Le 1er mai, se déroulait le championnat de France de marathon 2017. Il s’agissait de mon 8ème marathon et de mon 4ème championnat de France sur cette distance.
Avec mes supers équipiers et amis : Sébastien CHARNAY et Lionel RIBEIRO, nous restions sur 3 titres de champion de France par équipe avec 7h40’51 (2h23’13 + 2h35’37 + 2h42’11) en 2013 à TOULOUSE ; 7h32’05 (2h22’51 + 2h33’37 + 2h35’37) à METZ en 2014 et 7h32’46 (2h22’08 + 2h33’48 + 2h36’50) en 2015 à RENNES.
Une analyse de la start liste cette année, annonce une lutte très serrée avec le Club Ales Cévennes athlétisme qui a engagé Romain COURCIERES (engagé en 2h17’27), Laurent VINCENTE et Karim BOUJDEMAI. Le club CIMA Pays d’Auray sera également très difficile à repousser avec une équipe très homogène, la plus homogène que nous n’ayons jamais dû affronter, avec Florian LE VOUGOUROUX, Yoann LUCAS et Christian DREAN, respectivement engagés en 2h27’58, 2h30’29 et 2h31’24. Valeur théorique cumulée à 7h30’… Ouille ! Sur le papier, la partie s’annonce difficile. Mais nous sommes l’équipe la plus expérimentée sur marathon, ça peut compter. J’espère que ça comptera.
Les quelques particularités à noter
1 – D’autres beaux marathons se courraient le même weekend, avec NANTES, ANNECY, ALBI, ROYAN… Présidentielle oblige… (Cela n’a par contre pas interféré avec la densité du championnat de France, car très peu de gros poissons sont allé courir ailleurs qu’à SENART).
2 – Dans nos 2 grosses équipes concurrentes, beaucoup d’athlètes se sont qualifiés un peu « à l’arrache », au dernier moment. C’est le cas de l’intégralité de l’équipe d’Ales : R. Courcières était déjà qualifié, mais a néanmoins souhaité courir à Montauban le 26/03 et l’emporte en 2h23’53. L. Vincente s’est qualifié à Paris le 09/04, à 3 semaines de l’objectif, en 2h40’18, avec un peu de marge (valeur théorique actuelle de cet athlète vers les 2h33/2h34′). K. Boujdemai s’est lui qualifié en 2h44’44 le 19/03 à Marseille. Pour l’équipe de CIMA Pays d’AURAY, Yoann Lucas s’est qualifié en 2h30’29 à Paris, le 09/04, soit 3 semaines avant le championnat de France.
Cela n’engage que moi, mais je trouve cette approche (une qualification de dernière minute pour un marathon) risquée. Mes équipiers et moi, jamais il ne nous viendrait à l’esprit de penser à participer et nous qualifier à championnat de France de marathon à quelques semaines de l’échéance. Il faut dire aussi que c’est peut-être l’engagement de R. Courcières qui a décidé L. Vincente et K Boujdemai à faire ce championnat de France. L’opportunité à saisir était belle pour eux, avec la perspective d’un titre de champion de France de marathon par équipe.
Au niveau de notre préparation, nous avons fait de notre mieux, mes équipiers et moi, en conciliant notre préparation avec nos vies de famille, nos impératifs professionnels et nos petits bobos par ci, par là. En partageant les principales séances ensemble, avec le même plaisir, inaltérable, de se retrouver à l’entrainement.
Autre particularité cette année : nous avons fait une préparation « stratifiée ». En effet, les championnats de France de semi-marathon se déroulaient cette année à Bourg en Bresse, le 12/03, nous étions « à la maison » et avions à cœur de briller sur cet événement. Nous souhaitions donc être en bonne forme à Bourg, mais nous souhaitions encore l’être 7 semaines plus tard à Sénart.
La préparation s’est donc faite en étapes, sans surprise, en quelques mots : Prépa BOURG intégrant des sorties longues / Phase d’approche de BOURG (= « récup ») / Championnat de france de semi-marathon (voir CR BOURG 2017) / Récup post semi / Prépa SENART / Phase d’approche de SENART / Marathon de SENART. Simple sur le papier, mais pas forcément sur le plan physiologique, physique et mental.
