nous tester sur un parcours urbain et roulant ! 30,5km/1000mD+ : une belle visite de Saint-Étienne, à la fraîche, et le plaisir de l’emporter chez les féminines, après 2h37 de régalade !
S’aligner sur une épreuve comme le Sainté Trail Urbain, juste deux semaines avant la Saintélyon, était une prise de risque. Mais en soignant la récupération derrière, ça pouvait aussi beaucoup nous apporter ! Donc on l’a tenté. Sans regret, ne serait-ce que pour la découverte de l’évènement.
C’est finalement plutôt en forme que je suis arrivée à Lyon ce week-end du 2/3 décembre. Sans blessures ni virus, et avec l’envie : que demander de plus ? ;))
Les éternelles hésitations d’avant-course
On a beau connaître l’épreuve, on se pose toujours les mêmes questions avant de s’élancer. À quelle heure prendre le dernier repas ? Est-ce que je ne devrais pas rajouter une couche de vêtements supplémentaire ? 2 ou 3 frontales ? Forcément, avec un départ à minuit et des températures qui vont avoisiner les -10 degrés sur le plateau, y’a de quoi réfléchir à la logistique.
Autre élément à prendre en compte cette année : l’épaisseur de neige qui a recouvert les sentiers et qui a dû se transformer en glace sur certaines portions du parcours. Donc le choix des chaussures est primordial et dans tous les cas, les modèles running sont à proscrire. Certains ont choisi d’enfiler des chaines, pourquoi pas … mais perso, j’ai peur que courir avec ce genre de choses sur les portions de route soit pénalisant.
Des questionnements qui reviennent forcément dans les discussions samedi après-midi dans la Hall Tony Garnier. Mais pas le temps de trop tergiverser, je suis bien occupée avec l’équipe d’Alabama Production par notre intervention pour E-MOTION TRAIL. Un chouette moment de partage avec Philippe Propage, Aurélia Truel et Tony Moulai. Merci à eux ! (Live à revoir ici >> E-motion Trail Live by i-run).
Quand faut y aller … !
Après avoir réussi à fermer les yeux une heure de 18h30 à 19h30, on avale un tupper de riz/sardines avec Manu. Ça passe moyen. On fait léger, ce n’est pas ce repas qui nous donnera l’énergie pour aller au bout. Une banane, un yaourt au soja et basta ! Notre super équipe d’assistance nous attend pour le débrief d’avant-course. Une longue nuit n’annonce aussi pour eux …
Je sais Ô combien cette course est éprouvante pour les assistants aussi ….nous avons de la chance de les avoir tous à nos côtés ! Ma famille est venue en nombre : mon cher Papa, ma belle maman Lætitia, ma sœur Anna et mon frère Louis, qui va gérer mon assistance avec Ali, un ami. Sans aucun doute, une force supplémentaire pour aller au bout et se donner à fond ! Laurent et Thomas nous suivront aussi pour réaliser une vidéo de la course.
22h45, on prend tranquillement la direction du départ, sur les Allés Jean-Jaurès, face au parc des expos de Saint-Étienne. Je sens Manu hyper stressé … il a troqué son short habituel contre un pantalon. Pour ma part, j’ai opté pour la tenue « couverture totale » ! 4 épaisseurs en haut (tee-shirt manches courtes respirant, haut manches longues thermique, veste coupe-vent sans manches et veste légère à capuche Gore-Tex), bonnet, buff autour du cou, collant et bas de compression Sigvaris, gants. En chaussures, je garde les favorites : les Fuji Lyte.
En effet, on se gèèèèèèèèèle !!!! Et ça nous motive à sauter sur place sans s’arrêter pour se réchauffer. Une très longue file de coureurs est rangée devant la ligne de départ. Les élites sont chanceux : ils peuvent arriver au dernier moment et s’échauffer sur la ligne droite qui fait face au départ. L’occasion d’échanger quelques mots avec Juliette, Caroline, Jérémy, … tout le monde est bien emmitouflé, prêts à affronter les pires conditions qui nous attendent.
23h25, le dernier pipi entre deux voitures (oui bah, on fait comme on peut !!). 23h28, un journaliste nous tend le micro pour quelques mots avec Manu. 23h29, le dernier « bisou, bonne course, régale toi, sois prudent(e), je t’aime ». 23h30, ça y’est, c’est reparti pour une longue nuit de folie !
Saint-Étienne-Saint Christo (16km, 500mD+) : pas de panique !
