Ayant déjà eu la chance de participer au Guadarun en 2014, je reviens sur cette édition 2017 avec plaisir. Il faut dire que cette épreuve atypique permet de courir l’archipel de la Guadeloupe en long, en large et en travers … ou presque.
Pour faire court, on galope tous les jours sur une île différente une semaine durant, il est donc difficile de sombrer dans la monotonie et surtout de faire mieux pour découvrir l’étendue du potentiel de l’archipel. Et bonne nouvelle pour moi, il y a des nouveautés par rapport à l’édition 2014 : les épreuves ne se font pas dans le même ordre et certains circuits ont été remaniés.
Voici donc un petit résumé de cette semaine, étape par étape. Mais comme de belles images et de belles vidéos valent parfois mieux que de long discours, vous trouverez aussi le lien vidéo « résumé » de chaque étape faite par Piotr Pacewicz de « 813 Studio » qui valent vraiment le détour.
1ère étape –Jardin d’eau de Goyave (Basse Terre)
Vidéo « 813 Studio » :
Cette étape était de loin la plus difficile en 2014 avec notamment une descente de 7km mémorable et d’une difficulté improbable ! Pour cette édition 2017, le parcours est grandement modifié, et si le kilométrage est sensiblement le même (20km), la difficulté est moindre (avec tout de même pas loin de 1000m de D+).
Je découvre donc un nouveau circuit, bien plus varié, mêlant sentiers en bordure de plantation (bananier et canne à sucre principalement) et de belles portions joueuses qui s’engouffrent puis slaloment dans une jungle luxuriante. Cascades et traversées de rivières pimentent le circuit avec de courtes mais belles montées et forcément des descentes techniques généralement très glissantes. Du coup le parcours est truffé de relances.
On est ici dans la région la plus arrosée (et donc humide) de la Guadeloupe. J’apprécie la variété qu’offre le changement de circuit, même si le point culminant est désormais bien moins haut. Cette étape me permet déjà de prendre les commandes du classement. Thibault et Jocelyn (mon dauphin de 2014) finissent main dans la main en 2 et 3ème position. En guise de bonus, j’ai droit à une petite interview pour la radio locale qui suit et relaie l’évènement tous les jours (j’y aurais droit plusieurs fois dans la semaine) !
Puis récup’ dans la rivière en contre-bas dans ce fabuleux jardin d’eau de Goyave propice à la détente et à la balade. Puis la 2ème étape dans l’étape de la journée commence alors avec un transfert épique en bus jusqu’à Trois Rivières puis en bateau vers les iles des Saintes pour y installer notre campement. Les transferts, la gestion du bivouac, c’est aussi cela le Guadarun !
2ème étape – Iles des Saintes (Terre de haut).
Vidéo « 813 Studio »
La « vraie » 2ème étape se déroule sur Terre de Haut. C’est une des 2 îles principales des Saintes avec Terre de Bas. Ces îles sont assez petites et les étapes y sont plutôt courtes (environ 15km), mais permettent de parcourir quasiment l’ile dans chaque recoin.
Cette 2ème étape est relativement rapide et propose une belle alternance de bitume et sentiers. Attention il y a tout de même 600m de D+ ! Le début de parcours a tout de même des faux airs de corrida surtout lorsque l’on traverse le bourg. Un parcours grandement similaire à celui de 2014 mais avec une nouvelle section trail pour rejoindre le point culminant de l’ile « Le Chameau » (et son panorama à couper le souffle) qui apporte un vrai plus au circuit.
Chaque jour de nouveaux coureurs peuvent se greffer à l’épreuve sur une des étapes de leur choix (mais une seule !). Du coup si j’avais presque décidé d’être en observateur aujourd’hui, un «invité » va me faire changer mes plans. Il part rapidement et je me décide à le suivre … histoire de faire honneur aux Guadarunners ! On part donc sur un rythme soutenu pour rallier la première difficulté et le fort Napoléon, et on est rapidement esseulés.
