Alors que les championnats du monde d’athlétisme handisport sont sur le point de s’achever à Londres, focus sur un engagement atypique dont on parle peu.
Après de nombreuses années au plus haut niveau, le triathlète Olivier Lyoen s’est lancé un nouveau défi : celui d’accompagner comme guide Antoine Pérel, un athlète handisport dans sa préparation en paratriathlon.
Le dunkerquois soutenu par Hoka One One est un athlète au parcours peu commun. Triathlète déjà brillant dans les catégories jeunes au début des années 2000, il s’est progressivement tourné vers la longue distance avec de multiples Iron Man dont Hawaii à 3 reprises. Les connaisseurs apprécieront.
Une passion du triple effort qui l’a poussé à jouer les touche-à-tout après son arrêt de la discipline en 2009 : des courses cyclistes mais aussi la découverte du trail, sur des épreuves telles que la Santélyon ou les Templiers. De retour en triathlon en 2014, le nordiste s’est investi dans un nouveau challenge : celui de guide handisport. Un approche inédite de la compétition et de l’entrainement où la confiance et le partage tiennent un rôle plus que jamais essentiel. Olivier nous parle de cette mission souvent méconnue.
Tu accompagnes Antoine Pérel, déficient visuel, dans sa préparation en paratriathlon depuis quelques mois. Comment t’es venu l’idée de ce projet ?
« Cela fait plus de 12 ans que je souhaitais vivre une expérience comme celle-là ! J’avais regardé un marathon à la TV, le présentateur commentait la course d’une jeune femme qui était « bridée » par sa guide car elle ne trouvait pas meilleure. On pouvait alors postuler pour être volontaire, j’avais tenté à l’époque mais je n’ai jamais été contacté. J’avais mis cela de côté.
Antoine Pérel faisait un stage de triathlon avec l’équipe de France en novembre 2016 et il cherchait justement un guide. Un ami en fauteuil lui a parlé de moi, il m’a contacté et c’est parti comme ça ! J’y allais juste pour donner un coup de main au départ, et finalement je me suis pris au jeu ! Du fait qu’Antoine compte sur moi, je suis plus sérieux sur mon hygiène de vie et sur la qualité de mes entrainements.
Je suis heureux de pouvoir lui transmettre mon expérience de la compétition. »
Est-ce que ce nouveau défi a changé la manière d’aborder ton sport ?
« Il y a déjà la distance qui entre en compte car je redescends ici sur une distance beaucoup plus courte que ce que je faisais ces dernières années et c’est plus violent. Je le faisais il y 20 ans ! (Les épreuves handisport en championnat comptent 750m de natation, 20 km de vélo et 5 km de course à pied).
Les principales différences concernent le pilotage du tandem et la gestion de nos niveaux pendant la course : si l’un est fatigué, le duo n’avancera plus. C’est une course d’équipe avant tout ! »
Peux-tu nous justement nous en dire un peu plus sur ces courses en duo, elles nécessitent une attention toute particulière à l’autre et à l’effort de chacun. Quels sont les points techniques à prendre en compte ?
« Les courses sont courtes et chaque erreur de trajectoire peut nous coûter très cher : le travail de reconnaissance est primordial. En natation nous faisons le parcours en prenant les chronos entre chaque bouée, en vélo nous faisons plusieurs fois les virages à des vitesses différentes, c’est très enrichissant … Courir ensemble demande aussi à adapter ma foulée pour anticiper et prévenir des difficultés.
Je parle beaucoup à Antoine pour lui donner des indications et le motiver. C’est une personne qui se donne complètement et il est déterminé dans ce qu’il fait.
Chaque fois que nous pouvons passer du temps ensemble nous progressons, c’est très motivant ! »
Quels sont les objectifs avec Antoine ? Les JO 2020 sont-ils envisageables ?
« On m’aurait posé cette question il y a quelques semaines, j’aurais répondu que l’on est juste là pour s’amuser. Mais nous avons récemment terminé une deuxième fois sur le podium en coupe du monde (2e et 3e). Donc oui on y pense, on en rêve même ! »
Avec cet engagement, as-tu le temps de t’entraîner à côté pour tes objectifs personnels ?
« La mise en route n’a pas été facile pour concilier les objectifs personnels et ceux en commun mais le plus dur est fait. Nous avons pris nos marques et c’est un réel plaisir !
Concernant mon entrainement, je pense que les séances avec mon équipier me sont très utiles. Nous faisons par exemple 95 km vélo à 35km/h ou des 1500m en course à pied à 3’20″/km : c’est parfois même un peu rapide pour moi ! Nous essayons de nous voir 2 fois par semaine, nous ne sommes qu’au début de l’aventure et chaque fois que nous pouvons passer un peu de temps ensemble nous progressons, c’est très motivant !
L’objectif de notre saison sera le championnat de France le 3 septembre à Gravelines, nous sommes très motivés et nous savons ce que nous devons améliorer ! »
Merci à Olivier pour son témoignage. Le rendez-vous est pris à Gravelines pour la suite de cette belle histoire. Suivez le duo sur leur page Facebook : https://www.facebook.com/TandemPerelLyoen/
Photos : Peignée Verticale / Rémi Blomme / Page Facebook du duo
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