On pourra raconter, parler, écrire autant de lignes que l’on veut sur cette épreuve, l’ULTRA BEAST de MORZINE, mais ce qui s’est réellement passé, vécu reste et restera gravé en chacun de nous.
Quelle que soit l’expérience vécue ce samedi 1 juillet 2017. Si toi aussi tu étais sur cette ligne de départ. Nous avions tous le même objectif en tête. La course et ses aléas en aura décidé autrement pour chacun de nous. Quoi qu ‘il en ressort, finsher ou non, nous avons TOUS été au BOUT de NOUS MEME ! Cette journée restera inoubliable pour ma part.
Un groupe d’ami ( Sylvain Lange, Christophe Ruaux, Bernard Lézard tous membres du groupe d’entrainement Fada’s Training by o2b.move) se lance le défi fou de venir affronter la seule Ultra beast d’Europe centrale.
Quand Spartan Race met les petits plats dans les grands, ce n’est pas pour amuser la galerie ! Sur le Papier, 44km en 2 boucles de Beast et 1 petite spéciale pour près de 3500m D+. Au final, 52km pour 3800m D+, plus de 11h d’effort, une aventure.
Ben oui Jérémy, tu as oublié que chez Spartan, les différents portés ne sont jamais comptés dans le Kilométrage annoncé. J’en ai connu des courses, j’en ai faites de différentes distances : Ironman, Marathon, Merrel Oxygen, Gruissan Phoebus trail, Templiers … je ne suis pas un spécialiste de l’ultra mais les kilomètres ne me font pas peur. Bien au delà des kilomètres, il ne faut pas oublier que ce n’est pas la course en elle même qui se joue de nous mais bien souvent les éléments.
Hormis une casse physique ( et encore), c’est avant tout le psychologique qui mène la danse. J’étais venu dans l’idée d’être Finisher, de me tester. Je me répète souvent et n’ai pas peur de le dire que j’ai un Mental de Bulot ! Bon nombre des personnes qui me connaissent le savent. C’était donc pour moi une INTROSPECTION.
Cette course, pour des raisons personnelles et professionnelles, aura eu le mérite de me montrer que le corps est capable d’accepter, d’oublier, d’assumer bien des contraintes pour arriver à ce que notre cerveau nous dit de faire.
Mon pire ennemi ne pouvait être que moi même. Combien de fois me suis je entendu dire, « c’est bon, tu en assez fais ».., » allez, tu termines cette foutue première boucle et tu rentres ! » « Pourquoi fais tu cela? ». Autant de phrases négatives, de moments de doutes qu’il faut balayer de son esprit le plus vite possible avant qu’elles ne deviennent récurrentes et prennent le dessus.
Je savais que le premier tour serait une formalité pour l’avoir fait l’an dernier ( sens inverse avec la Beast). D’autant plus, qu’après avoir commencé mon chemin de croix dès la slack line et ses 30 burpees, je savais que cette course serait loooooonnnngggggguuuuuuuue. Je vais très vite perdre mes amis Jimmy Tiss et Welly Well, qui je l’apprendrai plus tard, seront également finishers. Un moment passé avec Damien Gall, Jonathan Jotreau sur les premiers ascensions.
Au sommet du Pic de Noyon accompagné de mon Sylvain Lange, nous avons pu apprécié la descente technique et glissante que le parcours nous offrait. Serein, oui j’étais serein jusqu’à ce moment là !! Je n’avais pas misé sur la « folie » de l’organisation avec ce CANYON. Sincèrement, plus de la moitié des abandons doit être dû à ce dernier. Je ne m’en plaindrais pas car j’ai tout simplement kiffé même si l’eau me glaçait au plus profond. On est venu pour en chier, on peut dire que l’on est servi.
La fin de la première boucle se fera de la plus belle des manières avec un magnifique planté de javelot. Sous les encouragements des copains, Nicolas Caron, Dams Calabio Swat, les frères Piccolo- Piccolo… mon ami l’œil des fadas Cambau Rele mais aussi et surtout Vin Cent. Passage pour le second tour Maitre mot » ne te poses pas de questions » VAS Y !!! Vas y d’accord mais tu as oublié quelque chose mon grand.