On le sait, les départs de Saintélyon sont toujours rapides ! Pour durer, il faut temporiser et ne pas se laisser emporter par la vague de coureurs « trop pressés » ! En partant en première ligne, je sais que je vais me faire doubler par un paquet de coureurs (d’autant que les relais partent avec nous). Donc, surtout, il ne faut pas s’en préoccuper et faire SA course.
Je me cale donc à un rythme régulier, qui me va bien. Je suis loin d’être lente sur cette première partie de course, mais je me force à rester en « aisance ». Premier kilo en 4’16, 2ème en 4’23, 3ème en 4’32, 4ème en 4’31, 5ème en 4’26 … de la route, du relativement plat, on se concentre sur son souffle, sa foulée et la gestion du froid.
La première bosse démarre aux alentours du km8, moment où j’allume ma frontale pour entrer dans la nuit (je l’avais laissée éteinte avant pour économiser la batterie !). 36 minutes de course, les premières sensations sont plutôt bonnes et pour le moment, ce froid tant redouté se gère bien.
J’ai vu un paquet de féminines partir devant, mais je n’ai aucune, mais vraiment aucune idée du nombre de filles devant. Aline Coquard reste dans mon viseur un moment. Puis disparaît. Je reste vigilante sur mes appuis, ce sol glacé n’est pas super rassurant. Je prends le temps de savourer ces images dans la montée en tournant la tête derrière : un longue chenille de frontales qui serpentent tranquillement. Magique !
J’aperçois les lumières de Saint-Christo en Jarez, déjà le premier ravitaillement. Que je passe en 1h21’56. Laurent et Ali sont bien là, ils m’attendent et assurent chez des chefs à l’assistance. Je prends des nouvelles de Manu, on me répond « oui, oui, ça va ! » Par contre, pas d’infos sur mon classement et les écarts. J’aurais bien aimé pouvoir me situer … je ne le savais pas, mais je pointe ici 11ème féminine, à 6 minutes du podium.
Saint-Christo-Sainte Catherine (28km, 850D+) : ça se précise
Rien ne sert de s’affoler encore ici ! À peine 1h30 de course, la route est encore longue. Même sans info, je me doute que je suis loin dans le classement, mais je me connais aussi, je sais que mes mises en route sont toujours un peu longues. Les sensations ne sont pas mauvaises, mais j’ai le sentiment d’être bridée dans mes allures. Un peu lourde, impossible d’aller plus vite. La digestion peut être ?
D’autant qu’avec la prise de vitesse, on prend des risques de glissades et je préfère encore temporiser et attendre Sainte Catherine pour prendre des décisions « stratégiques ». J’essaye de me forcer à boire, et à manger une barre. Elle est gelée forcément, mais je la laisse fondre dans la bouche. Ça passe ! Le peloton est étonnement silencieux, chacun se concentre sur ses appuis. Je joue avec ma frontale Petzl Nao +, et alterne le mode « plein phare » et « réactiv ».
Difficile de différencier les relais des coureurs solos (les dossards ne sont pas toujours visibles), mais j’ai reconnu Céline Carrez (avec qui j’avais déjà couru au Trail de Vouglans et qui avait terminé 5ème sur la Saintélyon 2016) que j’encourage en doublant. Elle m’envoie un sympathique mot d’encouragement aussi. Je crois avoir doubler une autre féminine mais que je ne reconnais pas.
Lorsque j’arrive à Sainte-Catherine, le temps m’a paru vraiment court !! C’est plutôt bon signe je crois … 2h36 de course, je suis dans mes temps prévisionnels, que j’avais revu à la baisse avec ce terrain enneigé et instable. Mon frère Louis et Ali sont là, ils n’oublient rien : nouvelle frontale, bidon, barre …. « Go Sissi ! ». Top ! Merci Louis et Ali !
J’essaye d’avoir des infos, il est dans le flou mais m’annonce 8/9ème. Ah ouais quand même !!!! Je m’imaginais loin, mais j’avoue, pas tant que ça … Je n’ai pas eu l’impression de me trainer … han, ça doit aller vite devant ! Je prends un petit coup au moral en me demandant si j’arriverais à remonter. Je doute. Puis je repense à l’an dernier. j’étais passée loin aussi ici.
