Cette année, le semi-marathon de Bourg en Bresse était le support du championnat de France 2017 de la distance. La candidature de Bourg a été validée depuis près d’un an : cela faisait donc longtemps que mes amis et moi attendions ce moment.
La date, idéale (12/03, soit 2 semaines après le championnat de France de St Galmier ; avant qu’il ne fasse trop chaud ; et avant les premiers « coups de pollen » d’Avril), le parcours relativement roulant, et l’accessibilité de Bourg en Bresse ont permis d’attirer beaucoup d’athlètes qualifiés.
Le plateau s’annonce véritablement hors normes.
La lutte va être belle à tous les échelons de la course : pour les places au scratch, mais aussi pour les places d’honneur en Master 1 (+ de 40 ans), en Master 2 (+ de 50 ans), en Master 3 (+ de 60 ans), en Master 4 (+ de 70 ans), (cela pour les hommes et les femmes). Les podiums par équipes s’annoncent très disputés également, même si certaines grosses écuries se détachent du lot (A3Tours, SCO St Marguerite, Toulouse UC, etc…).
Au niveau de ma préparation, en dehors de quelques jours de maladie à la mi-janvier, tout s’est plutôt bien passé. Mes « courses de rodage » à Feillens et à Montrevel ont donné des résultats proches de ceux que j’avais obtenus l’an dernier avant mon record sur ce même parcours. (Voir CR Bourg en Bresse 2016). Les courses de rodage de mes amis et équipiers sont très encourageantes également.
Cette course nous obsédait
Durant la semaine d’approche, la pression et le stress sont bien montés. Cette course nous obsédait. J’ai dû consulter au moins 20 fois la liste des engagés. Je redoutais également de tomber malade au contact de mes élèves au pire moment. Je regardais également plusieurs fois par jour, la météo prévue pour le dimanche, pendant la semaine d’approche de l’évènement. S’en était presque devenu un TOC !
La météo s’annonçait satisfaisante, avec 10 à 13°C sur l’épreuve et un vent de sud modéré (6 à 10 km/h). Le jour J, la couverture nuageuse ne fut par contre pas aussi importante que ce qui était prévu. La masse d’air était plutôt sèche. Une masse d’air plus chargée en humidité me réussit mieux. On fera avec.
Une fois sur place, l’échauffement est soigné et se déroule sans trop de pression avec mes amis pontévalois et Olivier Gaillard, un ami de longue date (de quand j’avais encore des cheveux, c’est dire…). Je peaufine les derniers détails (laçage des Asics Gel DS Racer, puce électronique, dernières gougouttes…). Il est ensuite temps d’entrer dans mon SAS de départ.
Là, le stress s’intensifie.
Compte tenu de mon temps d’engagement (1h13’03), je ne bénéficie malheureusement pas d’un dossard Élite, ni d’un dossard préférentiel. Je suis derrière un peloton conséquent d’athlètes élite, mais aussi derrière un grand nombre de concurrents appartenant aux catégories M1, M2, M3, M4.
Avant le coup de pétard, j’ai donc 8 à 10 rangées d’athlètes devant moi : cela va être assez gênant… Mais je ne me plains pas, car autour de moi, Olivier Gaillard, Pierre Barbet, Lionel Ribeiro, ainsi que d’autres amis, tous beaucoup plus performants que moi, sont dans la même situation.
Au niveau du résultat, je me sens capable d’un chrono autour de 1h13’20, avec un écart type de 15’’. Je compte donc partir sur un tempo de 3’27/3’28 au kilomètre. Cela devrait me permettre d’entrer dans les 100 premiers de cette course.
Pan ! C’est parti.
J’enclenche la montre au coup de pétard, mais le temps que les rangées de devant s’élancent, j’ai déjà précisément 5’’ écoulées à ma montre avant de prendre mes premiers appuis (certes, ce n’est pas grand-chose, mais on en reparlera à la fin).
Sur le premier kilomètre, j’essaye de me faufiler tant bien que mal, dans cet énorme peloton, en anticipant au maximum les trajectoires de ceux qui sont dans ma situation, et en essayant de ne pas avoir à ralentir derrière un groupe compact et plus lent. C’est loin d’être simple. Ce premier kilomètre est un peu chaotique…
Km 1 : 3’30, dont 3’25 courues… Je suis sur l’allure cible. J’essaye de distinguer du regard mes amis devant, mais c’est impossible. Je connais bien le parcours et cela me permet de me placer du bon côté de la route dans les secteurs précédant les virages. Ce sont des détails qui comptent : L’an dernier, au printemps, j’ai échoué 2 fois de suite, pour casser une « barrière minute » avec 1h13’03 à Bourg, et 2h36’02 à Paris.
Km 2 en faux plat descendant 6’52. Nous arrivons vers une zone piétonne et nous longeons la place du marché. Le public est très présent ici, et, privilège des régionaux de l’étape, les « gars du coin » sont vivement encouragés. Je ne m’attendais vraiment pas à entendre autant de « Allez Séb ! » et autres « vas-y gros ! ». Ça fait bien plaisir !
