Quel plaisir de me retrouver à Chamonix en cette fin juin pour « quelques » kilomètres avec vue sur ce Mont-Blanc qui m’attire tant ! J’ai commencé un gros cycle d’entraînement pour préparer l’UTMB début septembre, alors j’aborde ce « 80 » km sans être trop reposée, sans affûtage particulier.
2h38 : ça c’est la première pression de la journée : le réveil qui te tire bien trop tôt de ton lit ! Mais ça va, j’ai étonnamment assez bien dormi ! Mon ami Romain s’est dévoué pour m’accompagner sur la ligne de départ… 3h30, il fait déjà chaud, j’ai mis des manchettes mais juste pour le fun !
3h45, je suis devant, tout près du sas élite mais il y a vraiment un monde fou des 4 coins de la planète trail là dedans alors je reste bien en retrait…
4h, la course est lancée, je me fais submerger d’entrée de jeu, ça part vite et ça monte vite d’entrée ! Les premières gouttes de sueurs tombent déjà dans les yeux ! Va falloir être prudent !
On est tout de suite dans le vif du sujet avec la première difficulté : 1500 m de positif pour monter au Brévent… Je suis un peu enfermée sur le single mais j’ai peur de me griller en tentant des dépassements hasardeux… heureusement, ça ne bouchonne pas trop, le jour se lève tranquillement et nous dévoile un Mont-Blanc merveilleux… c’est aussi pour ça que je cours : des levers de soleil privilégiés !
Je passe le CP avec 10’ d’avance sur mon prévisionnel… tout va bien. Première descente pas trop technique, remontée très belle sur Tête aux vents et descente, là bien casse-pattes dans les aiguilles rouges. C’est la 1ère fois que je fais ce parcours dans ce sens ! Normalement c’est la fin de l’UTMB, c’est bien de changer de perspective !
Romain et Pauline sont très gentiment venus me rejoindre au Buet, quelques patates douces et c’est reparti sur le col de Loriaz. J’ai encore plein d’énergie, de l’avance sur mon planning, le soleil n’est pas trop mordant… C’est tout bon !
Et puis, on enchaîne descente bien raide sur les charmants hameaux suisses (j’adore les chalets sortis des cartes postales) et remontée tout aussi pentue sur le lac d’Emosson. La vue est splendide mais il est midi, ça fait déjà 8h que j’y suis et la fatigue insidieuse commence à attaquer ! heureusement, on croise des petits ruisseaux pour remplir les flasques et faire baisser la température. Changement de poche à eau, plein de mes gourdes de fruits favorites et on peut attaquer la 2nde partie de course. A ce moment de la course, je suis 26e féminine, 153e.
Vues les températures actuelles, la neige n’est pas au RDV, on a droit au parcours complet, voire plus si affinités ! Donc 4e difficulté : la montée à la tête de l’Arolette, superbe, très dégagée, mais longue, longue… ça commence sur de la piste forestière et puis on voit le but longtemps en avance mais il se rapproche vraiment très lentement… Je n’ai pas de gros coup de barre mais je suis lente… faim ? chaud ? rien de très défini, mais c’est sûr que je n’ai pas trop de jus… Malgré tout, dans les descentes, je suis très bien et je tiens toujours un peu d’avance sur mon prévisionnel grâce à elles.
J’avais bien vu qu’entre Le Tour et les Bois, il fallait que je me méfie du profil : 400 m de descente mais qui ne paraissait pas franche du tout ! Effectivement, on se retrouve sur des chemins de balcon très faciles et agréables pour un petit footing du dimanche, mais là, c’est mortel… je déteste cette situation : ne pas arriver à relancer et à trottiner alors que la pente est douce… les minutes défilent mais pas les kilomètres…
Je retrouve une dernière fois mes assistants aux Bois, Chamonix n’est qu’à quelques kilomètres, il suffirait d’une petite trotte pour rallier la Place de l’Amitié en vraiment 80 km mais non, il reste une super difficulté à gravir et donc plus de 17 km supplémentaires avec ! Heureusement, on monte à la Mer de Glace, encore un superbe symbole de la vallée que je vais découvrir grâce à la course… mais ça ne compense pas tout !
18h, le soleil darde toujours ses chauds rayons pour nous accompagner jusqu’au bout ! on progresse à petits pas, les gars à mon niveau sont assez cuits, ils s’arrêtent, soufflent, repartent… perso, je m’enferme dans ma musique et j’oublie le chrono tant pis… On croise le chalet des Mottet, un adorable havre de paix : faut que j’y retourne en vacances, c’est trop beau !! Mais là, il y a une course à finir ! On atteint la célèbre gare de Montenvers, je me sens un peu privilégiée d’être dans ce lieu magnifique vidé de ses hordes de touristes !
Là, 2e piège du profil : mais malheureusement je ne l’ai pas vu venir ! un petit 300 m de déniv positif avec 5 km : pareil, en tant normal c’est une belle balade, mais là en fin de course, à cours de munition, c’est long… On le voit vraiment de très loin le plan de l’Aiguille et il ne se rapproche jamais ! j’y arrive avec 30’ de retard… Le parcours finit par une longue mais franche descente dans la forêt : 2 chansons pour 250 m de déniv négatif franchi ! On se motive comme on peut ! J’avais prévu de ne pas ressortir la frontale et j’y tiens !
Il y a bien quelques foulées un peu sombres mais le sol est propre et à Chamonix, tout est illuminé ! J’enlève mes écouteurs pour profiter des clameurs de la foule encore nombreuse dans les rues ! C’est ridicule mais c’est toujours bien agréable de se faire applaudir copieusement alors que les premiers sont douchés, massés, ravitaillés depuis des heures ! Mais c’est ça aussi la magie de Cham !! Je finis en grappillant quelques places en 17h43 (95 km au compteur !), 19e féminine et 119e au général.
Retour à Chamonix prévu le 1er septembre pour une balade encore plus longue … ! ;))
Photos : Maindru photos / Texte : Maria Semerjian
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