L’UTMB, 4 lettres qui font vibrer ! même si elles sont parfois décriées, critiquées, c’est tout de même le rêve plus ou moins secret de tout traileur de participer à ce mythe.
Grâce à mes points et à l’appui d’I-Run, j’y suis, au départ de cette 15e édition que l’on annonce d’anthologie ! Mais pour moi, 2017 ne restera pas dans mes mémoires personnelles ! Retour sur cette course incomplète…
Le départ : l’incertitude règne dans les rues de Chamonix
Ce parcours de l’utmb, je le connais bien, je l’ai parcouru 2 fois en course, 6 fois en reco sur 4 jours… je suis d’accord pour dire que c’est roulant, c’est vrai qu’il n’y a pas de grosses difficultés techniques, MAIS, il ne faut pas oublier les 170 km au compteur !! C’est un peu plus qu’une sortie longue tout de même !
Le vendredi matin, l’incertitude règne dans les rues de Chamonix ! Sur quel parcours la météo et les organisateurs nous laisseront-ils jouer ? Finalement, on a droit a une version rabotée qui me plait assez bien, on ne restera pas au fond de la vallée !
La météo est assez clémente pour le départ mais on nous annonce les pires affres ! J’ai prévu en conséquence : grosse veste goretex, 3/4, tee-shirt à manches longues et gants de plongée (c’est vraiment pas des plus sexy mais au moins on reste au chaud !).
Le départ est encore plus délirant que les années précédentes. On ressent l’effet « choc des titans » même au milieu du peloton ! La foule en délire, même si tu sais qu’elle n’est pas là pour toi, c’est boostant ! Et elle reste très dense jusqu’aux Contamines.
Jusqu’à la Balme, tout va bien, j’ai retrouvé Laurie Atzeni au départ, on a discuté un peu ensemble, je l’ai laissée partir comme j’avais prévu, je suis dans mes temps de passage de 2013. Pas d’affolement. La nuit et le brouillard sont tombés pendant notre ascension de la première grosse difficulté : le col du Bonhomme…
Des conditions dantesques, mais le moral reste bon jusqu’à Courmayeur
La visibilité est vraiment très réduite mais on progresse encore en file indienne, alors pas d’inquiétude… par contre, je ne reconnais rien ! On se retrouve au refuge sans que je m’en aperçoive ! Descente aux Chapieux, je suis bien, je ne lâche pas les chevaux mais je double pas mal de gars…
Toujours dans les temps, j’embraye sur le très long col de la Seigne… Au fur et à mesure, la pluie se transforme en neige, comme prévu ! Mais je ne m’en soucie pas trop, mon équipement « lourd » me protège du froid… l’inconvénient, par contre, c’est que ça complique le ravitaillement, t’es engoncée, avec les gants c’est galère…
Et puis, c’est la première fois, que j’utilise une frontale de nuit sous la neige ! Et bien la lumière se reflète dans les flocons, résultat : tu ne vois rien même à forte puissance ! Donc, même si je redouble toujours des concurrents, je reste prudente dans la descente sur le lac Combal. J’ai perdu un peu de temps mais comme on a zappé la montée au col des Pyramides, mon prévisionnel est toujours d’actualité…
Par contre, j’ai faim ! je prends le temps d’avaler un bol de soupe avec des vermicelles mais je sens bien qu’il me manque un peu de calories… Je repars. Le jour commence à poindre sur l’arrête du Mont-Favre, ce sera le seul beau passage de ce tour… J’aime bien la descente sur Courmayeur, j’ai des cannes et puis je retrouve Steve, avec qui j’ai déjà partagé de nombreuses heures de course sur le TOR ! ça fait du bien de discuter un peu !
Car sur cet UTMB, c’est vraiment particulier, personne ne se parle ! Bref, j’arrive assez bien à Courmayeur. Je retrouve mes amis qui s’occupent de mon assistance. Des patates douces, un peu de riz, une compote pour le ravito, un tee-shirt à manches courtes, une casquette, des lunettes de soleil pour l’équipement et c’est reparti !