Km 3 : 10’17, un poil plus lent que l’an dernier (10’06) et des sensations satisfaisantes, sans plus. Moins de « confort » dans l’effort que l’an dernier.
Chacun cherche sa place et son rythme du jour
En poursuivant, les écarts se creusent, des groupes se forment, d’autres se décomposent par l’arrière, d’autres fusionnent. Bref, il y a des concurrents de partout et chacun cherche sa place et son rythme du jour.
Sur la « start-list » figuraient des dizaines de noms de coureurs que je connaissais, mais pas moyen d’en repérer quelques-uns !! Si ce n’est Sylvain Mouquet, talentueux coureur (1h11’44 au semi il y a 6 mois), qui semble bien mal en point au km 4 déjà. (Sans doute malade, il finira néanmoins courageusement la course en 1h19’38, car il était le 4ème homme comptant pour le classement de son équipe de Rambouillet, qui pouvait légitimement envisager la 3ème place au classement des équipes en catégorie Master).
Les hectomètres défilent et mes sensations initiales se confirment, les jambes sont correctes, mais ce n’est vraiment pas l’euphorie non plus. Je sens que je suis déjà au-delà du régime moteur souhaitable pour faire un semi-marathon régulier.
Je sais que ça va être difficile de maintenir ce rythme
Km 5 : 17’11. Légèrement en avance sur mes prévisions, mais je sais que ça va être difficile de maintenir ce rythme, je commence déjà à me « tasser » un peu.
Au km 8, nous revenons sur le gros croisement du centre-ville, les « Allez Séb », reprennent de plus belle. Ces encouragements font bien plaisir. A ce moment-là de la course, Guillaume Duriaud, un ami avec qui je bagarre souvent, revient sur moi avec quelques autres gars. Il assure un tempo linéaire et me fait belle impression. Je me cale à l’arrière de ce petit groupe et je m’accroche. Nous ne sommes pas encore à la mi-course, et je suis déjà entamé…
Nous en terminons avec la première grande boucle. Un coup d’œil à la montre au km 10 : 34’51 (34’39 en 2016) et des sensations toujours moyennes. J’espère que le faux plat descendant du km 11/12 va me permettre de me « refaire » un peu. Au km 11, je vois Ludovic Papillie, un bon coureur (31’23 au 10 km en 2016) abandonner devant moi. Il avait des problèmes au mollet dernièrement.
Mais quand la mécanique n’est plus opérationnelle …
Au km 12, fin du faux plat descendant, un gars me dit : « 117ème Séb ! » : Et ben ! Il n’est pas fait le top 100 ! Guillaume s’est échappé, il allait trop vite pour moi à ce stade de la course. Plus loin, je vois Georges Ribeiro (énorme palmarès et détenteur de nombreux records vétéran 2 sur route et piste) stopper son effort également, il était largement en tête pour remporter le titre en Master 2, mais s’est bloqué le dos dans le faux plat descendant. Aie… Il avait aussi un rôle important à jouer pour le classement de son équipe de Saint Etienne. Mais quand la mécanique n’est plus opérationnelle, il n’y a rien à faire.
Les kilomètres défilent, la fatigue s’accentue. Au km 14, un petit faux plat montant charge bien les muscles, je l’ai senti passer ! Au km 16, (56’00), en maintenant mon rythme, je reviens sur le groupe de Guillaume, je le déborde, personne ne suit. Je lève les yeux et je vois la première femme, 50 m devant, une kényane bien connue : Mercyline Jeronoh. J’essaye de revenir sur elle. J’établis péniblement la jonction un peu après le km 17 (en 59’36) et je consomme mon seul gel énergétique, car cela fait quelques minutes que le moteur n’a plus beaucoup de carburant.
Ouch !! Il va falloir se faire mal pour moins de 1h14
Un gars au bord du parcours hurle : « Première femme ! La 2ème est 8’’ derrière ! ». Mercyline relance. Sa foulée est autrement plus gracieuse que la mienne ! Je m’accroche. Nous revenons sur Michel Ribeiro, un grand coureur, qui retrouve le chemin de la compétition après un break. Km 18 : 1h03’14. « L’informateur » de Mercyline a pu recouper le parcours (il est à VTT) et gueule : « elle est encore à 8’’ !! ». Mercyline relance de plus belle.
Elle est forte ! Je m’accroche derrière, nous revenons sur quelques athlètes qui faiblissent plus que nous. Km 20 en 1h10’22 : ouch faudra se faire mal pour moins de 1h14’ !,Je termine aussi vite que je peux dans le dernier kilomètre, Mercyline cède légèrement. Au loin, le chrono défile : 1h13’56, 1h13’57, … Encore 40 m à faire… ça ne va pas le faire… 1h14’05 (17.1 km/h) au passage sur la ligne…
Je suis un peu déçu : encore une « barrière minute » ratée. Perf de niveau IR3 ratée également du coup. Je ne pouvais en tout cas pas aller plus vite. C’était ma valeur du jour. 100ème au final. A 1’02’’ de mon record. Dans la zone d’arrivée, nous sommes, tous dans le même état : pas beaux à voir. Grimaçants, des croutes de sel plein le visage, la sueur qui brule les yeux, nous errons de manière désordonnée jusqu’au ravitaillement en eau.