Les préparatifs d’avant course
Nous avons fait le déplacement la veille. Avec d’autres membres du club de Pont de Vaux et amis : José Ribeiro, champion de France Master 3 de marathon à Rennes en 2015 avec un joli 2h53’41 et récent vice-champion de France de semi-marathon Master 3 à Bourg en Bresse, en 1h20’35, moins d’une minute derrière Dominique CHAUVELIER. Michèle Martinet, Master 3 femme, marathonienne expérimentée et qui vient de terminer 4ème, à 7 » de la médaille, au championnat de France de semi-marathon 2017. Ainsi que Gilles Perret et Guillaume Ryon, des vétérans capables de réaliser 2h53/2h55′.
La météo s’annonce délicate à gérer. Les températures seront favorables avec 8 à 12°C pendant la course (ce qui n’était pas gagné d’avance pour un début Mai), mais le vent s’annonce turbulent avec une moyenne à 20/25 km/h, et des bourrasques qui dépassent les 35 km/h. Cela va influencer les performances et va impacter la gestion des efforts pour les coureurs appartenant aux équipes qui jouent les places d’honneur.
Après les derniers préparatifs et un échauffement soigné avec mes équipiers, nous nous alignons sur la ligne de départ. Elle est étroite, j’ai du mal à voir où sont certains gars. Je n’ai pas vu Alaa H’rioued, Romain Courcières par exemple. Qui sont parmi les plus rapides sur le papier.
La course
J’essaye de ne pas me laisser aspirer sur des allures trop rapides
Pan ! C’est parti. Le départ est relativement étroit, mais je ne suis pas gêné lors de la « mise en route » contrairement à Bourg. Je repère vite les principaux adversaires et les principaux potentiels partenaires de route.
Dès les premiers appuis, j’essaye de ne pas me laisser aspirer sur des allures trop rapides en début de course. Km 1 en légère descente : 3’31. Attention à ne pas trop insister sur ce tempo. Je suis en compagnie de Lionel Ribeiro. Un trou commence déjà à se former avec ceux de devant, et nous sommes tous les 2 à le mener… Il faudra vite trouver une solution.
Nous suivent : K Boujdemai, Zenash Gesmuh (éthiopienne), Corinne Herbreteau (candidate au titre de championne de France et avec qui j’avais fait quasiment 30 km à Rennes en 2015), de Jean Paul Carvalho (avec qui j’avais partagé un long bout de chemin sur le marathon d’Annecy 2015 et de Rennes 2015). Je distingue aussi le super Master 2 Eric Larripa qui m’avait permis de réaliser mon record à Metz en 2014 (voir CR).
Bref, je suis à ma place. Au fil des années, nous commençons à bien nous connaitre ! Rachid Lekhal et d’autres têtes connues nous accompagnent. Le vent est déjà très gênant et la « route » est de très mauvaise qualité sur les kilomètres 2 et 3 : c’est du chemin dégradé.
Les plus forts forment rapidement 2 petites grappes de 5/6 individus. Un groupe partant sur le rythme 2h22′, un autre sur le rythme 2h28/2h30′. F Guimard s’isole dès le début de course. Je me dis que R. Courcières va rester au chaud un moment, en embuscade, avant d’attaquer à son tour pour que les gars d’Ales fassent 1 et 2 au classement scratch.
Vers le km 3 (10’53), sans même que nous ayons à en parler, Lionel décide de durcir encore l’allure, je laisse le trou se faire. Immédiatement, Karim Boudjemai va au marquage de Lionel. C’est une attitude logique. Lionel s’évade doucement avec lui sur ce chemin caillouteux.
Je me décale pour laisser passer les autres membres du groupe, car cela fait déjà près de 4 km qu’ils sont « dans les roues ». Mais ils tardent à passer (photo ci dessous). Certains finiront enfin par passer quelques hectomètres plus loin après une nouvelle incitation de ma part.
Je ne cherche pas à les suivre, je suis déjà sur un rythme marathon limite pour moi
Je reste au chaud. Le groupe est consistant et évolue sur une intensité régulière. Nous passons en 18’21 au km 5. A un moment, de l’arrière, j’aperçois L Vincente qui mène mon groupe. Il l’étire et cherche à se projeter à l’avant. Il est bien.
