Ce joli tracé de 62km et plus de 2500m de dénivelé positif nous faisait les yeux doux, 15 jours avant le 80km de l’Éco-Trail de Paris. Le pari de l’enchainement est risqué, mais en l’intégrant correctement dans l’entraînement, ça peut passer, et même payer …
Aucun doute sur le plaisir que l’on prendra à galoper sur ces sentiers vallonnés qui environnent Le Vigan dans les Cévennes ! L’équipe organisatrice, que l’on connaît bien maintenant, nous a concoctés un nouveau parcours que nous avons hâte de découvrir !
Et puis au Ceven’Trail, les coureurs sont toujours bien reçus. L’ambiance est conviviale, l’accueil chaleureux, avec un esprit gardois authentique comme on les aime ! C’est donc avec beaucoup d’entrain que nous ajoutons nos deux noms, avec Manu, à la liste des participants du 62km, le Trail aux Étoiles.
À noter que l’évènement propose 4 distances, allant d’un 11km à un ultra de 100km, en passant par ce 62 et un 21km. De quoi satisfaire toutes les envies et tous les profils de coureurs ce samedi 4 mars 2017 ! Et la très bonne nouvelle pour nous, qui détestons se lever à 5h du matin les jours de compétitions, c’est que le départ du 62km sera donné à 12h ! Non non, je vous arrête de suite, ce n’est quand même pas ce détail là qui nous a décidés à aller au Ceven’Trail plutôt qu’au Trail des Cabornis ! ;))
Après un bon petit déjeuner à 8h30, nous prenons donc la route du Vigan ce samedi matin. Les conditions météos sont loin d’être optimales puisqu’une alerte orange a obligé une modification du programme : le 100km sera réduit à 80 et partira à 8h au lieu de 4h (on soupçonne Gildas d’avoir voulu s’accorder quelques heures de sommeil en plus ! ahah !). Pas de modification sur notre parcours, mais il va falloir enfiler la tenue de guerrier ! Entre ce qui est tombé cette nuit et ce qui est annoncé dans la journée, autour dire que le thème de la journée est tout trouvé : flop flop flop ! Ça va ruisseler sur les sentiers … :))
En effet, lorsque nous arrivons à la Halle aux sports Pierre Durand pour retirer nos dossards : la capuche est nécessaire ! Nous qui venions pour faire une belle sortie d’entraînement en mode plaisir et pas prise de tête, il va peut être quand même falloir aller chercher le courage pour passer 6-7h dans ces conditions. Pas grave, on bossera le mental aussi et puis voilà ! 🙂 Il va juste falloir être vigilant et ne pas se blesser bêtement en glissant sur ces terrains mouillés. La plupart des copains gardois sont de la partie aussi, la famille est bien réunie aujourd’hui ! Fab est en pleine course sur l’ultra avec Gui, on retrouve Steph, Yorick, Nathalie, Fred, Pierre, Alain, Marie, Ludo, Nico, Rémi, Gildas, nos speakers locaux, … Chouette !
11h45, on traîne au chaud dans la voiture avec Manu en se disant que la « balade » risque d’être longue cet après midi ! La pluie reprend de plus belle, mais il faut se rendre sur le départ. Pour cette fois, pas trop de prise de tête sur la tenue à adopter, je mets les épaisseurs ! Manches longues thermiques, veste coupe vent sans manches par dessus, puis Gore-Tex Haglofs. J’hésite à garder le collant long, mais j’opte finalement pour du court, en me disant que j’aurais peut être plus froid avec un truc mouillé qui colle à la peau. J’embarque le téléphone et le laisse à portée de main (d’une part, il fait partie du matériel obligatoire, d’autre part, j’ai bien l’intention de m’en servir pour faire quelques clichés).
Hop hop hop, on sautille sur place pour éviter de trop claquer des dents et le départ est donné comme prévu à midi, au milieu de la chaleureuse ambiance de la troupe musicale en action : la Batuccada ! J’ai le sentiment d’un départ prudent pour tout le monde, mais c’est vrai que la route va être longue aujourd’hui … J’essaye de bien garder en tête les mots d’ordre du jour : prudence, tranquille ! Ce n’est pas aujourd’hui qu’il faut se mettre dans le rouge. Nath a pris les devants, je la vois s’envoler. A priori, elle ne sera pas embêtée aujourd’hui !
