Le format et le concept des « Éco-Trails » nous plaisant bien, nous souhaitions découvrir d’autres épreuves du circuit.
Paris nous régale chaque année, l’idée de vivre le même genre d’aventures à l’étranger et au coeur même d’autres jolies capitales d’Europe, nous séduit.
L’inconnu d’une première édition
Nous voilà donc bien motivés à faire de cet Éco-Trail de Stockholm, un objectif de saison 2017. Ça sera une première édition pour l’évènement, ce samedi 17 juin 2017. Pas trop de recul donc, sur les spécificités du parcours, et autres caractéristiques autour de l’épreuve : balisage, ravitaillements, niveau des autres coureurs, nombre de participants … on verra bien le moment venu, c’est bien aussi parfois de se lancer dans l’inconnu et de vivre dans l’improvisation !
Quoi qu’il en soit, on sait que l’on va partir pour une longe balade de suédoise de 80km et environ 1600/1700mD+ (pourtant annoncé 1300). Tout cela dans un périmètre environnant cette belle ville de Stockholm. D’autres distances sont proposées aux coureurs : notamment un 18km et un 45km, qui prendront leurs départs un peu plus tard que nous, mais dont les arrivées se chevaucheront probablement.
Pas d’assistance pour cette fois, il va donc falloir s’organiser en conséquence : se charger un peu plus que d’habitude pour emmener de quoi s’alimenter et s’hydrater pour 6/8h de course, et compléter avec ce que l’organisation proposera sur les tables de ravitaillements. Téléphone, couverture de survie, gobelet, poche à déchets … la ceinture porte-bidons Camelbak est vite remplie, je sais qu’il va falloir gérer pour tenir jusqu’au bout dans de bonnes conditions.
En route vers Stora Skuggan pour le start
C’est vrai qu’à Paris, on apprécie les départs tardifs à midi …. ben oui, on n’est pas trop du matin avec Manu. Bon, apparemment les suédois sont plus matinaux, ça sera un départ à 7h pour nous. Ça veut dire un réveil en pleine nuit … et bien non, parce qu’en Suède, à cette période là, la nuit ne dure pas longtemps ! Et à 3h30, il fait déjà jour ! Alors qu’à 23h, il faisait à peine nuit ! Cela ne m’aura pas aidé à bien me reposer cette affaire … !
Peu importe, on avale un petit déjeuner léger à 5h et on saute dans les baskets pour se rendre sur le site de départ, à environ 20/30′ en voiture du centre ville de Stockholm. Obligés de s’y rendre en tenue direct : fait pas chaud !!! Forcément, à cette heure-ci, on grelote un peu, d’autant que la grisaille prédomine ce matin à 6h. Mais les prévisions sont optimistes, et on devrait être chanceux pour la suite de la journée. Soleil, 25/26 degrés. Le temps idéal pour courir 80km quoi !! ;))
Arrivés trop tard la veille en avion, nous n’avons pas encore récupéré nos dossards. Ça va être l’objectif numéro 1 en arrivant sur le site du départ à Stora Skuggan. Hervé, membre de l’équipe organisatrice, nous accompagne, il prendra le départ également. Vivre la course de l’intérieur, c’est le meilleur moyen de pouvoir auditer l’évènement ! N’est ce pas Hervé ? Bon, on le taquine quand même un peu .. parce qu’avec ses deux entraînements par semaine, il risque de souffrir pour aller au bout. Bravo à lui, c’est courageux !
Une vingtaine de kilomètres plus loin, à Väsjöbacken
Le site de départ est magnifique ! Bien vert, propre … on sent la touche épurée des pays nordiques ! L’atmosphère est pour le moment, brumeuse, On a accroché nos dossards, les consignes du directeur de course sont données, nous attendons le coup de pistolet pour démarrer les chronomètres … un dernier bisou à mon cher et tendre : « régale toi ! On se retrouve dans 80km à l’arrivée ! » Je le sens bien mon Manu aujourd’hui.