Lionel lui est toujours en train de creuser l’écart, en bouffant du vent, avec Boujdemai sur son porte bagage. Soudain, vers le km 7, Boujdemai s’arrête uriner. Je n’avais jamais vu une pause pipi si tôt, chez un gars qui joue une médaille par équipe. Lionel se retrouve seul du coup, et Boujdemai se retrouve dans mon groupe. Avec Vincente du coup. Mais ils sont plus forts que les membres de mon groupe à ce moment-là et s’évadent inexorablement. Je ne cherche pas à les suivre, je suis déjà sur un rythme marathon limite pour moi, nous venons d’enchainer les km 7, 8, 9 en 10’50. Je passe mon premier gel.
Nous passons au km 10 en 36’29. C’est un poil rapide pour moi, mais derrière, ils sont éparpillés dans le vent, et puis ma place est avec des athlètes comme Larripa, Carvalho, Lekhal, et Corine Herbreteau… Devant, Lionel a pu rejoindre un mec en rouge qui partage le travail avec lui. Au km 11, c’est un peu confus au niveau du ravitaillement : les athlètes du championnat pouvaient déposer leurs bidons personnalisés et étiquetés au départ, l’organisation de la course se chargeait de les déposer sur une table sur les différents points de ravitaillement du parcours.
Notre groupe compact se disperse un peu lorsque chacun essaye de localiser (pas simple, il doit y avoir 50/60 bidons sur la même table) et d’attraper son bidon. Mais tout le monde recolle 1 km plus loin. Je n’ai pas été très bon pour trouver mon bidon, j’ai perdu quelques mètres sur le groupe, et j’ai dû revenir. Je m’en veux un peu… Je bois mon bidon une fois dans le groupe, mais un peu trop vite (je voulais avoir les mains libres sans trop trainer). La boisson énergétique mousse une peu dans l’estomac : au niveau ventilatoire, c’est inconfortable, je ne suis même pas loin du point de côté quelques hectomètres plus loin.
Nous passons au km 15 en 54’52
Au km 12/13 environ, Herbreteau accélère significativement à près de 17 km/h. Je ne comprends absolument pas pourquoi. Tout le groupe s’étire. Puis nous revenons sur elle 1 km plus loin. Elle parle un peu avec ceux qui ont ramené le groupe sur elle en amortissant son démarrage, puis rentre dans le rang. Avec un autre gars à mes côtés, on prononce en même temps : « pourquoi elle fait ça ? ». Nous n’aurons jamais la réponse. Elle est pourtant expérimentée. Ce genre d’erreur peut couter cher dans le final. Nous venons de faire les km 13 et 14 en 3’39 et 3’37 sur ce coup-là, et je sens que je ne suis pas impérial. Je ressens même les premiers signes de casse musculaire sur les impacts au sol. Bon… J’espère que c’est mon imagination…
Nous passons au km 15 en 54’52. Lionel est depuis quelques kilomètres avec le mec en rouge qui partage le travail avec lui, face au vent. Il est une bonne minute devant moi je pense. Les 2 gars d’Ales sont intercalés entre Lionel et mon groupe. Nous arrivons sur un secteur où nous croisons la tête de course après une petite boucle. Guimard est loin devant, en tête. Plus loin on retrouve un groupe composé de Séb Charnay, le leader de mon équipe, Romain Carette, qui effectue le travail, Alban Chorin, Cyril Thomas, David Duquesnoy et quelques autres que je n’ai pas eu le temps de distinguer.
Ils courent à 3’20/km dans un sens, et moi à 3’40/km dans l’autre, ça passe vite. Je n’ai pas eu le temps de distinguer Romain Courcières (valeur 2h17/2h18’) par exemple dans ce groupe. Mais avec lui devant, clairement plus fort que Séb Charnay et les 2 gars d’Ales devant moi et en chasse sur Lionel, sauf incident, pour le titre par équipe, les jeux sont faits. Les 3 gars de CIMA Pays d’Auray sont quant à eux toujours dans le groupe des gars en 2h28/2h30’. Je passe mon gel n°2.
