Après mon arrêt prématuré à l’UTMB, j’ai eu très vite envie de rebondir et de me réaligner sur une course relativement longue avant la coupure hivernale. Donc direction les Templiers et son Endurance Trail, un 100 km bien vallonné.
Avec un réveil à 2h36, la nuit a été évidemment trop courte mais la météo clémente de ce petit matin apaise un peu cette dure réalité !
Mon compagnon me laisse au départ et va se recoucher ! On se retrouvera au Rozier j’espère !
La zone de départ est super large, tout le monde prend ses aises, l’ambiance est sereine. Je le suis assez aussi : j’ai juste une inquiétude sur ma cheville gauche, c’est elle qui a le plus de mal à se remettre de l’utmb… et une vieille tendinite traîne un peu en longueur. Je me suis strappée, on verra bien.
Par contre, le ciel semble avoir déversé ses trombes d’eau hier et nous laisse bien tranquilles ce matin, juste short, tee-shirt, manchettes pour partir ! ça change ! J’ai juste une petite veste dans le sac ! pas de gants, de bonnet, de pantalon… je suis en mode lihgt et c’est bien agréable… J’ai également laissé les bâtons dans mon sac d’assistance. Le règlement permet de les utiliser un peu à volonté, on verra si je sors ce « joker » !
Le troupeau s’élance sur la route pour plusieurs kilomètres, ça va vite comme d’hab, comme d’hab, je laisse passer la vague, quelques filles me doublent, Jocelyne Pauly s’envole déjà bien loin devant ! pour les autres, j’en retrouverais certaines !
La première bosse est avalée très vite, elle ne compte pas, c’est la 1ère du matin ! C’est nickel mais j’arrive avec 45’ d’avance sur mon prévisionnel, là je me suis bien plantée… on ne va pas se plaindre, c’est toujours bon à prendre… Dans la 2e bosse, je me retrouve un peu enfermée, 2 filles m’ont doublée mais ne creusent pas l’écart. Je me sens un peu en sous régime alors, je tente une accélération pour dépasser le groupe… j’ai le coeur au bord des lèvres, mais ça marche !
Je m’échappe et je ne les reverrai pas. Avec tout ça, j’arrive au 2e ravito avec exactement 59’ d’avance sur mon tableau de marche… Je commence à m’inquiéter et je me dis que peut-être je ne croiserais pas Christophe au Rozier ! Je lui envoie des textos, j’espère qu’il est réveillé !
Dans la 3e bosse, même scénario, Delphine m’a déjà doublée 2 fois mais je reste au contact et dans la montée, je sens que je peux placer une autre « mine »… Le single s’ouvre un peu, je fais le sanglier sur les extérieurs, je souffle comme un pompier mais je passe ! et cette stratégie sera encore payante.
Bon finalement Christophe est en place, pas depuis longtemps mais il est là, prêt à dégainer la poche à eau, les gourdes, les barres et les précieuses patates douces. Elles passent toutes seules, apportent énergie et sensation salée, vraiment une grande découverte depuis Madeire ! Quelques mots échangés et ça repart.
J’ai de bonnes sensations sauf en descente, je m’applique à bien poser mon pied gauche pour soulager au max la cheville, j’attaque toutes les difficultés du terrain avec le pied droit devant… mais rien d’insurmontable. Les kilomètres et les bossent défilent. Je suis ravie de ne pas avoir pris les bâtons : les mains sur les cuisses ça marche aussi et puis au moins je ne m’énerve pas à les ranger !
Saint-André de Vézine en vue. Cette fois, mon assistant de choc a eu le temps de se préparer, d’installer toutes les petites affaires sur un muret. La pause est vraiment courte, mais c’est bon de le retrouver. C’est à la fois pas grand chose, ces quelques ridicules minutes partagées mais en fait c’est énorme et ça rebooste jusqu’au prochain check point !
Je sors du ravito avec Estelle Munnia, on papote un peu mais je sens que sa foulée est bien plus efficace que la mienne, je ne peux pas m’accrocher et je suis contrainte de la laisser filer. Par contre, l’autre concurrente qui m’a doublée alors que je « dégustais » quelques patates douces, est restée plus longtemps au stand, elle ne revient pas dans le rétro.
On enchaîne grosse descente sur la Roque Sainte Marguerite et remontée courte mais bien raide sur Pierrefiche. Pierrefiche, c’est le centre de l’Aveyron !! un hameau perché sur le causse, au bout du monde et tous les assistants n’ont pas trouvé leur moitié ! Le mien si, trop fort !
Sur le papier, la portion Pierrefiche-Massebiau ne semble pas bien compliquée mais en fait quand les jambes commencent à avoir du mal à relancer, quand tu marches sur des faux-plats à peine montants et bien les kilomètres ne défilent pas vite.
Heureusement, les langues commencent à se délier, on papote entre coureurs, ça évite de trop se focaliser sur le gps… Mais n’empêche que ma belle avance sur mon tableau de bord a bien fondu sur cette portion.
Massebiau : trop bien de retrouver mon compagnon. Il me motive pour aller chercher la 5e féminine. Elle repart juste au moment où j’engouffre mes dernières patates ! Je suis bien décidée à ne pas la laisser filer mais est-ce que les cuisses vont suivre ? Je me fais aider par mes petits bâtons sur cette dernière montée raide sur le Cade et ça marche pas si mal… Je me cale un peu derrière elle et hop, je la croque gentiment…
Va t’elle s’accrocher ? à priori non… je ne me retourne pas, de toutes façons, là, je ne peux pas accélérer plus ! Le ravito est logé dans un bâtiment magnifique mais le tourisme c’est pour demain, il reste une balade à finir. Bon la dernière descente est bien coton, lissée par les dizaines de coureurs qui sont déjà passés et ceux qui s’entraînent tous les jours ici !
Je râle juste un peu (et ce sera la seule fois de la course, ce qui n’est vraiment pas toujours le cas !) car le chemin remonte de quelques mètres sur la grotte du hibou et là, les quadriceps ne veulent plus jouer les transitions ! Mais on entend déjà les speakers sur la ligne d’arrivée, alors tu poses tout et tu finis ! en 14h54, 5e féminine, 112e au général, rien de dithyrambique mais très satisfaite de ce temps, de la gestion de la course et de ce classement.
Et bien me voilà réconciliée avec la course à pied de longues distances, même si aujourd’hui ce n’était ni très long ni très difficile (oui on est d’accord, tout est question de relativité…). L’heure est à quelques jours de récup et je reviendrai d’ici quelques semaines dans cette superbe région, arpenter plus ou moins les mêmes chemins mais cette fois, en version hivernale !
Merci à I-Run, La sportiva, Ultimum sport.
Par Maria Semerjian
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