On aperçoit quelques français, dont les courageux porteurs de Joëlettes. Tout le monde se souhaite bonne course, et GO !! Le peloton s’élance, dans la joie et la bonne humeur ! Je pars juste derrière Manu sans trop réfléchir, en me faisant plaisir à dérouler à ses côtés pour le plaisir. Un autre français m’accompagne, on papote sur ce début de course, étonnés de ce départ collectif prudent. Je sens qu’il veut sa revanche : je l’aurais dépassé sur la fin de course à l’Eco-Trail de Paris cette année …. et ça ne lui aurait pas plu !!! 😉
Mais après 2/3km effectués ensemble, je préfère le laisse s’échapper et gérer. Rien à voir avec Paris, on enchaîne les premières bosses d’entrée de jeu ! J’ai le souffle court, je lève le pied dans la première bosse, aux alentours du km3. Sentiers en sous-bois, on longe un superbe lac sur une douzaine de kilomètres, en alternant les types de terrains traversés : singles très dépaysants, quelques portions de bitume en traversant des petits hameaux remplis de jolis maisons typiquement suédoises, sols souples et dégagés, …les racines humides sont glissantes, je reste bien vigilante en passant à accident à Paris en 2014 …
Ce début de course me régale et je sens que j’ai les jambes des grands jours ! Un bonheur ! Je garde deux gars devant moi un bon moment, mais finis par les perdre de vue après mon arrêt pipi que je n’ai pas pu retenir. 10ème kilomètre passé en 47′ environ, mais j’ai l’impression d’avoir déjà pas mal alterné les petites bosses ! Je retrouve finalement l’un des gars un peu plus loin, il est arrêté. Rien de grave, mais il semble avoir besoin de faire une pause. Je ne le reverrai plus.
Passé ce km12, on quitte le bord de lac pour entrer dans une superbe forêt. Les nuages ont laissé place à un ciel bien dégagé et les premiers rayons du soleil ont bien réchauffé l’atmosphère. Je cours seule, j’essaye de rester bien concentrée sur le balisage, histoire d’éviter de faire fausse route. Mais je me fais la remarque : difficile de se perdre étant donné la qualité du balisage !
Cette portion boisée en singles cassants est bien amusante et les kilomètres défilent bien vite jusqu’au premier point de ravitaillement, que nous rejoignons après avoir passé une belle grimpette (suivi d’une descente raide et bien fleurie ! ;)) qui mène en haut d’une piste de ski.
Km20, à Väsjöbacken, 1h37 de course, je prends le temps de bien me ravitailler et de refaire le plein, parce que le prochain ravitaillement ne sera que dans 24km environ.
Petite frayeur du trentième … avant de rejoindre Granholmstoppen
Passée la zone de ravitaillement, on entre dans une zone de réserve naturelle, très excentrée et sacrément dépaysante ! On a l’impression d’être perdue au milieu de nul part ! ;)) Je me surprends à être déconnectée du terrain, dans mes pensées, à me laisser guider par le sentier … et je rends compte (un peu trop tard à mon goût) que je n’ai pas vu de balisage depuis un moment … et surtout, ce qui m’a d’ailleurs mis la puce à l’oreille, on s’enfonce sur un terrain de moins en moins dégagé où il faut commencer à enjamber les herbes hautes. Ce n’est pas du tout le genre des suédois de nous faire passer ici !
Ok, pas d’autres solutions que de rebrousser chemin en espérant retrouver assez vite la bifurcation ratée. Bon, je me serais finalement rajoutée un bon kilomètre avec cette histoire, mais je retrouve ma route sans problème grâce à cette marche arrière et la balisage pourtant très bien placé. Comme quoi, la moindre inattention peut jouer des tours en trail ! Km30, 2h36. Ce petit moment d’égarement m’a donné un coup de chaud, et me rappelle que je dois bien ouvrir les yeux, d’autant que je n’ai personne en ligne de mire depuis un bon moment …
Les sensations sont toujours bonnes, je m’efforce de bien m’hydrater, mais je réalise aussi que je commence à manquer d’eau … il va falloir économiser, mais la chaleur commence à peser en ce milieu de matinée. On va gérer, ça va aller !! Avant le 40ème, j’aperçois un coureur devant, il semble dans le dur. Je m’en rapproche assez vite. Tiens, c’est le français qui espérait prendre sa revanche de l’Eco-Trail de Paris ! :)) Je lui demande comment il va, sa réponse a le mérite d’être clair : « je suis sec ! » Allez, je l’encourage comme je peux à s’accrocher, la première moitié est faite. Puis je prends le large, pressée de rejoindre le second point de ravitaillement au km44.
À Granholmstoppen (km44 normalement, mais qui sera 45 pour moi avec ce kilomètre ajouté en me perdant), je ne pense qu’à une chose : BOIRE !! Je remplis un premier bidon d’eau, que je bois d’une traite. Puis un second de coca, que je bois aussi vite. Et enfin, un 3ème d’eau dans lequel j’ajoute mes pastilles effervescentes Isostar, pour tenir jusqu’au point suivant. J’attrape également une banane et une barre pour manger plus tard, et je m’arrose la tête, le visage et les jambes. Lorsque je me décide à partir, notre ami français arrive à son tour. 3h47 de course.
Le coup de mou du 50ème et ça repart !