Au km 16 (58’35), Je suis dans un bon moment. Sur un faux plat montant, je me replace à l’avant du groupe, sans chercher à accélérer, juste en maintenant la même intensité d’effort. Le groupe s’étire. Je prends quelques mètres d’avance. Je me dis à ce moment-là : « ça répond, impeccable. Tu es dans les plus costauds du groupe. Il y aura peut-être moyen de revenir plus tard sur les gars d’Ales (environ 30 secondes devant, 130 m) ».
Quelques hectomètres plus loin, 2 des plus solides de mon ancien groupe recollent. Je retrouve sans surprise Eric Larripa (Les Aigles de Pau), et Christophe Morère (Endurance 72). Eric Larripa prend le relai, il est indéniablement plus fort que moi. Nous passons au km 20 en 1h13’21 puis au semi en 1h17’31, situé dans un bon faux plat montant. Je passe mon gel n°3, puis bois. Mon 2ème bidon « mousse » dans l’abdomen. J’ai bu trop vite, encore une fois. Cela provoque à nouveau de l’inconfort respiratoire et le point de côté guette pendant quelques kilomètres.
Mes muscles sont déjà entamés. Plus qu’habituellement à ce stade d’un marathon.
D’ailleurs, sans que le groupe accélère, je me retrouve en difficulté sur les kilomètres 21 à 25, globalement en faux plat montant, avec des parties bien ventées. J’étais pourtant bien 5 km plus tôt… Avec ce vent, chacun essaye de trouver une position avantageuse dans le groupe, mais le vent nous prend bien quand même. Je parviens à rester dans le groupe, mais cela me coute l’engagement que je produis habituellement après le 32ème / 35ème kilomètre.
Aie… Passage au km 25 en 1h32’04. (18’43 du km 20 au 25ème, soit 3’45/km de moyenne tout en prenant + 20 m de D+). J’y ai laissé des plumes. Comme tout le monde je pense. Comme tout le monde j’espère. Un virage sur la gauche au km 26 nous engage sur une ligne droite de 3 km, tout en faux plat montant, avec un fort vent latéral. La difficulté franchit un cap supplémentaire.
Je commence à ressentir des durcissements musculaires, qui montent dans les mollets, très vifs, douloureux : Les crampes sont imminentes. ALORS LA ! Ça craint ! Je suis pourtant celui qui a le plus bu dans tout mon groupe… Je vais devoir finir aussi vite que possible, tout en contenant ces crampes… Reste 16 km ! Ça m’inquiète. Habituellement, au km 26, je me dis souvent : « reste 1h de course », mais là, je sais pertinemment que cette situation sera impossible aujourd’hui.
Un coup d’œil à la montre : 1h35’49. Super temps de passage pour moi, mais je connais la suite : ça va être une lutte contre la décélération et la douleur. Devant, Lionel est seul, il m’impressionne de maintenir un tel rythme avec ce vent usant et ce faux plat montant. Il parvient à stabiliser l’écart sur les 2 gars d’Ales qui sont toujours à sa poursuite. Ces derniers ont pris leurs distances par rapport à mon groupe. Il doit y avoir plus de la minute maintenant. Mes jambes se font de plus en plus lourdes, mes mollets durcissent, durcissent.
Et seulement 1h45’ de course à la montre : je ne vais pas finir beau sur la ligne…
Au km 30 (1h51’15 : 19’11 du km 25 au 30ème), je commence à perdre quelques mètres sur mon groupe. Je cède. Cela a un petit avantage, (on se console comme on peut), au lieu d’avoir à chercher mon bidon sur la table de ravitaillement, une gentille bénévole me tends mon bidon en me voyant arriver (j’avais noté, comme demandé, mon numéro de dossard sur mon bidon).
J’essaye de me remobiliser pour réintégrer le groupe et d’effacer les 15/20 m de retard sur le paquet où figurent encore Larripa, Carvalho, Herbreteau, et quelques autres. (Nous avons déjà perdu depuis la mi-course la jeune éthiopienne, et un autre gars au km 26). Je recolle, péniblement, mais mes mollets et mes cuisses sont « over ». Je vais, pour reprendre un terme cycliste, prendre « un coup d’élastique ». Au bord du parcours, Olivier Gaillard, un ami d’enfance, solide athlète, venu ici en spectateur averti et en coach, pour Adrien Guiomard qui participe lui au 10 km, m’encourage : « allez Séb, le 3ème gars de CIMA Auray a explosé, il recule, tu peux le voir devant, lève les yeux ».
