Madeire, je craignais ses marches d’escalier… évidemment elles ont été redoutables mais elles sont finalement mieux passées que prévu ! Par contre certains pourcentages incroyables de pente ont eu raison de mes quadriceps ! Retour sur cette belle étape du World Tour.
Un départ à minuit me convient bien mieux qu’un lever à 4 h du mat ! Mais il faut meubler l’attente sans perdre trop d’influx… Alors on a pris notre petite voiture de location et fait un peu de tourisme, reconnaissant des bouts du parcours… Mais j’étais restée bien loin de la dure réalité de certaines portions ! Sur la ligne de départ, je retrouve quelques visages amicaux, l’ambiance est sympa, il fait doux, la nuit est étoilée… une belle balade nous attend…
et d’entrée de jeu, le ton est donné : c’était une mini bosse sur le profil mais qu’est ce que c’est raide dans la réalité !!! Je ne sors pas mes bâtons, je suis courbée en deux, mains sur les cuisses… et là tu sens tous tes groupes musculaires demander de l’aide, mollets, fessiers, quadri, même les dorsaux se rebiffent… et la courte descente qui suit est du même acabit ! Droit dans la pente, des petites marches de béton qui s’enchaînent. Heureusement ça bouchonne un peu, ce n’est pas le moment de se « carboniser ».
Les deux kilomètres verticaux qui suivent sont dans la même veine : ce n’est pas dur techniquement mais les pourcentages de pente sont monstrueux ! Là oui, les bâtons sont largement les bienvenus ! Les marches tant redoutées sont bien au rendez-vous mais elles correspondent pas trop mal à ma petite foulée, je fais bien attention à varier le pied d’attaque et ça passe plutôt bien…
Ces portions très difficiles alternent avec des passages vraiment beaucoup plus roulants. Cette succession me va bien, je suis étonnamment en avance sur mon prévisionnel… je me vois déjà finir plus vite que prévu… quelle imprudence !! Mais pour l’instant tout roule : mon amie Alice a accepté la rude mission de m’épauler et de me ravitailler sur la traversée. Je la retrouve avec grand plaisir sur les premiers ravitos, je carbure régulièrement avec mes gourdes de fruits secs et des tranches de patates douces. Ça passe tout seul, pas besoin de mâcher !!!
Le jour s’est levé sur une belle journée et on se retrouve dans un paysage superbe, on navigue au centre de l’île et le relief qui nous entoure est acéré, hostile !! On sent bien que la suite du parcours va être rude ! Je quitte Alice à Curral das Freiras, mine de rien on a déjà fait 60 km et 4500 m de dénivelé et on va attaquer la plus grosse difficulté de la course… Rdv dans quelques heures à Pico do Areeiro !
On est partis d’abord pour 1400 de déniv, une paille… Au départ, ça va pas trop mal, je sors mes bâtons et prends mon rythme « montagne » ! Ma montée est égayée par les premiers concurrents de l’Ultra qui me doublent la fleur au fusil ! J’échange quelques mots avec Pierre Laurent Viguier qui est alors en tête, encourage Antoine Guillon pas loin : quelle facilité ces gars là !!! Mais à la fin de la montée, je trouve que le refuge du ravito à Pico Ruivo tarde vraiment à arriver ! Je m’impatiente un peu et j’ai du mal à relancer dans cette portion « boîte à oeufs »…
tout en maugréant, j’arrive tout de même au petit ravito, mais pas de patates douces en vue ! Dommage, car la suite va se révéler bien pire !! 5 km à peine !! Mais un véritable enfer ! Le lieu est envahi de touristes venus admirer les paysages grandioses. Ils se poussent gentiment pour nous laisser la place dans les innombrables marches d’escaliers métalliques ou taillées dans la roche ! C’est hyper raide dans les deux sens ! Mon avance sur le prévisionnel fond à vue d’oeil, je me traîne, alors j’en profite pour en prendre plein les yeux !
Au rythme où j’avance, je me permets de lever la tête de temps en temps ! Et je suis les conseils de Juliette Blanchet (à paraître dans Nature Trail!) : sourire dehors pour les gentils photographes et supporters et broyage de noir en interne ! Enfin je retrouve Alice ! Je commence à avoir du mal à m’alimenter, certes, je ne m’énerve pas comme cela peut m’arriver mais le moral n’est pas au beau fixe… il reste 40 km tout de même !! Il parait que c’est beaucoup plus roulant ! Mais pour rouler il faut des cuisses et de l’énergie et là je commence à sécher sur tous les plans…
Finalement, je vais m’accrocher, avançant de ravito en ravito… j’avais peur de m’écrouler et de voir mon plan de marche vraiment ruiné mais je limite au mieux la casse. Par contre, j’ai raté la gestion de la concurrence ! Malgré quelques infos sur les écarts, je ne me suis pas assez méfiée ni de la force du retour de Perrine Scheiner ni de la baisse de régime de Manu Vilaseca. Total, le classement se joue à quelques encablures de la ligne d’arrivée… mais pas en ma faveur !
On finit toutes les 3 en 4’ d’écart au total… Mais c’est le jeu !! Je passe donc la ligne en 19h58, 10e féminine, 99e au scratch. Il va falloir quelques jours de repos pour effacer les vilaines courbatures et se tourner vers la saison estivale !!
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