Je me remobilise et reprends confiance. Lætitia me lance un « ton papa est fatigué et frigorifié, il est à la voiture, mais il pense à toi et t’aime fort ! » Allez Sissi, t’es obligée de te battre aujourd’hui …
Sainte-Catherine – Saint Genou (41,5km, 1270mD+) : les cascades
Pas d’assistance au prochain ravitaillement, cette portion est, en général, stratégique pour moi. C’est souvent le moment où je commence à me « refaire la cerise » et à remonter tranquillement. Cette année, mon estomac me laisse tranquille, et je n’ai pas de problèmes gastriques. Tant mieux ! Pourvu que ça dure !
Je sais qu’on a encore quelques grosses difficultés à gérer avant d’entamer le profil plutôt descendant. Mais la plus grosse difficulté à gérer lors de cette portion, ça va être ce sol verglacé. Qui aura été la cause de nombreuses chutes. Jusqu’au point culminant situé au « Signal » à 933m d’altitude, on peut gérer en prenant la neige sur le côté des sentiers. Et encore … je manque de m’étaler quand même plusieurs fois, ça refroidit mes ardeurs !
Ça souffle fort sur les hauteurs et le vent glacial me fige le visage. Je ne sens plus mon menton et ma bouche, j’ai du mal à boire au bidon sans me mordre les lèvres. J’ai également perdu ma main droite, alors que la gauche est brulante ! Va comprendre … il ne faut pas y penser et rester focus sur le sentier, la foulée. Avancer, avancer …
Mine de rien, je double pas mal de gars et je me rends compte que je suis en train d’entamer une petite remontée. Mais ai-je doublé des féminines ? Aucune idée ! La bosse de 3km qui mène au Signal passe bien. À l’approche du sommet, j’aperçois Erik Balmont, remonté comme une pendule ! Il me prévient : « y’a Manu là haut, il a arrêté. » Oh non ! Mince … en effet, je le retrouve là haut, il me rassure, m’explique qu’il avait des pbs gastriques, et m’encourage. « Allez Sissi, t’es 6ème ! »
Triste de savoir Manu arrêté, je repars en me disant que je n’ai plus le choix, il faut assurer pour deux. Bon, au moins, si Manu dit vrai, j’ai enfin des infos sur ma position !! Ça ma rassure et réaliser que j’ai bien doublé quelques filles, mais je prends quand même cette info avec des pincettes.
La descente qui suit est fatale ! Horriblement glissante ! Je prends trois belles gamelles, dont une douloureuse sur les fesses, qui m’a faite partir en grand-écart, provoquant un genre d’élongation entre les jambes ! Aie ! Je repars en espérant ne pas être trop gênée par cette douleur par la suite … j’ai mal, mais le froid anesthésie les douleurs, je ne sens plus rien. Une légère pointe gênante, mais qui ne me fera pas mettre le cligno en tout cas.
Jusqu’à Saint Genou, j’avoue être un peu blasée par cette nécessaire prise de risque provoquée par le verglas. J’ai été obligée de marcher dans la descente et de clairement ralentir l’allure. Du temps perdu. Et à ce niveau de la course, ce temps est précieux ! C’est d’autant plus frustrant que j’ai les jambes en forme pour allonger .. ! Mais que dans ces conditions, c’est impossible ! J’arrive au ravitaillement de Saint-Genou en 4h de course. 6ème féminine, à 14′ de la 3ème (mais je ne le savais pas).
Saint-Genou – Soucieu-en-Jarrest (52,3km, 1520mD+) : la remontée
Très peu de temps perdu au ravitaillement, je n’ai quai rien bu depuis Sainte-Catherine ! Je prends quand même le temps de remplir mon bidon et repars aussi sec ! Pas d’assistance ici, la zone n’est pas accessible. Je me sens bien et essaye d’allonger la foulée dès que le sol le permet.
Le plus gros du dénivelé positif a été fait ici, mais le parcours est tout de même bien cassant. Je bois bien, je m’alimente quand je le peux pour éviter d’être prise d’un coup de mou. Je commence à avoir une sérieuse envie de pipi à force de boire et à rien transpirer !! Sauf que je ne connaissant pas les écarts, je n’ai pas envie de perdre de temps avec une pause pipi, donc je décide de temporiser jusqu’à Soucieu.
Pas mal de route ici, j’allonge, j’allonge, je double des coureurs, mais je n’aperçois pas de filles. Ces 11 prochaines kilomètres passent vite, j’atteins le ravitaillement de Soucieu en 5h. Les gars sont là, je fais un arrêt express : changement de frontale, bidon, barre. Ça va vite, mais je sais que devant, elles ne sont pas loin. Donc pour se donner une chance de recoller, je vais devoir oublier ma pause pipi !!