Mais finalement au bout de 4km, celui-ci coupe son effort soudainement en m’expliquant qu’il est juste là pour s’entrainer. « Hein ? Comment ? C’est quoi ce pétard mouillé ? ». Pour moi la mécanique étant lancée désormais et je vais petit à petit prendre le large pour attaquer la grosse difficulté de la journée via la nouvelle portion. Et si on culmine à tout juste à 300m d’altitude, la chaleur et la difficulté des sentiers ascendants sur cette étape la rendent particulièrement exigeante.
On replonge alors vers le bourg avec une courte mais difficile section sur la plage dans un sable des plus spongieux. Et oui même lorsque le dénivelé n’est pas là, la difficulté trouve son essence ailleurs. Une dernière bosse version trail pour parfaire la musculation et on revient au point de départ. Finalement cette étape sera l’occasion d’accentuer mon avance sur mes poursuivants.
3ème étape – Iles des Saintes (terre de Bas)
Vidéo « 813 Studio » :
Un début d’étape plutôt roulant nous emmène vers le port des pécheurs de l’île. Puis une longue, très longue ascension sur des chemins cimentés nous attend. De quoi faire un peu fumer les cuisses.
Une fois sur les hauteurs de l’ile, on replonge sur des sentiers abrités et ceci quasiment au niveau de la mer. Le sol est dur et il vaut mieux se ménager dans les descentes. C’est un peu la tactique que je garderais durant toute la semaine. Courir à mon rythme le plus souvent possible mais lorsque les descentes sont trop raides et sur bitume, les faire à l’économie.
Vient alors la partie trail de l’étape qui nous refait prendre de la hauteur puis replonger vers l’arrivée dans une forêt remplis d’arbres tortueux et de singles qui le sont tout autant. Petit à petit le sol terreux laisse place à des torrents de rochers de plus en plus gros. De quoi parfaire sa technique et se faire plaisir.
Sur cette étape je suis parti rapidement à mon train et ai pu gérer mon parcours assez sereinement, chose appréciable car le sentier comprenait de belles portions techniques mêlant rocher, racine et virages serrés dans le final.
4ème étape – Marie Galante
Vidéo « 813 Studio » :
Une de mes étapes préférées de 2014. Le profil qui parait relativement plat est très exigeant et assez technique. Il y a donc beaucoup de relance et de variété sur ces 21km. Des passages de toute beauté à flanc de falaise ou à proximité immédiate de criques isolées.
Mais difficile de prendre le temps de regarder puisque le sol est souvent délicat. Rocher ou portions de caye (pierre tranchante érodée par le vent et la mer) sont souvent au programme. Les quelques passages en sous-bois sont aussi l’occasion de croiser et d’entendre un paquet de Bernard l’Hermite terrestres qui se recroquevillent puis roulent dans leur coquille lors de notre passage. Un drôle de concert !
Le final bien plus roulant permet alors d’allonger la foulée pour rallier la plage et le campement. Plaisir des yeux et des jambes sur cette étape où j’aurais mis pas mal de rythme et grappiller quelques minutes au général. Pas besoin de vous faire un dessin pour vous dire qu’encore une fois la récup se fera dans la mer et son eau à 26 degrés sans trop d’hésitation.
5ème étape – La Désirade
Vidéo « 813 Studio » :
La Désirade est une des iles les plus chaudes de la Guadeloupe et propose une forme allongée. Le circuit qui s’y déroule peut se résumer en une longue boucle allongée … mais est plus complexe qui ne peut le laisser penser.
L’aller se fait sur l’unique route goudronnée (légèrement bosselée) de l’île pour rejoindre la pointe « Est » aux allures de désert volcanique. La chaleur y est souvent accablante ! Ce sera le cas aujourd’hui ! Iguane et cactus feront office de public dans cette zone aride. Et après un très gros raidillon le retour s’effectue alors sur la crête de l’île et sur son unique piste carrossable.
Seul le doux bruit des éoliennes se fait entendre, bref il n’y a pas un chat en haut … au mieux un ou deux iguanes (encore eux !). Le final nous fait alors replonger vers une superbe plage de sable fin où le bivouac a été installé. Une épreuve sur laquelle je pars avec l’intention de me tester !
