Difficile pour nous de faire l’impasse sur ce Gruissan Phoebus Trail, tant il fait partie de nos courses françaises coup de coeur !
Me voilà donc engagée pour une 6ème participation sur l’évènement, ce 12 février 2017. On commence à connaître ce tracé dans le massif de la Clape, certes, mais il faut croire qu’on ne s’en lasse pas encore … !
Une épreuve de début de saison qui attire chaque année, beaucoup de monde, et cela, pour diverses raisons : c’est la première manche du TTN (Trail Tour National), son plateau est donc relevé; l’évènement propose plusieurs parcours, une manière de satisfaire toutes les envies et tous les profils de coureurs; malgré sa technicité, ses tracés restent accessibles, avec des dénivelés modérés; son organisation est juste parfaite, et promet une belle journée sportive réussie … ! Bon et puis dans le sud, la probabilité d’avoir du soleil et de la douceur est un peu plus forte non ? Bon ok, pour le coup, on n’aura pas le soleil, mais côté températures, on devrait pas trop mal s’en sortir pour cette fois ! :))
C’est donc sur l’épreuve phare que nous nous alignons, une fois de plus, avec Manu : 50km et environ 1500mD+. Une course qui m’a toujours sourie jusqu’à maintenant, avec un podium sur chacune de ces 5 participations : je termine 4 fois à la 2ème place, et une fois à la 3ème. À l’inverse, elle résiste plus à Manu, qui a le sentiment de souvent passer à coté … Bon, cette année, la forme est là pour tous les deux, c’est donc bien motivés et avec beaucoup d’envie que nous prenons la route de Gruissan samedi soir. La famille (celle de Manu, et la mienne !) nous rejoindra demain pour le départ. C’est le grand retour de Papa en supporter, 4 mois après son accident et ses galères à l’hôpital : pour sûr, ça va me donner des ailes !
Départ du 50km prévu à 9h, on la joue prévoyant pour cette fois, en mettant le réveil à 5h50 et assurer un bon p’ti dej qui sera bien digéré dès les première foulées. Météo maussade annoncée, avec gros risques d’averses. En effet, le ciel est bien gris foncé à 8h, lorsque nous partons de l’hôtel pour rejoindre le Casino de Gruissan. On y retrouve Taz (Thomas Saint Girons) et toute sa tribu, Lionel et Jean-Mi qui ont déjà couru la veille, les animateurs de la journée (Dominique Chauvelier, Harry Bignon, Michel Hortala qui versera sa petite larme pour sa dernière), les organisateurs (Sylvie et Yves Ferrasse) … et puis tous les copains coureurs qui se préparent à prendre le départ aussi bien sûr. Nos petites familles nous retrouvent, prêtes à assurer nos assistances respectives avec Manu ! Heureusement qu’ils sont là !
L’heure tourne vite, et, pourtant arrivés en avance, nous finissons par nous faire prendre par le temps avec Manu : un lacet de chaussure qui saute, le sac de ravitaillement oublié, la chasse aux épingles à nourrice … Bref, rien ne va dans le bon sens avant ce départ et c’est après un bon coup de speed/stress que nous nous rangeons avec les autres participants, derrière la ligne de départ. Je découvre alors le plateau féminin du jour : Sandra Martin (championne de France de Trail 2016), Émilie Lecomte (détentrice du record du GR20 féminin, vainqueur Grand Raid de la Réunion 2009 …), Jocelyne Pauly (2ème l’an passé notamment), Cécile Lefebvre, Juliette Blanchet, …. bref, encore une fois, il va falloir rester réveillés ce matin pour tenir le rythme avec tout ce beau monde !
9h, le départ est donné. Partis en première ligne, nous donnons le tempo sur les premiers mètres, mais rapidement, je me raisonne en me rappelant qu’il va quand même falloir tenir 50km. J’aperçois plusieurs féminines devant et me compte alors 5ème. Sandra Martin mène le groupe, je les laisse prendre de la distance. 4’04 premier kilo, 4’11 le second : aucune difficulté sur ce début de parcours : un léger faux plat montant de 2/3km nous emmène au pied de la première bosse : le fameux mur !
Pas la peine de s’énerver ici, il faut le prendre cool et ne pas risquer d’y laisser des plumes. Dès que la pente devient trop raide pour la grimper à petite foulées, je passe en mode marche, en appuyant sur les cuisses, comme tout le monde !
