On a très vite compris ce qu’il y avait derrière le projet Breaking 2 de Nike et cette barrière insensée des 2h au marathon : un gigantesque coup de projecteur sur la firme et ses produits.
Une publicité XXL ?
En première ligne, la Nike Vapor FLY utilisée par ses athlètes élites pour les aider au mieux dans la quête de la performance. Profil aérodynamique, lame intermédiaire en carbone pour favoriser le retour d’énergie.
Cette publicité XXL avec la venue de des meilleurs athlètes mondiaux de la marque est relativement simple à intégrer : on sait que des millions ont été dépensés pour cela, entre la recherche scientifique et la mobilisation de ces coureurs. On ne découvre pas la chose et Nike ne s’en cache pas.
L’extraordinaire performance d’Eliud Kipchoge
L’extraordinaire, même si les 2h n’ont pas été dépassées, s’est quand même produit. Courir à 21 km/h (2’51 par kilomètre) pendant 42,195 km, quelle que furent les aides mises en œuvre… Cela tient du fabuleux !
La performance d’Eliud Kipchoge est extraordinaire. C’était sans doute le plus à-même (voir le seul ?) à pouvoir le réaliser. Kipchoge a désormais une longue carrière où il a prouvé sur piste (champion du monde du 5000m en 2003 devant El Guerrouj et Bekele) comme sur route (7 victoires sur 8 marathons, champion olympique du marathon en 2016 et meilleur temps de 2h03’05) son potentiel, mais surtout son intelligence et sa maîtrise.
C’est bien lui qui a couru pendant les 2h sur circuit à plus de 21 km/h. On ne pensait pas qu’un coureur puisse faire ça. Il ne suffit pas d’interpréter des statistiques sur les progressions des chronos pour dire que les 2h vont se faire dans tant d’années. Il faut aussi ces conditions, mais surtout un homme pour les réaliser. A ce titre, la performance est immense !
Un dopage technologique ?
Avec les conditions connues pour réaliser ce projet, on comprend aussi très bien qu’elles ne peuvent pas être réunies dans une course classique aux conditions réglementées, et que par conséquence nous ne sommes pas près de voir les 2h sauter en course. C’est entendu.
Cependant, vient tout de même le fait de se poser la question de l’aide matérielle avec cette Vaporfly : avec cette lame de carbone, est-ce que nous ne rentrons pas dans le domaine du dopage technologique ? Il faut encore statuer là-dessus, comme ce fut le cas pour les maillots en natation ou les roues aimantées en cyclisme. Concernant le dopage « humain », on imagine que la marque a pris les plus grandes précautions à ce sujet.
Et le questionnement philosophique ?
Puis vient ensuite le questionnement philosophique : est-ce que l’homme doit provoquer l’extraordinaire ? Est-ce qu’on ne va pas trop loin dans la quête de performance, quitte à dénaturer l’effort, le sport dans ce qu’il a de plus naturel et humain ? Est-ce que les athlètes de haut niveau, les coureurs passionnés, attendent réellement cela du sportif et de la performance ?
Nous attendons vos réponses si vous en avez.
Par Mathieu BERTOS
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