On en était restés à une ligne d’arrivée franchie non ? (lire : Euskal Trail, étape 1). Oui, mais pour terminer cet Euskal Trail, il faut en franchir deux, donc, on se remobilise, une autre belle étape nous attend demain, avec au programme, un nouveau parcours de 40km et 2300mD+.
Gérer la récup’ entre les deux étapes
Sissi : « pas forcément évident de gérer cette fin de journée et soirée après cette première belle balade de presque 5h sous la chaleur basque. On a envie de profiter, mais on sait que l’une des clés pour se réveiller en forme demain, c’est de se reposer ! Les jambes sont quand même bien lourdes à l’arrivée de cette première étape et les organismes épuisés par la chaleur. Sans parler des quelques petits bobos qu’il va falloir soigner : le genou en sang de Manu, une belle ampoule sur le gros orteil pour moi.
On essaye donc de faire le « job » : un bon repas glucidique et protéiné pour refaire les stocks, une sieste pour essayer de rattraper le sommeil en retard, quelques séances de Life+, et un petit tour à la rivière fraiche pour plonger les jambes et bénéficier d’un effet cryo naturel (je n’insisterais pas sur la bière bien fraîche …! ;))). Et puis bien sûr, on essaye d’être raisonnable et de se coucher tôt, parce que demain, le réveil, il va encore sonner à 4h !! (faudra pas faire ça trop souvent quand même .. !) »
Première ascension : A l’abordage !
Manu : « en bonne condition avant d’aborder cet Euskal Trail, nous étions tout de même dubitatifs sur la récupération entre les deux étapes. 42 km et 2400+ à avaler la veille et rebelote le lendemain matin, ce n’était pas gagné d’avance. Pourtant, au réveil, tout semble être rentré dans l’ordre et c’est même avec des jambes assez bonnes que nous nous approchons de le ligne de départ. A partir de là, la consigne et la tactique sont claires : puisque les jambes sont là, il faut attaquer fort d’entrée dans la première ascension qui fait figure d’épouvantail sur cette étape puisqu’elle s’apparente à un kilomètre vertical et cumule à elle seule la moitié du dénivelé de la journée.
Donc dès le start, nous partons à l’abordage et la stratégie de « rétro-poussette » mise en place la veille est opérationnelle dès les premiers hectomètres. Je pousse en effet Sissi par derrière dans le dénivelé « normal » en profitant allègrement de ces moments !! 😉 et la cale carrément contre moi de l’épaule à l’arrière train dans les pourcentages sévères afin de la pousser du haut du corps au bas à la manière d’un tire-fesse !! 🙂 Je me mets littéralement minable pour l’aider le plus possible car je sais que l’on peut prendre un avantage psychologique sur cette première ascension…
Et cela semble fonctionner ! En haut de la première ascension qui se termine pourtant très sévèrement, nous passons en tête et je ne vois pas le couple des « Gomez » qui semble vraiment distancé. Seul le couple Martin-Mougin, vainqueur la veille est dans le rétroviseur. On a vraiment beaucoup donné dans cette première ascension, mais le fait de la partager avec Sissi de « si près » puisqu’au corps à corps presque tout le long reste pour moi un super souvenir. Cadeau en haut : Sissi m’arrête de la voix : « Regarde ! ». Panorama de fou, on est au-dessus des montagnes et de quelques nuages, on surplombe le pays basque. Magnifique… »
Un super début de course à 4
Sissi : « en effet, belle surprise de constater que la forme était au RDV en ce deuxième matin, et que les jambes suivaient notre motivation du jour ! Manu est surexcité, il veut tenter le tout pour le tout et me propose une stratégie qui ne m’enchante pas trop au départ : « on part à bloc et on donne tout dans la première montée pour creuser un trou dès le départ ! » Bof, je ne suis pas fan des « stratégies » mais je me laisse prendre au jeu de mon compétiteur ! On ne lâche rien, et on fait route avec le duo vainqueur de la première étape : Manon Mougin et Jean Marc Martin.
Un véritable plaisir de courir avec eux, on papote un peu (quand le souffle nous le permet), et on joue au yoyo : on passe, ils nous redoublent ! Manon est impressionnante, elle court même dans les pentes les plus raides, avec une belle foulée économique ! Jean-Marc est très vigilant avec la chaleur et prend le temps de s’arroser à chaque point d’eau, il a pris un bon coup de chaud et a passé la soirée à vomir … avec ces sessions bavardages, les kilomètres défilent vite et c’était vraiment un chouette moment partagé ! »
Une autre course commence à partir du 25ème kilomètre
Manu : « le couple Martin-Mougin nous revient dessus assez facilement dans la descente qui suit. Il est vrai que nous nous ne sommes pas des « super descendeurs » et surtout que nous ne voulons prendre aucun risque. Pas grave, on se fait rejoindre et on en profite pour discuter durant quelques kilomètres et de faire la connaissance de ce couple que l’on ne connaissait pas. Des jurassiens, super sympas. Finalement, c’est une bonne occasion de découvrir ce couple que l’on a pas vu de la journée hier.
