Ce dimanche 19 mars 2017, s’est déroulé le 10 km de Villeurbanne, un des 3 plus gros 10 km de la région Rhône-Alpes (avec Romans en octobre et Vénissieux en novembre).
J’avais cette course dans un coin de ma tête depuis quelques semaines, car je sais qu’il s’agit d’une belle occasion pour espérer réussir un bon résultat. (Parcours très plat, énorme densité de bons coureurs, et l’épreuve est bien placée au calendrier. Chaque année, j’ai des amis qui établissent leur record ou leur « saison best » là-bas). J’avais également conscience que si je faisais l’impasse, compte tenu de mon calendrier de courses, il me faudrait attendre le 10 km de Vénissieux fin novembre pour tenter un bon chrono (pour moi) sur cette distance.
Je prépare néanmoins mon sac, sans grande conviction
Au niveau de mon éventuelle participation, tout allait dépendre de la manière dont j’allais récupérer physiquement ET mentalement de mon semi-marathon de Bourg (Voir CR), mais aussi de la météo. Contrairement à des amis qui préparent le marathon de Paris dans 3 semaines (et donc, qui devaient passer par la case « sortie longue » ce dimanche), je pouvais me permettre une tentative de chrono sur 10 km, avant de reprendre le chemin de l’entrainement, pour le championnat de France de marathon (dans 6 semaines).
En milieu de semaine, les prévisions annonçaient une masse d’air très humide, un ciel couvert, limite pluvieux, 8 à 10 °C et un vent quasi nul. Bon, ben ça se tente… En cours de semaine, les traces du semi se sont estompées progressivement, mais le jeudi, je sentais encore quelques restes dans les cuisses lors de ma sortie à vélo. Les sensations lors du petit footing de vendredi n’étaient pas géniales non plus. Pas très réjouissant tout ça.
Pour finir, le samedi, un peu « vaseux » dans le canapé devant une belle édition de Milan-San Rémo : le ventre qui « brassouille » légèrement et une tonicité bien moyenne… Mince. Le soir, je prépare néanmoins mon sac, sans grande conviction, et programme le réveil pour 6h : on verra bien comment ça se passe demain… Le matin de la course, la météo fut comme annoncée : idéale. J’ai même dû mettre les essuies glace sur la moitié de mon trajet. C’est bon signe pour moi.
Mon GRAAL du jour serait un moins de 34’
Sur place, récupération du dossard, l’occasion de croiser des amis qui étaient à Bourg, et qui venaient aussi tenter un coup sur ce 10 km. Par exemple, Adrien Betron, Pierre Barbet, Patrick Chaunier… Nous discutons 2 min. Je leur dis que je ne suis pas très confiant et que l’abandon est déjà quasi « pré programmé » dans mon cerveau : je ne la sens pas cette course. Je n’ai pas un bon feeling. C’est également ce que j’évoque avec Jean Christophe Jaquet, un ami coureur auteur de plusieurs chronos en – de 1’50 au 800 m il y a quelques années, présent en spectateur.
Je m’échauffe une trentaine de minutes, seul, lentement. Sensations médiocres encore… Je me range quasiment 15’ avant le départ sur la ligne pour avoir une bonne position. Ça bouscule ! L’ambiance est encore plus sérieuse qu’à Bourg en Bresse le week-end dernier. Les athlètes présents ici ne sont pas venus faire du tourisme. Au niveau objectif, difficile à dire. Mon GRAAL du jour serait un moins de 34’, mais je n’y crois pas vraiment. Un 34’15 (soit une performance de niveau IR4) me donnerait entière satisfaction.
Dans un coin de ma tête, j’ai toujours cette idée envahissante de l’abandon si ça se passe mal : Je suis passé en 34’51 à Bourg le week end dernier, et je n’ai pas trop envie de voir un chrono de ce genre à la fin de ce 10 km. Je ne suis pas stressé, je suis même presque « désintéressé » par cette course.
La densité est impressionnante
Pan, c’est parti ! Et au sprint pour beaucoup de coureurs et coureuses ! Ils sont fous !! Je dois être 150ème ! Mais je me sens déjà parfaitement sur mon intensité cible. Au bout de 10 appuis, je me dis : « voilà, c’est le tempo qui me conviendra aujourd’hui ». La densité est impressionnante, mais je sais que beaucoup, énormément de gars et de filles, vont faiblir, ou exploser très vite.
Cela ne manque pas, au bout de 500 m, certains perdent déjà 2 km/h : ils vont subir tout le long maintenant… Je distingue devant moi Eloi Barralon, et Anthony Madelon, parti trop vite eux aussi. J’aperçois aussi Patrick Chaunier, un Master 2 valant environ 34’30, juste devant. Une fois revenu à sa hauteur, il me glisse : « Ils sont complétement dingues ». J’acquiesce. Nous nous souhaitons bonne course, puis je maintiens mon rythme du jour, qui n’est pas si mal (pour moi).