Les autres résultats
Aux premières nouvelles, mes amis n’ont pas fait les chronos qu’ils espéraient au départ. Ils sont un peu déçus, mais ils ont donné le meilleur d’eux même. Pas de regrets à avoir.
Jean Damascene Habarurema (40 ans, donc Master 1) fait coup double : Il remporte le classement scratch de la course avec un monumental 1h03’53, le 3ème meilleur chrono de sa longue carrière à 18’’ seulement de son record. Et remporte, par la même, le titre Master 1. James Theuri Kibocha (Suspendu en 2015, puis champion de France du 10 km 2016 en 28’55) termine 2ème en 1h04’04, Julien Devanne explose son record et complète le podium en 1h04’07. Le podium tient en 14 ». Médaille en chocolat pour le talentueux Paul Lalire, de l’AC Chenove, en 1h05’01. Sa 2ème meilleure marque sur cette distance derrière son 1h04’48 à Reims en 2015.
En Master 1 : 1er J D Habarurema en 1h03’53 / 2ème Djamel Bachiri (récent champion de France de cross Master à Saint Galmier) en 1h05’42 (9ème de la course) / 3ème Guylain Schmied en 1h07’21 (21ème au classement scratch).
En Master 2 : Olivier Vergnaud réalise 1h13’42 (91ème) / 2ème Jean Paul Moreno en 1h14’41 (115) / 3ème Pascal Courageux en 1h15’29 (125).
En Master 3 : L’ex membre de l’équipe de France, Dominique Chauvelier, 30 sélections, glane un énième titre de champion de France en 1h19’43 à 61 ans. José Ribeiro, de mon club, termine, 2ème M3 en 1h20’35 (nous avons fêté ça dignement tous ensemble chez Lionel Ribeiro, son fils, auteur d’un 1h13’05). Pascal Gardent complète le podium, en 1h22’13 après une belle bagarre avec le 4ème.
Claude Dechardon remporte la course en Master 4 avec un ÉNORME 1h24’33 à 71 ans.
En Espoir, Medhi Frère domine ses adversaires en terminant 8ème au scratch avec un magnifique 1h05’38, le 2ème espoir est Fidélio Klein (20ème) en 1h07’18 et le 3ème est Alexandre Bourgeois, du Dijon UC (25ème) en 1h08’07.
Chez les femmes, Mercyline Jeronoh gagne la course, la 2ème de la course, Fanny Pruvost, est la championne de France 2017 en 1h14’20. Le podium est complété par Elodie Mene en 1h14’28 et Anne Lise Rousset en 1h15’50.
Aline Camboulives en titrée en Master 1 en 1h19’11. Devant Julie Sylvain en 1h19’38 et Florence Reignier en 1h20’51. Christine Wortham l’emporte en Master 2 en 1h23’06, 33’’ devant la 2ème. Géraldine Cornet est 1ère Master 3 en 1h32’59.
Les deux 1ère Espoir F terminent dans la même seconde après 21.1 km en 1h20’03. Marion Paczek devant Elodie Naze. La 3ème est Laurie Lindekens en 1h21’21.
Les classements par équipes furent particulièrement disputés également. Comme mentionné plus haut : La lutte fut belle à tous les étages de la course !
L’édition la plus dense de l’histoire
Au niveau de la densité de chronos chez les hommes, c’est l’édition la plus dense de l’histoire. Plus encore que celle du championnat de France de semi de 2008 à Lyon. Cette année, 11 gars sont sous les 1h06’ ; 23 sous les 1h08’ ; 47 sous les 1h10’ ; 72 sous les 1h12’… Ce fut une sacrée édition ! Ravi d’avoir pu y participer.
A noter que les 2 athlètes sarthois, détenteurs des meilleurs temps d’engagements, Abraham Niyonkuru et le controversé Anouar Assila, ont finalement renoncé à prendre le départ.
A noter également que le récent champion de France de cross, Hassan Chadhi a boudé un titre de champion de France de semi-marathon qui lui était pourtant promis en préférant courir le jour même le semi-marathon de Rome où il passe la ligne en 1h02’51. C’est dommage mais c’est ainsi.
Maintenant, cap pour moi sur le championnat de France de marathon le 01/05/2017 à Combs la Ville. Avec mes équipiers, nous aurons une belle carte à jouer au classement par équipe.
Entre temps, il y aura d’abord un peu de récupération, ensuite un bon cycle d’entrainement, avec quelques courses de rodage.
Par Sébastien LARUE, ambassadeur i-Run
>> Les résultats du championnat de France de semi-marathon 2017 : France de semi 2017
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