En pleine ascension, Lucie Jamsin est devenue l’un des visages incontournables du trail féminin en France. Sacrée championne du monde de trail avec l’équipe de France cette année, la jeune athlète du Team Isostar compte bien gravir de nouveaux sommets.
Après plusieurs années sur la piste et la route (références à 34’54 sur 10 km et 1h19’34 sur semi-marathon), comment es-tu arrivée dans la course en montagne et le trail ?
Tout a commencé en 2013 lors d’une rencontre déterminante avec Philippe Propage (référent trail FFA) sur un stage équipe de France de Montagne. Philippe m’a pris sous son aile comme entraîneur. Il m’a emmenée aux Templiers, à la Saintélyon … pour me familiariser à cet univers. Allier plaisir de courir et nature m’a vite convaincue !
Tu as semblé passer un cap l’an passé notamment avec ta 5e place au Grand Trail des Templiers. Cette année, tu as connu quelques soucis physiques. Comment as-tu abordé cette première partie de saison ?
J’ai fait la Saintélyon fin 2016 mais ça ne s’est pas très bien passé et je me suis blessée (4e en 7h07’56 après avoir fait une partirede la course en tête avec Juliette Benedicto). J’ai repris début février avec le Trail du Ventoux en ligne de mire. Je savais qu’il y avait des places à prendre pour entrer en équipe de France (la course était support des sélections pour compléter l’équipe).
Je me suis surprise moi-même, j’étais devant des filles que je n’avais jamais battues auparavant ! (Lucie termine à une excellente 2e place derrière Adeline Roche et devant Amandine Ferrato, toutes les 3 empochant leur ticket pour les mondiaux).
Malheureusement, je me suis à nouveau blessée après le Ventoux et je n’ai repris qu’au stage équipe de France dans le Cantal en mai. Je suis restée malgré tout très active avec de la natation et du vélo pour entretenir ma condition physique et reprendre dans de meilleures conditions.
Après la montagne (sélections en 2013, 2014, 2015), tu as décroché ta première sélection en Équipe de France de trail pour les Mondiaux en Italie. Qu’est-ce que cette sélection représente pour toi ?
C’est toujours un grand honneur et une chance unique car les places sont chères. D’autant plus qu’il y a une vraie dimension collective qui se ressent. C’est ce qui fait que les courses en tricolore sont les plus belles. Moi qui a l’habitude d’être assez autonome voir solitaire dans ma pratique, là il y a un vrai partage. J’avais à cœur de donner le meilleur de moi-même pour l’équipe.
« Il y a une vraie dimension collective : c’est cela qui rend les courses sous le maillot tricolore les plus belles. »
Tu termines 8e féminine et monte sur le podium pour le titre avec l’équipe, quel bilan tires-tu de cette expérience ?
Cette 8e place était satisfaisante, même si elle est toujours frustrante car je sais que la préparation a été écourtée et que je n’étais pas en pleine possession de mes moyens.
Le parcours pouvait me convenir sur le papier, n’étant pas encore habituée aux formats très montagneux et techniques. Mais il en a surpris plus d’un ! C’était une course difficile, tout en gestion et rapide avec ce format 50 km qui requiert des qualités de vitesse que je dois encore travailler.
Je suis à l’aise sur des formats plus longs aujourd’hui. C’était en tout cas une très bonne expérience pour moi et aussi beaucoup d’émotion avec cette émulation collective, la présence de mes parents …
L’après mondiaux a été plus dur à gérer, notamment avec les Europe de Montagne un mois après. Comment l’expliques-tu ?
Les Europe de montagne sont sans doute arrivés un peu vite pour moi et j’ai raté le rendez-vous (50e en individuel et 6e par équipe. Manque de préparation dû à mes blessures, fatigue des mondiaux, plusieurs facteurs peuvent l’expliquer et dès les premiers kilomètres, j’ai senti que je n’avais pas les jambes.
C’est une vraie déception et j’espère être d’aplomb pour la prochaine échéance, les mondiaux de montagne ce week-end en Italie.
« Les monts du Jura sont un magnifique terrain de jeu. Je m’éclate ! »
Sapeur-pompier, tu es en poste depuis octobre 2016 à Bellegarde sur Valserine (Ain). Comment t’organises-tu pour concilier le quotidien et l’entraînement ?
J’ai la chance que mes collègues s’arrangent pour être d’astreinte à ma place le midi pour m’entraîner, les week-ends de compétition… Ils comprennent ma pratique et me soutiennent. Je les remercie beaucoup pour cela et c’est une vraie chance.
Depuis que j’habite ici, j’ai aussi découvert un terrain de jeu formidable. Je roule dans les environs, je cours sur les crêtes du Jura … que du bonheur !
A 28 ans, tu souhaites désormais t’investir pleinement dans le trail. Comment vois-tu ton avenir dans la discipline ?
Je vais déjà me concentrer sur les mondiaux de course en montagne, puis les France de Trail à la rentrée et les Templiers en octobre. Je ne ferai que peu de courses entre ces objectifs car cela me génère de la fatigue.
Ensuite j’ai envie de continuer à découvrir, je peux progresser dans de nombreux domaines et j’ai encore beaucoup de choses à découvrir. L’idée serait d’augmenter progressivement la distance pour m’habituer à des formats de 70-80 km, voyager sur des trails internationaux et pourquoi pas basculer sur de l’ultra-trail dans quelques années… La longévité d’athlètes comme Nathalie Mauclair me fait rêver !
Merci à Lucie Jamsin pour son témoignage.
Photos : Rémi Blomme / Facebook Lucie Jamsin
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