Le panneau Km 1 approche, je pense voir sur ma montre 3’25/3’27. Un coup d’œil : 3’22. Ha !! Tiens… Je poursuis sur ma lancée. Je remonte petit à petit des grappes de coureurs, et restant sur un rythme bien linéaire. Un gars remonte à ma hauteur et me demande : « quel objectif Séb ? », je réponds entre 2 souffles : « entre 34’ et 34’15 », en ajoutant ensuite : « mais pas sûr que je puisse ! ». Il répond : « trop vite pour moi.. » puis rétrograde.
Km 2 : 6’46. Good ! Je m’applique. Je n’ai pas une aisance folle, mais je sens que je peux tenir ce rythme encore un moment. Km 3 : 10’10. Le rythme ne bouge pas. LI NE AIRE ! Sur le bord du parcours, je distingue furtivement, à divers endroits, quelques amis, plus forts que moi, venus en spectateurs, comme Sylvain Denis (1h12’28 à Bourg cette année), Michel Ribeiro et Mickael Moissonnier (1h10’00 à Bourg pour lui, record perso). Ils m’encouragent, c’est sympa.
Km 4 : 13’34. Km 5 : 16’58. La difficulté de l’effort s’accroit progressivement. Ça devient vraiment dur là, physiquement ET mentalement. D’ailleurs, pas mal de concurrents cèdent du terrain à partir de la mi-course. Je repasse par exemple Anthony Madelon. Ce temps de passage au km 5 et mes sensations me font penser que le – de 34’15 sortira en principe. Mais le – de 34’, aie… ça va être très dur.
Km 6 : 20’22. Je respecte mes sensations. Je viens de faire depuis le début : 3’22’’8/3’23’’3/3’24’’1/3’24’’2/3’24’’1/3’23’’7 : RE GU LIER !
Km 7 : 23’48. Je calcule vite fait : « + 10’ = 33’48 : impossible, il me faudrait finir à 18 km/h, je ne l’ai pas fait depuis un moment ! ». Par contre – de 34’, c’est toujours une éventualité. Go Go Go !!
Km 8 : 27’17, je mollis un peu, mais je me bagarre pour tenter d’accrocher ce – de 34’. Les occasions vont commencer à se faire de plus en plus rares pour moi, pour atteindre ce palier-là. Je repense aussi aux derniers « paliers minute » que je n’ai pas réussi à casser, pour quelques secondes, ces derniers temps. J’essaie de relancer un peu dès que j’en ai les moyens.
Km 9 : 30’40. Yeahhh ! Ça devrait le faire ! Je m’arrache, je m’arrache. A un moment, je regarde ma montre en me disant : « ça doit faire 2’ que j’ai passé le 9ème, il doit rester 1’10/1’15 d’effort là ». Mais je vois que je suis depuis 1’10 seulement dans le 10ème kilomètre. Pwouaahh…
Encore 2’ comme ça à faire ! J’ai mal géré mes 2 derniers km. Je n’ai plus de gaz. J’hyperventile. Les grosses cuisses gavées d’acide lactique. Je n’en peux plus. Dernier virage, je vois la banderole au fond. Elle est loin encore ! Je jette ce qui me reste de force. Un gars sur qui je venais de rentrer me redistance sur les 100 derniers mètres. Je suis OVER. Je passe la ligne démantibulé : 33’46 : HOURAAAAAAAAAA !! Je ne pouvais pas gagner un mètre de plus. 55ème au final. Je m’affale sur un banc, longuement.
Je suis explosé, mais très très heureux. Ce résultat, je l’espérais à peine. Et il est là ! A 32’’ de mon record. (La semaine dernière à 1’02 de mon record sur semi, le ratio est quasi identique). Ce sera ma 10ème saison avec un « saison best » en moins de 34’. Vraiment ultra satisfait.
Les autres coureur de ce 10km de Villeurbanne
Globalement, la densité (11 gars en – de 32’ ; 34 en – de 33’ ; 67 en – de 34’ et 98 en – de 35’…), la météo et le parcours ont permis à pas mal de coureurs de faire des bons résultats, ou des records pour eux.
C’est cas de Jérémy Peixoto qui améliore son record de 1’’ en 31’15, de Pierre Barbet qui réalise 31’54 (ancien RP 32’20) après son superbe hiver, de Nicolas Maillet en 32’06 (ancien RP 32’25), de Adrien Betron, qui réalise 32’40 (ancien RP 32’47 l’an dernier ici même, et 33’07 à Bourg, avec 15/16°C la semaine dernière), de Maxime Chanel, un ancien élève, qui réalise 32’51, ancien RP 32’59 à Bourg en Bresse en 2016. Etc etc…
Je ne regrette pas du tout d’être venu, et d’avoir cravaché le moteur à bride abattue. Ça valait le coup. Mais après 2 courses comme ça, très sollicitantes, je n’aurais pas eu les ressources mentales, pour en faire une 3ème s’il avait fallu. Maintenant, une semaine « only endu », puis CAP sur la suite de la prépa pour le championnat de France de marathon 2017.
Par Sébastien Larue, ambassadeur i-Run
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