Ce samedi 11 juin, les francais ont tenu leur rang de grande nation du trail running. Du côté de Badia Prataglia en Italie, les filles ont raflé la mise avec le titre individuel glané par Adeline Roche, la 2e place d’Amandine Ferrato et le beau tir groupé du collectif.
Chez les hommes, Cédric Fleureton accroche le bronze et l’équipe se pare d’argent derrière ses espagnols intraitables emmenés par un Luis Alberto Hernando des grands jours.
Le film de la course côté hommes
Badia Prataglia, samedi 11 juin 2017, 8h. Dans la douceur estivale, le peloton s’est lancé à vive allure. Habitués à partir comme des fusées jusqu’à dynamiter les courses, les américains étaient attendus comme animateurs de ces mondiaux. Chose promise, chose due, avec Andy Wacker qui a rapidement pris les commandes.
Dans leur foulée, les français sont partis vite : Nicolas Martin, Cédric Fleureton, Sylvain Court. Il y avait une place à tenir et surtout un risque à prendre : soit partir vite pour tenter de rester en tête de bout en bout, soit partir plus prudemment au risque de ne pas revoir les échappés. En gestionnaires, les espagnols ont choisi la 2e option qui s’avérera payante.
Des français, c’est l’ex-triathlète Fleureton qui semblait le plus en forme, jusqu’à prendre la tête à la mi-course devant Wacker et Hernando qui attendait patiemment son heure pour mettre les gaz. Subissant de plein fouet leurs départs rapides, les américains ont souffert et perdus du terrain à l’entame de ce point stratégique. Hayden Hawk, que l’on comptait comme un grand favori, était hors de forme en Italie. Même sort pour Nicolas Martin, 5e à ce moment-là, qui a commencé à souffrir de crampes.
Sylvain Court, qui s’est senti dans un mauvais jour, a vite accusé un retard de 3 minutes sur la tête qu’il a comblé une première fois. Mais l’énergie qu’il a dépensé pour revenir se paye vite sur ce format de course et le français a chuté au classement, tenant à terminer pour le maillot tricolore. « C’était un jour sans, c’est dommage » regrette le champion du Monde 2015 qui en avait repéré le parcours quelques semaines plus tôt.
Annoncé roulant et rapide, c’est sur la 2e partie de course que le parcours livrait ses difficultés majeures. Les bouleversements dans le top 10 entre la mi-course et le résultat final sont révélateurs de l’exigence de cette course. Au 35e Km, point d’eau de Pietrapazza, Philippe Propage s’était posté pour motiver ses troupes : » C’est un endroit stratégique de la course. Ceux qui sont en forme ici iront jusqu’au bout ». Et il a bien vu car cette longue ascension finale a fait office de juge de paix pour beaucoup. D’autant plus que la descente vers l’arrivée, peu technique, ne pouvait permettre de faire la différence.
A ce petit jeu, les espagnols ont été excellents de maîtrise. Luis Alberto Hernando, toujours placé, prenait alors les commandes au 40e km devant un Cédric Fleureton en difficulté, victime de crampes à répétition. Le français, qui devait compter sur son mental pour espérer rester sur le podium, n’a pas pu résister non plus au retour tonitruant de l’espagnol Christopher Clemente, l’une des surprises du jour, qui est remonté de la 19e place (25e km) à la 2e place ! Avec quelques kilomètres de plus, il aurait pu menacer le nouveau titre de son compatriote, 1 petite minute les séparant à l’arrivée.
Fidèle à sa régularité sur tous les formats de course, Ludovic Pommeret prend une solide 6e place. Benoit Cori termine quant à lui à une 14e place honorable qui permet à l’équipe de France de monter sur la 2e marche du podium derrière un impressionnant tir groupé des espagnols (1er, 2e, 5e, 7e, 10ème). Nicolas Martin est 19e, Sylvain Court 29e et Emmanuel David 32e.
Le film de la course côté femmes
Chez les filles, le suspense a été de courte durée. Dès les premiers kilomètres, Adeline Roche s’est portée en tête de la course pour ne plus jamais la quitter. Anne-Lise Rousset et Amandine Ferrato lui ont emboité le pas aux côtés de plusieurs étrangères, à l’image de la néerlandaise Ragna Debats, 3e en 2016 et l’italienne Silvia Rampazzo. Les espagnoles, dont on attendait un solide collectif, ont souffert de l’abandon d’Azara Garcia, la vice-championne du monde. À la mi-course, 5 françaises étaient déjà dans le top 10 (Mauclair, Lafaye, Jasmin), assommant le classement par équipe.
Devant, Adeline Roche et Amandine Ferrato ont creusé un écart confortable (Anne-Lise Rousset a abandonné pour des douleurs au dos). Roche, impressionnante en montée et sur le plat, a pu mettre à profit ses qualités de routarde sur les parties roulantes. Elle a pourtant déclarer à l’arrivée avoir souffert de maux de ventre toute la course.
Dans la descente finale, elle a même lourdement chuté, perdant du terrain sur une Amandine Ferrato en grande forme, déjà revenue en trombe dans la dernière montée. Si elle avait sa coéquipière dans le viseur, elle n’a jamais osé revenir à sa hauteur, échouant à 5 secondes sur la ligne d’arrivée. L’histoire ne se récrira pas et retiendra ce doublé tricolore qui vient garnir un peu plus le palmarès inégalé de l’équipe de France de Trail.
L’italienne Silvia Rampazzo s’offre la 3e place à domicile à 11 minutes du vainqueur. Nathalie Mauclair, 5e féminine, a réussi son pari de rentrer dans l’équipe comptant pour le titre. Et pourtant, c’est la plus mauvaise place de la française aux Mondiaux (double-championne du monde 2013 2015, 4e en 2016). Sa hargne a de nouveau payé malgré un parcours peut à son avantage sur le papier. La partie plus difficile en fin de course lui a été profitable pour grappiller de précieuses places.
Céline Lafaye (6e), Lucie Jasmin (8e) et Sandra Martin (16e) complètent l’équipe championne du monde. Les filles restent invaincues depuis 2011, tous titres confondus !
Le format de course, grand inconnu de ces championnats, n’a finalement pas bouleversé la hiérarchie établie. Les favoris ont été aux avant-postes et la gestion de course a été l’une des clés du succès. Repérage et analyse détaillée du parcours, interdiction de faire de grosses courses les mois précédents …. l’équipe espagnole n’avait pas préparé les choses à la légère pour se donner les moyens de battre les tricolores.
L’an prochain, les Mondiaux de Trail se dérouleront justement en terre hispanique avec un retour au format de 80 Km. L’occasion rêvée d’entretenir l’émulation d’un match France-Espagne qui fait beaucoup de bien à une compétition toujours en quête de notoriété.
Les podiums de ces mondiaux de trail :
Individuel Hommes
1. LUIS ALBERTO HERNANDO (Espagne) 04:23:31
2. CRISTOFER CLEMENTE (Espagne) 04:24:31
3. CEDRIC FLEURETON (France) 04:28:03
Equipe Hommes
1. ESPAGNE 13:17:32
2. FRANCE 13:43:05
3. ETATS-UNIS 14:16:52
Individuel Femmes
1. ADELINE ROCHE (France) 05:00:44
2. AMANDINE FERRATO (France) 05:00:47
3. SILVIA RAMPAZZO (Italie) 05:11:07
Equipe Femmes
1. FRANCE 15:17:41
2. ITALIE 16:05:08
3. ESPAGNE 16:26:04
• Tous les résultats des mondiaux de trail 2017
• Photos : Organisation / Rémi Blomme
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