Le Trail de l’Ardéchois et son célèbre bœuf à la broche, j’avais déjà eu l’occasion de les découvrir en 2012, à mes tous débuts en trail. Un souvenir mémorable de conditions apocalyptiques … c’est avec enthousiasme que j’y reviens en 2017, en espérant profiter un peu plus du paysage !
Une 23ème édition qui s’annonce … plus calme que sa 18ème !
Cette édition avait marqué les esprits tant il fallait avoir un mental en béton pour venir à bout de ce parcours ravagé par une alerte orange survenue dans la nuit (récit ici). Des conditions qui ajoutent de la beauté aux performances des coureurs, je vous l’accorde, mais aussi pas mal d’inquiétude pour les organisateurs. Loulou Chantre, fidèle au rendez-vous pour soutenir Extra Sports, maintenant aux manettes de l’évènement, semble plus serein cette année … le soleil devrait être de la partie et rendre cette 23ème édition de l’Ardéchois Trail, encore plus belle !
Cette épreuve n’était pas cochée parmi les « objectifs » de cette saison 2017 (quand je parle d’objectif, je parle de ces courses que tu prépares spécifiquement et où tu tentes d’arriver le plus en forme possible, pour donner le meilleur de toi même le jour J). Mais elle était cochée parmi ces courses « plaisir », où tu sais que tu vas te régaler et qui vont beaucoup d’apporter : à la tête, et aux jambes ! L’envie est là, la forme pour aller au bout sans se rentrer trop dedans aussi, alors GO ! Direction Désaignes, ce samedi 29 avril 2017, pour prendre le départ du 57km du Trail de l’Ardéchois à 8h du matin le lendemain.
L’Ardèche, quelle belle région ! Désaignes, quel charmant petit village ! Les températures ne devraient pas nous assommer ce matin, mais la pluie n’est attendue qu’en fin de journée. Lorsque nous arrivons sur le lieu du départ, vers 7h15, rien de menaçant, mais j’embarque quand même le coupe-vent, qui fait de toute façon partie du matériel obligatoire. 57km et 2500mD+ annoncés sur ce parcours, dont les coureurs partent en même temps que le 36km. Ça fait un paquet de courageux sous l’arche de départ à 8h ! Que du bonheur : plus on est de fous … ! ;)))
Plus de 1500 coureurs au départ
Comme chaque année, on démarre par un tour de village pour chauffer la machine et étirer le peloton. Ambiance du tonnerre avec les bandas qui font du bruit dans la rue : au top !! Profitons de ces quelques foulées pour habituer le cardio, parce que derrière, c’est droit dans la pente ! En effet, nous voilà déjà engagés dans la première longue ascension. Une belle montée, douce et régulière, qui se court très bien. Des sentiers larges et qui permettent à chacun de trouver sa place sans se gêner, et d’allonger la foulée sans craindre la pose de pied : un sol souple et propre. Parfait pour un début de course !
Environ 6,5km de montée pour un plus plus de 400D+. Juste de quoi transpirer un coup et d’arriver en arrivant en haut, au hameau du Siaille, en se disant : « hummm, fait pas si chaud en fait !! » Amandine Ferrato, grande favorite de l’épreuve, a pris les devants. Elle a déjà creusé un bon trou. Je pensais voir d’autres féminines s’intercaler entre nous 2 (au moins les premières du 37km), mais personne pour le moment. Ça va probablement remonter plus loin. Amandine risque de faire cavalier seul aujourd’hui, en tout cas, je ne me sens pas du tout d’aller l’embêter !! Elle est bien au dessus de mon niveau, même si j’avais décidé de me mettre à l’envers sur cette course aujourd’hui ….
Je me sens vraiment bien et prends beaucoup de plaisir sur cette première ascension. On papote avec les gars qui m’accompagnent, c’est chouette ! Et là, je me dis qu’on fait quand même un beau sport, et que cette esprit de partage dans les pelotons est vraiment belle. Merci les gars ! Une courte descente raide d’un peu plus d’un kilomètre nous permet de relancer, avant de repartir sur 3km (+400mD+) de nouvelle belle grimpette. Un peu plus de pourcentage que la première, ça bâtonne dur autour de moi !! Pour ma part, j’alterne course et marche quand la pente est trop raide.