Je me cale dans un petit rythme, j’y retrouve Steph ça grimpe bien pendant 1,5km environ. Une légère descente nous permet de reprendre notre souffle ensuite, mais l’ascension se poursuit ensuite et je perds rapidement de vue mes compagnons de route pour me retrouver seule. Au moins, je ne serais pas tentée de me mettre en surrégime ! Comme prévu, on a très souvent les pieds dans l’eau, ou dans la boue ! Miam ! :))) Perso, ça ne me dérange pas trop, tant que je n’ai pas froid. Et couverte comme je suis, aucun problème ! Je crois Gildas Le Masson à plusieurs reprises, il m’apprend que le groupe de tête, dont Manu faisait partie s’est un peu perdu. pas de bol ! Ça me rappelle qu’il faut que je reste concentrée sur le balisage.
On prend de la hauteur, les paysages se dessinent, on aperçoit le Vigan en bas, c’est magnifique. La brume s’intensifie et c’est dans un décor assez austère que j’atteins ce premier sommet. Il fait très froid, j’ai les mains gelées et le vent glacial me fait pleurer les yeux. Quelques foulées là haut sur la crête, je me dis que j’ai hâte de redescendre, à l’abri du vent … mais lorsque le brouillard se dissipe, j’ai, à l’inverse, plutôt envie de prendre mon temps pour profiter de ce panorama qui s’offre à moi ! Un arc en ciel magnifique et bien dessiné entoure la vallée : c’est trop beau ! Obligé, je m’arrête et je sors le téléphone pour faire une photo (bien sûr, il m’échappe des mains et je le récupère, plein de terre …).
Je repars, contente d’avoir pu capturer cette belle image qui fallait vraiment la pause. Un coup d’œil derrière, personne. Devant, une féminine, c’est une coureuse du 80km. Je la double en l’encourageant. J’embraye dans la descente, déjà 1h15 de course. Ça glisse, .je m’étale de tout mon poids en me prenant le pied dans une racine ! Le genou tape. Ça saigne, mais je peux repartir sans trop de douleurs, ça ne doit pas être bien grave. Je prends mon temps pour terminer cette descente, aucun intérêt de prendre le moindre risque. Je retrouve alors quelques autres coureurs du 80km, puisque nos parcours sont maintenant communs jusqu’à l’arrivée. C’est bien, ça motive de retrouver du monde sur les sentiers !
C’est donc en bas de cette belle descente que se trouve le premier ravitaillement : km16, 1h50 de course. J’y retrouve Alain qui me tend le bidon et la barre que je lui avais préparé. Merci Alain, trop sympa ! Tout va bien, malgré ce genou qui tire un peu à cause de la chute. Je repars accompagné d’un coureur, Alexandre, avec qui je ferais un bon petit bout de chemin. On papote, ça fait bien passer le temps. Il objective 7h30, mais je lui dis qu’il peut espérer mieux, un moins de 7h est encore largement envisageable. Nouvelle belle grimpette ici, cette fois, c’est propre au sol et le ciel commence même à se découvrir ! Alexandre marche, je cours à petites foulées, mais pas plus vite que lui. 20ème kilomètre en haut, 2h25 de course. Trop beau !! J’hésite à sortir mon téléphone. Allez, je le sors ! Pas de bol, mémoire saturée, impossible de faire une photo … Oh non ! 🙁
On entame ici une jolie portion plutôt roulante sur les Causses, quel régal ! Le vent souffle fort sur les hauteurs, mais qu’est ce que c’est agréable de courir sur ce sol souple et d’avoir cette vue dégagée ! Je partage ce sentiment de plaisir avec mon compagnon du jour, qui m’avoue ne pas trop savoir comment aborder cette partie roulante. Il se lance sur sa distance la plus longue aujourd’hui et craint de ne pas tenir le rythme. Mais on reste raisonnable : on déroule, sans se mettre dans le rouge, tout va bien. Le second ravitaillement est vite atteint : kilomètre 27. Surprise, j’y retrouve Fred, qui ne semble pas au mieux de sa forme. Allez Fred, ça va passer.
Alexandre tient le rythme, il repart avec moi, prend les devants. Nous voilà en plein milieu du cirque de Navacelles : majestueux !! Le single est étroit, un peu technique, en dévers, j’avoue ne pas être super à l’aise sur cette portion un peu engagée. Quand j’aperçois Alexandre qui court les yeux en l’air, je ne peux m’empêcher de lui lancer un : »tu ferais mieux de regarder tes pieds plutôt que le paysage ! » Ça le fait sourire et il se reconcentre. C’est vrai que c’est frustrant, mais bon, dans ces cas là, il faut s’arrêter pour admirer, et pas courir à 13 à l’heure en prenant des risques .. ! ;)))
Lorsque le sentier rejoint la route, je retrouve un peu plus de sérénité et en profite pour allonger la foulée dans la descente qui suit. Lorsque l’on replonge dans les singles techniques en fond de vallée, je me rends compte qu’Alexandre a décroché. Plus personne à mes trousses. Bizarre … Une pause technique ? Et nouvelle surprise un peu plus loin : mon copain Stéphane !! Arf, il n’est pas au mieux et me dit avoir mal partout. Je passe et essaye de le motiver pour accrocher, mais il n’accroche pas et je poursuivrais seule. S’en suivent environ 4km les pieds dans l’eau en fond de vallée et en bord de rivière ! C’est super beau, mais vraiment usant de devoir jongler de flaques en flaques. On se retrouve même parfois avec de l’eau aux mollets.
