Après une année 2016 stoppée par une blessure, Christelle Daunay s’est relancée pour une nouvelle préparation sur un marathon qui lui a réussie par le passé. A quelques jours du départ nous avons pris des nouvelles de la recordwoman de France de la discipline.
Après ta blessure et ton forfait aux Jeux Olympiques, tu as fait le choix de te séparer de ton entraîneur Cédric Thomas pour évoluer en solo. Le besoin d’un renouveau ?
J’ai souhaité une rupture totale pour rebondir et repenser la manière de m’entrainer. Après 13 préparations marathon communes, il y a forcément une certaine lassitude qui s’installe …
Une préparation marathon reste bien évidemment similaire dans les grandes lignes. Mais l’idée était de l’aborder avec de nouvelles méthodes et en prenant en compte des qualités physiques qui évoluent inévitablement avec l’âge.
Début 2017, tu t’es relancée de belle manière avec le titre aux France de Cross puis quelques sorties en compétition. Comment as-tu vécue cette reprise ?
Après la blessure, j’avais besoin de temps pour revenir, reprendre les bases et regagner de la vitesse. J’ai fait une parenthèse cross avec les France, même si j’évite cette discipline pour ne pas risquer la blessure.
J’ai ensuite préparé un 10 km et un semi-marathon, mais les essais n’ont pas été concluants (semi-marathon à Lisbonne en 1h12 et un 10 Km à Manchester en 33’06 notamment). D’habitude, j’arrive toujours à valider ma forme en course. Je suis une compétitrice avant tout et je parviens à me dépasser, mais là, ça n’a pas fonctionné.
Ma dernière sortie m’a convaincue qu’il était temps de faire une coupure fin juin (1h15 sur un semi-marathon en République Tchèque avec de grosses chaleurs).
« Je suis une compétitrice avant tout. »
Tu sembles avoir réalisé une préparation marathon sans encombres avec de belles séances. Comment l’as-tu abordée ?
J’ai débuté par un stage de 3 semaines en altitude dans les Alpes. Nous y avons constitué un petit groupe pour l’entrainement avec mon compagnon (Frédéric Bouvier) et des amis coureurs. L’important était de faire du foncier tout le mois d’août avec du gros kilométrage à faible intensité. On a bien travaillé !
Je suis ensuite revenue à Paris et j’ai pris part aux 20 Km de Tours pour valider le travail déjà accompli. Le résultat a été un peu décevant car j’ai couru toute seule et j’espérais un meilleur chrono (1h09).
La préparation s’est terminée à Lyon sur des terrains d’entrainement que je connaissais bien. J’ai profité de l’émulation d’un groupe, avec des athlètes d’un niveau homogène pour faire de belles séances. Les conditions météo étaient parfaites. Aujourd’hui, je suis confiante et je me sens prête.
Tu cours la majorité du temps seule. Es-tu toujours en quête de compagnie pour t’épauler pendant les séances ?
En effet, je m’entraine à 90% du temps seule l’année. C’est bien pour le mental et c’est une habitude depuis longtemps. En revanche, lorsque la motivation est moins présente et pour mieux faire passer certaines séances, l’émulation d’un groupe est un vrai plus pour se dépasser.
Ce n’est jamais évident de trouver un groupe à son niveau. Il y a toujours le vélo pour accompagner mais rien ne vaut de courir ensemble … on ressent la foulée, les sensations et on apprend à courir en groupe. Les stages le permettent !
Quelles sont tes ambitions pour New York ?
Mon objectif numéro 1 est simple : aller au bout de ce marathon pour effacer la déception des Jeux Olympiques de Rio. Ça me tient vraiment à cœur de ne pas finir sur une note négative et de se faire plaisir sur cette belle épreuve.
« Mon objectif numéro 1 est simple : aller au bout de ce marathon pour effacer la déception des JO. »
Pourquoi avoir fait le choix de New York ?
New York s’est imposé logiquement dans la mesure où je cherchais la date la plus tardive possible pour avoir le temps de me préparer. Il y avait l’option Chicago, New York … que j’ai finalement privilégié car j’y prends plaisir à revenir.
Je connais bien les organisateurs et je suis toujours bien accueillie. C’est aussi rassurant lors d’un déplacement. Ce n’est pas le marathon le plus rapide, ni le plus facile, et les conditions météo peuvent être parfois compliquées… mais il m’a toujours bien réussi.
Tu as justement participé déjà 4 fois au Marathon de New York (2009, 2010, 2013, 2015), quels souvenirs en gardes-tu ?
J’ai pu m’exprimer à chaque reprise avec de belles passes d’armes et un plateau toujours très relevé. J’ai notamment en mémoire ma première participation en 2009, des instants mémorables avec une 3e place finale.
J’ai ce souvenir d’une attaque au 30e kilomètre. J’arrive seule, première, face à la 5e avenue, encouragée par une foule d’américains … ça donne des ailes, et une force indescriptible. La ville toute entière vit au rythme du marathon pendant plusieurs jours.
« Quand tu arrives dans la 5e avenue, encouragée par une foule d’américains … ça donne des ailes, et une force indescriptible »
Si Christelle Daunay évoquait un temps mettre un point d’honneur à sa carrière aux JO de Rio, elle ne ferme aujourd’hui pas totalement la porte à d’autres ambitions : les France de Cross, les mondiaux de semi-marathon ou encore les championnats d’Europe à Berlin : « on peut toujours se fixer de nouveaux objectifs … pour le moment, objectif New York. Il sera temps de fera le bilan après ».
A bientôt 43 ans, l’athlète sarthoise est toujours, et de loin, la meilleure française sur la distance.
Merci à Christelle pour sa disponibilité.
Propos recueillis par Rémi Blomme
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