En mai dernier, plusieurs hommes ont tenté de passer la barrière des 2h au marathon. L’un d’entre eux a failli réussir : Eliud Kipchoge réalisait 2h00’25.
Bien sûr, derrière tout cela, la firme Nike, à grand renfort de marketing et d’innovation pour sa Zoom Vaporfly 4%.
A grand renfort de spécialistes, scientifiques et managers pour cadrer au mieux la performance et trouver le terrain idéal (le circuit de Monza) dans les meilleures conditions possibles.
Le choix des athlètes
Passons ce contexte recherché et cette évidence pour nous attarder sur les athlètes, ce que fait le documentaire. Alors bien sûr, Nike est encore derrière tout ça, mais dépassons cela.
Le choix des athlètes (et il en existe chez Nike) est clairement expliqué.
-Lelisa Desisa (Ethiopie), vainqueur de grands marathons très jeune, avec un grand potentiel.
-Zersenay Tadese (Erythrée), LE meilleur coureur de semi-marathon de l’histoire, 5 fois champion et recordman du monde, champion du monde de cross et médaillé sur 10 000m.
-Eliud Kipchoge (Kenya) 2è performeur mondial sur la distance, champion olympique, 7 fois vainqueur sur marathon et régulier dans les plus hautes performances.
Un challenge ambitieux mais excitant
L’histoire de cette préparation est intéressante car les scientifiques ont fait des tests préliminaires pour constater le niveau et les qualités propres à chacun afin de mieux les guider dans cette préparation.
Ainsi, Desisa a l’une des plus grosses Vo2max analysée par les chercheurs. Tadese est très rapide, et il constate très peu de production d’acide lactique même sur les plus hautes allures. Lui qui voulait devenir cycliste professionnel, mais qui n’avait pas les moyens pour se payer un vélo dans sa jeunesse. Kipchoge, avec son expérience, possède la meilleure économie de course, qualité primordiale pour réussir sur marathon.
Malgré tout, on n’est pas dans la sorcellerie et les scientifiques savent très bien que ce n’est pas partie gagnée, loin de là. On voit bien leur doute, mais comme pour les athlètes, on sent que c’est l’expérience qui est excitante.
Bien sûr, les coureurs n’auraient jamais pu tenter une telle chose mais la firme qui les soutient a permis à ces coureurs et au monde de la course à pied d’assister à cette expérience et de frôler l’impensable.
Des performances à la hauteur des attentes de chacun
Au final, Desisa ne s’est pas montré en grande forme dans la suite de la préparation et il n’était pas du tout dans son potentiel réel (record en 2h04’45) le jour J. Il a tout de même tenu à boucler la tentative en 2h14.
Tadese a lui amélioré son record (2h10’41) en courant 2h06’51. Sans doute plus proche de son véritable potentiel. Il a pris notamment soin de son hydratation, chose qu’il ne faisait même pas avant.
Kipchoge a été impressionnant de fluidité, de maîtrise, de concentration, d’investissement. 2h00’25 : presque déçu de ne pas avoir accompli l’exploit. Il vient de gagner Berlin en 2h03’35 sous la pluie, 4 mois après.
« J’ai encore de bons marathons dans mes jambes » a-t-il dit récemment. Cet homme, outre son passé athlétique pour lui, sa maîtrise, sa concentration et son économie de course, paraît à la fois serein et déterminé à mener à bien ses envies de record. Il ne lâchera pas celui du marathon en conditions « normales ». C’est sans doute déjà le meilleur de l’histoire sur la distance.
Derrière les performances, des hommes investis qui croient en leur chance. Quand on lit les choses derrière tout ce qu’on veut bien nous montrer, il y a tout de même quelque chose d’inspirant.
Par Mathieu BERTOS
Documentaire et retour sur la tentative des 2h au marathon, sur National Géographic :
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