Je traverse le gymnase à toute allure, et repars dans la nuit sans réfléchir : il reste 20 kilomètres ! (je ne le savais pas, mais j’étais 5ème, à 7 minutes du podium).
Soucieu- Chaponost (62km/1700mD+) : l’incertitude
À ce moment de la course, tout est un peu flou dans ma tête. Qui est devant ? Est ce que je suis loin ? Ai-je une chance de recoller pour accrocher un top 3 ? Je gamberge et commence à ressentir cette douleur déclenchée lors de ma chute. La forme est là, je parviens cependant à garder un bon rythme. Je me crois donc toujours aux alentours de la 6ème place.
Le sol est moins glissant et permet d’avancer un peu plus sereinement, c’est déjà ça ! Je réalise à ce moment là que les bénévoles sont bien plus courageux que nous … certains sont positionnés en plein vent et doivent supporter un froid glacial. Et pourtant, ils sont souriants et nous encouragent chaleureusement : chapeau à tous !! Sans parler des nombreux spectateurs, bien motivés aussi d’être debout à cette heure ci pour nous supporter : MERCI !!
Finalement, à force de cogiter à ceci, à cela, les kilomètres défilent vite et j’arrive au dernier ravito sans même m’en rendre compte ! KM 62, nous voilà donc dans la dernière ligne droite cette fois. Laurent Brière est là avec la caméra, Louis, fidèle au poste aussi avec mon sac d’assistance ! Ils sont au taquet, j’y comprends plus rien, ils m’annoncent 3ème alors que je n’ai pas vu de filles jusqu’ici. Des abandons ? Par contre, en repartant de la salle que j’ai encore une fois, traversée à bloc, j’ai doublé Alexandra Louison.
Alexandra est accompagnée de son fan club ! Impressionnant !! J’entends « allez Alex ! » Pendant de longues minutes, avant de m’enfoncer rapidement dans la nuit noire. Je m’échappe dans réfléchir le plus vite possible, sans regarder derrière et en serrant les dents. 10 bornes Sissi, 10 ! Faut plus rien lâcher ! J’ai aperçu Papa et Lætitia, mais tout est allé très vite à Chaponost … hâte de les retrouver à l’arrivée !
Cap vers la Hall Tony Garnier de Lyon pour l’arrivée !
Cette fin de course, je la connais par cœur. Je sais qu’elle est longue, qu’elle fait mal et qu’elle peut encore faire la différence … jusqu’à la ligne, rien n’est joué et mes dernières Saintélyon me l’ont bien prouvée ! Alors je repars de Chaponost déterminée à tenir jusqu’à l’arrivée.
Je me retourne, je ne vois plus Alexandra. Ouf ! À peine quelques minutes après la sortie du ravito, j’aperçois Aline Coquard au coude à coude avec une autre féminine. Je m’en rapproche assez vite et me retrouve à leurs talons. Impossible de savoir qui est cette féminine avec Aline. Mais si je suis 3, ce sont les deux premières ? Mais non impossible, y’a Juliette et Caro aussi devant ? Ils se sont trompés sur mon classement ou quoi ?? Je n’y comprends plus rien !
Bref, je ne les lâche pas et reste au contact, juste derrière. En me faisant discrète. Et je commence à décompter les kilomètres. 9, 8, 7, 6 … j’ai mal partout, j’ai cette envie de faire pipi qui devient de plus en plus gênante, mais je serre les dents et reste focus sur ces deux féminines devant. Aux alentours du 67/68 ème kilo, juste avant la montée de l’aqueduc, j’aperçois Manu et Ali. Je passe à côté de Manu, il ne me voit pas. Je l’entends dire « elle est passée Sissi ? » Alors je lui lance : « je suis là mon chéri !! »
Ahah, j’aurais mieux fait de me taire … du coup Manu crie « allez Sissi !!!! Allez !! » Aline, alors 3ème, à 3 mètres devant l’entend. Elle se rend donc compte que je suis à ses trousses, et réalise que le podium va probablement se jouer entre nous 2. Elle entame alors une impressionnante accélération qui me met un sacré coup au moral … je perds tout espoir de la raccrocher, mais j’essaye de rester au contact de l’autre féminine, en pensant avoir affaire à une coureuse du 72 solo.