Ça relance bien au sommet, j’accroche le wagon en essayant de garder Émilie Lecomte et une autre féminine en ligne de mire. Le sentier se rétrécit et on passe en file indienne, sagement les uns derrière les autres. Pas la peine de s’énerver non plus à essayer de doubler ici, le jeu n’en vaut pas la chandelle, cette portion n’est pas très longue. Surtout, elle est un peu tortueuse avec ses pifs-pafs et ses cailloux au sol, le prudence reste donc de mise. J’en profite pour me concentrer sur mes sensations de début de course, qui me conviennent parfaitement !
Sandra Martin et Jocelyne Pauly m’ont semblée s’envoler dès le départ, et je ne pensais pas les revoir avant l’arrivée … Je suis donc étonnée de les apercevoir juste devant, à l’entame de cette nouvelle bosse, après le km5. Ça me motive et je suis finalement rassurée de ne pas avoir décroché alors que j’ai le sentiment d’être restée sage en ce début de parcours.
Le sol est glissant sur certains appuis, il faut rester bien vigilant (bon, rien à voir avec ce qu’on a connu au Trail du Coutach quand même !). On se retrouve donc les 5 premières féminines, ensemble, quasiment jusqu’au 10ème kilomètre. Alors là, c’est bien rare de se retrouver dans cette situation, le top 5 féminin en paquet sur cette course. Bref, je lance à un gars qui m’encourage à rester au contact : « les 5 premières ensemble, je sens que la course va être longue ! »
On finit par creuser un peu avec Sandra et Émilie, et parcourons un bout de chemin ensemble. Je me sens bien, les jambes trépignent, je profite d’une relance en faux plat montant pour passer et donc, prendre la tête. Sans avoir l’impression de me mettre dans le rouge et en étant persuadée que les filles me talonnaient toujours, je finis par les distancer un peu, pour me retrouver seule en tête. Bon, je le regretterai peut être plus tard, mais pour le moment, je décide de faire ma course. Je déteste partir devant comme ça, mais tant pis, j’essaye de ne pas y penser et poursuis, à mon rythme.
Je me régale toujours autant sur ces singles vallonnés, qui serpentent autour de Gruissan !! On enchaîne les montées/descentes, traversées de vignes et de sous-bois, en maintenant un bon rythme de course, pour atteindre le premier ravitaillement, aux alentours du km28. Cette première partie de course reste longue et j’ai réussi à tenir avec un bidon et une flasque en me forçant à ne pas trop boire (j’avais les autres flasques dans ma ceinture pour avoir la contenance obligatoire, mais je les ai laissées vide pour m’alléger un maximum !), mais maintenant, il ne faut plus jouer à ça ! Je prends le temps de bien refaire le plein ici (merci à mon super duo de ravitailleuses, Clem, la fille de Manu, et Anna, ma petite soeur, et à Sylvie et Marc, toujours fidèles au RDV pour nous aider !), je passe faire un bisou à Daddy qui ne semble même pas avoir compris que c’était moi qui passais, et je repars, toujours en tête donc.
Je suis étonnée de ne pas m’être encore faite rattraper ici, mais j’essaye de ne pas y penser pour continuer à faire MA course. Et puis en même temps, je ne peux m’empêcher de me répéter : »allez Sissi, faut pas ralentir maintenant que t’es devant, garde le rythme ! » Du coup, j’ai peur d’y laisser des plumes et de prendre un coup de bambou bientôt, mais tant pis, il faut le tenter, il reste un peu plus de 20km, on a passé la mi-course. La bosse qui suit fait toujours aussi mal, j’essaye de la passer en gestion. Ça passe, mais ça commence à être moins facile là quand même !! ;))) Je sens que l’allure ralentit, mais je me force à garder un petit rythme de course, même dans les bosses, pour ne pas perdre trop de temps et risquer de me faire rattraper. On m’annonce Sandra à 2’30, c’est pas le moment de lâcher !