Le départ roulant se prête bien à courir vite … mais j’aurais droit à un petit coup de chaud en milieu de parcours, qui me fera calmer le jeu … si bien que je finirais avec seulement 3 secondes d’avance sur Jocelyn (après un périple de 23km), que je n’apercevrais qu’une fois la ligne d’arrivée franchie.
6ème étape – Saint François – Le Moule (Grande Terre)
Vidéo « 813 Studio » :
L’étape la plus côtière de tout le Guadarun. Elle part de la Pointe des Châteaux, un endroit vraiment propice pour faire une petite randonnée en famille. Choses remarquables, on part sous la pluie (une première pour ce Guadarun) et le nombre d’ « invités » est conséquent avec pratiquement une trentaine de coureurs en plus.
L’étape longe bien souvent la plage mais propose toujours des sections un peu en retrait avec beaucoup de passages qui cassent le rythme. 25km de plaisir où petit à petit la pluie a eu la bonne idée de disparaitre mais laissant quelques passages de roches bien glissants et donc délicats. L’arrivée sur la plage du Moule, très agréable, avec un public assez présent, se mérite et les heures accumulées de course à pied se font quand même sentir, mais désormais le plus dur est fait et est derrière nous.
Je remporte cette « ultime » étape et du coup me paie le luxe d’avoir remporté toutes les étapes sur ce Guadarun 2017, ce qui n’avait ni été prémédité, ni le cas en 2014. On ne va pas se plaindre ! Je succède ainsi à Widy Grego (vainqueur en 2016), un personnage attachant et authentique avec qui la discussion a toujours été vraiment très intéressante (ce sera un peu mon coup de cœur de ce Guadarun, s’il fallait en retenir qu’un seul) … il finira 4ème sur cette édition. Pour un V2 ça le fait ! De mon côté, aucun bobo, aucune fatigue démesurée à déclarer, donc que du positif !
7ème étape – Port Royal (Basse Terre)
Vidéo « 813 Studio » :
Guadarun 2017 – Stage7 from Piotr Pacewicz on Vimeo.
Cette dernière étape a la particularité d’être hors classement. Elle va être l’occasion de voir la course autrement … puisque la plus part des Guadarunners, moi inclus, vont se prêter au jeu de découvrir la difficulté de conduire une goélette.
Une équipe de pompier (les Pompiers de Vannes Aventure) a durant le Guadarun embarqué 4 gamins à mobilité réduite sur pratiquement l’intégralité des étapes. Et bien je peux vous dire que ça pique les bras et les jambes. Si sur les parties larges et roulantes, ça se passe plutôt de manière intuitive, c’est une autre histoire pour les passages techniques.
Le sable, les singles étroits, les racines sont autant de difficultés où il faut savoir gérer l’effort mais aussi l’espace et la synchronisation des mouvements avec le reste du groupe de porteurs. D’ailleurs le portage est bien souvent de rigueur ! En fait on ne s’improvise pas porteurs de goélettes du jour au lendemain. Le genre d’expérience qui te fait relativiser tes petites performances établies jusque-là et de mieux comprendre le don de soi et la difficulté de manier un tel « véhicule » … On se doute bien que c’est difficile mais le fait de l’avoir vécu permet de passer de la théorie à la pratique et par la même occasion se rendre compte de la transmission de bonheur et d’entraide que cela engendre !
Un super souvenir pour définitivement finir ce Guadarun en beauté. Pour ne rien gâcher on va laisser notre bivouac ambulant durant les dernières nuits pour un superbe hôtel 4 étoiles en bord de mer. Epilogue bienvenu pour enfin se remettre de ce « voyage » de 7 jours, long de 130km entrecoupé de routes et chemins divers et variés.
Encore une fois une très belle aventure et un agréable voyage sportif … avec des souvenirs et des anecdotes plein la tête !
Par Nicolas Miquel
Infos sur la course : GUADARUN
Laisser un commentaire