En effet, leur 3ème homme explose complètement. Ça me stimule un peu : je suis de retour dans le groupe, et un concurrent direct pour le classement par équipe prend un éclat. Mais je suis fini. Jean Paul Carvalho qui me voit de retour m’encourage à son tour : « Allez Séb, reste avec nous ». Mais ça va être compliqué. Olivier, qui courre depuis quelques hectomètres au bord du parcours m’encourage toujours : « regarde Séb, le gars de CIMA Auray est cuit, c’est maintenant que se joue le titre par équipe ! ». Je réponds entre 2 souffles : « Il y a encore les gars d’Ales, ils vont gagner ». Olivier me répond : « Je n’ai pas vu Courcières, il a dû abandonner ». Ho putain ! Courcières plus là ! Le titre est jouable !! Un grand merci à Olivier pour ces encouragements et ces infos.
Mais sans surprise, je prends un coup d’élastique
Au km 32/33 environ, nous évoluons sur des pavés, pas trop vilains, mais suffisants pour accentuer encore et encore les dégâts musculaires. Les mollets et les chevilles travaillent un peu différemment, et les crampes montent sur certains appuis, ça calme ! Je passe à la trappe, encore une fois. Cette fois c’est la bonne… Sur les précédents kilomètres, j’étais encore sur un rythme de 3’45/3’47 au kilomètre, mais à partir du km 33 : rien ne va plus.
Le bidon bu ne change rien à la donne, les muscles sont pressés comme des citrons, plus de jus. Tout est contracté. C’est du caillou. Je passe néanmoins le 3ème gars de l’équipe de CIMA Pays d’Auray : il est encore plus mal que moi, en dérive complète. Je pense à ce moment au titre par équipe. Ses 2 équipiers valent environ 2h30’. Séb Charnay et Lionel Ribeiro vont faire vers les 2h25’ et 2h35’, donc si je mets le 3ème Gars de CIMA derrière, c’est joué.
J’arrive au km 35 en 2h10’36 (19’21 du km 30 du km 35). Je passe mes kilos en 3’56, puis 3’59, puis 4’04, 4’09, 4’17… Bien sûr, j’entends des coureurs revenir sur moi, notamment Gilles Dimanche, le 1er homme de l’équipe du LMA Meung sur Loire. Il me dit un petit mot de réconfort, puis poursuit, je ne peux pas réagir. Plus tard, 2 autres gars reviennent sur un faux plat montant au km 39, je suis collé ici.
J’ai beau me martyriser les muscles, rien ne se passe, je ne PEUX PAS accélérer pour les suivre. Mon cerveau l’ordonne, mais ce n’est plus lui le patron. Au niveau cardio respiratoire, je suis bien, le moteur est OK, mais la transmission est flinguée. Devant, il me semble que les gars d’Ales ont pu établir la jonction sur Lionel, qui a longtemps couru seul.
Je commence à penser que je ne vais même pas pouvoir faire moins de 2h40
Je passe au km 40 en 2h31’16 (20’40 sur les 5 derniers kilomètres, 4’08/km de moyenne, pfff… Désespérant…). Je commence à penser que je ne vais même pas pouvoir faire moins de 2h40’. Habituellement, quand je termine en bon état, au km 40, je me dis : « encore 8’ de course ». Mais là, ce sera davantage, même s’il y a une bonne descente dans le final.
Dans cette descente, les ampoules, que je sentais depuis un moment, pètent. Les ongles, viennent également taper au bout des chaussures… Les jambes subissent les impacts au sol, elles n’assurent plus aucun rôle amortisseur. Un autre gars me passe encore à 500 m de la ligne, je ne peux pas suivre. J’arrive sur la piste, enfin, je mets ce qu’il me reste, je passe la ligne en 2h40’00. 31ème de ce championnat de France au final.