C’est finalement toujours en tête que j’atteins le second ravitaillement, au 40ème kilomètre. J’ai, tant bien que mal, tenté de garder le rythme, mais Sandra serait revenue un poil sur moi (1’30/2′ ?). Les filles assurent mon assistance, toujours au top niveau, et je ne perds donc pas beaucoup de temps ici. Je me mets des claques intérieurement toute seule : « allez Sissi, moins de 10km, c’est fini là, tu peux le faire !! » Je jette un oeil dans le retro pour évaluer mon avance, je ne vois personne. Tant mieux ! J’essaye de serrer les dents même si ça commence à être dur, mais je sens que je faiblis clairement dans les bosses.
Mon ressenti se confirme lorsque j’aperçois Sandra me revenir dessus comme un boulet de canon !! Arfff non !! Elle a l’air surmotivée ma guerrière ! Il reste alors moins de 7km, mais je vois bien qu’elle avance à un rythme supérieur au mien et elle me scotche littéralement dans la petite bosse qui suit : elle vole, je reste collée au sentier. Bon, ben voilà, je suis passée 2ème encore une fois … La victoire vient de s’envoler, et à moins d’un gros coup de mou pour Sandra, je me sens bien incapable d’inverser la tendance. J’espère juste ne pas me faire prendre une place de plus, je ne connais pas les écarts derrière, il faut donc rester concentrée et tenir bon encore un peu.
Je sais qu’il reste une derrière belle grimpette. Elle fait mal celle-ci, juste parfaite pour terminer de nous achever !! 😉 Sylvie et Marc se trouvent juste aux pieds de celle-ci, ils m’encouragent pour me motiver : »allez Sissi !!! » Les autres spectateurs m’annoncent la première « juste devant ». Ben oui, je sais, elle vient de me doubler !! :-))) D’ailleurs, Sandra a déjà passé le sommet, c’est bien la preuve qu’elle a pris définitivement le large … grrrrr ! Je gère la dernière descente sans prise de risque, et me voilà sur le bitume, aux abords du port de Gruissan.
Je m’assure qu’aucune féminine ne me revient dessus et j’entame cette dernière ligne droite de 2 kilomètres en déroulant tranquillement. Aux dernières nouvelles, Manu était dans le top 5, mais je n’ai pas encore eu d’infos à l’arrivée, j’espère que tout s’est bien terminé pour lui ! Hâte de le retrouver à l’arrivée, ainsi que papou et toute la famille, qui doivent être bien fatigués après cette matinée dehors.
J’ai connu cette fin de parcours plus animée dis donc ! À croire qu’avec ce mauvais temps, tout le monde s’est abrité au chaud, dans le Palais des Congrès. Cela ne m’empêche pas de profiter de ces dernières minutes de course, qui restent à chaque fois, assez particulières … la satisfaction d’en finir et d’avoir le sentiment d’avoir fait une course pleine, sans regret, le bonheur de retrouver les proches pour profiter d’eux et de ces moments conviviaux d’après course, toujours aussi plaisants et sympathiques !
J’entends le speaker qui annonce l’arrivée de la vainqueur de cette édition, Sandra Martin, et j’aperçois papa qui attend à l’entrée de la salle. Il n’était pas au dernier ravitaillement, j’espère qu’il n’est pas trop déçu ne me voir « rater » cette victoire … bien sûr que non, il lève les bras, les yeux humides de fierté, pour me féliciter et exprimer sa joie. Je vais le prendre dans mes bras et lui faire un bisou, il me prend la main et on partage un chouette moment. « Euh ouais, mais papa, il faut quand même que je franchisse la ligne d’arrivée !! ;))) » il croyait que j’étais arrivé, mais il me reste à dérouler sur ce majestueux tapis rouge !
Sylvie, l’organisatrice, et Sandra m’accueillent juste avant l’entrée dans la salle (merci les filles !!) et je franchis la ligne, en 4h27. Ça sera donc ma 5ème seconde place sur ce Gruissan Phoebus Trail !
Émilie Lecomte complète le podium chez les filles. Je retrouve Manu (bien content de sa 3ème place !), les copains et la famille, pour profiter du cassoulet, de la bière et des « blablas » qu’on savoure toujours tous après ce genre d’effort !! ;))
Merci à toute l’équipe d’organisation ! Michel, tu vas nous manquer !
Texte : Sylvaine CUSSOT
Photos : Jérôme Santa, AFUM, Antoinette Gault
>> Les résultats du Gruissan Phoebus Trail : 25km 50km