Avec tout ça, la remontée vers le 3ème ravitaillement au km43 (Blandas) est appréciable : on a les pieds au sec !! Je n’ai rien bu, le passage au ravito est express ! J’ai retrouvé Alexandre, qui m’explique avoir dû faire une pause, mais qui m’avoue commencer à accuser le coup aussi. Je le sens en effet plus à la peine qu’en début de course et il finit par décrocher. Je ne le reverrais pas. Nous revoilà sur une nouvelle longue portion roulante en faux plat montant, d’une dizaine de kilomètres, de nouveau sur les Causses. Le mauvais temps est revenu, il pleut. On se caille !!! km48, 5h20, je commence à faire des calculs et me fixe un objectif : arriver avant la nuit pour ne pas avoir à sortir la frontale !
C’est faisable, mais il reste quand même une dernière bosse bien cassante ! J’essaye d’allonger un peu et de mettre du rythme, comme on avait prévu avec Manu. Je recolle Cyrille, qui avait fait la sortie au Bouquet avec nous l’autre jour. Je l’encourage mais j’ai l’impression qu’il ne m’a pas reconnu. Une longue descente nous emmène alors au dernier ravitaillement, à Bez. J’entends un coureur qui râle, il se serait perdu sur les Causses et aurait fait un kilomètre en trop. Il m’explique qu’il était avec la première féminine et qu’elle est à peine 5 minutes devant et qu’elle accuse le coup. Ah bon ? Je suis étonnée, mais ne change rien pour autant à ma course. Il ne s’agit pas de se mettre dans le rouge pour tenter de recoller à 10km de l’arrivée et de le payer dans 15j ….
Allez, un bisou à Sabrina, 2ème de l’ultra, qui fait le plein aussi au ravitaillement, et je repars pour cette dernière étape ! Ça grimpe dur, mais je le savais ! J’alterne marche/course et je reprends la première féminine de l’ultra peu après le ravito (ah, ça va être serré pour le final féminin sur le 80km on dirait …). Un bénévole m’encourage : allez, une fois en haut, ça ne fera que descendre jusqu’à l’arrivée. Oui, enfin presque, parce qu’une fois en bas, c’est une belle dernière portion de plat de 4km qui nous tend les bras. Et c’est très bien, ça me fait penser à l’arrivée de l’Eco-Trail de Paris : les jambes dures, mais tu sers les dents pour essayer d’allonger la foulée raccourcie par la fatigue.
Il est 18h30, la nuit commence à tomber, mais je crois bien que je vais réussir à remplir mon petit challenge perso : pas besoin de sortir la frontale ! Je suis quand même bien pressée d’arrivée. Non pas parce que j’en ai marre de courir, mais parce que j’ai vraiment faim et qu’il n’aurait pas fallu beaucoup de kilomètres en plus pour que je tombe en hypo …!! J’ai oublié de prendre à manger au dernier ravitaillement et ces 10 derniers kilomètres sans rien avaler auraient pu me coûter cher ! Tout le monde est là pour m’accueillir, j’entends Stéphane et Claude annoncer mon arrivée : ils sont au taquet ! Adorables ! Quelle ambiance ! J’aurais donc mis 6h50 (2ème féminine et 17ème au scratch), pour boucler ce parcours rendu bien difficile par les conditions météos du jour, mais tellement beau ! Du pur bonheur !
Nathalie, qui l’emporte donc, est arrivée 10 minutes avant moi, bravo à elle ! J’apprends la victoire de Manu, puis celle de Fabrice et Sabrina. Que de bonnes nouvelles ! Quelques abandons, mais pas de blessures et que du plaisir, c’est bien là l’essentiel et c’est pour ça aussi qu’on accroche des dossards : pour s’amuser.
Contrat rempli aujourd’hui : on s’est amusés, et on a fait du très bon boulot pour l’Éco-Trail dans 15j. Reste à récupérer pour remettre ça jusqu’à la Tour Eiffel ! Merci aux nombreux bénévoles sur le parcours et à toute l’équipe d’organisation qui peut être très fière de cette édition.
Par Sylvaine Cussot
Les résultats du Céven’Trail 2017 : 11km 21km 62km 80km