Je finis même pas la doubler, mais entre temps, un spectateur m’annonce 5ème. Pffffff quel bazar cette année, impossible d’être fixée sur un classement et de réussir à se situer dans la course. Bon, on verra bien à l’arrivée. Je passe devant le panneau « arrivée dans 3 kilomètres. » Ne pensant plus avoir d’espoir de recoller Aline, j’avoue avoir repris un rythme plus « tranquille », même si j’essaye de ne pas m’endormir. Ma jambe me fait mal, j’ai du mal à « allonger » correctement pour accélérer. Et cette furieuse envie de pipi …. j’en peux plus !!!!
Mais soudain, un coureur qui me double, m’alerte : « fais gaffe, t’as une féminine à moins de 30 secondes ! » Ah non !! non, non !! Y’a pas moyen que je me fasse doubler ici ! Ça doit être Alexandra Louison j’imagine … elle a dû retrouver un second souffle, ça n’arrange pas vraiment mes affaires ça ! Je n’ai aucunement envie de batailler plus que ça et encore moins de devoir me faire un coude à coude à l’arrivée … mais pas le choix, il va falloir se faire violence ces 2/3 derniers kilomètres.
Alors je passe la seconde et me voilà à essayer d’appuyer appuyer pour ne pas me faire doubler. Je ne regarde pas derrière, je fonce vers l’avant le plus vite possible. Je dévale les escaliers qui nous mènent sur les quais de Saône, deux par deux. Sur le quai Jean Jacques Rousseau, plus que 2 kilomètres. Descente sur le bord de l’eau, remontée par un escalier en colimaçon, j’ose jeter un oeil en arrière, je ne vois pas Alexandra, ouf !
Traversée du pont, on contourne le musée des Confluences, puis nous voilà sur le dernier pont Raymond Barre. Que ça me paraît long !! Je ne lâcherai rien jusqu’à l’arrivée, mais j’en peux plus ! Je n’ai pas regardé ma montre depuis un moment, je ne sais même pas où j’en suis niveau chrono.
Laurent Brière arrive à mon niveau, il tente de me suivre avec la caméra, mais j’ai l’impression qu’il galère un peu le pauvre. Il me lance : « hey, tu vas trop vite Sissi !! » Mais il croit quand même pas que je vais risquer de perdre une place pour lui permettre de sauver les images d’arrivée ??? ;))) Pas le temps de lui expliquer maintenant, je lui donnerai les détails une fois la ligne franchie.
On tourne entre les barrières, puis enfin, le dernier virage avant d’entrer dans cette tant attendue Hall Tony Garnier ! J’entends le speaker, Ludovic Collet annoncer mon arrivée. Je ne sais toujours pas quelle est ma place … mais j’aurais réussi à la sauver en ne me faisant pas rattraper, c’est déjà ça ! :))) Tout est allé très vite sur cette fin de course, à peine de temps de réaliser que ce dernier virage à gauche me mène sous l’arche d’arrivée, que je franchis donc en 6h59’16.
Je retrouve deux féminines qui viennent d’arriver, j’apprends assez vite que ce sont les 2 et 3ème (Jennifer Lemoine et Aline Coquard), et qu’elles étaient vraiment très proches … Caroline Chaverot étant arrivée en tête, il y a une vingtaine de minutes déjà. Logique !! Alexandra Louison arrive un poil plus d’une minute après moi. En effet, il n’aurait pas suffit de grand chose pour qu’elle me double !
Incroyable de retrouver un classement féminin aussi serré sur une course aussi longue quand même … forcément, c’est rageant de se savoir si près de la 2ème place, mais je ressens aucune déception. Un top 5 sur cette dernière de l’année après une saison aussi remplie, et avec un plateau aussi relevé au départ, ça me satisfait largement !
On annonçait un parcours plus roulant, mais je me retrouve à l’arrivée avec plus long que l’an dernier : 73,5km, 2100mD+, sur un sol plus glissant et enneigé. 4ème féminine, 76ème au scratch sur 7000 au départ, aucune raison d’être déçue ! C’est pour Manu que je suis triste, qui n’aura pas franchi l’arrivée de cette Saintélyon 2017.
Il me reste à profiter d’une bonne douche et d’un bon repas en famille avant les podiums. Et remercier encore mille fois nos supporters du jour, qui ont contribué pour beaucoup à cette 4ème place !
Par Sylvaine CUSSOT
Les résultats de cette Saintélyon 2017 >> RÉSULTATS SAINTÉLYON
Et encore un énorme merci à Laurent Brière pour cette superbe vidéo souvenir et le clin d’oeil à mon papa :
DaddyPower – SaintéLyon 2017 from Laurent BRIERE – BEtrainedProd. on Vimeo.