11ème kilomètre au sommet, on longe un sentier étroit en flanc de vallée, c’est superbe. 1h15 de course, il faut que je pense à m’hydrater. Faux plat descendant, j’attrape mon bidon dans le dos, mais il m’échappe des mains ! Aaaaaaah non ! Il glisse et se dirige trop dans le vide à côté ! Coup de bol, sa chute est arrêtée par une branche, qui me sauve donc ma course … Ouf !! Je descends le chercher au plus vite : sans mon bidon, je ne pouvais pas terminer la course, impossible. Je repars en me disant : « bah ouais, mais il fallait mieux que ça soit mon bidon que moi, qui tombe dans le vide ! »
En route vers le point fort du parcours, le Château de Rochebonne
À chaque virage pris, je m’extasie sur l’endroit traversé : wouaaah, mais c’est génial ici ! Je me fais vraiment plaisir : le sol est souple, il fait un peu frais, mais c’est parfait pour courir. Ces alternances de pistes forestières, monotraces, ou encore traversées de cours d’eau, me régalent. J’enfile mon coupe-vent, puis le retire de temps en temps. Il était bien utile de l’avoir à portée de mains celui là.
Le passage sur la barre rocheuse des vestiges du château de Rochebonne restera le moment magique du parcours … Un peu casse cheville, mais d’une beauté !! Pas mal de monde ici pour nous encourager, ça fait plaisir ! On m’annonce donc toujours seconde, avec une Amandine déchainée, qui aurait déjà pris une grosse dizaine minutes d’avance. Ça ne m’étonne même pas, et en même temps, ça ne me perturbe pas du tout. Aujourd’hui, j’ai décidé de faire ma course, sans me soucier du classement.
On traverse ici une partie technique dans les pierriers et singles descendants techniques. Prudence ! Je laisse les bons descendeurs se faire plaisir, et je mets les freins pour éviter le vol plané. Comme en 2012, mais avec beaucoup moins d’eau, on passe aux pieds de la cascade, où Loulou, organisateur historique, nous accueille et encourage ! Hey salut Loulou !! Quelques kilomètres et D+ plus loin, nous arrivons au premier point de ravitaillement : Saint-Jean Roure, aux alentours du km23. 2h30 de course, il est temps de refaire le plein d’eau et de sucre !
Ce n’est qu’un au-revoir
Je ne m’attarde pas au ravitaillement, j’ai tout prévu sur moi. Le chemin continue de grimper sur un sentier fort agréable, mais bien venté ! Je renfile ma veste une nouvelle fois, en me disant que je ferais bien de la garder jusqu’à l’arrivée. C’est qu’on se dirige vers le point culminant, à 1200m d’altitude, et que le ciel commence à se charger … Je retrouve Élie, qui était parti sur le 36km, dans l’optique d’accompagner un copain (mais je crois qu’il a pris un bon coup de bambon et qu’il a laissé le copain partir seul devant !). On fait un bout de chemin ensemble, sur la partie en sous-bois qui mène jusqu’à la bifurcation.
C’est peu après le début de la descente que nos routes se séparent entre les coureurs du 57 et du 36km. Ça va faire du vide d’un seul coup, sans les participants du 36km … je redoutais un peu de me retrouver seule, dans la mesure où un certain nombre de mes accompagnants du moment étaient sur le court …. Je me retourne d’ailleurs pour dire au revoir à Élie mais il a lâché, je ne le vois plus. Finalement, aucune féminine du 36km ne m’aura doublée (petite fierté personnelle !! ;))).
Je fais désormais route avec Sylvain, qui arrivera avec moi au prochain point de ravitaillement : km32, 3h20 de course. Je m’étais fixée aux alentours de 6h30, mais je motive Sylvain en lui disant que les 6h semblent accessibles, étant donné notre bonne évolution. Le parcours nous régale en alternant les passages roulants ou plus arpentés. Quelques bons « coups d’cul », mais dans tous les cas, très sauvages et authentiques ! Retour à Sautereau où nous sommes déjà passés en tout début de parcours.