Quand le moral n’est plus là …
Je fais une bonne montée sur Bertone, je rallie pas trop mal Bonatti… j’essaie d’occulter les infos que j’ai reçues sur mon classement : 39e féminine en sortant de Courmayeur… dis donc, c’est pas bien terrible… je sais bien que la course est loin d’être finie mais je suis vraiment loin… insidieusement, cela mine un peu mon moral…
Et la météo va en mettre une couche supplémentaire ! pour rallier Bonatti à Arnouva, le chemin remonte pas mal et là, on se fait fouetter par un fort vent de face et un bon grésil… un pur bonheur… Tant pis, je m’arrête et je sors tout mon matériel obligatoire : bonnet, pantalon étanche, veste… je mets tout pour lutter contre cette attaque !
J’ai bien fait car en arrivant au ravito, les commissaires de course obligent tout le monde à se couvrir… mais évidemment, en commençant l’ascension du grand col Ferret, j’ai trop chaud ! En fait, c’est ça qui va me miner avec la gestion de la météo… une fois trop chaud, trop froid, les gants à remettre, le pantalon à enlever… des petits gestes anodins mais dont la répétition vont aussi jouer sur mon moral…
Au passage du Col Ferret, évidemment, on prend la misère, il fait un vent de fou et il neige comme en plein hiver… j’entame la descente, les mains gelées sur mes bâtons, mais je sais que ça va passer… j’arrive à La Fouly (je me suis encore déshabillée au passage) et là, déjà, je suis un peu lasse moralement…
Les 10 km suivants quasiment tout sur le bitume, sous une pluie battante, me donnent une envie furieuse de monter dans la voiture de mes assistants et de rendre mon dossard… Pas bon tout ça… je reçois plein de messages de soutien… alors pour eux, je vais monter jusqu’à Champex mais je n’arrive pas vraiment à sortir de ma spirale négative.
Ravitaillement, encouragements, mon plan de marche n’est pas si mal, allez, je serre les dents, j’ai déjà vécu cette situation, je vais finir… Je repars des Champex un peu boostée, mais en fait, je ne rumine que des idées noires : je commence à avoir des douleurs articulaires, je n’ai pas envie de me faire mal pour un résultat si médiocre, ça ne sert à rien, j’arrête l’ultra…
Bref, impossible de trouver les bons ressorts, les bonnes images positives pour inverser la tendance… Alors, malgré les protestations de mes proches, je sais bien qu’ils ont raison, que je vais regretter mon geste, mais là, rien n’y fait, je mets le clignotant à Trient…
Je ne verrai pas la ligne d’arrivée tant espérée, je n’ajouterai pas une ligne à mon CV, je vais certainement décevoir mes proches, je vais me mordre les doigts de cette décision… mais, c’est fait, le commissaire de course a découpé mon dossard… je monte dans la voiture, je ravale mes larmes, je fais la fière, mais évidemment je rumine déjà cette décision.
La nuit a été agitée comme d’habitude après une longue course. Même si je n’ai pas fini, j’ai tout de même 120 km dans les jambes, ça laisse des traces. Dimanche matin, les concurrents continuent d’arriver, je me coupe de cette ambiance, je suis super contente pour eux, mais je n’ai pas le coeur de participer à la fête : vite rendre l’appartement, reprendre le bus et l’avion pour rentrer trouver du réconfort at home ! J’ai reçu plein de messages d’affection qui me touchent… ils permettent de panser un peu la plaie…
Une semaine vient de s’écouler, j’ai bien récupéré physiquement. Moralement, évidemment je vais me mordre les doigts de longues semaines de cet abandon mais j’ai déjà envie de m’y remettre. Pour rebondir et me fixer un nouvel objectif, j’ai dégoté un dossard pour l’ultra des Templiers : une course que je n’ai jamais faite, c’est peut-être un bon moyen de me relancer et repartir sur des bases positives !
Par Maria Semerjian
Les résultats de l’UTMB 2017 : Résultats-UTMB-2017
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