On jouera au chat et à la souris avec eux au fil des « toboggans » offert par la suite du parcours qui laisse finalement peu de répit. Ils prennent le large, nous revenons… Finalement, au ravitaillement du 22ème kilomètre, c’est nous qui prenons un peu d’avance et qui commençons à y croire. Pas de nouvelles des espagnols et une seconde partie de parcours assez favorable pour la foulée de Sissi (profil annoncé assez « roulant »). Mais la joie est de courte durée, les jurassiens nous reviennent dessus et Sissi fait une lourde chute qui me donne l’impression de la « sortir » de la course.
Elle semble avoir mal d’une part, mais elle semble aussi totalement désorientée dans ses prises d’appui comme cela arrive après une belle frayeur. Elle mettra quelques kilomètres à reprendre ses « esprits ». Pas grave, l’important est qu’il y ait plus de peur que de mal comme moi la veille. »
Quand la victoire s’envole …
Sissi : « il faut se l’avouer : le duo Martin/Mougin semble plus en canne que nous ! On s’accroche, mais à chaque portion descendante ou plus technique, ils reprennent l’avantage. Mais on essaye d’y croire, à mi-course, on garde nos positions et rien n’est écrit ! On prend d’ailleurs les devants à la sortie du second ravitaillement du 20ème kilomètre … mais 5km plus loin, je prends une belle gamelle et me retrouve en vrac sur le sentier : ils étaient juste derrière, ils s’envolent loin devant ! Pas grave, je me suis fait une belle frayeur, j’arrête de jouer et je lève le pied !
Manu m’encourage à aller dans ce sens. Hier, c’était lui, on n’est pas là pour finir sur les rotules non plus. D’ailleurs, le parcours nous régale vraiment et la beauté des paysages nous permet de relativiser. Mais quel bonheur !! Et puis on ne s’endort pas non plus. Ce passage en crête est plutôt roulant et même si le pied est toujours dans l’instabilité sur ces sentiers escarpés en dévers, on peut rester sur des bonnes allures. Par contre, Manu devra se contenter de donner de sa voix pour me soutenir, parce que pousser ici, c’est juste impossible.
On avance bien, mais sans le savoir, on a les espagnols à nos trousses … quelle remontée ils ont fait ! Impressionnants ! C’est survoltés qu’ils arrivent en même temps que nous au 3ème ravitaillement (km29). On les laisse repartir devant, ils ont l’air plus frais que nous à ce moment là de la course. Bon ben, je crois que les classements de la veille ne bougeront plus à 10Km de l’arrivée, à moins que les espagnols ne parviennent à remonter le duo de tête. Et à les voir avancer, je ne mettrais pas ma main à couper qu’il n’y arrivent pas … ! »
Et finalement : la règle de 3 !
Manu : « avec un dossard rempli de 3, et cette place de 3 la veille, tout semblait écrit pour que l’expérience nous ramène vers de chiffre. Et bien Bingo ! Les espagnols jusqu’alors très discret nous reviennent une nouvelle fois dessus comme des boulets de canon. Les passages descendants sont finalement très techniques en ce dernier tiers de course et la stratégie annoncée « pas de prise de risque » de notre part nous limite dans ces passages.
Je ne suis d’ailleurs pas plus à l’aise que Sissi sur certains sentiers remplis de racines, gros rochers… Ce qui explique que nous déboursons beaucoup de temps là où nos amis ibériques passent avec beaucoup d’aisance. Nous les laissons passer avec un petit regard qui veut dire « bien joué » et une tape avec mon homologue « Gomez » qui me rend la pareille. Pour nous, les dés sont jetés. Nous terminons à notre rythme en profitant pleinement de ces derniers kilomètres ensemble même si Sissi s’est mis un petit défi de « temps » à respecter .
Ce qui fait que nous ne trainons pas non plus et que la fin de course passe assez vite. C’est aussi le moment de profiter des derniers panoramas qui s’offrent à nous et se dire que l’on reviendra l’an prochain très probablement. L’accueil basque ne fait que confirmer notre opinion sur ce magnifique pays. Nous passons la ligne avec le sentiment du devoir « accompli ». On aurait pu faire un peu mieux peut-être mais ça aurait aussi pu être bien pire vu le scénario des deux étapes.
Nous sommes très heureux de passer et de partager cette seconde ligne à deux. A titre personnel, cela efface toute la frustration de ne pouvoir suivre Sissi de plus près lorsque nous courons une même épreuve. Là, je l’ai eu 100% pour moi, c’était génial. Elle a vraiment donné le change en se battant comme une lionne et en allant chercher vraiment loin. Pour moi, c’est là qu’on trouve les championnes. Et je n’ai pas été déçu ! Donc une seule envie : revenir au plus vite pour de nouveau prendre ma « dose » de pays basque et de partage avec ma moitié ! »
Nous terminons donc 3ème équipe mixte et 9ème au classement général avec un chrono global de 9h40 sur l’ensemble des deux journées (9h26 pour les premiers et 9h29 pour les seconds).
Par Sylvaine Cussot et Emmanuel Gault / Photos : AFUM TEAM
>> Les résultats de cet Euskal Trail 2017