Le débrief d’après-course
Sur la zone d’arrivée, mes équipiers m’attendaient. Avant que j’arrive vers eux, j’entends Lionel dire à Séb : « c’est bon, c’est mort, faudrait qu’il fasse 2h46’ ». Je comprends alors que nous ne serons pas champions de France de marathon par équipe en 2017. Séb a pourtant terminé à une belle 5ème place (2ème master 1, et donc médaillé d’argent) en 2h25’21. Lionel termine 18ème en 2h36’13, quelques secondes derrière Laurent Vincente. Cela nous fait un total cumulé de 7h41’34. Honorable vu ce vent soutenu.
Mais en effet, en discutant ensemble après, l’écran géant repasse des séquences enregistrée, on y voit les 2 plus forts du CIMA Auray qui en terminent triomphalement en 2h27’56 et 2h28’07. Leur premier gars, Christian Drean explose donc son record de 3’28 (ancien RP 2h31’24) malgré le vent fort. Il est de 1978 et sera donc un potentiel client aux médailles en Master 1 en 2018. Florian LE VIGOUROUX termine à 7’’ de son record et réalise 2h28’07.
Nous en sommes donc, en gros, à 4h56’ cumulées, alors que nous comptions les voir en 5h cumulées pour les 2 maillons forts de cette équipe. Leur 3ème homme, engagé en 2h30’29 a explosé, mais leur 4ème homme, Arnaud Bevan, un master 1 de 1973, a pu le passer et a limité l’hémorragie en terminant au sprint dans un groupe de 3 en 2h43’07. Il explose lui aussi son record de près de 3’ (2h46’01 en 2016 à Paris). Temps cumulé de leur équipe : 7h39’10. 2’24’’ de mieux que nous. Mon vilain 2h40’ n’a pas pardonné…
J’apprends ensuite que Romain Courcières n’était en fait pas présent. Cette équipe réalise donc 2h36’09 + 2h37’23 + 2h41’57 = 7h55’29. Ils terminent 3ème par équipe, car le champion de France de marathon 2017, Freddy Guimard, d’Ales lui aussi, bénéficiait d’une qualification exceptionnelle, car il n’a pas fait de marathon durant la période de qualification. Il ne pouvait donc pas compter, comme le règlement le stipule, dans le classement de son équipe. Avec lui, Ales aurait réalisé 7h33’42 en temps cumulé.
Un peu plus tard, notre super vétéran, José Ribeiro, remporte lui son 2ème titre de champion de France master 3 de marathon avec un remarquable 2h53’25, 1’ devant son rival du jour dans cette catégorie. Il est 73ème au classement scratch. Notre vétérane 3, Michèle Martinet termine en 3h38’52 à la 4ème place dans cette catégorie.
Gilles Perret, un vétéran 2 de notre équipe, de retour après des problèmes physiques, termine 115ème en 2h59’17. 29ème Vétéran 2. Son résultat, associé aux 2h25’21 de Séb Charnay, V1 et aux 2h53’25 de José, V3, permet à l’équipe Master de Pont de Vaux de terminer 2ème par équipe en 8h18’03 cumulées.
Pour en revenir à mon parcours du jour, par tranches de 5 km, cela donne : 18’21 + 18’08 + 18’23 + 18’29 + 18’43 + 19’11 + 19’21 + 20’40 + 8’43 (2.2 derniers kilomètres). Soit 1h17’31 + 1h22’29 sur les 2 moitiés du parcours… No comment… Sur mes 5 derniers marathons, je me préparais, et les 2h36/2h37’ sortaient au bout, mais là… Bref, c’est le sport… 2h40’, c’était ma valeur du jour.
Nous rentrons ensuite dans notre Bresse où de nombreux amis nous attendent : un repas festif organisé par les membres du club et leur entourage nous attendait. Des très bons moments pour clore cette journée mémorable. Un immense merci à mes équipiers et amis du club de Pont de Vaux, aux amis venus encourager sur place.
La qualité de l’organisation était exceptionnelle à tous niveaux. De l’accueil à l’hôtel, aux retours en navettes (zone d’arrivée décalée de quelques kilomètres par rapport au départ), en passant par la pasta partie et le dévouement de l’équipe organisatrice. Ils ont été formidables. Merci à cette équipe organisatrice.
Merci à tous également pour vos messages post marathon.
Sébastien Larue, ambassadeur i-run.