Direction Hagatoppen, annoncé au km55, où nous aurons retrouvé les coureurs du 45km, partis à 10h seulement. Je réalise assez vite que j’y suis peut être allée un peu fort avec la boisson … j’ai mal au ventre et j’ai l’impression d’avoir pris 3kg ! J’accuse un petit coup de moins bien les 10/12 kilomètres qui suivent, mais le fait d’avoir retrouvé du monde sur les sentiers me motive.
C’est toujours psychologiquement boostant de doubler des concurrents, même s’ils ne jouent pas la même compétition que nous, et c’est aussi plus convivial d’évoluer à plusieurs. Mes allures ont clairement ralenti, je dois faire avec cette baisse de forme soudaine, mais le moral reste bon. Je serre les dents et je sais qu’en ralentissant un peu, ça va passer.
Le terrain est ludique et très varié, on enchaine les petites bosses bien cassantes, ça évite vraiment de trouver le temps long ! D’ailleurs, le 3ème point de ravitaillement arrive plus vite que je ne l’imaginais. Me voilà donc à Hagatoppen, 56,5km. Cela fait 5h que je cours. Je commence à faire des calculs pour me challenger sur le chrono final. Les moins de 7h vont être difficilement atteignables, mais cela ne m’étonne pas, le parcours est plus costaud qu’à Paris ! On va viser les moins de 7h30 donc …!
Une fin de course surprenante
J’arrive au stade de la course où je commence à décompter les kilomètres. En général, quand tu passes la barre des moins de 20, tu commences à te dire que le plus dur est derrière et que la fin est proche. Mais le coup de mou que j’ai accusé aux alentours du 50ème kilomètres et qui m’a tenue une grosse dizaine de kilomètres est bien passé et je retrouve du plaisir sur cette fin de parcours très suprenante !
D’abord un nouveau passage à Stora Skuggan, lieu du départ, qui sert de 4ème zone de ravitaillement. Puis, alors que l’on s’imagine commencer à rentrer tranquillement dans une zone plus urbaine pour se rapprocher du centre ville de Stockholm, nous voilà replongés dans une immense forêt bien dépaysante et presque plus technique que la plupart des terrains trouvés précédemment. Les 6h30 de course sont passés au dernier point de ravitaillement.
On traverse de nombreux parcs, bords de lacs où les gens se reposent et se baignent, la vie est belle à Stockholm !! Je prends le temps d’ouvrir les yeux à droite à gauche en me disant que cette course nous aura permis de faire une sacrée belle visite de la ville et ses alentours ! On finit quand même par retrouver enfin des paysages plus urbains, avec en ligne de mire, le port et tous ses restaurants où les suédois sirotent une bière ou un coca bien frais. Ça fait trop envie !!!!
Les deux derniers kilomètres m’ont semblée bien long … Peut être parce que cela manquait clairement d’encouragement du public (on retrouve ici la particularité de l’Éco-Trail de Paris, où tu as comme l’impression de déranger la vie parisienne qui s’agite atour de toi) et qu’à chaque fois que tu penses arriver face à la dernière ligne droite … tu te trompes, il reste encore un virage ! Je savoure (et je grimace un peu aussi !!) tout de même ces zigzags entre les promeneurs du week-end, en espérant apprendre très bientôt la victoire de Manu également (je n’avais eu aucune nouvelle avant).
Dernière ligne droite, et cette fois, c’est la bonne : j’ai l’arche l’arrivée dans l’viseur !!!! Un coup d’oeil à ma montre, je les aurai bien les moins de 7h30 ! Manu est là pour m’accueillir, et je reconnais sa tête des bonnes nouvelles ! Je parie qu’il s’en est bien sorti aussi ce matin ! Le speaker (enfin la speakeuse si ça se dit ??) annonce l’arrivée de la première féminine. Pour le coup, vu l’intonation qu’elle y met, on ne peut pas me rater … !
Pas de bras en l’air, ni de cri d’explosion de joie, ce n’est pas trop mon fort, j’ai plutôt l’habitude des 2ème places moi !! Ahah ! Mais cette victoire me remplit de bonheur, d’autant plus lorsque j’apprends celle de Manu également. Je franchis la ligne en 7h17, très satisfaite de mon chrono. Autre petite satisfaction du jour, je ne le savais pas, mais j’accroche ici mon premier podium au scratch en terminant 3ème de la course !
Une première édition de cet Eco-Trail de Stockholm, qui annonce forcément de belles prochaines : l’évènement a tout pour grandir et attirer les foules. Ses futures réussites ne font aucun doute !
Par Sylvaine CUSSOT
Informations sur l’évènement : ECO-TRAIL DE STOCKHOLM
>> Les résultats de cet Éco-Trail de Stockholm 2017
La vidéo de l’évènement à visionner ici :