Avec Sylvain, on se fait la remarque : c’est drôle, on a l’impression de traverser des jardins d’habitation ! Ils sont bien isolée les gens ici, les hivers doivent paraître bien longs quand même … En attendant, on se gave ! Passage dans un tunnel très étroit (je pense à maman : elle n’aurait jamais pu, claustro comme elle est !!). Il fait nuit noire là dedans, on est obligés d’avancer à pas de souris. Et flop flop, je mets le pied dans un trou rempli d’eau : génial, j’adore ! Re-traversées de rivières, de l’eau jusqu’à la cheville. Ça glisse, il ne faut pas se précipiter ici. Le 3ème ravitaillement n’est plus très loin : km44, Labatie d’Andaure, environ 4h30 de course. Il reste 13km, mais une grosse ascension aussi …
La dernière grosse difficulté du parcours avant l’arrivée
Sur le papier, le plus gros est derrière nous, mais quand on connaît le parcours, on sait qu’un dernier gros morceau arrive ici … C’est le dessert dans ce menu digne d’un restaurant étoilé quoi ! Et un dessert, ça se déguste. Nous voilà donc partis vers la dernière belle bosse vers les ruines de Rochebloine : 500mD+ sur environ 4km. Je le démarre en sifflotant (ouais enfin, manière de dire quoi !) à petites foulées, je la termine en rampant, la langue tirée !! ;))
L’ascension démarre en flanc de colline, puis traverse la forêt. J’ai perdu Sylvain qui a décroché, mais j’ai retrouvé d’autres copains de route, cool !! Et heureusement pour moi, parce que l’un d’eux me remet dans le droit chemin : »hey Sylvaine, t’as pris la mauvaise direction, il fallait aller à gauche ! » oups, demi-tour, j’arrive ! Merci, sans lui, je me rajoutais peut être un bon morceau … Et ça grimpe, ça grimpe, ça grimpe … de plus en plus raide ! Et plus ça grimpe, plus je me penche.
Bref, je finis au sommet à 4 pattes et les mollets en feu !! Mais que c’est bon ! Et surtout, que c’est beau là haut ! Une vue imprenable au dessus de l’Ardèche. Quelle chance de pouvoir profiter de ce moment … On profite quelques secondes, et zou, on bascule ! Dernière ligne droite : une dernière petite grimpette pour atteindre Nozières, et cette fois, on peut allonger tout schuss vers l’arrivée, située à Désaignes. Ça déroule bien, sur sentiers propres. J’essaye d’être vigilante sur le balisage, il ne s’agit pas de rater une bifurcation ici.
J’avais repris deux coureurs sur la partie montante, qui me redouble comme des fusées dans cette descente (j’apprendrais après qu’ils ont raté un balisage et se sont rajoutés 20′ au final !!). Je n’essaye pas de suivre, je préfère garder mon rythme, sans prendre de risques inutiles. Il n’y a rien à gagner en forçant l’allure ici, mais plutôt tout à perdre en se faisant mal. Amandine est loin devant, qu’elle arrive 15, 20 ou 30′ devant, ne changera pas grand chose au final ! :))
Je profite donc des très bonnes sensations de cette fin de course pour dérouler et savourer les derniers kilomètres, sur un parcours qui m’aura régalée du début à la fin ! La pluie s’invite sur les dernières minutes de course, mais je serais bien passée entre les gouttes au final ! bel accueil à Désaignes, merci aux courageux supporters qui auront bravé le vent frais et les quelques gouttes de pluie pour nous encourager. Je franchis la ligne d’arrivée en 6h02, 2ème féminine et 23ème au scratch. Bien contente d’avoir pris autant de plaisir aujourd’hui !!
Amandine aura donc fait une course de folie, en franchissant la ligne 7ème au scratch ! Bravo à elle, on peut s’attendre à une belle perf aux mondiaux de trail qui arrivent. Manu, qui m’attendait, m’apprend sa 3ème place. Il a un peu subi d’après son débrief. La 3ème féminine arrivera une bonne demi-heure après. On ne peut pas dire qu’il y ait eu de grosses bagarres chez les féminines aujourd’hui, mais ça fait du bien aussi parfois, de ne pas avoir à se bagarrer … ! ;))
Un grand merci à tous les contributeurs de ce bel évènement. Je ne peux que le conseiller à tous les traileurs. De quoi se faire bien plaisir sur ce parcours de moyenne montagne, au tracé varié et riche de paysages en tout genre. Et comme c’est férié demain, on va même pouvoir profiter du coin en vélo : elle est pas belle la vie ? ;))
Sylvaine CUSSOT
Les résultats de l’Ardéchois Trail >> RÉSULTATS TRAIL DE L’ARDÉCHOIS