Vin Cent,
-« dis moi, elle est où la tente de change et de ravitaillement ? »
-« Tu l’as passé, elle était après le javelot » me répond t-il
-« Arfff cela n’arrange pas mes histoires , j’aurais aimé changer de tee shirt au moins »
– » Tu veux que je te prête le mien ? Mais je suis pas sûr que tu le portes aussi bien que moi! » (blague à part, tu es FOR, je suis FADA et je te remercie encore de m’avoir permis de passer ce cap car je rigolais tout seul à cette idée).
Reparti de plus belle en direction des cîmes . Comme bon nombre de concurrents présents ce matin doivent l’avoir pensé, les obstacles n’étaient juste là que pour agrémenter notre périple. La vraie difficulté, rivalité n’était qu’avec Dame Nature qui se jouait de nous : dénivelé, boue, pluie, brume, torrent, eau glacée, chemin serpenté, pente, lac… dès lors, la notion de course n’a plus de valeur. Seul la Finish line compte.
J’aurais le plaisir de trouver sur mon chemin des compagnons d’aventure tel que Jacko Dertcou et bien d’autres. La seconde ascension du Pic de Noyon, un calvaire! Alors quoi de mieux que de nous rajouter une toute petite boucle histoire de bien nous rappeler que nous avons choisi de souffrir… personne ne nous y a contraint !
L’une des photos suivantes reflète parfaitement ce grand moment de solitude ..
Posé à côté de mon parpaing de béton à contempleer la montagne – et dire que Jean Ferrat ne cessait de nous la chanter « pourtant que la Montagne est belle…. ». Mon amour, après tant d’année de haut niveau m’avait appris une phrase simple qu’elle avait elle même apprise de Pierre-Yves Facomprez : « la course à pied c’est facile. Tu te penches en avant , et si tu ne veux pas te casser le nez, tu mets 1 pied devant l’un après l’autre ».
J’ai un peu extrapolé cette formule et au lieu de me répéter Gauche- Droite-Gauche-Droite mon esprit pensait Agathe-Marion-Agathe-Marion sans discontinuer.
L’abandon ne pouvait en être aujourd’hui. La descente vers Morzine ne sera que plus belle. Plus rien ne peut m’arrêter. Un dernier passage dans le torrent où j’aurais loisir de croiser Sébastien Desbenoit qui en finit avec sa Beast BRAVO. Certes il me restera encore 60 burpees avec le Javelot et le Rig … Et alors !!!!
La Finish Line me tend les bras. Les encouragements de Flo FreeAthlète et Georges Hrok me relancent mais me font penser également que beaucoup n’ont pas eu la chance de pouvoir aller au bout. Les copains Swat sont à nouveau présents lors de mes burpees au javelot.. à croire qu’ils se délectent de me voir souffrir et en chier 🙂 Merci les copains.
Un dernier passage dans le torrent. Le Rig, une formalité, 3 passages de bras et Hop au tapis.. 1-2-….5-…22-..26-…29-..30 burpees à haute voix sous le regard du marshall qui m’attend afin de valider l’ensemble de mon parcours. Une dernière question pour valider le classement officiel :
-« de quelle couleur était la corde au second tour »
-« BLEUE » lui crie-je de satisfaction !
-« parfait guerrier, tu es 17ème, chaque bas »
Et enfin cette ligne qui s’offre à nous, sous le regard admiratif de mes pote Gaspacho Bui et Swat Arnaud Lange. Une place anecdotique et sans intérêt devant la difficulté de l’épreuve où seule cette ligne d’arrivée représentait notre Graal.
-VENI-VIDI-VICI-
Merci Bubu Toade et Agathe Power d’avoir été là pour moi pendant les 6 dernières heures. <3
PS: Merci à Tous pour vos mots et votre soutien lors de cette épreuve. Vous faites partie de mon aventure et donc de sa réalisation . Merci ! Quel que soit votre résultat, levez la tête et soyez fier car vous pouvez être sûr que vous êtes allés au bout de vous même.
PS2: Merci à i-Run et Reebok de me permettre de vivre ces aventures et de croire en moi et bien entendu petit clin d’œil à ma Fadateam de Warrior ainsi que La ruée des Fadas.
Par Jérémy L’hote, ambassadeur i-Run/Reebok
Crédit photo : Studio Carlos Photos / Sportograph.com